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Israël - 8 avril 2005
Par Geoffrey Aronson
Après près de cinq ans de sinistre détermination et des promesses de "sang, de sueur, et de larmes", les Israéliens et les Palestiniens ressentent le début d'une nouvelle phase dans leur lutte.
Pour le moment, le dialogue et les poignées de main ont remplacé les menaces et la confrontation armée.
Pourtant les Israéliens et les Palestiniens ont appris de leur pénible expérience que les sourires et les vagues proclamations peuvent cacher des agendas radicalement différents.
Le retrait israélien de la Bande de Gaza et son redéploiement d'une partie indéterminée du nord de la Cisjordanie continuent à dominer l’agenda interne.
Après avoir établi une politique musclée pour assurer l'exécution du plan, le gouvernement du premier ministre Ariel Sharon achève maintenant les aspects opérationnels de l’évacuation des colonies de ces secteurs et indemnise les colons affectés.
Les colons se rendent compte maintenant que le train du désengagement a quitté la gare.
En dehors des plus fanatiques, ils comprennent tous que l'entreprise de colonisation à Gaza est terminé et que la Bande de Gaza sera un territoire étranger à la fin de l'année, à plus forte raison si un accord Israélo-Égyptien est conclu pour l’abandon d'Israël de la frontière "Philadelphi" entre l'Egypte et la Bande de Gaza.
Les colons les plus astucieux politiquement continuent de s'opposer au plan non parce qu'ils pensent qu'il peut être stoppé -- 20 % des 1.200 logements de colons à Gaza sont déjà vides -- mais parce qu'ils suspectent que leurs maisons dans les colonies de Cisjordanie comme Ofra et Elon Moreh et des dizaines d’autres installées profondément à l'intérieur de la Cisjordanie seront les prochaines sur l’agenda de Sharon.
Ce ne sont pas les colonies que le Président américain, George W. Bush, a bénis en tant que faits incontestables sur le terrain -- Ma'ale Adumim, Modi'in Ilit, et d'autres où résident la majeure partie des 415.000 colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est -- mais celles que Yitzhak Rabin a par le passé appelées "des colonies politiques" établies au sommet des collines qui parsèment le cœur de la Cisjordanie .
En effet, l'alliance que les chefs de la colonisation ont établie depuis de nombreuses décennies avec des politiciens tels que Sharon (et avant lui, le ministre Shimon Peres) et avec la sécurité d'Israël a subi un coup bien plus préjudiciable suite au plan de retrait de Sharon que tout ce qui l'a précédé.
Le commentateur Nahum Barnea, dont nous reprenon les mots ci-dessous, faisait remarquer le 21 février dernier : "une source militaire bien fondée, décrivait ainsi ce changement révolutionnaire de la position des colons : après 37 ans d’emprise sur le pouvoir de l'état, l'état essaye de reprendre son autorité."
Pourtant le retrait de Gaza n’indique pas le début de la fin de l'entreprise de colonisation et ne signifie pas non plus une rupture irrévocable entre les partisans de la colonisation d'une part et l'institution politico-sécuritaire israélien d'autre part.
Les relations qui lient ces trois centres de pouvoir décisif en Israël dans un travail commun pour l'expansion territoriale en Cisjordanie sont forgés depuis presque quatre décennies.
Tout comme, il ne semblait pas du tout raisonnable de s'attendre à la résolution des problèmes qui ont infectés un demi-siècle en quelques jours des discussions à camp David, il serait erroné d'interpréter le plan de retrait de Sharon comme coup mortel au lobby de colonisation et au début de la fin de la présence dominatrice d'Israël en Cisjordanie .
Sharon, plus distinctement que la plupart de ses prédécesseurs, voit les colons comme des instruments dans l'exécution d'une vision geo-stratégique sur la Cisjordanie qui s’adapte des demandes nationales palestiniennes seulement si elles n’entrent pas en contradiction avec la domination stratégique d'Israël sur la région.
Que le souhait de Sharon de rester dans la bande de Gaza soit dépassé par une combinaison des facteurs qu'il ne pouvait pas contrôler suggère seulement le bouleversement énorme qui sera exigé pour établir des conditions minimales pour une véritable souveraineté palestinienne sur Jérusalem-Est et la Cisjordanie .
La promptitude de Sharon à imposer aux Palestiniens son autorité sur plus de 50 ou même 80 % de la Cisjordanie ne va pas dans ce sens. Israël continue d’augmenter les colonies en Cisjordanie .
Les déclarations du Président Bush d’il y a un an sont décrites par Sharon comme une attestation d’approbation américaine pour l'expansion de la colonisation sur les presque 10 % de l’ouest de la Cisjordanie grâce à la barrière de sécurité naissante.
La désapprobation occasionnelle et pâle des Américains n'a eu aucun impact significatif sur cet effort.
Témoin de la consolidation incessante de plus de 100 nouvelles colonies – nommées de façon trompeuse "avant-postes" -- établies au cours de la dernière décennie dans un processus permanent qui viole non seulement un consensus international exprimé dans la toujours naissante Feuille de Route mais viole également les propres lois et procédures d'Israël.
Ces efforts, bénis par les gouvernements du Likoud et des Travaillistes au cours de la dernière décennie reflètent la conviction des institutions militaire et politique israélienne que la lutte perpétuelle pour le zéro contrôle de la terre qui se trouve au coeur du conflit peut être gagnée.
Le retour de la police palestinienne à Tulkarm et le début du retrait de l’IDF dans d'autres secteurs urbains palestiniens ne changent pas l'ambition à long terme de Sharon pour la consolidation du contrôle israélien des régions critiques de la Cisjordanie -- et la totalité de Jérusalem -- où est écrit le prochain chapitre du conflit entre Israël et les Palestiniens.
Observation des avant-postes
Nahum Barnea, Yediot Aharonot, 21 Février 2005
Je ne vous confierai pas un grand secret si je devais vous dire que que l’ensemble de l'entreprise de colonisation dans les territoires, sous les gouvernements de droite comme de gauche, a été favorisée grâce à un clignement de l'oeil complice : les gouvernements ont voulu maintenir la façade de la légalité.
En secret, ils ont financé, maintenu et fixé une entreprise nationale c'est-à-dire, en totale violation de la loi.
Ce ne sont pas les colons qui ont inventé le clignement de l'oeil complice:
Ils auraient préféré annexer les territoires, déplacer les habitants et coloniser ouvertement.
Mais ils ont pris cet arrangement et l'ont transformé en idéologie. Et c'est la situation: Il y a entre 150 et 250 colonies juives en Cisjordanie .
La disparité numérique fait partie du clignement de l'oeil complice : puisque des promesses ont été faites aux Américains de ne pas établir de nouvelles colonies, ils ont établi des points de colonisation.
Sous le nom d'Eli, dix nouvelles colonies ont été établies: Eli A, B, C, D, etc...
Sous le nom de Talmon, six ont été construites. . .
L'avant-poste de colonisation illégal, dit un officiel militaire, est une expression qui a été inventée par les journalistes. Il n'y a pas une seule colonie qui est vraiment légale.
Pour être légalisées, dit-il, les colonies doivent répondre au moins à trois critères :
elles doivent être construits sur la terre de l'état,
elles doivent être sujettes à un processus d’aménagement,
et elles doivent recevoir l'approbation du gouvernement.
L'Administration Civile transmet à l'échelon politique chaque dilemme en lien avec la colonisation. Parfois l'échelon politique décide, d’une façon ou d’une autre.
Souvent, cependant, il préfère ne pas décider, et toutes les parties interprètent le clignement de l'oeil comme elles l’entendent. . .
"Les colons sont engagés maintenant dans une âpre bataille contre le retrait de Gaza, ai-je dit. Si vous avez vraiment l'intention de changer les règles du jeu, vous les poussez contre le mur.
Un officiel m’a rassuré en disant : 'Au cour des deux dernières années, les plans de construction qui n'avaient pas été approuvés depuis des années ont été approuvés par le Ministre de la Défense. Ils devraient dépenser leur énergie sur cela.'"
Source : FMEP
Traduction : MG pour ISM
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