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Qalqilia -

Les nouveaux réfugiés : Omar et Nihad Izzat de Jayyous

Par

Témoignage personnel, Lana Omar pour PENGON /campagne contre le Mur de l’Apartheid, 18 novembre 2003

Le mur passe à travers la campagne, détruisant, chassant et déracinant ce qui est bon pour le remplacer par la haine, augmentant les souffrances du peuple, éloignant encore plus la justice de la réalité, endommageant tout ce qui se trouve sur son chemin, que ce soit des humains, des arbres ou la vie sauvage. Omar Izzat est un des témoins de ce que veut dire ce désastre et ces pertes.

Omar, Ahmad Ahmad , est de Jayyous, un village situé sur une montagne ; il est fermier, marié et a onze enfants. Omar a passé treize ans en Jordanie, au Koweït et en Arabie Saoudite pour essayer de procurer à sa famille un meilleur train de vie et un avenir meilleur. Cependant, il est revenu en 1987 après avoir décidé qu’il était temps de retourner en Palestine auprès de sa famille. Il est revenu avec le peu qu’il avait épargné pour démarrer une nouvelle affaire dans son village.

Et dans son village, au milieu de la montagne, entre les rochers, sur un bout de terrain aride, il a vu son destin ; mais les autres personnes ne peuvent pas comprendre comment il a pu investir tout ce qu’il avait dans cette dure terre aride qui demande tant de travail avant de rapporter quoi que ce soit. Il a persisté à défricher, croyant que la terre allait lui rendre plus que ce qu’il donnerait.

Le terrain est de 12,5 dunums. Il a du utiliser un bulldozer pour préparer la terre pour les plantations et a dépensé une grosse somme d’argent pendant ces travaux. Ensuite, pendant trois ans lui et sa famille ont labouré et planté des oliviers sur le terrain. Ils ont réussi à changer l’aspect du terrain en une série de champs plantés de 80 oliviers en plus des 13 oliviers de l’époque romaine qui y etaient déjà, de 100 arbres fruitiers et d’herbes telles que du thym, de la menthe.

Omar est revenu en Palestine au début de la première Intifada : résultat, il lui est rarement possible de travailler à l’intérieur de la ligne verte. Quand il pouvait travailler à l’intérieur de la ligne verte, c’était comme travailleur clandestin, s’exposant à toutes les formes d’exploitation par les entrepreneurs israéliens. Il décida qu’il devait investir plus dans sa terre, cette terre qui, il le savait, ne le rendrait pas riche mais lui permettrait de ne pas être exploité en même temps. Mais il avait à faire face au problème posé par l’irrigation de ses plantations durant la saison sèche, alors que sa terre se trouvait loin des puits ou des ressources en eau. Il avait l’habitude de dépendre de son âne chétif, qui n’était pas toujours capable de transporter l’eau depuis une mare de Jayyus à travers la rude campagne jusqu'à ses arbres. Ainsi, Omar avait à transporter l’eau lui-même sur le chemin jusqu'à son terrain, arrosant les arbres qui paraissaient frais avec leurs branches mouvantes, lui apportant autant de satisfaction que si ils étaient ses enfants.

Néanmoins, Omar décida de résoudre le problème de l’eau qu’il devait affronter avec toute la persévérance illimitée, la patience et la force qu’il avait. Se servant de ses propres mains et celles de sa familles, ils ont travaillé dur pendant 5 mois, jour et nuit pour avoir un puits profond de 5 mètres, fournissant à la famille, à la terre et aux chèvres les ressources en eau qui étaient nécessaires à tous leurs besoins.

Abu Ahmad était content du travail de sa famille alors que les dernières choses avaient l’air de marcher pour lui, que les arbres grandissaient, et qu’ils commençaient à rapporter des fruits. "La terre donne loyauté et fidélité aussi longtemps que nous restons loyal avec elle" dit Abu Ahmad, "ici se trouve le futur et la fierté, ici se rassemblent ceux que nous aimons, les lapins sauvages et les oiseaux, buvant notre eau et mangeant dans nos plantations". mais aujourd’hui les animaux s’enfuient à cause du bruit et de la poussière causée par le bulldozer israélien proche. La terre était sur le point d’être fertile et verte quand la tyrannie israélienne s’est intensifiée, utilisant toutes sortes d’excuses pour détruire la terre et déraciner les arbres lorsque le mur passe a travers eux, ignorant combien cette terre est chère à ses propriétaires, ignorant toutes les souffrances, le dur travail, la pauvreté et les privations par lesquels ils sont passés pour que cette terre soit comme elle est.

Omar sent que sa vie ne veut rien dire par rapport à ce que vaut sa terre. Il a affronté les fusils qui protègent les constructeurs du mur. Il est resté plusieurs jours devant les bulldozers ou sur ses oliviers qui étaient sur le point d’être déracinés : il a utilisé le style de Gandhi pour résister à l’occupation, mais l’occupation qui sème la mort sans scrupule ne peut pas comprendre. 65 arbres ont été déracinés et la terre a été détruite par la pire sorte de mur la traversant.

Les gens dans le village devraient être habitués à la confrontation avec les bulldozers maudits de l’occupation, mais lorsqu’ils parlent d’Omar, ils sont véritablement furieux, sentant que ce qui lui arrive est plus grand que n’importe quoi d’autre. Tout le monde dans le village le connaissait, respectait la lutte de sa femme pour nourrir leurs enfants ; elle était une femme forte, élevant des animaux et plantant différentes sortes de nourriture dans le jardin, en plus des différentes productions domestiques de nourriture, allants des conserves aux différents aliments cuisinés pour la consommation familiale. Les femmes du village avaient l’habitude de se réunir dans la maison d’ Ahmad dans le village, parlant pendant qu’elles cuisinaient ou cuisaient et rêvant à l’avenir de leurs enfants

Pourquoi est ce que soudain les réunions ont disparu ? Où est allé « Um Ahmad » ? C’était impossible pour Um Ahmad d’entendre parler des destructions de sa terre sans rien faire, elle avait toujours partagé le pain et l’espoir avec son mari. Elle avait toujours dit : "nous, les Palestiniens, voulons la paix, mais nous demandons aussi la liberté et la justice, nous ne pouvons pas accepter qu’ils nous dépouillent de nos droits parce qu’ils sont plus forts que nous. Nous n’abandonnerons pas les droits de nos enfants".

L’histoire de Abu Ahmad ne s’arrête pas là. L’occupation militaire a décidé de changer le tracé du mur, de l’étendre et encore 25 arbres ont été déracinés. Um Ahmad refusa de rester à regarder ; elle s’est mise devant les machines de destruction, défendant sa terre, ses droits et les droits de tous les dépossédés.

Elle chanta : "quittez, quittez ma terre, ma maison, mes arbres, quittez …". Toutefois, quand tout tomba sur le sol, Um Ahmad tomba elle aussi, embrassant les oliviers et tout ce qu’elle avait nourri.

Um Ahmad est restée dans un long coma, se battant contre la mort. Une attaque cardiaque l’a clouée au lit pour des semaines, ses enfants autour d’elle se demandant pourquoi ils ont volé leur terre, pourquoi ils ont volé le sourire de leur mère ? Dès qu’elle a été capable de se tenir sur ses pieds, Um Ahmad est retournée dans sa villa dans laquelle se trouve ce qui reste de sa terre détruite, elle continue à utiliser du bois pour cuisiner et cuire mais elle n’utiliserait jamais le bois de ses arbres déracinés, « ce sont mes enfants » dit elle « personne ne brûlerait ses enfants pour quelque raison que ce soit ».

Um Ahmad et sa famille persistent à rester sur leur terre, sentant que leur petite villa est plus grande que n’importe quel mur, jurant que rien ne pourra les faire tomber.



Pour en savoir plus sur Jayyous, lire : Le cas de Jayyous : Appauvrissement forcé par la consfication des terres

Voir la carte de la région de Jayyous

Lire l'ordre militaire distribué le 3 octobre suite à la mise en place de permis

Source : www.stopthewall.org

Traduction : MAP

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