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Negev - 16 octobre 2003
Par Palestine en Marche
Le Naqab constitue 60% du territoire situé à l''intérieur de la Ligne Verte. Les 130 000 Bedouins arabes palestiniens (25% de la population du Naqab, parmi lesquels environ 50% vivent dans des villages créés de toutes pièces sotes de "townships" alors que les autres vivent dans les villages non-reconnus) constituent une population marginalisée au Sud qui a un niveau de vie socio-économique très bas.
La population bédouine du Naqab souffre d'un taux de chômage très élevé (60% pour les hommes, 85% et plus pour les femmes), d'un niveau d'education très bas (seulement 6 % des étudiants qui restent au lycée passent les examens d'entrée à l'université. A ce stade, environ 60 % des étudiants sont sortis du système scolaire), de pauvreté, d'un taux élevé de mortalité infantile (10 pour 1000 chez les enfants bédouins, 5 pour mille chez les enfants juifs), d'un manque de travailleurs qualifiés, d'un taux élevé d'analphabétisme et de criminalité.
Les Rapports du Bureau Central des Statistiques de 1995 et 1997 attirent l'attention sur le niveau socio-économique très bas des 7 villages reconnus puisque d'eux d'entre eux (Tel Sheva et Rahat) ont montré un revenu familial moyen égal à 38 % de celui d'une famille juive comparable.
En fait, le Rapport du Contrôleur d'Etat de 1999 a désigné 6 des 7 villages bédouins arabes du Naqab comme étant les plus pauvres dans les domaines économique, social, éducatif et sanitaire.
En conséquence :
• a. moins de 1% de ceux qui sortent diplômés du Lycée poursuivent un cursus universitaire.
• b. Les filles ont peu de chance de poursuivre leurs études au-delà de la quatrième.
• c. 50% des familles et 60% des enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
• d. 62% de la force de travail est au chômage.
• e. 42.9% sont illettrés dans le village de Ara’rah village, 33.3% dans le village de K’seifa, 29.5% dans la ville de Rahat .
• f. 25% des enseignants des villages bédouins n'ont pas les qualifications requises pour enseigner.
• g. Cela a eu pour conséquence une augmentation importante de la criminalité dans la jeunesse bédouine :
20% de la jeunesse bédouine par rapport à seulement 2.3% pour les juifs, et ce dans le village juif de Ofakim, le plus pauvre et le plus sous-développé des villages juifs en Israël.Selon le Rapport de Police de 1999, il y a eu une augmentation de 37%de la criminalité dans la communauté bédouine par rapport à l'année 1998.
• h. 50% des enfants bédouins sont hospitalisés au cours de leur première année (chiffre de 1998)
• i. 30 % des femmes bédouines ne reçoivent aucun suivi prénatal (chiffre de 1998)
Afin de pousser les Bédouins à quitter les villages non-reconnus, la politique officielle consiste à refuser à ces villages les services de base et à les empêcher de développer une infrastructure. Des lois sont utilisées pour empêcher les villageois de bâtir des constructions durables ou même de réparer les temporaires existantes.Le raccordement au réseau d'eau et d'électricité est interdit.
Destruction de l'Emploi Traditionnel
Avant 1948, environ 90% des Bédouins d'al-Naqab vivaient de l'agriculture et 10% de l'élevage du bétail.Aujourd'hui, plus de 90 % vivent de travail salarié.C'est la politique depuis 1948 d'empêcher les Bédouins de maintenir leurs liens à la terre en rendant leur style de vie impossible grâce aux méthodes suivantes:
• a. Restriction de l'accès à la terre et à l'eau : Alors que l'Etat donne de larges zones de terre bédouine à des fermiers juifs sous des baux de longue durée, il ne loue la terre aux Bédouins qu'avec des baux de 3 mois, jamais la même terre deux fois de suite, et ne permet aucune culture permanente.
Les fermiers bédouins soit ne reçoivent pas leurs quotas d'eau, soit paient l'eau au tarif domestique( 12 fois le prix du tarif agricole). Aucune aide n'est accordée pour les années de sécheresse.
• b. Restrictions sur les troupeaux : La Loi de Protection des Plantations (Dommage par les chèvres) (1950) exige que les bergers bédouins ait un permis de Ministère de l'Agriculture pour faire paître leurs chèvres hors des terres qu'ils possèdent sur les terres voisines qui appartiennent à l'Etat (généralement des zones militaires)
Les permis sont délivrés à condition que l'Etat ne soit pas tenu pour responsable en cas d'accident, et sont soumis à la discrétion des fonctionnaires ministériels.Depuis le milieu des années 70, la politique consiste à saisir les troupeaux non enregistrés et à réduire les troupeaux enregistrés de 10 à 15 % par an.
• c. La Patrouille Verte : La Patrouille Verte est une unité paramilitaire créée par Ariel Sharon. Elle détruit les tentes des Bédouins, saisit les troupeaux, et détruit les cultures plantées avec le permis adéquat. Au cours des trois premières années de son existence, les troupeaux des Bédouins sont passés de 220 000 têtes à 80 000.
La contrainte physique exercée sur les fermiers bédouins a conduit à des hospitalisations et a provoqué des morts.En 1997, la Patrouille Verte a été étendue afin d'accélérer le processus de sédentarisation.
Dans sa politique continue qui vise à confisquer les terres des Palestiniens d'al-Naqab, déraciner les Bédouins et les obliger à vivre dans les "townships" ,Israël a mis en place depuis Février 2002 une nouvelle politique meurtrière: la destruction des terres cultivées par des produits chimiques toxiques.
Voici ce qui s'est passé dans le village non-reconnu d' Abda le 3 Mars 2003 :
Le 3 mars 2003, sans avertissement , 2 avions appartenant au ILA (Administration des Terres d'Israël) , accompagnés par un grand nombre de forces de police et de membres de la Patrouille Verte " noire ",ont vaporisé des produits chimiques toxiques sur des maisons et sur plus de 2 000 dunams ( 500 hectares) de terres cultivées appartenant aux résidents d'Abda, un village non - reconnu du Negev.
Des personnes âgées et des enfants qui se trouvaient dans les champs ont aussi été aspergés. Les enfants ont paniqués et ont souffert de traumatisme :ils ont cru que la guerre commençait et que des armes chimiques étaient utilisées contre eux .Les résidents des villages ont immédiatement emmené ces enfants dans la clinique la plus proche située dans la municipalité juive de Mitzpah Ramon.
Le médecin a refusé de les ausculter avant que le Vice-président du Conseil Régional des villages non-reconnus des bédouins palestiniens du Negev (RCUV) ne contacte le Ministère de la Santé et Kupat Holim. Le RCUV a alors envoyé un courrier urgent au Ministère de la Santé pour qu'une enquête officielle soit faite.
Labad Tasan , le chef du comité local d'Abda a affirmé que la ILA avait bien vaporisé les terres, et que les habitants et même les animaux n'étaient pas en sécurité. Un officier de la Patrouille Verte a pointé son arme à feu sur un fermier qui tentait de les arrêter. Labad a ajouté que la vaporisation des terres avait paniqué les enfants. Les enfants, qui venaient juste de recevoir des masques à gaz ,pensaient que la guerre avait commencé en Iraq.
Jaber Abu Kaff , le président du RCUV , qui a rendu visite aux enfants à la clinique , a affirmé qu'asperger les terres cultivées d'Abda avec des produits chimiques était un acte barbare , inhumain et immoral. Il souligna que le gouvernement de Sharon applique son plan d'essayer de déraciner les bédouins des terres de nos pères et de nos grands-pères. "Mais nous resterons sur nos terres aussi longtemps que nous vivrons et nous demandons à tous ceux qui ont une conscience de se joindre à nous."
Abda a été « formellement » reconnue par le gouvernement israélien en 1992 après une occupation de 6 mois, devant le Knesset ( le parlement israélien). Malgré une reconnaissance officielle, les résidents d'Abda continuent de manquer d'infrastructure, eau , électricité, routes, établissements de santé, scolaires, etc .comme tous les autres villages non-reconnus.
La reconnaissance officielle est intervenue comme faisant partie du plan du gouvernement d'attirer des touristes et de transformer la région environnante, comprenant le site d'Abda, en un parc national étant donné la présence de ruines nabatéennes.
Les résidents d'Abda ont été expulsés de leur village et vivent aujourd'hui à quelques 4 kms du site.
Source : Palestine en Marche
Traduction : DM
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