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Gaza - 23 avril 2006
Par Laila al-Haddad
C'est le même vieux groupe qui a toujours semé le trouble, que ce soit contre Mahmud Abbas ou Ismail Haniya.
Ce groupe est soutenu par Mohammad Dahlan et ses membres parlent tendrement de lui auprès de leurs proches en disant qu'ils font partie de sa "petite armée".
Le Hamas et d'autres les accusent d'être une "minorité" semant le trouble pour tenter d'accélérer la chute du nouveau gouvernement et "marquer des points politiques".
Quelque chose d'étrange se passe à Gaza. Les employés de la municipalité travaillent en ce moment. Les rues semblent un peu plus propres.
Et pour une fois, l'autre jour j'ai vu un policier arrêter réellement un criminel au grand dam de sa bande qui jetait des pierres et tirait sur la voiture de police, (futilement), et les "oohs" et les "aahs" des spectateurs (moi y compris).
Dans Gaza, nous nous sommes habitués à la règle de l'anarchie. Et les gens en sont malades - en fait, selon un dernier sondage, 84% des gens placent la sécurité interne comme priorité numéro 1.
Cela ne veut pas dire que des bandes et des hommes armés errent dans les rues comme dans un mauvais Western, comme les médias traditionnels pourraient le faire penser. Mais pour sûr, ce sont les muscles et les balles qui gagnent le jour et décident de tout, que ce soit les conflits de famille ou les agissements criminels de base.
La semaine dernière, il y a eu des représailles d'"un crime d'honneur" ou quelque chose comme ça.
Un homme a été retrouvé assassiné dans la ville de Gaza après avoir été accusé d'avoir molesté une jeune fille (je dis représailles parce qu'habituellement cela se passe autrement).
Le crime a été immédiatement décrié par des organisations locales des Droits de l'Homme et d'autres personnes.
Mais quand il n'y a personne pour imposer la Loi - ou plutôt, personne CAPABLE d'imposer la loi, autre que des condamnations verbales, il n'y a pas grand chose qui peut être fait. Si l'accusé était emprisonné, sa famille serait inévitablement intervenue, en engageant des hommes armés pour le faire sortir ou l'échanger contre un autre membre de sa famille.
C'est un cercle vicieux. Les citoyens ne se sentent pas responsables et les représentants de la loi sont impuissants.
C'est où le pouvoir de pression morale du Hamas entre en jeu. Je l'ai vu en action dans des secteurs tels que Dair al-balah, qui a été épargné par les conflits de clans sanglants contrairement à des secteurs comme Khan Yunis et Beit Lahiya quand le chef de la municipalité, un élu du Hamas est intervenu.
Naturellement, ils n'ont pas de baguette magique, mais ils semblent très efficaces dans ce qu'ils font : leur capacité "à parler" aux gens comme à "quelqu'un du peuple" sonne bien.
Le plus grand problème est : qu'est-ce que vous faites quand les représentants de la loi sont ceux qui enfreignent la loi?
La semaine dernière, 50 hommes armés masqués appartenant aux forces préventives de sécurité ont bloqué la route principale entre le nord et le sud de Gaza pour réclamer leurs salaires, comme ils ont été habitués à le faire au cours de ces dernières années (Bien que les medias nous feraient supposer le contraire, en citant l'incident comme "premier signe" de frustration face au nouveau gouvernement.)
C'est le même vieux groupe qui a toujours semé le trouble, que ce soit contre Mahmud Abbas ou Ismail Haniya.
Ce groupe est soutenu par Mohammad Dahlan et ses membres parlent tendrement de lui auprès de leurs proches en disant qu'ils font partie de sa "petite armée".
Le Hamas et d'autres les accusent d'être une "minorité" semant le trouble pour tenter d'accélérer la chute du nouveau gouvernement et "marquer des points politiques".
Beaucoup d'entre eux appartiennent aux Brigades des Martyrs al-Aqsa (BMA), une bande de vauriens du Fatah.
Comme je l'ai mentionné auparavant, ce groupes pose le plus gros problème de securité au Hamas.
Ils sont fidèles au Fatah mais apparemment personne ne semble être leur responsable, et un contingent d'entre eux sont soutenus par des personnalités très fortes qui ne veulent rien sauf voir ce nouveau gouvernement échouer.
Donc, que peut faire le Hamas ? D'abord, former ses propres forces de sécurité.
Hier, le nouveau Ministre de l'Intérieur, Saeed Siyam, a tenu une conférence de presse dans la Mosquée Omari dans la vieille ville de Gaza (un choix intéressant : la plus ancienne mosquée de Gaza, et un endroit pour "les masses"), dans laquelle il a annoncé la formation d'une nouvelle "force opérationnelle" armée dirigée par le Chef des Comités Populaires de la Résistance (CPR), Jamal Samhadana – un gars musclé et barbu constamment entouré d'un détachement de gardes du corps fortement armés (que j'ai rencontré par le passé), et recherché par Israël pour avoir organisé plusieurs des plus fortes attaques-suicides de l'intifada.
La Force composée de volontaires incluerait également une section de police avec des milliers de membres de groupes armés tels que l'AMB, la CPR, et les Brigades Izz-i-deen al-Qassam dépendraient directement de lui.
Comme si ce n'était pas assez embrouillant, cette initiative a pour but de contrecarrer le dernier ordre présidentiel de Mahmud Abbas nommant Rashid Abu Shbak, ancien chef de la sécurité préventive dans la Bande, comme chef "de la sécurité interne" qui est une nouvelle entité qui réunit les agences de la sécurité du Ministère de l'Intérieur et qui garantit qu'elles resteront sous le contrôle d'Abbas.
Est-ce que je vous ai déjà perdu ?
La presse israélienne a été rapide à l'innitiative de nommer "le militant le plus recherché du mouvement pour diriger la police de l'Autorité Palestinienne".
Pourtant, c'est probablement la chose la plus futée que le Hamas pourrait entreprendre à ce stade.
Pourquoi? D'abord, parce que la famille Samhadana est l'un des clans les plus puissants du Sud de Gaza. En nommant un des leurs (qui s'avère également être bien sûr le chef du CPR) comme directeur général des forces de police au Ministère de l'Intérieur, et en absorbant dans la nouvelle force les membres du CPR et des Brigades des Martyrs - qui sont deux des factions les plus volatiles dans Gaza, le Hamas s'assure réellement de leur allégeance et les transforme en "Gardes de la Rue" plutôt qu'en "gardes du clan".
Ils ont tous promis de combattre (le mot était plus "écraser") l'anarchie et le crime.
Qu'en est-il de l'argent des salaires?
He Bien, c'est simple. Il N'Y A aucun salaire. La nouvelle force n'est composée que de volontaires, donc les membres travaillent pour le statut et les idéaux plutôt que pour l'argent (naturellement, à un certain moment, il y aura des bouches à nourrir).
Naturellement, les choses pourraient toujours échouer - et ce n'est pas difficile de voir comment, d'autant plus qu'Abbas ne reconnait pas la nouvelle force, et que les factions avaient promis de faire la même chose sans succès par le passé.
Mais je pense que pour l'instant, c'est une initiative très intéressante que le Hamas "a sorti de sa boîte", en particulier depuis que c'est officiel.
Comme d'habitude, le temps nous dira si cela réussit vraiment à garantir la sécurité aux citoyens palestiniens ou non.
Source : http://www.palsolidarity.org/
Traduction : MG pour ISM
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