Israël - 25 février 2005

Le coût caché de la politique d’occupation israélienne

Par Chris McGreal

Les Israéliens paient un prix économique et social élevé - rarement reconnu - pour une occupation de près de dix ans, déclare un rapport demandé par OXFAM et publié aujourd’hui.
Le rapport affirme que les dépenses militaires, le coût de la construction des colonies juives pour coloniser la terre palestinienne, l’effondrement du tourisme et d’autres entreprises en raison des deux intifadas ont miné l’économie et accru fortement la pauvreté.

Le rapport réalisé par le Centre Adva de Tel Aviv, qui étudie les tendances sociales et économiques, conclut que les conséquences en sont plus profondes, déviant la politique israélienne et créant une société encore plus divisée.

Il dit : "La seconde Intifada a frappé durement Israël, entrainant un arrêt de la croissance économique, diminuant le niveau de vie, détériorant les services sociaux, réduisant les aides et les protections sociales et augmentant l’étendue et l’importance de la pauvreté."

"Le prix ... place les 37 années d’occupation dans une perspective totalement nouvelle."

En plus de coûter la mort de 4 000 personnes des deux côtés, l’occupation a entraîné une instabilité politique de plus d’une décennie, incluant la chute de cinq gouvernements et l’assassinat de Yitzak Rabin.

Pendant les vingt premières années où Israël s’est emparé de la Cisjordanie et de Gaza en 1967, le coût fut relativement bas. Les Territoires Occupés étaient contrôlés par un petit nombre de troupes et le gouvernement faisait un minimum d’investissements dans les zones palestiniennes.

Israël a bénéficé d’un marché prisonnier de ses marchandises et d’une main d’œuvre exploitée. De fait, le gouvernement forçait les Palestiniens à subventionner l’occupation en leur prenant 250 millions de dollars de contributions pour la sécurité sociale alors qu’il les privait des avantages que sont les retraites et les allocations pour enfants.

Mais Israël a dépensé des milliards de livres sterling pour construire des colonies qui, selon le rapport, imposent un poids énorme en subventions et défense.

Le coût est difficile à chiffrer, en partie parce que le budget du Ministère de la Défense est secret. Mais depuis 1987 le gouvernement a ajouté 6,5 milliards de dollars à ses dépenses militaires ordinaires en raison des «évènements dans les Territoires».

«C’est de l’argent qui a été détourné du programme social interne», dit l’auteur, Shlomo Swirski.

Il y a deux coûts principaux. Le premier est simplement le coût économique, en particulier la baisse du PIB dû à la perte du Tourisme, etc. Le second est plus important, parce que c’est à long terme. C’est l’abandon de l’objectif de construction d’une société où la majorité de la population appartient aux classes moyennes.

Le coût de la dernière Intifada a été particulièrement élevé. L’économie a diminué d’un taux de croissance de 8% en 2000 à près de 1% trois ans plus tard parce que l’investissement étranger a chuté brutalement et que le tourisme s’est effondré. Les budgets de la santé, des services sociaux et de l’éducation ont été sérieusement rognés.

Leur effet cumulé peut probablement être comparé aux changements structuraux qui se sont produits dans les pays de l’Est à la suite de l’effondrement de l’Union Soviétique, ou aux changements structuraux imposés par les institutions financières internationales aux pays qui ont subi de graves crises financières.

Comme le chômage a augmenté et que la pauvreté s’est accrue, de nombreux avantages sociaux ont été nettement réduits, y compris une baisse de près d’un tiers des aides aux pauvres et aux mères isolées. «La conséquence la plus tangible a été la prolifération de soupes populaires et des associations caritatives qui étaient auparavant inconnues en Israël sauf dans les communautés juives orthodoxes, indique le rapport.

Le coût continuera à s’élever même lorsque Israël se retirera de la bande de Gaza, en payant des indemnités aux colons et démantèlera peut-être d’autres colonies dans un accord final avec les Palestiniens.



Un coût très lourd à payer
• Des dépenses militaires supplémentaires en plus du budget normal de la défense pour faire face à la résistance palestinienne depuis le début du premier Intifada en 1987 : 6, 5 milliards de dollars.

• Le coût de la construction des colonies juives dans les Territoires Occupés : 10 milliards de dollars

• Le coût de la construction de la barrière en Cisjordanie : plus de 1 milliard de dollars

• L’estimation des indemnités versées par le gouvernement aux Israéliens blessés par suite du conflit pour 2003 seulement : 230 millions de dollars

• L’estimation de perte du PIB entre 2000 et 2004 : De 7 à 12 milliards de dollars

• La croissance économique : 2000 : +5,2 % PIB par habitant 2003 : -0,5 % PIB par habitant

• En 2003 : 19,2% des Israéliens vivaient sous le seuil de pauvreté.

Source : The Guardian

Traduction : ISM