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Palestine - 10 août 2009
Par Khaled Amayreh
De nombreux palestiniens pensaient que la convention du Fatah à Bethléem revitaliserait le mouvement en le délivrant de son actuelle soumission indigne à Israël et en le remettant sur le droit chemin, le chemin de la lutte nationale authentique qui libèrerait le peuple palestinien et sa patrie usurpée des cruelles occupation et domination sionistes. Au lieu de cela, nous avons été témoins ces derniers jours d’une cacophonie de discours délirants qui a misérablement échoué à aborder les problèmes réels et précis auxquels est confronté le peuple palestinien et qui mettent en danger ses intérêts nationaux vitaux.
Tandis que les quelques 2.200 délégués Fatah s’empoignaient sur des sujets creux, ils ont soigneusement mis de côté les questions centrales comme le Droit au Retour, le scandale fondamentalement honteux de la coordination sécuritaire avec Israël et l’interminable blocus israélien de la Bande de Gaza, ainsi que la politique israélienne criminelle d’interdiction d’entrée à Gaza des matériaux de construction.
Le Fatah a également négligé le cinéma scandaleux appelé « processus de paix », qu’Israël a utilisé comme couverture de l’expansion continue de la colonisation juive, et de l’effacement acharné de l’identité islamique arabe de Jérusalem.
Personne ne s’attendait bien sûr, dans son for intérieur, à ce que la conférence Fatah déclare la guerre à Israël. Cependant, chaque Palestinien a le droit absolu d’attendre que les délégués Fatah se montrent les dignes représentants du peuple palestinien qu’ils prétendent être.
Ce qui est encore plus tragique, c’est l’impression générale que les délégués Fatah mettent leurs propres intérêts partisans avant la charge nationale.
Malheur à une nation qui se divise en groupes qui se voient chacun comme une nation.
Malheureusement, le Fatah n’est plus ce qu’il était. Le mouvement de libération de jadis se permet d’être totalement domestiqué et dé-révolutionnarisé par sa direction corrompue tout en affirmant mensongèrement qu’il persiste dans la voie de la résistance et de la lutte armée.
Une direction qui a minutieusement essayé la voie des négociations avec Israël depuis 1993, sans aucun résultat. En fait, le seul résultat de près de 15 années de rencontres marathon avec Israël a pris la forme de davantage de colonies juives en Cisjordanie et davantage de terres arabes volées, à tel point qu’il n’y a plus vraiment de place pour la création d’un véritable Etat palestinien viable.
Aujourd’hui, cette direction, qui continue de fonctionner sans honte sous la fausse rubrique du patriotisme, promet en gros la même chose, à savoir davantage de rencontres stériles avec Israël, probablement jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à marchander. C’est hélas leur compréhension déformée du pragmatisme et du réalisme.
La façon dont la conférence de Bethléem a abordé le Droit au Retour est très inquiétante, pour dire le moins. Des fonctionnaires Fatah, dont le président Mahmoud Abbas, y ont fait allusion, de façon vague, imprécise et générale. Ces allusions montraient que le Fatah pourrait utiliser le cœur de la question palestinienne comme une sorte de monnaie d’échange pour obtenir d’Israël qu’il accepte de donner aux Palestiniens un Etat, même vidé de la substance d’un véritable « Etat ».
Une lecture attentive du discours d’Abbas suggère que la direction de l’OLP et du Fatah serait prête et accepterait de compromettre en fait le Droit au Retour en échange de certaines compensations politiques.
De plus, la posture vantarde d’Abbas sur le retour de 300.000 Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza à la suite de la conclusion des Accords d’Oslo montre une réelle tendance de sa part à considérer le « retour dans les territoires occupés par Israël en 1967 de Palestiniens déplacés » comme une application partielle du Droit au Retour.
Si c’est avéré, cela reviendrait à une trahison définitive de la cause du Droit au Retour et un abandon perfide de millions de réfugiés éprouvés qui rêvent de revenir chez eux, dans les villes et les villages d’où eux-mêmes, ou leurs pères et leurs grands-pères, ont été déracinés lorsque le funeste Etat sioniste a été créé il y a plus de 60 ans.
Nous savons tous qu’Abbas a coutume de parler du Droit au Retour en des termes méprisants et péjoratifs. C’est ce qui le rend cher à Israël et lui vaut l’adjectif vide de “modéré”. Nous savons aussi que sans le travail du Hamas et des autres nationalistes palestiniens dignes, qui affirment la centralité du Droit au Retour, le Fatah, sous sa direction conciliante, aurait très probablement mis cette question aux oubliettes.
Ce qui montre qu’on ne peut pas compter sur le seul Fatah pour le droit sacré des réfugiés à rentrer chez eux. Ce fut vrai pendant l’ère Arafat et c’est encore plus vrai aujourd’hui, avec l’apparition d’une nouvelle génération de dirigeants Fatah qui montre plus d’intérêts pour les belles voitures et l’accumulation de richesses que pour la souffrance du peuple palestinien.
Une autre question que la convention Fatah a presque complètement ignorée est la honteuse « coordination sécuritaire » avec Israël en Cisjordanie . Cette coordination abominable n’est rien d’autre qu’une trahison.
Elle prend diverses formes et expressions sinistres, allant de la persécution systématique et la chasse aux sympathisants Hamas à la fermeture des institutions islamiques, au licenciement des fonctionnaires islamiques de leurs postes à l’échange de données sur de potentiels activistes de la résistance.
L’année dernière, un haut commandant de la sécurité palestinienne a été cité disant à un commandant militaire sioniste : « Nous sommes alliés, pas ennemis, nous avons un ennemi commun, le Hamas. »
Malheureusement, cet officier et ses collègues n’ont jamais été réprimandés, et encore moins punis, pour avoir fait de telles remarques traitresses. En fait, quelques-uns de ces prétendus officiers ont participé à la conférence de Bethléem.
Il va sans dire que la collaboration étroite entre les services de sécurité de l’AP (photo ci-dessus : les milices de l'AP) et Israël ont eu des conséquences désastreuses sur l’unité nationale palestinienne.
Depuis mi-2007, on pense que jusqu’à 10.000 militants islamiques ont été arrêtés en Cisjordanie , dont certains ont subi des tortures graves qui ont mis leur vie en péril. Au moins 11 personnes, dont des dirigeants religieux, des professeurs et autres professionnels sont morts sous la torture entre les mains des interrogateurs de l’AP.
La dernière victime est Kamal Abu T’iema, un enseignant et chef d’une communauté dans le camp de réfugiés Fawwar, près d’al-Khalil, qui a passé un quart de sa vie à languir dans les geôles israéliennes.
Abu Tiema est mort la semaine dernière, succombant à une attaque cardiaque massive provoquée il y a quelques semaines par les tortures subies au quartier général du service de sécurité d’Hébron. Il n’a jamais imaginé, dans ses cauchemars les plus sombres, qu’il mourrait sous la torture entre les mains de ces mêmes gens qui prétendent lutter pour la libération de la Palestine.
Malheureusement, très peu de délégués Fatah à Bethléem ont eu le courage moral d’appeler un chat et un chat, en particulier lorsqu’ils ont vu l’épée dans les mains de gens comme Muhammad Dahlan, qui a agi promptement et avec enthousiasme aux ordres de l’administration Bush pour allumer une guerre civile en Palestine au service des buts et desseins israéliens.
Le Fatah était une maison honorable luttant pour une cause respectable, la cause d’un peuple opprimé résistant à un agresseur simili-nazi cherchant sa disparition et son éradication de la surface de la terre.
Aujourd’hui, semble-t-il, le Fatah s’est transformé en un hôtel cinq-étoiles où les anciens révolutionnaires s’efforcent de profiter de la vie, tout en observant avec la plus haute insensibilité ce même pays qu’ils cherchent à libérer être pulvérisé par les sionistes qui se l’arrogent, et ce même peuple qu’ils prétendent représenter être violé, brutalisé et torturé par Israël, le partenaire présumé pour la paix.
Eh bien, le Fatah que nous avons connu pendant des décennies semble être mort. Peut-être un autre Fatah, un mouvement plus propre et honorable, s’élèvera à la place de celui qui est mort. C’est inévitable, parce que la trahison ne prospère pas, sur cette terre.
Source : Palestine Info
Traduction : MR pour ISM
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Khaled Amayreh
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