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Palestine - 9 mars 2008
Par Michael Hess
La colère et le chagrin abondent après que huit étudiants aient été tués jeudi lors de l'attaque d'une école juive à Jérusalem Ouest, avec une indignation particulière sur les "célébrations" palestiniennes, mais on sait que les Israéliens fêtent, eux aussi, les morts arabes.
Beaucoup d'articles de presse occidentaux réagissent avec fureur à voir les Palestiniens de Gaza fêter ouvertement ce qu'ils voient comme une revanche aux attaques récentes qui ont tué au moins 120 d'entre eux, dont la moitié de civils et parmi eux de nombreux enfants.
Aussi haineuses et barbares que semblent ces célébrations, elles ne sont pas circonscrites aux seuls Palestiniens – les Israéliens ont eu leurs propres et très nombreuses célébrations de morts et de terrorisme contre les Arabes, et même contre les Britanniques.
En 1994, il y eut cette attaque affreuse, à Hébron, perpétrée par Baruch Goldstein, médecin de New York qui avait émigré dans la colonie israélienne de Kiryat Arba.
Goldstein a tué au moins 30 fidèles dans le lieu saint de la tombe des Patriarches, avec une version made in Israël du fusil d'assaut AK 47 ; il a ensuite été battu à mort par une foule furieuse. L'armée israélienne a ensuite tué 12 autres palestiniens, devant l'hôpital où Goldstein et ses victimes blessées avaient été emmenés.
En 2000, il y a presque exactement huit ans, et selon un rapport de la BBC : "Des militants juifs se sont rassemblés sur la tombe de Baruch Goldstein pour commémorer le sixième anniversaire de son massacre des fidèles musulmans à Hébron (…). 'Nous avons décidé d'organiser une grande fête, le jour où il a été tué par les Arabes', dit Baruch Marzel, un des 40 participants."
Marzel a également précisé que plus de 10.000 personnes étaient venues se recueillir sur la tombe de Goldstein dans les années qui ont suivi le massacre.
En 2006, les Britanniques ont été extrêmement embarrassés par deux jours de célébration du bombardement terroriste israélien de l'Hôtel King David, en juillet 1946, qui avait causé la mort de 92 personnes. Le Times in London a rapporté :
"(…) des politiciens de droite, dont Binyamin Netanyahu, l'ancien Premier Ministre, commémorent le bombardement de l'hôtel King David à Jérusalem, le quartier général du gouvernement britannique, qui a tué 92 personnes et a contribué à l'expulsion des Britanniques de Palestine.
Ils ont érigé une plaque, à l'extérieur du bâtiment restauré, et tiennent deux jours de séminaire avec des discours et une visite de l'hôtel par l'un des combattants de la résistance juive impliqué dans l'attaque.
Simon McDonald, ambassadeur britannique à Tel Aviv, et John Jenkins, consul-général à Jérusalem, ont écrit à la municipalité : "Nous ne pensons pas qu'il soit juste de commémorer un acte de terrorisme qui a conduit à la perte de nombreuses vies."
En 2008, l'annonce de l'assassinat extra-judiciaire d'Imad Mughniyah, un "maître" terroriste recherché pour un certain nombre d'atrocités et d'attaques, a donné lieu à une intense jubilation en Israël. Dans un article intitulé : "Pas de raison de pavoiser" pour Haaretz, Svi Bar'el écrit :
"(...) Est-ce que le monde est meilleur sans Imad Mughniyad ? La réponse instinctive est 'Oui". Même après une petite sieste, une réflexion sérieuse et de nombreux échanges, la réponse est encore 'Oui'. Mais une analyse des pertes et profits pourrait remettre en cause la validité de cette réponse : si une voiture piégée explose demain près d'une école juive dans le New Jersey ou à Bishkek, la capitale du Kirghizstan, et si le consulat israélien dans quelque ville d'Amérique du Sud s'effondre, nous tiendrons un autre discours."
Les tirs de jeudi sont ou ne sont pas reliés à l'assassinat d'Imad Mughniyah, ils le sont bien sûr, d'après la revendication de responsabilité d'un groupe obscur et inconnu appelé "Phalange des hommes libres de Galilée – Groupes du Martyr Imad Mugniyah et des Martyrs de Gaza" – et il y a des déclarations confirmées, non confirmées, selon lesquelles le Hamas aurait revendiqué la responsabilité des meurtres de l'école Merkaz Harav – mais rien n'a été jusqu'à maintenant confirmé, et dans ce cycle et recycle de décennies de violence, en fin de compte, la violence est la même, quel que soit le côté d'où elle vienne, peu importe qui en revendique ou non la responsabilité.
Le plus triste, c'est quand des sources d'informations, même au cœur de l'Amérique, défendent les slogans israéliens de "Mort aux Arabes", comme le fait le Charleston Post and Courier aujourd'hui dans un éditorial :
"Pour leurs parts, les Israéliens doivent rejeter la réaction compréhensive mais lamentable des étudiants du séminaire, qui ont manifesté devant l'école talmudique, criant vengeance et chantant 'Mort au Arabes'".
Il n'y a rien, même de vaguement "compréhensible" dans les célébrations, d'un côté ou de l'autre, de la mort de gens innocents pris dans un conflit territorial qui dure depuis des décennies. Il est irresponsable de fulminer contre les Arabes lorsque quelques-uns d'entre eux fêtent les morts d'innocents, et de juger "compréhensible" les mêmes actions de la part des Israéliens. Comme le soulignait Bar'el, il n'y a "pas de raison de pavoiser".
Source : BBSNews
Traduction : MR pour ISM
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