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5 février 2009
Par CIREPAL
Il y a ceux qui refusent de reconnaître la victoire de la résistance palestinienne à Gaza en janvier 2009, comme ils ont refusé de reconnaître celle de la résistance islamique au Liban, en juillet 2006. Ils mettent en avant les destructions, le nombre élevé de martyrs, les blessés, pour continuer à « crâner » et défendre le point de vue antique : contre Israël, il faut faire chapeau bas, contre la puissance militaire, il faut s’écraser et mendier auprès des amis d’Israël, non seulement l’argent pour la reconstruction, mais aussi les maigres pressions sur l’Etat sioniste pour récupérer des droits légitimes.
Pour ces défaitistes qui vivent encore dans les années 70, années qui ont suivi la défaite écrasante des armées arabes face à Israël, la résistance armée contre Israël est vaine. Ils ont oublié les leçons de la révolution palestinienne, en 1965, lorsque le mouvement Fateh a décidé de battre l’esprit du défaitisme, en reprenant les armes : c’est par la résistance que le monde arabe, les peuples arabes et surtout le peuple palestinien, parviendront à modifier les données stratégiques, qu’elles soient militaires, politiques, médiatiques, etc… et battre Israël.
Les nouvelles victoires contre l’ennemi sioniste, au Liban (2000, 2006) et en Palestine (2009) mais aussi à Jénine (2002), comment les comprendre ? Personne ne nie les massacres, ni les destructions, ni les pertes humaines, ni les dégâts, mais personne ne doit nier la résistance, la poignée des résistants qui a su faire face, pendant 10 jours à Jénine, 22 jours à Gaza, 33 jours au Liban, à l’armée la plus puissante dans la région.
Plus que les armes, c’est la volonté de résister, la détermination des combattants, la solidité et ténacité de la population palestinienne à Gaza, prête à tous les sacrifices, qui est une victoire en soi, ce que semblent oublier ou ne pas vouloir prendre en compte les défaitistes.
La victoire de janvier 2009, comme celle de juillet 2006, consiste aussi à avoir empêché les sionistes et leurs alliés dans le monde, et leurs complices dans le monde arabe, de réaliser leurs objectifs : détruire la résistance palestinienne (et le Hamas en particulier), changer le pouvoir dans la bande de Gaza pour porter un coup au camp de la résistance dans la région. Ce fut un échec aussi cuisant qu’en 2006, même si les conditions étaient beaucoup plus difficiles, pour les résistants et la population civile. Les sionistes et leurs alliés et complices mènent désormais la guerre contre quelque chose qu’ils ne peuvent plus écraser : une volonté puisée dans l’espoir d’une victoire inéluctable. Chaque défaite sioniste ne fait que renforcer cet espoir et cette volonté.
Lorsque sayyid Hassan Nasrullah, dirigeant du Hezbollah, déclarait que le temps des défaites était fini et que le temps des victoires a commencé, beaucoup ont ri, souri ou ricané. Mais il faut les voir rire jaune quand ils constatent les difficultés israéliennes à réaliser les objectifs qu’il s’est fixés, quand ils contastent que les Etats-Unis sont impuissants à modifier la situation dans la région mais qu’au contraire, ce sont les victoires successives de la résistance qui sont en train de bouleverser toutes les données, à leur dépens et à leur détriment.
Massacres au phosphore et millions de manifestants
La résistance palestinienne a vaincu Israël, en janvier 2009 parce qu’elle ne s’est pas soumise et n’a pas levé le drapeau blanc. Israël, acculé, qui voulait obtenir des acquis en quelques jours, a commis des massacres, des monstruosités inouïes, par pure vengeance. Israël s’est vengé sur la population civile, les enfants surtout, parce qu’il n’a pu toucher les résistants ni arrêté les lancements de fusées. Il a bombardé au phosphore des écoles, même de l’UNRWA, agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, où la population civile s’était réfugiée, après la destruction de nombreux quartiers. Qui peut considérer qu’Israël est victorieux parce qu’il a tué des enfants de la Palestine ? Seuls les défaitistes et les criminels le pensent. La résistance est toujours là et c’est avec elle que la question d’une trêve est en train d’être discutée, indirectement. Le Hamas est sorti de cette guerre avec une popularité inégalée en Palestine, dans le monde arabe et musulman, mais aussi dans le monde, même si l’Autorité palestinienne empêche que cette popularité ne s’exprime en Cisjordanie . Mais les Palestiniens ne vivent pas seulement en Cisjordanie et Gaza, ils sont aussi en exil et en Palestine occupée en 1948.
Les manifestants, par millions, ont secoué les capitales et les villes du monde entier, en soutien à la résistance et aux droits palestiniens, dénonçant les crimes sionistes et les dirigeants criminels de l’Etat sioniste. Les multiples affaires de jugements des criminels sionistes, qui sont en train d’être préparées, dans le monde entier, témoignent de ce renouveau de la question palestinienne et des droits palestiniens dans la conscience collective des peuples du monde. Une fois de plus, Israël montre son vrai visage, et subit une défaite morale et ethique..
Bien que les médias dans le monde soient contrôlés par le lobby sioniste, surtout en France et aux Etats-Unis, l’information juste à réussi à briser ce mur pour exposer ce qu’a été l’enfer de Gaza, pendant 22 jours, grâce aux médias arabes (al-Jazeera, en premier lieu) et musulmans. Plusieurs chaînes satellitaires ont consacré, pendant un mois, leurs émissions à la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza, sous formes d’informations, de reportages, de témoignages, de déclarations, mettant en avant le courage de cette population qui ne s’est pas rendue, fière et résistante : les secouristes, les journalistes, les médecins, les diverses personnes qui se sont portées volontaires pour secourir, aider, alors que leurs propres maisons étaient sous les décombres.
La décision du retour des enfants aux écoles, deux jours après la fin de la guerre, montre la détermination à lutter et à se relever. Quel peuple, sinon ce peuple héroïque et combattant, habitué depuis un siècle, à résister et à se sacrifier, peut vivre de tels moments ? Des actes de courage et d’abnégation superbes ont permis à la population de résister : de simples gens se privant de couvertures pour les donner aux combattants, afin que ceux-ci puissent rester inaperçus, dans cet espace plat à la merci des avions et des divers capteurs. Toutes ces images et tous ces reportages ont influé sur les mouvements des rues dans le monde et largement contribué à la dénonciation de l’Etat criminel d’Israël et au soutien à la cause et la résistance palestiniennes. Dans la bataille médiatique, Israël a perdu, une fois encore, après son échec au cours de la guerre de 2006.
La Turquie, l’Iran, l’Egypte et les autres
Mais le plus important reste le bouleversement régional qui pointe, du fait de la victoire de la résistance palestinienne à Gaza, en 2009, venue renforcer la tendance déjà en cours après la victoire de la résistance islamique au Liban, en 2006. La Turquie, d’abord. Il faut rappeler que ce pays est encore lié par des accords militaires, des accords diplomatiques et des accords économiques avec l’entité sioniste. Bien que la population soit en majorité favorable au peuple palestinien, il a fallu attendre le changement de pouvoir dans ce pays musulman pour que s’exprime finalement une attitude turque nettement antisioniste. Les manifestations de la population ont montré l’ampleur de son engagement aux côtés de la Palestine et de la ville d’al-Quds. Le temps où la Turquie mendiait son entrée dans l’Union européenne semble fini. Le nouveau pouvoir en Turquie va probablement renouer avec son passé - le journaliste palestinien Abdel Bari Atwân n’hésite pas à parler du retour à la politique ottomane – et jouer un rôle plus important dans la région, et s’il reste en symbiose avec son peuple, son rôle sera assurément aux côtés de la Palestine et de sa résistance. L’entrée de la Turquie dans l’échiquier régional, aux côtés de la résistance, pendant la guerre criminelle contre Gaza, a suscité plus d’un remous : la résistance, Hamas en premier lieu, a pu compter sur une aide inespérée face au pouvoir égyptien, complice de l’agression. Face à ceux qui accusent Hamas d’être le pion iranien (shi’ite) dans la région (le croissant « shi’ite » selon les termes des régimes arabes pro-américains), le pouvoir en Turquie, sunnite, allié de la résistance, contrebalance les gouverneurs arabes sunnites, complices de l’agression. Le coup de colère du premier ministre turc, Erdogan, à Davos, salué par la population en Turquie, va encore plus loin, puisqu’il dénonce implicitement l’attitude de la Ligue arabe, dont le secrétaire général était assis aux côtés du criminel sioniste Pérès, sans broncher. A Davos, comme dans la région, c’est la Turquie qui défend la Palestine et les martyrs de Gaza. Cette nouvelle donnée risque de bouleverser les cartes régionales. Désormais, le camp de la résistance ne sera plus accusé de jouer une carte régionale, au bénéfice de l’Iran, puisque la Turquie est là, aussi. Les relations israélo-turques risquent de s’envenimer, le gouvernement turc prenant des positions de plus en plus radicales, s’appuyant sur la volonté de son peuple. Dernier exemple : les compagnies commerciales turques exigent de leurs partenaires israéliens de se dédouaner de leur gouvernement qui a commis des crimes de guerre à Gaza. Les Israéliens sont époustouflés, semble-t-il ! et commencent à accuser les Turcs d’antisémitisme !
La victoire de la résistance à Gaza renforce également la position de l’Iran dans la région, c’est-à-dire le camp de la résistance. Les complices arabes de l’agression criminelle (notamment les ministres des affaires étrangères égyptien et saoudien) ont essayé de jouer la carte confessionnelle (shi’ites contre sunnites) mais malheureusement pour eux, le Hamas, et le peuple palestinien en général, sont sunnites et le soutien à la résistance n’est pas une question confessionnelle. S’ils ont pu jouer cette carte, pour un moment, au Liban, au moment de l’agression sioniste, en 2006, cette fois-ci, ils ont perdu, notamment après l’intervention massive de la diplomatie turque, aux côtés de la résistance palestinienne.
De plus, ni l’Iran ni le Hezbollah, ni la Syrie, n’ont craint les diverses accusations qui leur furent portées : ils ont clairement affirmé leur soutien à la résistance en Palestine, parce qu’elle est légitime. La visite de Khaled Mech’al en Iran témoigne de cette alliance anti-impérialiste et anti-sioniste qui se consolide, de la Palestine, à l’Iran, en passant par le Liban, la Syrie, le Qatar, la Turquie, sans compter les peuples arabes dont les régimes ont été complices de l’agression criminelle. La mise sur orbite du nouveau satellite iranien, fabriqué localement, permet à la résistance de compter sur des photos aussi sophistiquées et détaillées que celles fournies aux Israéliens par les satellites espions étrangers, américains et européens. En voie de disparition, la suprématie occidentale pro-sioniste dans le ciel du Moyen-Orient !!!
L’Egypte est, par contre, en pleine déconfiture. Le régime égyptien doit d’abord affronter son peuple, qui bouillonne de colère, depuis des mois, depuis que le passage de Rafah a été fermé, tuant à petits feux la population de Gaza. Pendant les manifestations, des centaines de militants ont été arrêtés. Mais ce que le ministre des affaires étrangères égyptien, Abul Ghayth, n’a pu supporter, c’est l’appel de Sayyid Hassan Nasrullah au peuple égyptien, lui demandant de faire pression sur son gouvernement pour ouvrir le passage de Rafah, accusant ouvertement le pouvoir égyptien de complicité criminelle avec l’Etat sioniste. Car c’est bien le pouvoir égyptien qui participe au siège de Gaza, en fermant le passage de Rafah. Pris entre deux feux, les puissances impérialistes et les sionistes, d’une part, et son peuple et le camp de la résistance, de l’autre, le pouvoir égyptien lance ses « fusées » contre…. les médecins arabes, les journalistes d’al-Jazeera, les personnalités solidaires de la résistance à Gaza et contre sayyid Nasrullah et le Hezbollah, et l’Iran…. Jusqu’à quand pourra-t-il tenir face à la pression populaire et régionale, renforcée par la victoire de la résistance ? Jusqu’à quand va-t-il jouer le rôle de complice de l’entité sioniste, ouvertement ou en cachette ? Nul n’ignore l’importance de l’Egypte dans le conflit contre l’Etat sioniste.
C’est pour toutes ces raisons, et d’autres encore certainement, que nous pouvons dire qu’une nouvelle période va s’ouvrir, grâce à la victoire de la résistance palestinienne à Gaza. Ce qui ne signifie absolument pas que la bataille est terminée, au contraire. L’ennemi est puissant et n’abandonnera pas le terrain. Ses prochaines guerres risquent d’être encore plus meurtrières et plus monstrueuses, mais elles ne feront que le précipiter vers sa disparition. Le temps de l’illusion d’une paix avec l’occupant ou d’une soumission à ses volontés, est fini. C’est dans cette optique que le combat est dorénavant mené contre l’Etat sioniste et ses alliés. C’est pourquoi l’illégitimité de l’existence de l’Etat sioniste doit être sérieusement posée dans les tribunes internationales, et en face, la légitimité de la résistance et de son armement.
Même si le monde entier se ligue contre l’entrée des armes en Palestine, il ne pourra l’arrêter. D’abord, depuis quand l’armement de la résistance a-t-il été tributaire de la volonté des puissances impériales ?
Centre d’Information sur la résistance en Palestine
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