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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Le contrat que doivent signer les artistes et écrivains israéliens invités à l'étranger

Par

Il y a quelques années, j'ai été invité à un festival de poésie à Barcelone. J'étais heureux. J’ai consciencieusement faxé mes poèmes, je les ai traduits en deux langues – le Catalan et le Castillan - et j’ai vérifié tout ce que je pouvais. Puis, au milieu du dialogue par fax, l'opération a été annulée, l'invitation retirée - pour des raisons budgétaires, m'ont-ils dit.
J'étais mal à l'aise au sujet de cette affaire jusqu'à ce qu’une nouvelle invitation me parvienne du Festival de Sydney.

Entre temps, je connaissais déjà la chanson et après l'excitation de la précédente invitation, j'ai dit que je n'étais pas sûr que le Ministère israélien des Affaires étrangères "contribuerait à mes frais", en choisissant les termes polis de ceux qui dirigent les affaires culturelles de l'État, c'est-à-dire le système "schnorr" international dont Israël a réussi à tirer profit, en particulier en période de crise budgétaire pour les institutions culturelles.

Les organisateurs de Sydney m’ont dit que je pouvais être tranquille, parce que l'année précédente mon ami Ronny Someck, qui parle beaucoup de paix et de coexistence, était venu et que son billet avait été payé par le Ministère israélien des Affaires Etrangères, donc je leur ai dit qu’ils pouvaient essayer. Pourquoi pas ? Après tout, c’était l'argent de mes impôts.

Donc, nous avons commencé la procédure, et finalement, après plusieurs e-mails et conversations téléphoniques, le dialogue avec Sydney s’est interrompu et puis, bien sûr, l'annulation est arrivée. Je sais qu'ils peuvent toujours émettre un refus, ce qui est la base du pouvoir d'un gouvernement – mais c’est difficile à identifier.

Aucun débat sérieux sur "l'acceptation", même en Israël au cours des dernières décennies, ne peut traiter de ce qui se passe dans le triangle futile "écrivain-critique-lecteur", comme si une telle relation mystique était valable partout.

Même l'Institut pour la Traduction de la Littérature Hébraïque, avec son meilleur traducteur d'hébreu à anglais, Dalya Bilu, et son équipe de spécialistes, ne peut pas vraiment contribuer au succès de ses traductions à l'étranger sans une tournée à l’étranger des auteurs qu’il traduit.

Les éditeurs à l'étranger le savent bien mieux que des festivals de l’art qui pensent en toute innocence que le Département des affaires culturelles et scientifiques du Ministère des Affaires Etrangères équivaut à l’Institut Goethe en l'Allemagne, l’Institut Dante en Italie ou à l'Alliance Française en France. Mais ce n'est pas le cas.

Voici le texte du contrat que les auteurs et les artistes signent avec le Ministère des Affaires Etrangères en échange du financement de la composante la plus importante dans leur carrière internationale : leurs déplacements pour des évènements culturels et littéraires, notamment sous forme de festivals de films, de théâtre et de danse.

Le contrat (datant de 2007) m’a été envoyé par e-mail par quelqu'un qui préfère garder l'anonymat. Les abréviations dans le corps du texte sont conçues pour éviter au lecteur l’interminable jargon juridique.


Contrat

Entre l'État d'Israël, via le Ministère des Affaires étrangères, le Département des Affaires Culturelles et Scientifiques, par le directeur adjoint du Département du CSA et le comptable du Ministère (ci-après, «le ministère»), d'une part, et M. / Mme. / Société / Organisation ... (ci-après dénommé «le prestataire»), d'autre part. "

Dès son introduction, le contrat stipule que :

"Le prestataire s'engage à mentionner le nom du ministère et/ou représentation israélienne dans les pays précités dans toute publication concernant les services fournis par lui, en Israël et à l'étranger. Il doit également se charger de fournir au ministère un rapport détaillé sur ses services fournis, y compris des exemples et des preuves, comme indiqué au point C, ci-dessous (ci-après, "les services").

Maintenant que la relation entre le gouvernement israélien et les artistes qu’il envoie à l'étranger a été définie, le contrat continue :

"Considérant que le ministère est intéressé par l'acquisition de la part du prestataire les services culturels / artistiques / éducatifs / scientifiques suivants ...

"Le prestataire déclare qu'il a l'expérience, l'expertise, les qualifications et les connaissances nécessaires pour exécuter les services."

Maintenant vient la partie principale :

"Il est intéressé par la fourniture de services au ministère." (Le prestataire doit être muni, bien sûr, de tous les documents légaux, ainsi l'État ne paiera pas quelqu'un qui escroque l'impôt sur le revenu, par exemple, ou le Greffier des Organisations sans but lucratif.

Article 5 :

"En contrepartie de la fourniture de services par le prestataire, comme indiqué dans ce contrat, et conformément à la législation, le ministère doit payer le prestataire de la somme (ci-après -« la rémunération ») jusqu'à concurrence de [ce chiffre varie, selon le contrat], pour les points suivants. La rémunération sera versée par le Ministère, en partie, directement au prestataire, et en partie directement à des tiers [Cela comprend des organisations étrangères délivrant les invitations, comme les festivals de cinéma et éditeurs], comme indiqué ci-dessous :

"A. L'achat de billets d'avion de classe touriste pour le prestataire, par le Ministère, par l'intermédiaire d'une agence de voyage choisie par le Ministère ; sinon, avec l'approbation préalable du Ministère, le remboursement des dépenses pour l'achat des billets à cette compagnie aérienne par le prestataire, contre la présentation de reçus acceptables.

"B. Le remboursement de la nourriture, des boissons et du logement, jusqu'à concurrence d'un montant de - NIS/$ US/Euro, en accord avec les pratiques du Ministère et sur factures (ici aussi, la somme varie selon le contrat spécifique.

"C. Le cachet de l’artiste, d'un montant de - NIS / US $ / euros, TVA comprise.

"D. Le remboursement des déplacements terrestres, jusqu'à un montant de - NIS/$ US/Euro, contre factures conformes.

"E. Le conditionnement et l’expédition par voie aérienne/maritime (y compris/non compris les transports terrestres) des bagages du prestataire, nécessaires à la fourniture du service, par une société de transport choisie par le Ministère, à défaut, avec l'approbation préalable du Ministère, le remboursement des dépenses ci-dessus par le prestataire, contre reçus, jusqu'à une somme de - NIS/$ US/Euro (Cette clause s'applique aux artistes, compagnies de théâtre et équipes sportives parrainées par le Ministère des Affaires Etrangères).

"F. Le remboursement des frais, ou le paiement à des tiers, pour la publicité, les relations publiques et les publications relatives à la fourniture des services au ministère par le prestataire, contre des reçus et jusqu'à une somme de - NIS/$ US/euro".

Il est important de comprendre que tout ce processus exige énormément de flexibilité budgétaire.

L'ambassade et l'attaché culturel déterminent la valeur de chaque artiste et l’importance du public qu’ils peuvent attirer avec l'auteur X ou Y. Cela détermine, à son tour, la valeur de l'hôtel, des vols, et bien sûr du cachet payé pour la présentation, un autre aspect de ce budget.


Un contrat est ennuyeux à lire, je vais donc sauter à l'article 12 et au cœur du problème :

"Le prestataire s'engage à agir en toute bonne foi, de manière responsable et sans ménager ses efforts pour fournir au Ministère des services les plus professionnels possibles. Le prestataire est conscient du fait que lui commander des services a pour but de promouvoir les intérêts politiques de l'État d'Israël par l'intermédiaire de la culture et de l'art, notamment en contribuant à créer une image positive d'Israël."

Afin de dissimuler ce qui précède - après tout, la culture est la «culture», sans intervention, sans mécanismes, sans machines de traduction financées par l’Etat - le paragraphe 13 souligne :

"Le prestataire ne se présentera pas comme un agent, émissaire et/ou représentant du Ministère."

L’article 15 contient même un avertissement:

"Le Ministère est en droit de résilier le présent contrat, ou une partie, immédiatement et à la seule discrétion du Ministère, si le prestataire ne fournit pas au Ministère des services et/ou ne remplit pas ses obligations en vertu du présent contrat et/ou ne fournit pas les services et/ou ne donne pas entière satisfaction au Ministère, et/ou fournit des services d’une façon inappropriée et/ou s'écarte du calendrier, et/ou si le ministère n'a pas besoin des services du prestataire pour quelque raison que ce soit et/ou pour des raisons budgétaires, organisationnelles ou sécuritaires et/ou politiques, et le prestataire ne fera aucune réclamation, demande ou requête basée sur la résiliation du contrat par le Ministère."

Il va sans dire que les artistes présentent notre démocratie en toute liberté.

Note ISM :

Lors d'un entretien avec Nonfiction.fr à l'occasion du Salon du Livre - Paris, l'écrivain Benny Ziffer faisait allusion à ce contrat :

"Le troisième problème, c’est que l’État israélien considère que les écrivains sont des agents de propagande. À partir du moment où l’administration finance le billet d’avion, elle estime que l’écrivain est là pour servir la cause israélienne et elle exige officiellement ce propagandisme dans un contrat que tous les écrivains doivent signer. C’est ce qui s’est passé avec les Salons du Livre de Paris et de Turin. "

Source : http://www.haaretz.com/

Traduction : MG pour ISM

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