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Palestine - 4 décembre 2006
Par Khaled Amayreh
Se tenant à côté de Condoleeza Rice, la Secrétaire d’Etat américaine, pendant leur conférence de presse à Jéricho, jeudi 30 novembre, le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré que les efforts pour former un gouvernement d’unité nationale avec le Hamas étaient dans une impasse.
Mais le comportement réellement scandaleux d’Abbas fut sa référence à une allocution donnée par le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, il y a quelques jours dans le sud d’Israël, qu’il a jugée "positive".
Il a ajouté, sur un ton menaçant, qu’il prendrait bientôt des mesures pour la formation d’un nouveau gouvernement, à la place de l’actuel dirigé par Ismael Haniya, dont la tâche principale sera la levée de l’embargo financier et économique sur les Palestiniens, initié par les Américains et renforcé par les Israéliens.
Mais le comportement réellement scandaleux d’Abbas fut sa référence à une allocution donnée par le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, il y a quelques jours dans le sud d’Israël, qu’il a jugée "positive".
Dans cette allocution théâtrale, déjà qualifiée par l’ensemble de la presse israélienne de « revirement », Olmert a dit qu’Israël se retirerait de "beaucoup de territoires", "libèrerait beaucoup de prisonniers" et rendrait les taxes de douane palestiniennes retenues par les autorités israéliennes pour punir les Palestiniens d’avoir élu un gouvernement qui déplaît à Israël.
Et toute cette charité sioniste ne serait accordée que si les Palestiniens acceptaient de renoncer au primordial Droit au Retour, mettraient fin à la résistance armée à l’occupation militaire et accepteraient les autres exigences israéliennes.
Je ne comprends vraiment pas ce que n’importe quel Palestinien, à part le Président de l’Autorité Palestinienne, pourrait voir de positif dans un tel discours.
Olmert n’a rien dit qui pourrait être interprété comme un abandon des politiques israéliennes antérieures, basées sur une perpétuation de l’occupation et de la colonisation de la terre palestinienne.
En fait, c’est tout l’inverse, car Olmert a indiqué qu’Israël garderait beaucoup de la Cisjordanie occupée, maintiendrait intacts les larges blocs de colonies et ne rendrait jamais Jérusalem Est à ses propriétaires légitimes.
Et, cerise sur le gâteau, il conseille vivement aux Palestiniens d’oublier le Droit au Retour de millions de réfugiés malheureux qui attendent depuis des décennies d’être rapatriés dans leurs maisons et leurs villages situés dans ce qui est maintenant Israël.
Bon, à quelle sorte de règlement de paix final cela ressemblerait-il ?
Sommes-nous en train de parler de la version moderne d’une métamorphose kafkaïenne ?
Qu’est-ce qu’a bien pu voir M. Abbas de positif, dans le discours d’Olmert, que nous ne voyons pas ?
C’est réellement honteux que le dirigeant palestinienne soit resté silencieux lorsque Rice s’est mise à gloser sur la même vieille bêtise offensante du "redémarrage du processus de paix", "des mesures basées sur la confiance" et de l’"Etat viable et géographiquement continu".
Nous entendons ces paroles mensongères depuis des années, en même temps que l’occupation et le vol de la terre continuent sans répit avec l’accord des Américains.
La semaine dernière, le mouvement La Paix Maintenant, citant des rapports de l’armée israélienne, a révélé que plus de 40% des colonies juives de Cisjordanie sont construites sur des terres palestiniennes privées.
Il est intéressant de constater que pas un seul officiel de l’Administration Bush n’a dit quoique ce soit sur cet immense vol de terre par « la seule démocratie du Moyen-Orient ».
Pourquoi ? Parce que la politique américaine sur l’expansion des colonies juives en Cisjordanie est le miroir de la politique israélienne. Evidemment, si qui ne dit mot consent, c’est la seule conclusion que n’importe quelle personne honnête tirera à ce sujet.
Selon les assertions de Rice disant que les colonies ne seraient pas préjudiciables à un accord final entre Israël et les Palestiniens, nul n’a pas besoin d’être expert en politique étrangère américaine pour réaliser que ces affirmations ne sont rien d’autres que des foutaises destinées à tromper les dirigeants palestiniens et arabes crédules qui interprètent tout sourire ou mot gentil venant d’un officiel américain comme une indication que l’Amérique, finalement, adopte une nouvelle politique basée sur la morale, la justice et la loi internationale.
Je me demande, vraiment, pourquoi M. Abbas n’a pas pris Rice à partie en lui demandant de condamner l’énorme vol de terre, et le déclarer nul et non avenu ? Ne sait-il pas comment exprimer les souffrances de son peuple aux visiteurs étrangers ? Ne peut-il pas se faire l’avocat des droits de son peuple ? A quoi sert un « président » s’il ne fait ou ne peut faire ce qu’il est supposé ?
C’est largement clair maintenant qu’Abbas échoue à exercer sa mission de Président de Palestine !! (le titre lui-même est faux puisqu’il n’y a pas d’Etat palestinien et ce n’est pas dans l’intérêt du peuple palestinien de faire comme s’il y en avait un, alors qu’il n’existe pas).
Pourquoi ne s’est-il pas souvenu de la visite de l’ancien kremlinologue, dont la connaissance des vicissitudes du dossier Palestine est au mieux médiocre, disant qu’il n’y aura jamais de véritable et durable paix en Palestine, et bien sûr dans tout le Moyen-Orient, tant qu’Israël ne mettra pas fin à son occupation de TOUTES les terres arabes occupées en 1967 et ne permettra pas un règlement juste de la condition des réfugiés palestiniens selon la résolution 194 des Nations Unies ?
N’est-ce pas cela, après tout, la dernière référence légale sur laquelle tous les efforts de paix sont supposés être basés ?Pourquoi ne l’a-t-il pas dit ? A-t-il eu peur de troubler les sentiments et la sérénité de la dame noire ? A-t-il craint de perdre son certificat américain de bonne conduite en exprimant avec force les doléances de son peuple ?
En réalité, Abbas et les autres dirigeants palestiniens ne devraient jamais chercher à obtenir de certificats de bonne conduite de l’Amérique et d’Israël, les bourreaux du peuple palestinien, ou même de l’Europe, lorsque l’obtention de ce certificat se fait aux dépens du peuple palestinien.
Nous savons tous qu’au Moyen-Orient, recevoir un certificat de bonne conduite de l’Amérique est souvent un simple euphémisme pour aliéner le peuple.
Et au sujet du gouvernement d’unité nationale avec le Hamas, c’est vraiment triste qu’Abbas ait choisi de fustiger et de critiquer le Hamas pendant qu’il était en compagnie de Rice.
L’homme a-t-il voulu lui dire qu’il était plus loyal à sa soumission à la Maison Blanche qu’aux intérêts nationaux palestiniens ?
J’ai bien peur qu’il y ait déjà eu des signes inquiétants qu’Abbas soit devenu une autre marionnette américaine dans la région, tout comme Qarazai en Afghanistan et Maliki en Iraq.
Il peut bien sûr clamer qu’il fait tout ceci dans l’espoir que les Américains forcent les Israéliens à lui donner quelque chose.
Mais c’est prendre ses désirs pour des réalités, comme l’a montré l’amère expérience d’Arafat.
Source : The Peoples Voice
Traduction : MR pour ISM
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