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Gaza - 31 décembre 2008
Par Amira Hass
La famille Abu Salah vit dans le quartier Nasser à Gaza – assez près pour entendre les bombardements qui visent la maison voisine de celle du Premier Ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh dans le camp de réfugiés de Shati, et assez près pour entendre les attaques contre le bureau de Haniyeh, qui frappent aussi l'immeuble de l'ONU.
Photos : les enfants de la famille Balosha qui ont été tués dans la même frappe aérienne israélienne à la morgue de l'hôpital Kamal Edwan à Beit Lahiya, dans le nord de la Bande de Gaza, le lundi 29 décembre 2008, avant leur enterrement.
«Salah veut quitter la maison, mais je ne l'ai pas laissé faire » dit Abu Salah. «Qui sait ce qui arrivera dehors ? D'un autre côté, qui sait ce qui arrivera à la maison ?»
Il savait de quoi il parlait lundi matin, après ce qu'il a décrit comme étant «la nuit la plus dure que nous ayons jamais eue. Plus dure même que samedi. De minuit à 7 heures nous n'avons pas pu dormir : les bombardements, les explosions et les ambulances tout le temps.»
A 1 heure cette même nuit, à l’autre bout de la Bande de Gaza, dans le camp de réfugiés de Ybna à Rafah, un missile a été tiré sur la maison de Riad al-Attar, un commandant en chef des Brigades Iz al-Din al-Qassam. Attar avait déjà évacué le bâtiment avec sa famille.
Peu de temps après, un autre missile a été tiré, celui-là a frappé un immeuble rempli d'occupants, à 300 mètres de la maison d'al-Attar. La maison, un peu plus que du béton et de l'amiante, appartient à la famille Abbasi. Le père, Ziad, est entrepreneur en bâtiment. Trois de ses enfants ont été tués pendant l'attaque et restent ensevelis sous les décombres : Sadki, 3 ans; Ahmed, 12 ans et Mohammed, 14 ans. Les parents et trois autres enfants ont été blessés.
Lundi à cinq heures de l'après-midi une maison a été bombardée à Beit Lahia, et selon les rapports initiaux sept membres de la même famille ont été tués.
«Tous les parents comprennent que la maison n'est pas sûre, comme les rues ne sont pas sûres» dit Oum Basel.
«Peut-être que derrière la prochaine porte vit quelqu'un des Iz al-Din al-Qassam, je ne sais pas, ou de votre côté, ils pensent qu'il vit ici, et cela vous permet de tirer un missile sur nous. Il n'est pas dans cette maison, nous y sommes.»
Tout le monde voit les images à la télévision de jeunes enfants secourus parmi les décombres.
« Quand je mets en route le générateur et que pour un moment je ne fais pas attention à eux, les gamins courent devant la télé pour voir les filles de la famille Balousha,» dit-elle, faisant référence à la famille de Jabalya qui a perdu cinq filles et dont quatre frères et sœurs et les parents ont été blessés.
«Yafa a remarqué que l'une des filles a murmuré : «Où est ma mère ?», dit-elle, ajoutant que personne dans sa famille n'a dormi cette nuit. «Nous sautions toujours hors de nos lits à cause des bombardements.»
Toutes les fenêtres de la maison sont ouvertes pour que les explosions ne brisent pas les vitres et ne blessent pas les gens à l'intérieur- au moins, c'est le cas des maisons dans lesquelles les fenêtres restent entières.
Il est impossible de faire rentrer des vitres dans la Bande, et à la place les gens recouvrent les fenêtres avec des feuilles de plastique. Ces feuilles de plastique, tout comme les vitres, ne font pas partie des produits qu'Israël a autorisé à entrer dans le territoire depuis deux ans, et ils ne peuvent qu’être importés via les tunnels souterrains.
Maintenant, avec la fermeture des tunnels, on s’attend à une pénurie de feuilles de plastique. Pire encore, les Gazaouis doivent s’arranger du froid glacial dans leurs maisons, puisqu’ils manquent la plupart du temps d'électricité, ainsi que de fuel et de gaz.
Lundi et le jour d’avant, on a dit aux habitants de Rafah vivant près de la frontière égyptienne de quitter leurs maisons.
Dans la nuit de samedi, les autorités égyptiennes ont transmis aux membres des Gardes Nationaux Palestiniens un message d'Israël leur demandant de reculer à 300 mètres de la frontière parce que le bombardement allait commencer. Des centaines de personnes sont venues pour rester avec leurs familles dans le centre de Rafah, rassemblant leurs biens et quittant pour la centième fois leurs vies.
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MM pour ISM
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Amira Hass
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