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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

La scène palestinienne est le miroir du rapport de forces régional

Par

Abdel Sattar Kassem, professeur de sciences politiques à l'Université an-Najah (Nablus)

Quiconque nie que la division de la scène palestinienne est fonction du rapport de forces régional préfère se gargariser des vains slogans et prouve qu'il n'a pas la capacité de résister. Certains préfèrent parler à profusion de l'importance de l'unité nationale palestinienne, de l'unité du sang, de l'ennemi commun qui ne distingue pas entre un Arabe et un autre, un Musulman et un autre, mais se cache en même temps des réalités claires qui montent à la surface, en force, de temps à autre, et notamment au cours des crises.

La scène palestinienne est le miroir du rapport de forces régional

La crise financière que vit actuellement la Palestine n'est pas uniquement un acte irresponsable de l'Occident, mais exprime clairement une volonté de faire plier les bras dans la région arabo-musulmane.

Il ne s'agit pas d'exprimer la colère occidentale contre le peuple palestinien parce qu'il a choisi ceux qui sont accusés de terrorisme, mais il exprime aussi la colère de certains palestiniens et arabes au sujet de la situation en Palestine.

Les élections ont constitué une nouvelle balle entre les mains de ceux qui sont hostiles aux Etats-Unis et à Israël et par conséquent, il s'agit d'une nouvelle balle qui n'est pas dans l'intérêt des forces soutenant les Etats-Unis et Israël et leurs alliés, et également ceux qui gravitent autour.

C'est pourquoi certains secteurs palestiniens, des Etats arabes et des banques arabes participent au blocus financier imposé contre le peuple palestinien, le but étant de faire tomber le gouvernement du Hamas.

Personne ne peut nier que des Palestiniens participent au blocus contre les Palestiniens, et qu'il y a des Palestiniens qui encouragent les grèves des fonctionnaires palestiniens protestant contre le non paiement des salaires, et ce sont les mêmes qui incitent les Etats occidentaux à ne pas envoyer de l'argent.

Ils encouragent la grève et empêchent que l'argent arrive aux grévistes. Ces Palestiniens constituent une partie de l'équation du conflit ou de la concurrence dans la région dont les traits commencent à surgir depuis quelque temps.


Actuellement, il y a un axe non déclaré qui englobe le Hizbullah, la Syrie, l'Iran et quelques organisations de la résistance palestinienne, et un autre qui rassemble les Etats-Unis, Israël, des Etats arabes et quelques organisations palestiniennes.

Ces deux axes assistent depuis quelques années à un rejet réciproque qui s'est exprimé lors de la sixième guerre contre le Hizbullah. Et les élections palestiniennes sont venues pour embraser le feu face à l'axe américano-israélien.

Il est clair que la région se dirige rapidement vers une polarisation, et plusieurs Etats arabes commencent à prendre place dans ces pôles.

Sur la scène palestinienne, il y a une importante conscience populaire vis-à-vis des changements dans les rapports de force, plusieurs organisations étaient déjà prêtes à cette polarisation, et beaucoup de palestiniens ont tranché leur position et attitude.

Il est vrai qu'il y a des discussions palestiniennes au sujet de la constitution d'un gouvernement d'unité nationale et des moyens nécessaires pour lever les obstacles à l'arrivée des aides financières occidentales au peuple palestinien, mais celui qui examine les bases de ce gouvernement promis trouvera qu'il est inconsistant.

Le gouvernement promis se base sur le document de l'entente nationale palestinienne qui regorge de contradictions, comme l'appel à la reconnaissance de la légalité internationale et à la résistance sous toutes les formes.

Hamas s'accroche aux textes qui concordent avec son programme et Fateh s'accroche avec ce qui lui semble bon, et le gouvernement reste ainsi suspendu par les interprétations contradictoires, ce qui signifie que le gouvernement ne pourra pas durer s'il est constitué.

Il y a un regard international et régional qui surveille, juge et coordonne avec la partie palestinienne qu'il approuve.

Les Etats-Unis et ses alliés ne sont pas satisfaits de la longue vie du gouvernement du Hamas qui devait, selon eux, tomber dans les deux ou trois mois après sa formation, et l'Iran et la Syrie souhaitent que le Hamas poursuive ses tactiques politiques réussies afin que la scène palestinienne reste hors de la volonté américano-israélienne.

Les deux parties palestiniennes ne sont pas séparées des autres éléments de l'équation régionale, mais sans signifier qu'elles sont des outils entre les mains des autres.

Des Palestiniens comme les libéraux se considèrent comme faisant partie de la civilisation occidentale, et ont hâte que le conflit arabo-israélien se termine selon la vision américano-israélienne, et il y a des Palestiniens comme les religieux qui se considèrent comme faisant partie de la civilisation arabo-musulmane, et que le Musulman à Karachi, à Téhéran ou à Damas est un frère qui participe à l'affrontement contre l'invasion américano-israélienne.

Ce qui signifie que les éléments qui soutiennent les parties palestiniennes ne sont pas seulement palestiniennes et que la décision de toute partie ne se prend pas en dehors de sa propre vision des choses dans la région.

Chaque partie se trouve en fin de compte en coordination directe ou indirecte, matérielle ou morale, avec ceux qu'elle considère comme étant ses alliés dans la région.

Si un regroupement palestinien se réalisait sans traduire le rapport actuel des forces dans la région, il se trouvera hors du cadre de la concurrence entre les forces, et il se transformera en regroupement local soumis à la concurrence régionale, et la question palestinienne deviendra une question pour ceux qui luttent hors du cadre du regroupement local.

La question palestinienne n'est plus une question seulement palestinienne, du point de vue pratique.

La scène arabe s'était remplie auparavant de slogans affirmant l'arabité de la question palestinienne et la responsabilité des Arabes, mais elle n'avait pas trouvé un terrain propice à son acuité.

Mais les choses semblent différentes actuellement, puisque les slogans partent précisément de Téhéran ou du Hizbullah, et elles sont concrétisées par des préparatifs militaires sérieux qui sont apparus au sud du Liban.

Ce sérieux du défi à Israël rendra les forces palestiniennes marginales, si elles décident de rester hors de l'équation. Pour ces raisons, la scène palestinienne restera dans une polarisation importante, entre ceux qui veulent aller dans la voie du défi régional, et ceux qui donnent l'illusion au public qu'ils défendent la décision nationale palestinienne indépendante.

Cette polarisation s'est clairement exprimée au sujet de la victoire du Hizbullah : il y a des Palestiniens qui discutent avec force, même plus que Samir Geagea, affirmant que le Hizbullah a été défait au sud, et il y a d'autres qui considèrent que la victoire du Hizbullah est le début de la fin d'Israël.



A lire également, l'interview d'Abdel Sattar Qasim réalisé en septembre dernier à Naplouse


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Source : ar-Rasid pour la documentation médiatique

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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