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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Le méprisable sabot du Diable d’Avnery (au sujet de son article intitulé « Devil’s Hoof »)

Par

Dans son article intitulé "The Devil's Hoof", Uri Avnery affirme donner des conseils d’ami aux Palestiniens. Mais son véritable message est une menace, et de l’espèce la plus méprisable : « Si vous luttez non pas pour un Etat palestinien séparé, mais bel et bien pour une égalité totale avec les juifs, au sein d’un Etat unique englobant toute la Palestine, alors, nous – les juifs d’Israël – nous vous épurerons ethniquement de toute la Palestine ». Tout en recourant à son style « conseil d’ami », Avnery menace :

"There is no chance at all that the Jewish public will agree, in this generation or the next, to live as a minority in a state dominated by an Arab majority. 99.99% of the Jewish population will fight against this tooth and nail. The demography will not stop haunting them, but on the contrary, it will push them to do things which are unthinkable today. Ethnic cleansing will become a practical agenda. Even moderate Israëlis will be driven into the arms of the fascist right-wing. All means of oppression will become acceptable when the Jewish majority adopts the aim of causing the Arabs to leave the country before they have a chance of becoming the majority."

« Il n’y a aucune chance que les Juifs acceptent, dans cette génération ou la prochaine, de vivre comme une minorité dans un Etat dominé par une majorité arabe. 99,99% de la population juive se battra contre cela bec et ongles. La démographie ne cessera pas de les hanter, mais au contraire, elle les poussera à faire des choses qui sont impensables aujourd’hui. Le nettoyage ethnique deviendra un programme pratique. Même les Israéliens modérés seront poussés dans les bras de la droite fasciste. Tous les moyens d’oppression deviendront acceptables quand la majorité juive aura pour but de faire en sorte que les Arabes partent avant d’avoir une chance de devenir majoritaires ».

[Voir l’intégralité de cette traduction in fine, ndt.]

Y a-t-il une quelconque différence entre ces propos avnériens et ceux que pourrait tenir un caïd de la Mafia donnant son « conseil d’ami » à quelque boutiquier, l’avertissant des conséquences, au cas où il oublierait de verser la rançon régulière valant « protection » de ladite Mafia ? Ici, nous voyons Avnery-le-sioniste en train de laisser tomber son masque de « gentil ami des Palestiniens », et rendre parfaitement claire la véritable position qui est la sienne : "Si vous osiez défier le projet sioniste d’une souveraineté exclusivement juive sur la quasi-totalité de la Palestine, nous nous unirions, tous, formant une « phalange de la droite fasciste » qui vous chassera de la Palestine !".

Examinons de plus près ce qu’Avnery et un caïd de la Mafia ont en commun. Le caïd de la Mafia ne veut pas que le destinataire de son « conseil » sache de quelle manière la Mafia pourrait être vaincue, et il ne soutient pas les efforts du peuple allant en ce sens. De la même manière, Avnery ne veut pas que les Palestiniens sachent de quelle manière le sionisme peut être vaincu, et il ne soutient donc pas les efforts du peuple [palestinien] allant dans ce sens : en quelque sorte, le sabot du Diable d’Avnery cherche à dissimuler le talon d’Achille du sionisme.

Oui ; Avnery nous enfume avec ses propos oiseux sur le sabot du Diable afin de dissimuler le talon d’Achille du sionisme. Il ne veut surtout pas que les Palestiniens sachent que le sionisme peut être vaincu dès lors que ceux-ci déclencheraient une guerre de classe contre lui. Le sionisme, c’est l’idéologie et la praxis d’une classe supérieure juive, dont le principal objectif est de dominer et d’exploiter une classe laborieuse majoritairement juive, et dont la stratégie maîtresse en vue de contrôler cette classe ouvrière juive est de faire la guerre à des non-juifs, au nom des juifs, afin de faire en sorte que les non-juifs haïssent les juifs, et que les juifs ordinaires aient tellement peur des non-juifs qu’ils ne manqueront pas de se réfugier dans les basques des dirigeants juifs, afin d’y chercher une « protection ». C’est ça, le talon d’Achille du sionisme !

Oui, une guerre de classe contre le sionisme peut vaincre le sionisme ! Une guerre de classe contre le sionisme, par exemple, pourrait, comme je l’ai exposé en détail par ailleurs [elsewhere], exiger que les richesses entre les mains des dix-huit familles les plus fortunées d’Israël soient utilisées pour rendre aux Palestiniens les biens que le sionisme leur a volés. La richesse de ces dix-huit familles, à elles seuls, pourrait permettre que chaque famille israélienne vivant sur une terre volée ou dans une maison volée dispose de la somme d’un million de dollars, soit pour acheter ce bien à son propriétaire palestinien originel et légitime, soit pour le lui rendre, et utiliser cette somme pour se faire construire une maison neuve, ce qui aurait pour effet de générer un boom du bâtiment qui profiterait, dans la pratique, à tout le monde, juifs ou non-juifs, dans toute la Palestine. Les juifs du peuple, loin de le redouter, accueilleraient à bras ouverts le retour des Palestiniens à l’intérieur de la Ligne verte, pour peu que ce retour soit conçu de cette manière.

La classe dirigeante sioniste d’Israël (et Uri Avnery) ne veulent pas qu’un tel agenda politique voit le jour. Elle est horrifiée par tout cadre qui mettrait les gens ordinaires, juifs et non-juifs, vivant en Palestine du même côté du problème. Ce qu’elle affectionne, c’est l’exact contraire : elle aime que ses « ennemis » - d’Avnery au Hamas, en passant par l’OLP – acceptent de jouer le jeu consistant à faire comme si les juifs ordinaires et les non-juifs ordinaires devaient nécessairement être des ennemis. Aussi longtemps que ce sale petit jeu continuera, la classe dirigeante sioniste d’Israël pourra continuer à entraîner dans l’abîme des juifs ordinaires [drive down ordinary Jews] de la même manière dont la classe dirigeante américaine est en train d’entraîner dans l’abîme des Américains ordinaires, tout en les contrôlant au moyen de sa « guerre contre le terrorisme ».

Il y a autre chose, qu’Avnery ne veulent pas que les destinataires de son « conseil » sachent : une analyse de classes permet [makes it possible ] de retourner l’opinion populaire américaine contre le sionisme, et de faire une révolution aux Etats-Unis, privant, du même coup, la classe dirigeante israélienne du soutien américain qui lui est absolument indispensable pour se maintenir au pouvoir.

Une autre chose, encore, qu’Avnery ne veut surtout pas que ses soi-disant « amis » sachent, c’est le fait que le soutien juif au sionisme n’est désormais pas davantage gravé dans le marbre que ne l’était le soutien des Blancs à l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Dès lors que les dirigeants sont persuadés qu’une stratégie ouvertement raciste de contrôle social n’est plus viable, du fait qu’elle est condamnée par trop de gens dans le monde entier, alors, comme le président Sud-Africain DeKlerk, ils donnent à « leur propre » peuple le feu vert pour rejeter ce qui était encore la veille au-delà de toute critique, et, soudain, ce que l’on pensait impossible devient tout-à-fait possible.

Ainsi, en 1992, la BBC a pu annoncer que « les Blancs sud-africains ont apporté une majorité écrasante à des réformes politiques visant à mettre un terme à l’apartheid et à instaurer un gouvernement multiracial et pluraliste… Dans ce qui fut un raz-de-marée de changement, le gouvernement a raflé les élections dans l’ensemble des quatre provinces du pays, et la totalité des quinze circonscriptions du referendum, sauf une… Il a remporté 68,6% des voix, ce qui est un score sans précédent, et ce chiffre a même dépassé les 96 %, dans certaines circonscriptions. »

Avnery ne veut surtout pas que les Palestiniens tirent les leçons de cet événement historique…

Avnery ne vaut donc pas mieux qu’un caïd de la Mafia. Mais le problème ne se limite pas à la personne d’Avnery. De braves gens, qui plaident depuis quelque temps en faveur d’une solution à un Seul Etat, ont été particulièrement négligents, en n’ayant pas su déceler que la lutte s’inscrit dans le cadre d’une guerre de classes – une guerre des gens ordinaires, dans le monde entier, visant à renverser leurs élites au pouvoir et de donner à la société la forme des valeurs de la classe laborieuse, des valeurs d’égalité, de démocratie et de solidarité. La conséquence de cette incapacité à le comprendre, c’est le fait que le « conseil » d’Avnery est en mesure de convaincre beaucoup de gens que notre combat serait sans espoir.

Autre conséquence de cette incapacité : le fait que les tenants de la solution à un Seul Etat, redoutant la permanence de l’hostilité de la population israélienne à l’égard des exigences légitimes des Palestiniens de se voir restitués leurs biens, tentent d’éviter de parler de la manière dont ces exigences légitimes pourraient se voir satisfaites (et même d’y penser), et cela a pour effet que la solution à un Seul Etat apparaît, aux yeux des Palestiniens, comme un objectif qui ne répond pas réellement à leurs aspirations.

Nous devons nous mettre sur les bons rails – ceux de la guerre de classes – si nous voulons vaincre le sionisme et ses « sabots du Diable », dont Avnery fait partie.

Traduction : Marcel Charbonnier


Le sabot du diable
par Uri Avnery

23 août 2008
Article écrit le 23 août 2008, publié en hébreu et en anglais le 24 sur le site de Gush Shalom.
Traduit de l’anglais "The Devil’s Hoof" pour l’AFPS : SWPHL.

La "vision" de l’Etat binational appartient à l’avenir lointain, mais le résultat immédiat de la campagne en sa faveur est de supprimer tous les obstacles à l’effort de colonisation.

J’ai été choqué quand j’ai lu le titre du Haaretz. Il faisait dire à Sari Nusseibeh "Il n’y a pas de chambre pour deux", signifiant par là deux Etats entre la Méditerranée et le Jourdain.

Quoi ? Nusseibeh a-t-il abandonné son soutien à une solution basée sur la coexistence entre l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine ?
J’ai lu son long entretien avec Akiva Eldar et retrouvé mon calme.

Calmé et aussitôt après en colère. Parce que le titre était une déformation flagrante. Il ne reflétait pas ce qui était dit dans l’interview. Et comme beaucoup de gens ne lisent que les titres et ne prennent pas la peine d’étudier le texte qui suit, c’est une tromperie.

Comment de telles choses se produisent-elles ? Dans Haaretz, comme dans la plupart des autres journaux, la règle est que les titres ne sont pas choisis par les auteurs mais par le rédacteur en chef. Ceci peut aboutir à des titres complètement trompeurs – par ignorance, par négligence ou intentionnellement.

Cette fois-ci, la question et la personne de l’auteur sont trop importantes pour passer ce fait sous silence.

POUR TOUT DIRE, j’aime beaucoup Sari Nusseibeh. Un jour nous avons défilé main dans la main en tête d’une manifestation dans la Vieille Ville de Jérusalem. Nous avons partagé un prix pour la paix en Allemagne (Le prix Lev Kopelev de 2003, du nom du militant russe des droits humains exilé).

J’ai connu son père, Anwar Nusseibeh, un vrai aristocrate palestinien, qui fut ministre de la Défense pendant l’occupation jordanienne et ambassadeur à la cour de Saint James. Juste après le début de l’occupation israélienne, je lui ai demandé confidentiellement s’il préférerait revenir sous administration jordanienne ou avoir un Etat palestinien indépendant. Il me répondit en termes non ambigus qu’il préférait la seconde solution.
Sari bénéficia d’une éducation britannique en même temps que palestinienne. Certaines personnes le trouvent distant et même hautain, mais je pense qu’il est sensible et modeste. Il est très courageux, tant moralement que physiquement, exprimant souvent des opinions très impopulaires. C’est pourquoi il a été plusieurs fois frappé.

Il y a cinq ans, en coopération avec l’amiral israélien (et actuel ministre sans portefeuille) Ami Ayalon, il publia un plan de paix clair, prévoyant l’établissement d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël, avec des frontières situées sur la Ligne Verte et avec Jérusalem comme capitale des deux Etats. Le plan n’était pas très différent du précédent plan de paix de Gush Shalom ou de l’Initiative de Genève postérieure.

Donc j’ai été choqué quand j’ai lu le titre. Se pouvait-il que Nusseibeh ait abandonné le point central de cette proposition ?

Dans l’interview, Nusseibeh dit quelque chose de tout-à-fait différent. Non seulement, il ne dit pas qu’"il n’y a pas de chambre pour deux", mais au contraire, il loue la solution des deux Etats comme la meilleure solution pratique. Cependant, il ajoute un avertissement aux Israéliens : du fait de l’expansion rapide des colonies, le temps pour la réalisation de cette solution est en train d’expirer. Il fixe même une date limite : la fin de 2008.

Ceci équivaut à un ultimatum : si les Israéliens ratent cette occasion, qui est toujours là, et s’ils continuent d’accélérer l’activité de colonisation à Jérusalem-est et en Cisjordanie , les Palestiniens tourneront le dos à cette solution. A la place, ils accepteront l’annexion à Israël des territoires occupés palestiniens, c’est-à-dire un gouvernement israélien sur l’ensemble du pays entre la mer et le fleuve, et ils se battront pour l’égalité des droits civils à l’intérieur de l’Etat. Il appelle cela une "alternative par défaut".

Nusseibeh tient le pistolet démographique sur la tempe des Israéliens. Il leur dit en effet : les Palestiniens seront une grosse minorité dans un tel Etat. Leur combat pour l’égalité contraindra Israël, en fin de compte, à leur accorder la pleine citoyenneté. Dans quelques années, les citoyens arabes constitueront la majorité. Exit le rêve sioniste. Exit l’Etat juif. (Soit dit en passant, Tsipi Livni est en train de dire la même chose.)

Nusseibeh connaît bien les Israéliens. Il sait que l’obsession démographique les rend fous. Le démon démographique les poursuit dans leurs rêves. La discussion effrénée sur ce sujet domine le discours israélien. Il croit donc que cette menace obligera les Israéliens à se dépêcher d’accepter la solution des deux Etats.

C’est le principal objectif de l’interview.

AVEC TOUT le respect et l’amitié que j’ai pour Nusseibeh, je crois que cette tactique est imprudente. Très imprudente.
A ses yeux, et aux yeux de certains intellectuels des deux côtés, il n’y a que deux possibilités : la "solution des deux Etats" ou "la solution d’un seul Etat". Un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël ou un Etat binational dans lequel l’égalité entre tous les citoyens, juifs et arabes, est assurée.

C’est une dangereuse méprise.

La "solution d’un seul Etat" est un oxymore, une contradiction dans les termes. L’idée d’un seul Etat n’est pas une solution, mais une anti-solution. C’est une recette pour un conflit sanglant continu. Pas un rêve mais un cauchemar.

Il n’y a aucune chance que les Juifs acceptent, dans cette génération ou la prochaine, de vivre comme une minorité dans un Etat dominé par une majorité arabe. 99,99% de la population juive se battra contre cela bec et ongles. La démographie ne cessera pas de les hanter, mais au contraire, elle les poussera à faire des choses qui sont impensables aujourd’hui. Le nettoyage ethnique deviendra un programme pratique. Même les Israéliens modérés seront poussés dans les bras de la droite fasciste. Tous les moyens d’oppression deviendront acceptables quand la majorité juive aura pour but de faire en sorte que les Arabes partent avant d’avoir une chance de devenir majoritaires.

Les vrais partisans de l’idée de l’Etat binational diront : OK, faisons-le. Nous aurons une ou deux générations de bain de sang, d’état de guerre civile, mais à la fin nous persuaderons les Juifs et les obligerons à accorder la citoyenneté et l’égalité aux Palestiniens. Mais quelle personne normale prendrait un tel risque ?

En réalité, le choix est donc : la "solution des deux Etats" ou "la solution du nettoyage ethnique".

Dans le meilleur des cas, l’Etat binational n’est pas réaliste. Je suppose que Nusseibeh, aussi, sait cela. A ses yeux, la menace est une manœuvre tactique. Il va même plus loin et suggère de mettre en œuvre la menace immédiatement à Jérusalem.

Les résidents arabes de Jérusalem-est ne sont pas citoyens israéliens et ne peuvent pas prendre part aux élections législatives. Toutefois ils ont le droit de vote aux élections municipales. Jusqu’à présent, ils ont boycotté ces élections parce qu’y participer impliquerait la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur Jérusalem-est.

Nusseibeh soulève la possibilité que les résidents arabes cessent le boycott et mettent en place une liste électorale qui leur soit propre. Ils sont à peu près un tiers de la population de la ville, et la majorité juive est divisée entre les orthodoxes et les laïques si bien que les Arabes pourraient décider qui serait le prochain maire.

Nusseibeh ne rejette pas l’idée de postuler lui-même à cette fonction. Il croit que cela effraierait les Juifs au plus haut point.

LE VRAI danger dans cette tactique n’est pas qu’elle convertirait les gens à accepter l’idée de l’Etat binational. Le danger est beaucoup plus grand et beaucoup plus immédiat.

Le principal danger est ceci : si l’ensemble du pays est sur le point de devenir un Etat binational de toute façon, il n’y a plus aucune raison de restreindre la colonisation juive du tout.

Nusseibeh avance que le temps pour la solution des deux Etats est bientôt écoulé à cause de l’activité de colonisation en Cisjordanie , et en particulier à Jérusalem-est. Mais c’est précisément l’idée d’un seul Etat qui ouvre les vannes à une colonisation juive débridée. En théorie, la colonisation permet aussi aux Palestiniens d’adopter cette option – mais le fait même de mentionner cette possibilité révèle son absurdité.

Le vrai combat aujourd’hui porte sur la colonisation. Il est mené dans tout le pays, pour chaque colonie, chaque "avant-poste", chaque route de contournement, chaque projet de construction de logements. C’est un combat titanesque qui est conduit partout, depuis la colonie "Har Homa" à Jérusalem jusqu’au "mur de séparation" (qui n’est rien d’autre qu’un moyen d’élargir la colonisation, comme même la Cour suprême israélienne le reconnaît maintenant.)

La tactique de Nusseibeh coupe l’herbe sous le pied de tous ceux qui comme nous se battent contre le vol de la terre et la colonisation – des courageux militants qui chaque jour manifestent et sont blessés dans leur lutte contre le mur, à nos amis à l’étranger qui s’adressent à l’opinion publique dans leurs propres pays.

La "vision" de l’Etat binational appartient à l’avenir lointain, mais le résultat immédiat de la campagne en sa faveur est de supprimer tous les obstacles à l’effort de colonisation.

C’EST aussi l’objectif qu’Ehoud Olmert, avec ses manœuvres tortueuses, a en tête. Il proclame haut et fort qu’il est favorable à la solution des deux Etats, mais il faut être fou pour le prendre au sérieux si l’on considère ce qu’il fait sur le terrain.

Il y a deux semaines, ses proches ont dévoilé le plan de paix qu’il soumet à l’Autorité palestinienne. Un plan innocent, et même positif.
Ses principales composantes : Israël rendra tous les territoires occupés à l’Etat palestinien, sauf 7% de la surface, où sont situés les blocs de colonies. En échange de ces 7%, Israël rendra aux Palestiniens des zones d’Israël-même, égales à 5,5% de la surface de la Cisjordanie . De plus, Israël permettra aux Palestiniens d’utiliser un passage qui sera ouvert entre la bande de Gaza et la Cisjordanie . Cela compensera la différence entre les surfaces de terres échangées.

Alors où est l’arnaque ? Le diable, comme on dit, se cache dans les petits détails. L’accord serait un "shelf agreement" [c’est-à-dire un accord en suspens – ndt]. Il sera mis en œuvre à l’avenir. Quand ? Eh bien...

Les territoires occupés de Cisjordanie seront rendus aux Palestiniens quand l’Autorité palestinienne prouvera qu’elle est capable de les contrôler. Qui le décidera ? Nous, bien sûr.

Les zones israéliennes qui sont destinées à être rendues aux Palestiniens, en échange des zones qui seront annexées à Israël, sont situées le long de la bande de Gaza. Quand seront-elles transmises ? Après que l’administration Hamas dans la bande de Gaza aura été renversée et que l’Autorité palestinienne se fera respecter. La même chose s’applique pour le passage entre la bande de Gaza et la Cisjordanie . Quand cela arrivera-t-il ? Comme disaient les Romains : "aux calendes grecques". (Dans le calendrier romain, les calendes étaient les premiers jours du mois – le calendrier grec n’avait pas de calendes.)

L’arnaque réelle est devenue évidente quand des proches d’Olmert ont expliqué que, immédiatement après l’acceptation du "shelf agreement" par les Palestiniens, Israël commencera à accélérer l’activité de colonisation, puisque, selon l’accord, les blocs de colonies deviendront dans tous les cas partie intégrante d’Israël.

Même les Américains ne pourraient rien objecter à cela, après que les Palestiniens eux-mêmes auront accepté l’annexion de ces zones à Israël.

Pour dire les choses simplement : tous ces accords sont des mots vides de sens, et une seule chose est concrète et immédiate : les colonies seront étendues sans cesse.

Dans la mythologie chrétienne, le diable a un sabot fourchu. Quelquefois ce sabot se voit sous sa longue robe, ce qui le trahit.
Notre sabot du diable, ce sont les colonies. Lors de l’examen de toute idée ou de tout plan, il faudrait soulever le bas de la robe pour voir ce que celle-ci dissimule en réalité.

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