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ISM France - Archives 2001-2021

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Liban -

Les faces cachées de la guerre au Liban : Version intégrale

Par

> hamed_eco16@yahoo.fr

L’auteur, Medjdoub Hamed, est Officier supérieur de l’ANP en retraite - Chercheur. Il peut être joint à l'adresse suivante : hamed_eco16@yahoo.fr

Comment les Arabes en cas de conflit majeur au Proche-Orient peuvent amener la paix et… créer un Etat palestinien ?
Comment comprendre la stratégie américaine dans sa fuite en avant contre le monde arabe ?
Et que peuvent faire les pays arabes ?
Derrière le fameux discours américain sur le GMO (le Grand Moyen-Orient) et cette volonté de redessiner la géopolitique du Proche et Moyen-Orient, Washington cherche-t-il véritablement à instaurer une démocratie dans ces pays ou, n’en fait-elle qu’un artifice, une poudre au yeux pour réaliser les desseins secrets de sa stratégie.

La montée en puissance de la Russie dans l’échiquier mondial et surtout de la Chine, devenue quatrième puissance économique mondiale, et le "nouveau grand jeu pétrolier" qui les oppose, conjugués à la nouvelle donne monétaire de l’Europe, ne sont pas étrangers à cette agressivité états-uniennes.

Sinon comment comprendre la guerre au Liban et la politique de deux poids, deux mesures de l’Amérique ?

L’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah justifie-t-il cette guerre dévastatrice de 34 jours, avec plus de 1100 morts, côté libanais, et plus de 150 morts, côté israélien. Une bonne partie du pays du Cèdre a été dévastée par les bombardements de l’armée israélienne, ponts, routes, maisons, centrales électriques, hôpitaux…

Depuis que le monde est monde, rien n’est laissé fortuit dans les stratégies guerrières. Aucune guerre n’est déclarée à la légère si elle n’est sous-tendue par une convergence d’intérêt politique ou économique.

Aucune nation ne fait la guerre pour la guerre, cette agressivité israélienne aujourd’hui ne résulte pas d’une théorie paranoïaque mais bien de plans secrets visant des objectifs politiques et économiques précis.

Depuis plus de cinquante ans, le monde arabe a été utilisé comme joker dans la stratégie de la première puissance mondiale : renflouer sa puissance quand elle décline.

La puissance économique des Etats-Unis, qui stagnait depuis les années 1970, décline depuis la fin de la guerre froide. Leur part dans les échanges mondiaux et la production ont sensiblement diminué depuis cette période, leur force économique comparée à celles de l’Union européenne et du groupe est-asiatique (Japon, Chine et autres pays du Sud-Est asiatique) est également en recul.

Le recours persistant des Américains à la force doit être interprété comme une réaction à leur déclin économique et non pas uniquement à la situation géopolitique post-guerre froide.

De plus, ce recours cible essentiellement le maillon faible de la planète, le Proche-Orient où se trouvent les plus grands réservoirs de pétrole, et surtout l’or noir qui y provient "viabilise le dollar".

Dès lors, on comprend l’importance de l’Etat d’Israël dans la stratégie américaine, un autre joker tout aussi important sinon plus, parce que c’est de lui que viennent les séismes pétroliers.

Ces séismes, ils les créent par la guerre. Sur le plan global mondial, le Hezbollah n’est compté, et malgré son succès aujourd’hui, qu’en petit maillon d’une chaîne d’autres maillons plus grands, plus importants en regard de l’impact que peuvent avoir les objectifs stratégiques, globaux, finaux américains s’ils se réalisaient.

De là, on comprend les réticences des pays arabes à ce grand « jeu », leur prise de conscience devenue une réalité, les Américains ont de plus en plus de difficultés à les circonvenir, à les aligner à leur "politique mondiale", d’où cette animosité et le nouveau discours sur le "Grand Moyen-Orient".

De plus, que représenterait la Syrie, ou à l’extrême l’Iran, à qui on reproche le désir secret de se doter de l’arme nucléaire, alors que la Corée du Nord affirme en maîtriser le processus ?

A l’évidence, l’Iran représente une puissance quasi nulle vis-à-vis de la superpuissance américaine. La seule pouvant faire pièce à l’arsenal nucléaire américain est la Russie. Pourtant les Etats-Unis sont embourbés en Irak. Les forces de la coalition en Irak s’amenuisent de jour en jour, les troupes japonaises quittent l’Irak, à la fin de l’année, c’est au tour des troupes italiennes.
Et l’Amérique continue dans son unilatéralisme à défier le monde, à fomenter d’autres conflits.

L’Europe, réfractaire à l’hégémonie américaine, surtout avec la puissance monétaire retrouvée, l’"euro" (1) monnaie européenne lancée en janvier 1999, se fissure depuis les changements politiques intervenus en Allemagne.

Le groupe représenté par la France-Allemagne-Russie, cherchant à faire échec à la politique américaine, a fait long feu.

La France, faisant désormais cavalier seul, se trouve sur la corde raide… face à la géopolitique de l’heure, d’où ses atermoiements avec les Américains dans le projet de résolution de cessez-le-feu entre Israël et le Liban en juillet/août 2006.

Pourquoi à chaque frémissement géopolitique, à chaque panne technique dusse-t-elle être au Nigeria, en Alaska ou ailleurs… les cours du baril de pétrole s’envolent ?

Cette progression des cours pétroliers, sans retour arrière, depuis le mini contrechoc pétrolier de 1998, est continue ? Y a-t-il une limite à cette évolution haussière des cours pétroliers ?

Cette "pénurie de pétrole" est-elle un mythe ou une réalité ? C’est à toutes ces questions que cette étude tente d’apporter une réponse… logique.



2. RÉTROSPECTIVE . L’OFFENSIVE AMÉRICAINE CONTRE L’IRAK

Après que Washington eut présenté un projet de résolution particulièrement dur sur l’Irak, le président George W. Bush lançait un ultimatum le 24 octobre 2002 aux membres du Conseil de sécurité. Malgré l’opposition des opinions publiques dans le monde et la résistance du groupe France-Allemagne-Russie contre le projet de guerre en Irak, le 20 mars 2003, sans l’aval des Nations unies, les Etats-Unis lancent leur offensive contre l’Irak.

Le régime irakien s’effondra trois semaines plus tard, mettant fin au régime de Saddam Hussein qui a cherché à affaiblir sa puissance monétaire, en libellant le 28 septembre 2000 son pétrole en euros et en demandant la conversion des dix milliards de dollars de réserves (pétrole contre nourriture) en euros.
Le 2 mai 2003, le président américain annonçait la fin de la "phase des hostilités majeures".

Dans un climat d’euphorie, les néo-conservateurs suggéraient d’utiliser la même technique de "renversement de régime" contre l’Iran, la Syrie, voire l’Arabie Saoudite …

L’offensive américaine en Irak en mars 2003, obéissait à deux objectifs vitaux : d’abord la préservation des gisements de pétrole dans le giron américain, ensuite le libellé monétaire des cours pétroliers doit rester en dollar.

Ces deux objectifs servaient d’avertissement masqué aux régimes arabes, majoritaires dans l’organisation pétrolière l’OPEP, sur la donne monétaire du pétrole.

Un autre conflit oppose les Etats-Unis à la Corée du Nord. En réalité ce conflit concerne toute l’Asie et l’avenir des Etats-Unis avec l’Asie.

Le 27 décembre 2002, Pyongyang annonçait la rupture unilatérale de l’accord signé avec les Etats-Unis en1994 et déclarait s’apprêter à congédier les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA).

Si l’Amérique s’est montrée intraitable avec l’Irak et affiché une attitude plus mesurée face à la Corée, affirmant que le conflit serait résolu par la diplomatie, c’est tout simplement que les enjeux dans l’une ou l’autre région du monde sont différents.

Le premier se place au cœur d’une région explosive, le gros des réservoirs énergétiques du monde se trouvant dans cette région.
Le second se trouve dans une région à risque pour l’Amérique. De plus l’économie américaine, même si elle renoue avec la croissance en 2003, 2004, 2005, se fait surtout sur fond d’un endettement encore plus prononcé.

Sur le plan de la stratégie, l’Iran et la Syrie offrent une dimension politique et économique capitale, susceptible de renverser le cours des événements mondiaux. Cette dimension évidemment est peu perceptible… si l’Iran et la Syrie n’avaient pas existé, l’Amérique les aurait crées ou remplacés par d’autres pays de la région.



3. LE PARADOXE DOLLAR/BARIL DE PÉTROLE

L’euro a passé pour la seconde fois à la mi-novembre 2003 son plus haut niveau historique face au billet vert, 1,1956 dollar il a progressé de 40%... depuis ses plus bas niveaux, à 0,84 dollar en 2000. Le baril de pétrole dépasse les 33 dollars en novembre 2003. En février 2004, l’euro bute sur 1,30 dollar. En juin 2004, la FED procède pour la première fois à un resserrement monétaire d’un quart de point, de 1 à 1,25%.

C’est le début du deuxième cycle financier… depuis l’avènement de l’euro. Ce resserrement monétaire va se poursuivre et, après dix-sept hausses successives, le taux des fed funds est porté de 1% à 5,25% le 29 juin 2006.

En octobre 2004, l’euro vaut toujours 1,30 dollar, le pétrole franchit la barre de 54 dollars.
En avril 2005, le cours de l’euro commence à se déprécier.
Avril 2005, il est à 1,29379 dollar. Mai 2005, à 1,2694 dollar.
En juin 2005, il est à 1,21649 dollar, le baril de pétrole touche un record de 60,47 dollars.
En août 2005, le baril de pétrole atteint le nouveau record 70,85 dollars, l’euro vaut 1,20 dollar.
Le 23 octobre 2005, le baril est à 64 dollars, l’euro vaut 1,195 dollar. Le cours haussier du dollar va se stabiliser.
En mars 2006, l’euro se situe toujours entre 1,19 et 1,20 dollar.

Que constate-t-on ?

Plus le prix du baril de pétrole augmente, plus le dollar s’apprécie. Avec l’augmentation du pétrole et ses dérivés, les pays consommateurs (Europe, Japon, Chine, etc.) se trouvent dans l’obligation de mobiliser des liquidités considérables de billets verts pour honorer leurs factures énergétiques.

Résultat : diminution de la masse monétaire américaine dans les marchés internationaux et augmentation des réserves en dollars des pays exportateurs de pétrole dont les pays arabes.

Il est bon pour cette donne de citer un passage tiré d’un hebdomadaire économique algérien : Liberté économie du 26 juillet au 1er août 2000 :
Lorenzo Sanchez (ambassadeur, chef de la délégation de la commission européenne en Algérie) Algérie-Union européenne : un accord d’association en 2001 ».
Entretien.

Liberté économie : "La monnaie d’échange dans le bassin méditerranéen sera-t-elle l’euro ? Est-ce que les pays tiers méditerranéens auront à gagner en adoptant la monnaie unique de l’Europe ?"

Lorenzo Sanchez : "La monnaie européenne est appelée à devenir une monnaie solide. Sa gestion par la Banque centrale européenne se fera d’une façon orthodoxe. Ce sera une monnaie stable, d’où l’intérêt de son adoption par les pays du bassin méditerranéen.
Cette stabilité offrira la sécurité face aux fluctuations des autres monnaies et donnera confiance aux opérateurs économiques.
Elle pourra également servir de monnaie de réserve dans les Banques centrales des pays tiers méditerranéens. Je pense que la monnaie européenne aura dans le futur une place considérable dans les transactions internationales."


Liberté économie : Quel est l’enjeu pour les pays européens ?

Lorenzo Sanchez : "C’est de concurrencer le dollar et mieux maîtriser l’inflation. Nous avons en ce moment en Europe des problèmes d’inflation à cause de la dévaluation du dollar et du fait que nos importations de pétrole soient libellées dans cette monnaie. A l’avenir, nous espérons qu’une partie de ces importations de matières premières énergétiques sera facturée en euros.
Ce qui donnerait beaucoup plus de stabilité à nos économies.
En plus, si l’euro sert de monnaie de réserve dans les Banques centrales des pays tiers méditerranéennes et qu’il est utilisé dans les transactions commerciales internationales, nous aurons le même privilège que les Etats-Unis aujourd’hui, qui, grâce au dollar, font face à des déficits commerciaux énormes et à l’endettement — c’est le pays le plus endetté du monde — justement par cette capacité qu’ont les Etats-Unis de renvoyer chaque année leur déficit commercial au reste du monde."

Ce témoignage d’un haut personnage de l’Union européenne est éloquent sur l’importance des enjeux monétaire et pétrolier dans le monde.

Cependant, comment se fait-il que si de avril 2005 à mars 2006, le dollar s’est plus ou moins apprécié, à partir de avril 2006, il se déprécie à nouveau ?

Question essentielle pour comprendre qu’en fin de compte, les Etats-Unis ne sont pas seuls dans le jeu monétaire et pétrolier, la stratégie américaine en cours rencontre d’autres stratégies, notamment chinoise, russe, et arabe.

Dès avril 2006, le dollar baisse, l’euro est à 1,22712 dollar.
A cette même date, le baril de pétrole atteint un nouveau record à 70,88 dollars à New York.

En mai 2006, le dollar se déprécie encore, l’euro est à 1,27696 dollar.

En août 2006, l’euro se situe entre 1,28 et 1,29 dollar, le prix du baril de pétrole atteint d’autres pics avec la guerre au Liban, il dépasse les 78 dollars.



4. POSITION DES ARABES. PARTENARIAT CHINE-ÉTATS-UNIS

Pour comprendre, rappelons qu’entre 1979 et 1985 avec le second choc pétrolier suite à la guerre Iran-Iraq, le baril de pétrole a atteint un pic de 40 dollars.

Le dollar(3), de 4,03820 Frs en janvier 1980, est passé à plus de 10,11200 Frs en mars 1985, soit deux fois et demi la valeur du franc. Il en va pratiquement de même avec toutes les monnaies européennes sauf celle du Japon, qui était ancrée au dollar.

A cette période, les taux d’intérêt américains court avaient atteint des sommets de plus de 19% entre 1981 et 1982. La politique déflationniste mené par Reagan a porté un grave préjudice aux économies des pays du tiers monde (un endettement massif).
Elle a concouru aussi au moins indirectement à l’implosion des pays de l’Est et de l’URSS en 1989-1990. L’économie mondiale était en berne.

Il a fallu les accords de Plaza en septembre 1985, à New York, pour amener les grandes Banques centrales du G5 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France et Grande-Bretagne) pour retourner la tendance monétaire. A vrai dire, le contrechoc pétrolier était déjà pressenti par les grandes puissances, ce qui a commandé d’anticiper et préparer l’atterrissage en douceur du dollar en 1985.

Deux ans après, en septembre 1987, les accords du Louvre (G7 avec l’Italie et le Canada) devaient enrayer la baisse du dollar et le stabiliser autour d’un objectif de change et de marges de fluctuations tolérables.


Or, aujourd’hui, contrairement aux années 1980-1985, la mobilisation de fortes liquidités de billets verts pour les importations pétrolières qui devait normalement financer une partie du déficit de la balance courante américaine et diminuer la pression sur le dollar, s’est faite très peu sentir.

Bien plus, c’est l’inverse qui se produit. Les analyses d’experts européens n’en donnent que peu d’indications. Une étude publiée par l’Institute of International Finance (IIF) (4) rapporte que les six monarchies du Golfe devraient atteindre un excédent de la balance des comptes courants équivalents à 30% de leur PIB en 2006 et 2007 et investir 450 milliards de dollars à l’étranger.

"Les statistiques sur les comptes en capitaux restent opaques, mais en se fondant sur les excédents des comptes courants, on découvre que les pays du CCG ont accumulé en 2005 des titres étrangers pour 167 milliards de dollars, portant le total pour les six dernières années à plus de 400 milliards de dollars", a souligné le président de l'IIF, Charles Dallara.

"Sur la même base nous prévoyons que les flux d'investissement en provenance du CCG s'élèveront à au moins 450 milliards de dollars en 2006 et 2007", a-t-il ajouté.

L'étude de l'IIF, qui table sur un prix toujours élevé du baril de pétrole brut (à 70 dollars en 2007), a calculé que les exportations du CCG vont atteindre l'année prochaine 544 milliards de dollars "soit plus que les exportations totales combinées du Brésil, de l'Inde, la Pologne et la Turquie".

Autre indication apportée par l'IIF, le CCG a davantage tourné son attention vers les pays d'Asie, en particulier vers la Chine, devenue le second plus gros consommateur de pétrole du monde et le marché pour les produits pétrochimiques du Golfe ayant la plus forte croissance.

Par contre, note l'étude de l'IIF, « les investisseurs du CCG semblent être de plus en plus réticents à investir directement aux Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001». Ceci pour les Arabes.


Pour ce qui est de la Chine, un bref rappel historique.

En juin 1989, au lendemain des événements de la place de Tiananmen, Deng Xiaoping décida que la Chine ne devait pas idéologiquement "brandir le drapeau ou conduire la vague", mais "cacher ses intentions et accumuler une force nationale (tao guang yang hui)"
Cette stratégie ne s’est jamais démentie depuis le vide idéologique qui succéda à Mao et comblé par la nouvelle doctrine du parti communiste – « la pratique est le seul critère de vérité.

Cette proposition s’accordait bien aux deux proverbes préférés de Deng Xiaoping : "Qu’importe qu’un chat soit gris ou blanc pourvu qu’il attrape les souris" et "Traverse la rivière en touchant la pierre".
Dans cette logique, on comprend que le développement économique est le facteur qui détermine tout. « Il est la vérité ultime ». Image qui emporte l’adhésion du peuple chinois, car elle est une lucarne de sortie de la pauvreté.


Le profil bas dans les négociations avec Washington sur l’accès au marché américain ou lors de son abstention aux votes du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Iraq en 1991, a valu à la Chine d’engranger des bénéfices majeurs : la levée des sanctions après 1992, l’octroi par les Etats-Unis de la clause de la nation la plus favorisée et enfin un accroissement phénoménal des investissements étrangers directs (IDE).

Ce qui s’est traduit par une montée en flèche des exportations et des IDE, qui a soutenu la dynamique de la croissance économique l’élevant aujourd’hui au rang de quatrième puissance économique mondiale devant la Grande-Bretagne et la France – PIB chinois : 2 225 milliards de dollars en 2005 selon le Bureau national des statistiques (BNS), PIB France et Grande-Bretagne : respectivement cinquième et quatrième avec un PIB de 2 000 milliards et 2 140 milliards en 2004, selon la Banque mondiale.


Aujourd’hui, avec la baisse du dollar depuis 2003 et ses conséquences : fuite de capitaux étrangers
des places américaines vers les places européennes et asiatiques, l’économie chinoise occupe une place centrale dans l’économie américaine. En effet, malgré les dissensions sur la monnaie chinoise – sous-évaluée –, les États-Unis se trouvent entièrement dépendants des capitaux asiatiques.

Avec un montant des réserves (5) de change qui a atteint 818,9 milliards de dollars en 2005, en hausse de 208,9 milliards sur un an, et deuxièmes réserves de change au monde derrière le Japon, la Chine est devenue le Banquier des Etats-Unis.

La Chine finance les Américains pour qu'ils achètent des produits « made in China ».
Conséquences :
1. Une croissance économique vertigineuse de près de 10% pour la Chine avec des excédents commerciaux cumulés considérables (même avec l’Europe).

2. Pour les Etats-Unis, un taux de croissance moyen depuis 2003 de 3,5%, mais sur un fond d’un endettement croissant.

3. Le partenariat Chine-Etats-Unis s’est enfermé dans un cercle vicieux et les efforts des États-Unis pour se libérer sont condamnés à se crisper davantage sur les difficultés générées par la situation économique et monétaire internationale.

Il est bon de rappeler que les derniers chiffres du déficit du compte courant américain des Etats-Unis en 2005 indiquent qu’il a atteint 804,9 milliards de dollars, soit 6,4% du PIB, alors qu’en 2004, il était de 668,1 milliards de dollars ou 5,7% du PIB. Une nouvelle cependant positive.

Le déficit budgétaire américain de 413 milliards de dollars en 2004 a été ramené à 317 milliards de dollars en 2005, une prouesse pour le gouvernement fédéral. Pour l’exercice fiscal 2006, selon les prévisions, il devrait descendre à 260 milliards de dollars.



5. UNE GUERRE SILENCIEUSE

Qu’en est-il de la question qu’on s’est posée : comment se fait-il que si de avril 2005 à mars 2006, le dollar s’est plus ou moins apprécié, à partir de avril 2006, il se déprécie à nouveau ?

Tout le puzzle est là, dans ce mystère monétaire. Même aujourd’hui, avec la guerre du Liban, le cours du baril a frôlé les 80 dollars, et pourtant le dollar est resté à son taux antérieur, c’est-à-dire un euro entre 1,28 et 1,29 dollar.

Si nous comprenons pourquoi les Arabes diversifient leurs portefeuilles d’actifs dans le monde, une défiance envers les Etats-Unis, une crainte que leurs avoirs soient gelés, pour la Chine, il en va autrement.

Son souci principal est de rester compétitive sur les marchés internationaux. Une main-d’œuvre sous-payée, industrieuse (savoir-faire avéré, dynamique, etc.) est une condition nécessaire mais non suffisante.

Il reste à performer le plan qualité/prix, et ce plan ne lui est offert que par une monnaie sous-évaluée. Le yuan bien que commercial mais non convertible – à peu près comme le dinar algérien –, une sous-évaluation savamment établie par les autorités monétaires chinoises lui donnerait une parité de combat non seulement vis-à-vis du dollar, mais aussi des autres grandes monnaies, l’euro, le yen, la livre sterling,…

Avec le dollar, la sous-évaluation lui est déjà acquise puisque le yuan (ou le renminbi, « monnaie du peuple », nom officiel du yuan) est indexé au dollar depuis 1994.


Le 21 juillet 2005, devant les appels pressants des Etats-Unis et de l’Union européenne, la Chine a fini par réévaluer sa monnaie de 2,5%, le taux d’ancrage est passé de 8,2765 à 8,11 yuans pour 1 dollar et une fluctuation de 0,3% autour de ce taux.

Aujourd’hui, le cours pivot officiel de août 2006 est de 7,9772 yuans. A vrai dire, tous ces petits pas sont dérisoires face aux excédents commerciaux que cumule la Chine.
Greenspan, puis Bernanke, le nouveau gouverneur de la réserve fédérale américaine exhorte la Chine à couper le cordon ombilical avec le dollar. Cause perdue, pour la Chine, il s’agit là d’un problème de souveraineté monétaire.


Pour répondre en partie à la question posée, si la Chine diversifiait ses formidables réserves de changes, à l’instar des pays arabes, non pour les mêmes motifs, mais pour celui de maintenir la parité de combat de sa monnaie, c’est-à-dire maintenir le dollar toujours anémique face aux grandes monnaies, il est clair qu’elle maintiendrait toujours sa compétitivité commerciale.

Le processus est simple : « Plus le cours du baril est élevé, plus les billets verts sont demandés sur les marchés monétaires pour le paiement des importations pétrolières. La diminution de la monnaie américaine sur les marchés entraîne de facto son appréciation.

La Chine comme d’autres pays asiatiques qui ont intérêt à s’opposer à l’appréciation du dollar pour les motifs sus-cités, peuvent convertir sur les marchés une part de leurs réserves en dollars en euros, cette injection de dollars sur les marchés compenserait ainsi une partie de cette diminution. Ce mouvement peut faire tâche d’huile et entraîner d’autres pays à se dégager du dollar.

La Banque centrale de Suède (Riksbank) a annoncé en avril 2006 avoir procédé à une diversification de ses réserves, au bénéfice de l’euro et au détriment du billet vert. La part de l'euro dans ses coffres passe à 50% contre 37% précédemment et celle du dollar recule à 20% contre 37%.

Un autre écho. A cette même période, le ministre russe de l’économie Alexeï Koudrine a critiqué l’instabilité de la devise américaine, lors d’une conférence de presse à Washington avant l’ouverture d’une réunion du G7+1. Ce qui pose au-delà de la stratégie chinoise, la question de la diversification des réserves des banques centrales, celle-ci se trouve une nouvelle fois sur le devant de la scène.

Pour la Russie, l’idée d’une participation à la formation des prix de pétrole, ce qui passe par un objectif plus ample, celui de la convertibilité du rouble(6), montre qu’elle n’est pas insensible aux bouleversements en cours.

Bien plus, dans le cadre de préparer le rouble à devenir une monnaie pour les règlements internationaux, le président Vladimir Poutine a proposé, dans son message annuel à l’Assemblée fédérale du 25 avril 2006, d’augmenter sur le territoire national la vente en bourse des principaux produits d’exportation russes (pétrole, gaz et autres) réglés en roubles.

Ainsi la monnaie russe commencera à être demandée et cotée en bourse à l’étranger comme c’est aujourd’hui le cas de l’euro et du dollar.

D’autre part la Russie, premier fournisseur de l’Europe, a tout intérêt à facturer le règlement du pétrole et du gaz en euros. En effet, une telle démarche de la partie russe non seulement sera faite au bénéfice de l’Europe mais avantage aussi l’économie russe.

Facturer le pétrole et le gaz en euros équivaut à mettre encore plus de pression sur le dollar. Conséquences :

1. Le dollar se déprécie face à l’euro sur les marchés,

2. Les Etats-Unis utiliseront tout prétexte pour augmenter les cours pétroliers, afin d’augmenter la demande de billets verts.

3. Cette dépréciation est plus que compensée par la hausse des cours qui entraîne une augmentation des recettes pétrolières russes.


L’Iran, en conflit avec les Etats-Unis sur la question nucléaire et les menaces de sanctions qui pèsent sur elle, a tout intérêt à facturer en une monnaie autre que le dollar. Elle peut favoriser les pays alliés à sa cause, comme la Chine. Elle a aussi émis le souhait en 2006 de créer une bourse de pétrole.

Les pays arabes ne sont pas en reste, ils sont dans la partie.

Un article de Xavier Harel de la Tribune du 05 mai 2006 rapporte : "Les pays riches en pétrole du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et d'Asie centrale ont connu en 2005, pour la cinquième année consécutive, une croissance moyenne (6,5 %) nettement supérieure à l'expansion mondiale.
Les revenus pétroliers de la région sont passés de 185 milliards de dollars en 2002, à 460 milliards en 2005, selon le FMI. Ces pays ont fortement réduit leur endettement grâce à la manne pétrolière.
Depuis 2002, ils ont épargné « les deux tiers de la hausse de leurs revenus pétroliers », selon un rapport du Fonds monétaire international sur le Moyen-Orient et l'Asie centrale.
Les deux précédents chocs pétroliers (1973 et 1979) avaient au contraire provoqué une envolée des dépenses publiques.
Le contre-choc pétrolier du milieu des années 80 avait alors plongé de nombreux pays de la région dans la spirale de l' «endettement
."


Si les pays arabes remboursaient par anticipation, cela diminuerait grandement le fardeau du service et du principal de la dette.

D’autre part, cela représente non seulement un avantage certain pour les futures générations leur laissant une ardoise allégée, mais aussi, en cas de retour de manivelle, avoir pignon sur les marchés financiers (crédibilité de pays peu endettés).

Mais sur un autre plan, celui-ci stratégique – les pays arabes désormais évoluent dans un contexte de conflit larvé avec les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2005 –, les recettes pétrolières s’effectuent en dollars, le dollar étant la monnaie de facturation de pétrole.

Dès lors que les pays arabes remboursent les pays : Union européenne, Japon, ou Russie, en dollars, ou que ces pays exigent des euros, des yens ou des roubles, il reste que dans un sens ou dans l’autre, les dollars finissent dans les marchés monétaires.

Résultat : encore une dépréciation de la monnaie américaine par un désendettement programmé. On comprend alors qu’une épargne de 2/3 de la hausse et un remboursement collectif anticipé entrent dans une stratégie arabe commune, l’Algérie est en train de suivre le mouvement.

Pour l’Europe, la dépréciation de la monnaie américaine donne une marge de manœuvre à la Banque centrale européenne : ne pas étouffer la croissance économique européenne.

Quatre hausses seulement d'un quart du taux de refinancement, de décembre 2005 à août 2006, à 3% ont été opérées par la BCE alors que la FED, de juin 2004 à juin 2006, a procédé à dix sept hausses pour amener son taux à 5,25%.

Toutes ces données nous montrent qu’une guerre silencieuse monétaire est en train de se mener entre les puissances grandes et moyennes. Sans tambour ni fanfare, ces tirs croisés sur le dollar font le désespoir de l’administration américaine.

Et qui a bouleversé le dollar ? L’« euro » ! Au stade actuel, il n’est qu’un premier concurrent, et quand d’autres concurrents potentiels poindront !!!



6. L’AMERIQUE EN GUERRE CONTRE LE MONDE

Les Etats-Unis ont choisi la voie de l’unilatéralisme, et aujourd’hui, on comprend forcément, derrière la parade guerrière américaine, qu’il existe un doute profond dans sa puissance dominatrice, plutôt virtuelle que réelle.

Que peuvent les armes et mêmes nucléaires contre une dynamique économique et monétaire à l’échelle planétaire. Les chefs des serviteurs du système américaniste – les néo-conservateurs – en fait révèlent leur impuissance à pérenniser l’American Dream, il y a une vérité en face, et la vérité peut être douloureuse.

Un article récent d’Henry Kissinger reproduit par la presse argentine, disait que "le multilatéralisme était terminé et que le monde avait à accepter les conditions de la supériorité absolue des forces armées nord américaines aboutissant à ce que l’ordre international était terminé".

Quelle répartie peut-on opposer à cette affirmation : agressivité ou désespoir ?
Le stratège des années 70 doit savoir que la guerre préventive (soi-disant doctrine-Bush) devait commencer par annihiler la monnaie européenne qui a bouleversé l’ordre politique, économique et monétaire mondial.

De plus cette guerre préventive peut-elle arrêter 50 ans d’histoire européenne qui a permis la mise en place de cette monnaie rivale sur la scène mondiale, aspirante à partager les privilèges du dollar américain ?

D’autres y aspirent sûrement, une question simplement de temps. Faut-il faire la guerre à la Chine parce qu’elle monte en puissance grâce précisément au dollar ?

Ou à la Russie dont la hausse du cours du pétrole lui donne une nouvelle opportunité pour peser sur l’échiquier mondial ?

Et la question essentielle, objet de cette étude : "Que donnerait une attaque préventive contre la Syrie ? Et contre l’Iran, une attaque conventionnelle ou nucléaire" ?

A vrai dire, si la première puissance ne repousse pas l’idée d’une attaque préventive nucléaire d’un État non-nucléaire, l’Iran, c’est qu’il y a problème.

La crise dont on parle n’est pas la crise iranienne mais la crise américaine. Et là nous entrons dans le vif du sujet du "pourquoi la guerre préventive ?".


Avec la hausse continue du cours du pétrole, les concepteurs de la stratégie américains veulent un autre 1973, un bis repetita, ils se rappellent l’embargo pétrolier des pays arabes contre les Etats-Unis et un pays d’Europe et le quadruplement du prix du prix du baril de pétrole.
A cette époque, les Etats-Unis étaient en guerre contre le Vietnam et en litige grave avec l’Europe sur le plan monétaire.

Le 15 août 1971, le président Nixon déclarait la suspension de la convertibilité du dollar, ce qui signifiait tout simplement l’insolvabilité du dollar puisque celui-ci n’avait plus l’équivalent-or, les Américains ne pouvant répondre à la demande mondiale de l’or.

Pour la première fois en 1971, la balance courante était déficitaire, et allait s’aggravant les années suivantes.

Le 12 mars 1973, à la conférence monétaire de Bruxelles(7), les neufs pays de la CEE maintiennent le « serpent monétaire » (2,25 de marge maximale), mais les Banques centrales européennes ne sont plus contraintes d’absorber des montants importants de dollars. C’est le flottement des monnaies.

En octobre 1973, la guerre israélo-arabe fait irruption. Quelques jours après, les Arabes décrètent l’embargo et le quadruplement du prix du baril.

Si cette guerre a permis aux pays arabes un double objectifs :
1. imposer un embargo à l’Amérique en vue d’exiger une solution équitable à la guerre,
2. augmenter les prix du pétrole pour pallier à la poussée inflationniste qui s’est développée en Occident suite aux crises monétaires de 1970 à 1973, pour les Américains, cette guerre d’octobre 1973 était nécessaire voire vitale.
La hausse des cours pétroliers devait contraindre les pays européens à acheter massivement des dollars pour le paiement de leurs importations pétrolières. Dès lors du papier vert émis sans contreparties réelles puisque le solde de la balance courante américaine était déficitaire, les Etats-Unis pouvaient à nouveau imposer leur domination économique et monétaire.

En 2002, un ancien ambassadeur des États-Unis(8) en Arabie Saoudite déclara ceci à une commission du Congrès américain : "Ce que les Saoudiens auront accompli de plus remarquable, sur le plan historique, aura été entre autres d’insister pour que le prix du pétrole continue d’être en dollars, en partie par amitié pour les États-Unis. Ce qui fait que le Trésor américain peut émettre de la monnaie et acheter du pétrole, une prérogative unique par rapport aux autres pays."



7. SCENARIOS DE GUERRE AU PROCHE-ORIENT

Qu’en est-il de la guerre au Proche-Orient ? Tout concourt à admettre que la guerre est irréversible au Proche-Orient.

Les tensions sont telles que l’on se tourne du côté américain ou du côté iranien, la Syrie se trouvant dans l’œil du cyclone, la guerre civile en Iraq n’offrant aucune alternative tant que les troupes américaines n’ont pas évacué le territoire… surtout avec la nouvelle doctrine de l’administration américaine : "la longue guerre", seule la "guerre" peut désenfler ces crispations, et amener à court terme des solutions.

Donc partant du principe qu’une guerre se prépare d’autant que ce qui s’est passé au Liban a surpris le monde entier, un bombardement planifié, méthodique, vu les destructions occasionnées durant 34 jours.
Le système routier et ponts, centrales électriques, aéroport, visé annonce déjà la couleur, dès lors on peut comprendre que ce n’est qu’une partie d’un plan déjà en exécution.

Les hésitations des pays européens à renforcer la FINUL de 13000 hommes prouvent la crainte de voir leurs hommes pris en étau dans une guerre très probable. On peut donc considérer que la guerre au Proche-Orient est irrémédiable, dès lors quels scénarios sont envisageables ?

1er Scénario. Une attaque frontale contre la Syrie par Israël, pour détruire le potentiel économique et militaire syrien en usant du prétexte que la Syrie et l’Iran réarme le Hezbollah.
Deux variantes :
1. Si l’Iran intervient dans le conflit, les Américains trouveront là une occasion inespérée pour attaquer l’Iran.
2. Si l’Iran n’intervient pas, la guerre d’Israël avec la Syrie présuppose que le conflit n’a pas encore gagné son extension totale, donc une troisième et dernière phase reste encore cours, c’est l’Iran.

2ème Scénario. Même prétexte : la Syrie et l’Iran réarment le Hezbollah. Une attaque frontale par Israël vise en même temps la Syrie et l’Iran.
L’Iran utilise ses missiles longue-portée Shahab III sur les villes israéliennes de Tel Aviv, de Haifa, de Beersheba, d’Eilat, et sur le complexe nucléaire israélien de Dimona.
Un incident frontalier entre l’Iran et les troupes américaine en Iraq servant de prétexte, suffira aux Etats-Unis pour lancer son offensive contre l’Iran.
L’Iran enverrait immédiatement ses missiles Shahab I et II sur la Zone Verte américaine à Bagdad.
La guerre est généralisée au Liban par le biais du Hezbollah et même de l’armée libanaise (15000 hommes stationnés à la frontière)-Syrie-Iran.-Israël-Etats-Unis.
Ne perdons pas de vue que l’Iran fait frontière avec la Russie par la mer caspienne, une fenêtre pour être pourvue en armes.
La Russie a signé avec l’Iran un contrat de 700 millions de dollars sur la vente de 29 missiles sol-air Tor-M1 à l'Iran à la fin de 2005.
Le contrat signé conformément aux normes du droit international porte sur les armes purement défensives qui ne peuvent pas servir pour l'attaque.
Les missiles modernisés de cinquième génération Tor-M1 sont capables de détruire les avions, les hélicoptères, ainsi que les missiles balistiques et les drones.
Les Tor-M1 ont une portée plus étendue et peuvent atteindre des cibles à une altitude de 10 km. De plus, les missiles Tor-M1 ont été dotés d'un système anti-brouillage plus opérant.


3ème Scénario. Les Etats-Unis attaquent directement l’Iran. Scénario absolument à exclure, les Etats-Unis non qu’ils ne veulent pas la confrontation directe, cherchent plutôt à se donner une légitimité aux yeux de l’opinion internationale.

Quant à l’arme nucléaire avec des armes tactiques de faible puissance de moins de 1 kt, elle est absolument à exclure pour plusieurs motifs, d’abord :
1.Ce que penserait 1,2 milliard de musulmans sur les frappes nucléaires.
2. L’Iran fait frontière avec la Russie, donc une contrainte majeure pour les États-Unis avec la deuxième puissance mondiale (retombées radioactives, risque d’un veto sur l’utilisation de l’arme nucléaire à ses frontières dans le théâtre de guerre).
3. Le plus important. N’oublions surtout pas que l’Iran, la Syrie, le Liban ne sont que des jokers dans la stratégie américaine. Les Etats-Unis font la guerre par désespoir de cause, ils détruisent dans l’espoir de conserver les privilèges… exorbitants du dollar. Une frappe nucléaire américaine avec des armes tactiques est à ranger dans la guerre psychologique.


Ceci étant, notre étude ne s’intéresse pas à ce qui va advenir sur le plan des opérations militaires ni sur l’évolution dans le théâtre de guerre, mais comment « arrêter diplomatiquement la guerre ? ».



8. COMMENT ARRETER LA GUERRE ? L’ACTION DECISIVE DES PAYS ARABES.

Tout concourt à dire que puisque le théâtre de guerre est dans le camp des pays arabes, et ces pays arabes détiennent l’or noir, les cartes maîtresses qui vont battre l’ordre du monde ne sont pas chez les Américains, ni chez les Chinois, ni chez les Russes et encore moins chez l’Union européenne, elles sont chez les Arabes.

On pense bien que dès le conflit gagne en extension, le détroit d’Ormuz est sûrement bloqué, la guerre fait rage, quel prix aura alors le baril de pétrole ? 120 dollars, 150 dollars, 200 dollars, plus ?

Les prix vont exploser à la grande joie des Américains – mobilisation massive des billets verts pour le pétrole, donc un objectif double : financer le déficit du compte courant américain et créer un dollar gap, c’est-à-dire sa rareté dans les marchés monétaires entraînerait son appréciation, et enfin se libérer de la Chine (le yuan).

Les Américains auront-ils atteints leurs buts ? C’est ce qu’ils peuvent peut-être croire, s’il n’y a pas une riposte arabe sur un autre plan… économique et monétaire.

D’emblée pourrons-nous dire que c’est le contraire qui va arriver, les thinks tanks américains ne doivent pas oublier qu’il y a actuellement une stratégie mondiale, multilatérale, chaque nation ou groupe de nations comme par exemple le groupe de Shanghai Russie-Chine-Inde sur le plan militaire, se projettent dans l’échiquier mondial. Rappelons qu’avec l’OTAN en Afghanistan, la Chine est stratégiquement encerclée – Est et ouest.

Les Arabes ne sont pas en reste sur le plan stratégique, de plus en plus ils maîtrisent les rouages internationaux, économiques et monétaires.

Dès les premiers jours de la guerre surtout si elle prend de l’ampleur, la Ligue arabe peut proclamer un embargo contre les Etats-Unis, la première puissance haussera les épaules, d’autres pays peuvent lui fournir du pétrole comme en 1973. Mais cette fois-ci, la stratégie similaire de 1973 est dépassée.

Pas besoin d’embargo, la stratégie peut porter sur une autre sphère beaucoup plus insidieuse, plus redoutable, plus destructrice que la guerre même, ce sont les réserves arabes en dollars.


Supposons que les pays arabes maintiennent la monnaie de facturation du pétrole en dollars, et c’est dans leur intérêt et non comme le préconisent certains pays européens et musulmans : "libeller le pétrole en euros".

Avec 200 dollars le baril, les excédents arabes vont exploser. Supposons aussi que tous les pays arabes décident de transformer une bonne partie de leurs réserves en dollars, détenus à l’intérieur et à l’extérieur, en euros, yen, en roubles sur les marchés internationaux.

Que va-t-il se passer ? Le dollar va baisser… l’euro de 1,28 dollar passera dans les jours qui suivent à 1,50, puis à 1,75 dollar, et plus. Les Arabes auront crée un krach monétaire sur le plan mondial.

Le dollar en chute libre, réactions de la Chine et du Japon et enfin de tous les pays émergents : c’est la panique. Devant la dévaluation rapide du dollar et la peur de voir les réserves en dollar fondre, toute l’Asie suit et jette ses dollars sur les marchés.

C’est un véritable embargo monétaire mondial qui va s’instaurer contre les Etats-Unis. Pire que la crise de 1929.

Rien ne va enrayer la chute du dollar… sauf si, avant que la panique générale ne s’installe et que le prix du baril ne soit porté à des sommets risqués, les Américains négocient avec les Arabes… Il est clair que les Arabes mettront tout leur poids dans les négociations et inscriront en plus des problèmes de la guerre, le sort de l’Iraq et un échéancier pour la proclamation d’un État palestinien.


Evidemment c’est vite dit dans un écrit, la réalité est tout autre sur le terrain. Et si les Arabes n’ont pas le cran pour mener leur stratégie, défier la superpuissance leur semble hasardeuse, et si la guerre se prolonge et les cours pétroliers commencent à menacer l’économie mondiale au sein de laquelle il y a la locomotive chinoise, ce sera alors la Chine qui prendra le relais.

Doublement pénalisée par la hausse extrême du cours du baril et son pendant le dollar, la Chine risquera une récession économique comme le fut le Japon en 1974 et 1975 après le premier choc pétrolier.
Par conséquent, elle mettra tout son poids pour sauver la parité de combat de sa monnaie du moins la maintenir à un niveau moyen, elle tentera de moduler la forte hausse du dollar due à la mobilisation massive des billets verts pour le pétrole, en diminuant ses fortes réserves de changes en dollar au profit d’autres monnaies internationales.

Pour le Japon, le yen étant une monnaie convertible, la forte hausse du pétrole conjuguée à la hausse du dollar, va, même si un yen déprécié donne un avantage de compétitivité commerciale, grever ses excédents commerciaux et, transformer ses excédents en déficits commerciaux comme en 1974 et 1975.

Par conséquent, le Japon aura intérêt lui aussi à convertir une partie de ses réserves en dollars en euros pour limiter la hausse, voire déprécier le cours du dollar, par conséquent rendre la facture pétrolière moins coûteuse. De plus toute l’Asie peut se joindre à ce mouvement pour étouffer le dollar.


De toutes façons, ce qui est dit séparément pour les Arabes, la Chine, le Japon et l’Europe qu’on n’a pas citée, elle aussi est pénalisée par la hausse des cours du pétrole, peut se faire conjointement, toutes les parties ont à perdre en cas d’explosion des cours du pétrole et la hausse du dollar, si la guerre venait à se prolonger.


Quelle que soit l’issue de la guerre, les Etats-Unis n’en sortiront pas indemnes… il est peu probable que le dollar soit hissé à des sommets comme ceux qui ont suivi le deuxième choc pétrolier (1980-1985).

On comprend aujourd’hui dans quel contexte s’inscrit la guerre au Proche-Orient, cette prospective précisément est initiée dans le but de montrer les faces cachées du conflit aujourd’hui en cours au Liban, et ce qui peut résulter si le conflit gagnerait en extension.

Le règlement des problèmes politiques au Proche et Moyen-Orient par voie diplomatique tendant de plus en plus à se décomposer, les pays arabes, avec des régimes politiques décadents, non démocratiques, représenteraient, s’ils ne bougeaient pas, des proies faciles pour la première puissance mondiale, susceptibles d’être disloquées à moyen terme.

Un dernier mot, celui-ci pour l’Algérie. L’Algérie se réveille. Avec les amendements de la loi des hydrocarbures et l’alliance stratégique de Sonatrach avec le géant gazier russe Gazprom, si cela se vérifie, ils lui donneront une nouvelle stature internationale, en rapport à son peuple, à sa géographie et à son histoire.


NOTES :

1. Le journal EL WATAN. « L’euro dans le nouvel ordre monétaire international. » Paru le 11, 12, 13, 14, 15-16 septembre 2001

2. Le journal EL WATAN. « L’évolution du cours du baril de pétrole et le taux de change euro-dollar. Prospective : un scénario en puissance 2005-2008. » Edition du 7/11/ 2005. Economie.

3. Source : Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, DGEMP, modifié le 06/07/2006, France.

4. Source AFP. WASHINGTON, le 15 mars 2006.

5. Journal LE MONDE du 25/01/06.

6. Igor Tomberg, Centre d’études énergétiques, pour RIA NOVOSTI, du 27 juin 2006.

7. Ouvrage « Algérie. Etudes et Prospectives » par Medjdoub Hamed. Economie.Edition 2002

8. La Pravda (2ème partie) par Bulent Gokay le 30 mai 2006

Source : El Watan

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