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Palestine - 24 février 2007
Par Salim Nazzal
Le Docteur Salim Nazzal est un historien palestinien. Il a beaucoup écrit sur la question sociale et politique au Moyen Orient.
"Qui se ressemble s'assemble" est peut-être le proverbe qui décrit le mieux les USA et leurs amis et alliés au Moyen Orient, comme on peut clairement le voir dans la dernière visite de Rice au Moyen Orient.
Ceci ouvre la question sur les objectifs que la Secrétaire Rice espérait atteindre, en rencontrant des officiers des services secrets arabes, impopulaires sinon haïs.
Si nous appliquons également le diction "Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es", nous arrivons à la conclusion que les meilleurs amis des Etats-Unis sont le régime d'apartheid israélien et les régimes arabes d'oppression.
C'est facile à constater : l'Amérique est l'oppresseur au niveau global, le régime d'apartheid israélien est l'oppresseur au niveau régional, et les régimes arabes sont les oppresseurs de leurs peuples au niveau local.
On est alors moins surpris de voir que l'harmonie entre ces trois cercles est comme l'harmonie entre la forme et le fond, pour utiliser le langage des anciens logiciens musulmans.
Ceci a poussé quelques arabes, comme l'écrivain politique libanais Talal Salman, à se demander si les USA allaient répandre la démocratie avec l'aide des chefs des services de sécurité arabes, après avoir essayé de la répandre en Irak avec l'aide des hélicoptères Apaches et des mitraillettes.
Abd al Bari Atwan, écrivain politique palestinien, observe qu'habituellement, les ministres des affaires étrangères se rencontrent et discutent de questions politiques.
Mais quand la Secrétaire d'un Etat représente un pays dont divers sondages montrent qu'il est détesté par la plupart des Arabes pour son soutien à Israël et à son occupation de l'Irak, et qu'elle rencontre des chefs des services de sécurité arabes connus pour leurs résultats désastreux en terme de droits de l'homme, la question naturelle est pourquoi la secrétaire d'Etat américaine rencontre des services de sécurité arabes pour discuter d'une question politique comme la question palestinienne.
La réponse à cette question ne requiert pas une longue réflexion. Les USA voient le problème palestinien comme une question de sécurité, et non comme la question d'une nation qui cherche à se débarrasser d'une occupation. Ce qui explique pourquoi la position américaine vis-à-vis d'un gouvernement national palestinien est pratiquement la même que celle d'Israël.
La position américaine de diabolisation du gouvernement palestinien formé par le Hamas est caractérisée par ce que Mark Twain a décrit en 1916 : "Ceux qui promeuvent une image négative de l'ennemi doivent souvent la renforcer par la rhétorique sur leur propre droiture ; la tentative est de rassembler des soutiens et de nourrir la croyance que ce qui doit être fait est dans l'intérêt positif et bénéfique de chacun. Souvent, les principes utilisés pour diaboliser l'autre ne sont pas utilisés pour se juger soi-même, et entraîne les accusations de "deux poids deux mesures" et d'hypocrisie".
La position américaine de rejet des résultats de l'Accord de La Mecque a été également démontrée lors de la réunion du Quartet qui, selon l'écrivain palestinien Ureb Alrentawi, s'est conclue sur trois positions principales :
• la première position est la position américaine qui soutient la poursuite de l'embargo sur la Palestine,
• la deuxième position est la position russe qui soutient la levée de l'embargo,
• la troisième position est la position européenne, qui se tient au milieu.
A l'évidence, la position américaine de soutien à la solution à deux Etats n'a jamais été certifiée dans le domaine politique. La réalité est que ce postulat a surtout joué sur les mots, parce qu'il y a un Etat israélien mais qu'il n'y a pas d'Etat palestinien.
Pour cette raison, le dernier effort américain pour organiser une conférence décorative telle que la Conférence du Qatar pour améliorer les relations avec les Arabes sera voué à l'échec aussi longtemps que les Etats-Unis auront une position hostile vis-à-vis des Arabes et des Musulmans.
A la lumière de ceci, il n'est pas difficile de comprendre les Arabes qui ont boycotté la conférence, simplement parce qu'ils sont fatigués des conférences inutiles qui ne leur apportent rien.
Ceux (les Marines arabes) qui sont culturellement alliés à l'Amérique, pour utiliser l'expression du penseur égyptien Anwar Abd Al Malik, l'un des orateurs à la conférence, se trompent complètement s'ils pensent qu'en apaisant l'Amérique, les Etats-Unis mettront fin à l'occupation de l'Irak et au soutien à Israël. Les Arabes ont besoin, de la part de l'Amérique, de faits et pas de mots.
L'Amérique a besoin d'entendre la voix des Arabes ordinaires qui déclarent clairement que tant que les USA ne reverront pas leur politique, n'arrêteront pas d'occuper l'Irak et n'arrêteront pas de soutenir le régime d'apartheid d'Israël, les pourparlers sur la restauration de la confiance avec les USA n'est pas possible.
Source : Wa3ad
Traduction : MR pour ISM
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24 février 2007