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France - 18 mai 2011
Par Badia Benjelloun
Appelé comme responsable de l’économie sous un gouvernement socialiste, le docteur en économie D. Strauss-Kahn a fait œuvre de comptable ascendant manipulateur de comptes. Privatisant les bijoux de l’État français, Air France, France Télécom, il avait redressé artificiellement les comptes de la Nation. Ce faisant, il a confirmé que la science dont il se prévaut est un art dérivé de la rhétorique sophiste. Il a fait plus qu’amorcer la mise en conformité de la France avec le dogme ultra-libéral en effaçant le rôle de l’État en matière de secteurs clés jusque-là publics. L’instauration des stocks options comme mode de rémunération échappant à la fiscalité, son plaidoyer enflammé pour les fonds de pension à la française en sont des bribes convaincantes au sein d’un arsenal qui a conduit aux règles de l’OMC et à la privatisation de l’énergie, EDF, rendue par lui inéluctable. Les suicidés de France Télécom peuvent le remercier.
Cet homme, co-auteur joyeux de la dérégulation mondiale dont il ne faisait qu’appliquer la recette inventée par d’autres que lui, a déconstruit un édifice élaboré au cours de décennies de luttes de classes qui assurait quelques garanties de solidarité dans le domaine de la santé et de la retraite à des moins nés que lui.
Il n’a pas vu venir la crise financière de 2007-2008 comme tous ses pairs experts en arrangements rentables pour les compagnies privées, mais il a été adoubé pour présider le Fonds Monétaire International, instrument notable d’endettement des nations pauvres et/ou fragilisées par une concurrence impitoyable et déloyale.
Ce serait donc à ce titre, commis du CAC40, qu’il avait été décrété candidat préféré du Parti Socialiste en position très éligible à la Présidence de la République de la France.
La véritable imposture gît là.
Il n’y a pas lieu d’opposer Sarkozy avocat d’affaires l’Américain au comptable Stauss-Kahn déjà naturalisé par son séjour à Washington dans l’un des temples de la fiance internationale.
Exit donc cette possibilité discursive, à peine moins arrogante que la version sarkozienne, pour parachever l’œuvre prédatrice d’un capitalisme financier agonisant de ses propres excès.
Tombé pour un travers compulsif conduisant à des délits relevant du pénal.
Il est exigé de l’opinion de la retenue, de la sérénité, à l’endroit d’un homme connu pour sa perversion sous prétexte que l’inculpé doit bénéficier de la présomption d’innocence.
Mais qu’en a-t-il été de la position de l’actuel prévenu dans l’affaire augurale d’une dérive ‘sécuritaire’ et surtout stigmatisante de la fausse agression du RER D en juillet 2004 ?
Une jeune femme mythomane avait dénoncé un délit imaginaire au cours duquel de jeunes Arabes et Noirs l’auraient violentée, elle et son bébé de 13 mois. Le récit agrémenté de dessins au feutre sur la peau de son ventre de croix gammées inversées avait mobilisé toute la classe politique et médiatique contre cet acte antisémite honteux. Une fois exposé le résultat de l’enquête qui a révélé la teneur mensongère de la plainte, Strauss-Kahn, interrogé sur ses condamnations hâtives et inopportunes de la jeunesse des banlieues, a répondu à l’antenne d’Antenne 2 au journal télévisé de 20 heures, le lundi 12 juillet 2004 :
"Si c’est un coup monté, évidemment ça serait critiquable en tant que coup monté, mais ça changerait rien au fait que c’est la dixième ou la vingtième des agressions de ce genre. Même si celle-ci se révélait après coup, on en sait rien pour le moment, ne pas s’être exactement passée comme on vous le raconte, ce qui est sûr, c’est qu’il y en a eu 20 avant ! ".
Lui sera-t-il appliqué par mesure de réciprocité et selon le principe de l’universalité les mêmes règles compassionnelles ? La justice devra-t-elle se faire expéditive et se contenter du seul et confortable argument du "vraisemblable", ici dans le cas de l’affaire du RER D du rendu vraisemblable, en renonçant à la recherche du vrai ?
La victime de son acte prédateur, Noufissatou Diallo, a émigré dans la banlieue de New-York depuis sa Guinée natale sous l’effet d’une mondialisation qu’il a aidée à parachever.
Elle aurait pu tout aussi bien être la sœur ou la cousine d’un de ces Noirs qui auraient assailli la mythomane du train de banlieue du neuf trois.
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Badia Benjelloun
18 mai 2011