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Monde Arabe -

Le programme nationaliste arabe, entre islam politique et islam culturel

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Lorsque nous parlons d’islam politique, il s’agit des partis politiques qui disent représenter l’islam ou adopter un programme islamique. Ces partis ne se différencient pas des autres partis politiques dans la mesure où ils désirent prendre le pouvoir et le conserver. L’objectif de tout parti politique est de conquérir le pouvoir indépendamment de son programme et des moyens mis en œuvre pour y arriver, qu’ils soient pacifiques ou violents, légalistes ou insurrectionnels.

Le programme nationaliste arabe, entre islam politique et islam culturel

Nous devons, dès lors qu’il est question de prise du pouvoir et de programme politique, discuter de cela dans le cadre de règles politiques définies. Par exemple, lorsque le Hamas décide de participer aux élections et de former un gouvernement en territoire occupé, il s’agit d’une décision politique. Nous estimons que cette décision est politique et nous la considérons du point de vue de sa pertinence politique. De notre point de vue, le critère politique fondamental est l’intérêt de la oumma. L’autorité palestinienne s’est offusquée de la participation du Hamas aux élections et au pouvoir, non pas pour des raisons de principe mais parce qu’elle craignait son influence et sa concurrence politiques et économiques. En revanche, Ayman al-Zawahiri (1) a dénoncé la participation du Hamas aux élections. Par sa prise de position, al-Zawahiri a incarné une autre tendance au sein de l’islam politique.

L’islam politique n’est pas monolithique de même que le nationalisme arabe ne l’est pas. Cet article n’est pas voué à traiter les différences existantes entre les courants nationalistes arabes. Le programme politique fondé sur l’islam est toujours influencé par le contexte politique, les classes sociales et le contexte national… Certains partisans de l’islam politique considèrent toute vision différente de la leur comme sortant de l’islam, comme d’autres considèrent qu’ils sont eux-mêmes sortis de l’islam. Ainsi, dans les années 1950-1960, la dynastie des Saoud et certains de leurs partisans islamistes, en tant qu’intermédiaires dans le commerce du pétrole et en tant que compradors, ont vu dans l’islam un programme politique leur permettant de faire alliance avec les puissances coloniales britanniques et étasuniennes contre le chef arabe et musulman Gamal Abdel-Nasser et contre l’Union soviétique « athée » !

Aujourd’hui, une grande partie des islamistes jihadistes sont les enfants ou les petits-enfants des masses résistantes à l’invasion occidentale et sioniste qui ont acclamé les nationalistes arabes et les communistes dans les années 1950-1960. Mais qui interprète l’islam en faisant allusion à la nationalisation des richesses de la oumma, en ce qui concerne l’eau, l’électricité, etc., car les gens sont copropriétaires de l’eau, de l’herbage et du feu (2) ? Y a-t-il un consensus entre les islamistes, par exemple, sur ce point dans leur programme politique alors que certains d’entre eux ne voient dans l’islam qu’un aspect commercial, une tendance au pacifisme et à la protection sociale des traditions des salafs (3) dans la société contemporaine ?

La base de notre analyse est donc le programme politique qui est influencé par le contexte social et politique dans lequel il est énoncé.

En tant que nationalistes arabes, nous nous cramponnons à un islam plus large et plus profond que celui de certains de ces partis ou de ces mouvements politiques. Nous nous agrippons à un patrimoine, à un cadre, à une source de législation, à une identité et à un levier pour le jihad contre l’injustice à travers les siècles. Nous n’avons pas le monopole de cet attachement. Notre interprétation de l’islam a une orientation politique bien définie : celle du nationalisme arabe qui reflète les intérêts d’une grande partie de la oumma ; celle des pauvres, des opprimés et de la majorité des enfants de la oumma.

Il est nécessaire de toujours faire la distinction entre islam politique et islam culturel. L’islam politique est l’interprétation politique de l’islam différant selon les partis ou les groupes. L’islam culturel est notre identité en tant que nation sans tenir compte des oppositions politiques.

Les partisans de l’islam politique ajoutent souvent une empreinte sacrée considérant que leur programme dérive directement du Saint Coran. Un programme politique islamique de gauche peut-être inspiré par l’héritage d’Abou Darr al-Ghifârî (4). Un programme comprador ou un programme qui représente la classe moyenne peut aussi se réclamer de l’héritage islamique. En réalité, l’islam est plus vaste que tout cela. Il a été sujet à des interprétations politiques diverses : aussi bien pour légitimer l’occupation turque des terres arabes que pour justifier la résistance à cette domination, comme le firent la révolution du Mahdi au Soudan (5) ou les wahhabites dans la péninsule arabique (6). Aujourd’hui ces interprétations diverses peuvent légitimer l’hégémonie perse sur le Machrek ou combattre celle-ci comme le font certaines organisations de la résistance en Irak. L’islam peut aussi être interprété afin de devenir un des leviers du renouveau arabe comme nous le souhaitons et comme il l’a été par le passé.

Lorsque nous interprétons l’islam de cette manière, en tant que levier du renouveau, de l’unité et de la libération, nous n’abjurons pas l’islam mais nous refusons l’islam « affairiste ». Nous insistons sur la dimension islamique. Cependant, l’apport de cette dimension doit se fondre dans un contenu politique durable nécessitant une position patriotique et nationaliste. Par exemple, que seraient le Hamas, le Jihad islamique ou le Hezbollah sans la résistance avec ses objectifs patriotiques ? L’identité islamique dénuée de programme patriotique et nationaliste clair et radical permet aux oulémas du pouvoir d’utiliser l’islam au service de l’axe américano-sioniste sous prétexte d’insister sur les pratiques rituelles et d’obéir aux détenteurs du pouvoir.


Notes de lecture :

(1) Note de la traductrice : Ayman al-Zawahiri est l’un des principaux dirigeants d’al-Qaïda. Médecin de formation, il fut anciennement à la tête du Jihad islamique égyptien. Il est considéré comme le principal idéologue d’al-Qaïda.

(2) Note de la traductrice : Cette formule fait référence au hadith dans lequel le Prophète (PSL) a dit : « Les Hommes sont associés en trois choses : l’eau, le pâturage et le feu » (rapporté par Ahmed, Abou Daoud et Ibn Majah).

(3) Note de la traductrice : premières générations des Hommes de l’islam.

(4) Note de la traductrice : Abou Darr al-Ghifârî était un compagnon du Prophète (PSL) connu pour son ascétisme. Après la mort du Prophète, alors que la tendance à l’accumulation de richesses se développa chez de nombreux musulmans, Abou Darr al-Ghifârî dénonça ces déviations. Il critiqua particulièrement Mu’awiya le fondateur de la dynastie omeyyade. Il devint la conscience des opprimés et des laissés pour compte. En but à l’hostilité du pouvoir, il se retira à Rabdha pour s’adonner à la prière et à la méditation.

(5) Note de la traductrice : Révolution menée par le chef religieux et politique Muhammad Ahmad ibn Abd Allah Al-Mahdi (1844-1885). De 1881 à 1899, il mena une résistance armée contres les autorités coloniales anglaises, et leurs supplétifs égyptiens, dans le but d’établir un État indépendant au Soudan.

(6) Note de la traductrice : Le wahhabisme est un mouvement religieux et politique sunnite fondé par Mohammed ibn Abd el-Wahhâb (1703 -1792) dans la péninsule arabique. L'intention de ce dernier était de ramener l'islam à sa pureté d'origine en rejetant toute tradition extérieure au Coran et à la sunna. Vers 1745, ibn Abd el-Wahhâb conclut une alliance avec Mohammed ben Saoud ben Mohammed, prince de Dariya, village proche de Riyadh. Le pouvoir ottoman s'inquiéta de l'ampleur prise par le mouvement et de la menace qu'il faisait peser sur son pouvoir. Le pouvoir ottoman ordonna à Mohammed Ali Pacha d'Égypte d'envoyer une armée en Arabie pour détruire cette dissidence. En 1818, l’armée égyptienne prit Dariya et mit fin à l’insurrection wahhabite.

Source : Free Arab Voice

Traduction : Souad Khaldi

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