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Palestine - 9 octobre 2008
Par Ramesh Jaura
D’après une nouvelle étude hydrologique, seulement 8,2 % du total des sources d’eau disponibles au Proche Orient sont accordées aux Palestiniens alors qu'Israël contrôle 57,1 % des ressources disponibles et la Jordanie 34,7 %. Ces répartitions ne concordent pas avec les besoins des populations concernées et constituent des sources de conflits majeurs dans une région où la méfiance règne entre les voisins.
Des Palestiniens du village de Kfar Qaddum, un village de Cisjordanie proche de la ville de Qalqilya s’approvisionnent en eau près d’une citerne, Août 2006. (Khaleel Reash/MaanImages)
Des villageois palestiniens préfèrent boire de l’eau ayant des risques de contamination plutôt que l'eau contrôlée fournie par une société israélienne, raconte Buthaina Mizyed qui a travaillé dans le village d’Arraneh proche du terrain conflictuel de Jénine en Cisjordanie .
La raison pour laquelle les Palestiniens évitent d’utiliser l'eau de la station du village voisin d'Al-Jalameh est officiellement qu'elle a une odeur de chlore. Mais en réalité, c’est par méfiance à l'égard des Israéliens car les parents palestiniens craignent que l’eau ait pu être contaminée dans le but de nuire à la santé de leurs enfants.
«Nous les avons assuré que l'eau d'Al-Jalameh est constamment testé et que sa qualité est nettement meilleure que celle de l'eau des puits agricoles», explique Mizyed. «Mais ils ne nous croient pas. Ils ont dit que l'eau pourrait être contaminée entre deux tests de qualité. Ils nous demandent de garantir que l'eau fournie par une société israélienne est sûre mais évidemment, nous ne pouvons pas garantir cela».
Mizyed a relaté cet exemple lors d’une journée d’étude sur «l'inégalité des répartitions d’eaux souterraines: le cas israélo-palestinien», organisée lors du Congrès mondial de l'UICN à Barcelone.
«La méfiance des Palestiniens n’est pas sans fondement», selon un rapport présenté lors de l'événement par Ayman Rabi, directeur du Palestinian Hydrology Group, un organisme non gouvernemental basé à Jérusalem.
«Les colonies israéliennes se débarrassent de leurs eaux usées non traitées dans les terres palestiniennes, provoquant ainsi de graves menaces de pollution des ressources en eau», explique le directeur. Ingénieur de profession, Rabi a travaillé sur plusieurs projets financés par la Commission européenne et les ONG en Europe.
Son rapport relève que l'industrie des colonies israéliennes en Cisjordanie est à l'origine de graves dommages causés aux sources d'eaux souterraines et de pollution terrestre. Il souligne également les inégalités de répartition d'eau qui affligent la région.
«Les inégalités sont évidentes, mais malheureusement les médias n’en parlent presque jamais», déplore Rabi «Une attribution inégale des ressources d’eau souterraine pour les Palestiniens les a maintenus dans un état de sous-développement durant les 60 dernières années.
Dans les milieux arides comme au Moyen-Orient, l'eau est considérée comme un facteur majeur de stabilité et de prospérité pour tous. Pour que cette stabilité se perdure, des gens qui vivent sous un tel climat et sous ces conditions hydrologiques doivent être traités équitablement en fonction de leurs droits et de leurs besoins en eau».
L'étude explique ainsi 44 % des besoins en eau domestique des Palestiniens sont fournis par les ressources locales et le solde des 56 % est acheté à Israël.
D’après Rabi, l’Etat d’Israël a, au fil des décennies, voulu maintenir un contrôle total sur les ressources en eau dans les territoires palestiniens occupés et a refusé d'allouer la juste part des ressources aux Palestiniens. «Israël a foré des centaines de puits à côté de la Ligne verte pour capter toutes les eaux provenant de l'aquifère du bassin de l'Ouest», soutient l'étude.
La "Ligne verte" se réfère à la ligne d'armistice de 1949 entre Israël et ses voisins (Égypte, Jordanie, Liban et Syrie) après guerre israélo-arabe de 1948. La Ligne verte ne sépare pas seulement Israël de ces pays, mais également des territoires occupés plus tard en 1967 après la guerre des Six jours, y compris la Cisjordanie , la bande de Gaza, les plateaux du Golan et la péninsule du Sinaï (qui a depuis été restituée à l'Egypte). Le terme «ligne verte» se réfère à l'encre verte utilisée pour tirer la ligne sur la carte lors des négociations.
Selon l'étude, «Israël continue de confisquer davantage de terres pour la construction de colonies de peuplement afin de contrôler les zones de recharge. »
Le nombre de colons a augmenté de 20.000 dans les années 1970 à 230.000 dans les années 1990 et les besoins en eau ont suivi la même évolution. L’ingénieur palestinien met en garde en précisant que si la demande d'eau continue d'augmenter, grâce à la croissance de la population et le développement économique, le Moyen-Orient pourrait être la première région au monde à faire face de manière spectaculaire à une pénurie d’eau.
La situation est déjà alarmante. La salinité est en hausse dans les principaux cours d'eau tels que l'Euphrate et la moitié de la population des grandes villes de la région manque d'approvisionnement en eau potable.
Et si les pays du Moyen-Orient n’avaient pas d'autre choix que de s'entendre afin de partager les maigres ressources en eau de la région ?
C'est le postulat de départ de Jon Martin Trondalen dans son livre «l'eau et la paix pour le peuple» publié le mois dernier au siège de l’organisation des Nations Unies pour l'Education et la Science (UNESCO) à Paris.
Le livre suggère des moyens concrets pour résoudre ces crises, analyse le contexte dans chaque situation tout en rendant publiques de nouvelles informations. L'auteur examine les conflits entre Israël et la Syrie dans les plateaux du Golan, entre Israël et le Liban sur le printemps de Wazzani et le long différend concernant l’eau entre les Palestiniens et les Israéliens. Les défis auxquels sont confrontés la Turquie, la Syrie et l'Irak dans le partage des eaux de l'Euphrate et du Tigre sont également abordés.
(FIN/IPS/2008)
Source : http://www.ipsnouvelles.be/
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