Palestine - 5 août 2006

Les attaques du Hizbullah résultent des incursions israéliennes au Liban

Par Anders Strindberg

Anders Strindberg, autrefois professeur invité à l'Université de Damas, Syrie, est consultant pour la politique du Moyen-Orient travaillant avec des agences de gouvernement européennes et de mise en application de la Loi. Il a également couvert la Syrie, le Liban, et les territoires palestiniens en tant que journaliste depuis la fin des années 90, principalement pour des publications européennes.

Le discours occidental semble incapable de fournir une réponse sérieuse et non superficielle aux droits et aux libertés des Palestiniens : Les Palestiniens sont les Indiens qui refusent de vivre dans des réserves ; les Nègres qui refusent de s'asseoir à l'arrière de l'autobus.
De quel droit moral quelqu'un peut-il leur dire d'être réalistes et de prendre sur eux ?
Est-ce trop de pagaille que de redresser les torts qui leur ont été faits ?
Est-ce que l'avant de l'autobus doit demeurer éthniquement pur ?

Le Liban après les bombardements des barbares. Voir les autres photos

Alors que les experts et les politiciens ont du mal à expliquer les événements du Liban, leurs conclusions sont pratiquement unanimes : Le Hizbullah a créé cette crise. Israël se défend. Le problème sous-jacent est l'extrémisme Arabe.

Malheureusement, c'est un pur non-sens grave.

La capture par le Hizbullah de deux soldats israéliens le 12 juillet était une conséquence directe de l'agression silencieuse mais implacable d'Israël contre le Liban, qui fait partie du long conflit Israëlo-Arabe qui dure depuis six décennies.

Depuis son retrait des forces d'occupation du Sud Liban en mai 2000, Israël a violé presque quotidiennement "la ligne bleue" surveillée par les Nations-Unies, selon les rapports de l'ONU.

La doctrine militaire du Hizbullah, énoncée au début des années 90, déclare qu'elle tirera des roquettes Katyusha sur Israël seulement en réponse aux attaques israéliennes contre des civils libanais ou contre la direction du Hizbullah ; et en effet cela a été leur ligne de conduite.

Au cours de ses violations, Israël a terrorisé l'ensemble de la population, détruit des propriétés privées et a tué de nombreux civils.

En février dernier, par exemple, un berger de 15 ans, Yusuf Rahil, a été tué par des tirs frontaliers israéliens non provoqués alors qu'il faisait paitre son troupeau de brebis au Sud Liban.

Israël a assassiné ses ennemis dans les rues des villes libanaises et continue d'occuper le secteur des fermes de Shebaa au Liban, et refuse de remettre les cartes des champs de mines qui continuent à tuer et à estropier les civils du Sud Liban plus de six ans après que la guerre soit censément terminée.

Quelle paix le Hizbullah a-t-il brisé ?

La capture des soldats par le Hizbullah a eu lieu dans le contexte de ce conflit ininterrompu, qui est fondamentalement modelé par les réalités dans les territoires palestiniens.

Au grand désappointement d'Israël et de ses alliés, le Hizbullah - le mouvement politique largement le plus populaire au Moyen-Orient - se tient de façon inébranlable aux côtés des Palestiniens.


Depuis le 25 juin, quand les combattants palestiniens ont capturé un soldat israélien et ont exigé un échange de prisonnier, Israël a tué plus de 140 Palestiniens.

Comme pour la situation au Liban, cette soudaine flambée de violence a été détachée de son contexte plus large et il a été dit qu'elle avait été "fabriquée" par les ennemis d'Israël ; un non-sens de plus offert pour distraire de la réalité apparemment impensable que c'est la façon dont Israël a été créé, et les bases idéologiques qui l'ont maintenu pendant près de 60 ans, qui sont le cœur de l'ensemble du conflit Israëlo-Arabe.

Quand les Arabes ont rejeté le droit des Nations-Unies à donner leur terre et à les forcer à payer le prix des pogroms européens et de l'holocauste, la création d'Israël en 1948 a été rendue possible seulement par le nettoyage ethnique et l'annexion.

C'est un fait historique qui a été documenté par des historiens israéliens, tels que Benny Morris. Pourtant Israël continue à affirmer qu'il n'a rien à voir avec l'exode des Palestiniens, et qu'il n'a par conséquent aucun devoir moral pour leur offrir des réparations.


Depuis six décennies, les réfugiés palestiniens n'ont pas le droit de rentrer chez eux parce qu'ils sont de la mauvaise race. "Israël doit rester un Etat Juif" est une incantation presque sacrée parmi la classe politique occidental. Cela signifie, en pratique, qu'Israël a le droit d'être un ethnocratie aux dépens des réfugiés et de leurs descendants, qui sont maintenant près de 5 millions.

N'est-ce pas compréhensible que la préoccupation ethnique d'Israël offense profondément non seulement les Palestiniens, mais nombreux de leurs frères Arabes ?

Pourtant, au lieu de demander qu'Israël reconnaisse ses erreurs fondamentales en tant que première étape vers l'égalité et la coexistence, le monde occidental insiste gaiement sur le fait que tout le monde doit reconnaître le droit à exister d'Israël au détriment des Palestiniens.

Le discours occidental semble incapable de fournir une réponse sérieuse et non superficielle aux droits et aux libertés des Palestiniens : Les Palestiniens sont les Indiens qui refusent de vivre dans des réserves ; les Nègres qui refusent de s'asseoir à l'arrière de l'autobus.

De quel droit moral quelqu'un peut-il leur dire d'être réalistes et de prendre sur eux ?

Est-ce trop de pagaille que de redresser les torts qui leur ont été faits ?

Est-ce que l'avant de l'autobus doit demeurer éthniquement pur ?

Quand ils refusent de reconnaitre leur occupant et d'accepter leur infériorité raciale, quand le désespoir et l'anéantissement les rendent violents, et quand les voisins et les alliés viennent à leur aide - certains pour des raisons de pouvoir politique, d'autres par idéalisme - nous sommes étonnés qu'ils soient tous de tels fanatiques et extrémistes.

L'obstacle fondamental à une compréhension du conflit Israëlo-Arabe, c'est que nous avons arrêté de demander ce qui est vrai et ce qui est faux, et au lieu de cela, nous avons demandé ce qui est "pratique" et "réaliste".

Pourtant la réalité est qu'Israël est un état profondément raciste, dont l'existence est étayée par une succession apparemment sans fin de mesures punitives, d'assassinats, et de guerres contre ses victimes et leurs alliés.

Une compréhension réaliste du conflit est, donc, un raisonnement qui reconnait que le cœur du problème ne se situe pas dans cet incident ou dans cette politique, mais dans le refus fondamental et persistant d'Israël à reconnaitre l'humanité de ses victimes palestiniennes..

Ni le Hizbullah ni le Hamas ne sont menés par un désir "d'éliminer les Juifs", comme cela est tellement souvent affirmé, mais par un sens fondamental de l'injustice qu'ils ne permettront pas d'être oubliée.

Ces groupes continueront à jouir d'une légitimité populaire parce qu'ils accomplissent le besoin de quelqu'un - n'importe qui – qui est de se lever pour les droits des Arabes.

Israël ne peut pas détruire ce besoin par des quadrillages de puissants bombardements ou par des rampes de roquettes.

Si Israël, comme son ancien allié politique l'Afrique du Sud, a la capacité de s'entendre sur les conditions des principes démocratiques et des droits de l'homme et d'accepter une coexistence multiraciale égalitaire dans un seul Etat pour les Juifs et les Arabes, alors les bases du ressentiment et de la résistance auront été supprimées.

Si Israël n'arrive pas à le faire, alors il continuera à être le vortex de la violence régionale.

Source : http://www.csmonitor.com/

Traduction : MG pour ISM