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Salfit - 8 octobre 2008
Par Adri Nieuwhof
En août, le Centre de Ressources du Travail et des Droits de l'Homme, l'organisation internationale de surveillance, a demandé à trois compagnies israéliennes de répondre à un rapport d'une organisation israélienne non-gouvernementale qui protestait contre le traitement fait aux travailleurs palestiniens dans les parcs industriels des colonies de Cisjordanie
Photo : Des ouvriers palestiniens récupèrent de la ferraille près d’une colonie israélienne dans la ville de Qalqilia en Cisjordanie (Magnus Johansson/MaanImages)
Kav LaOved, qui s'intéresse aux droits des émigrés et des travailleurs palestiniens employés en Israël et dans les colonies illégales israéliennes, fait état d’un nombre croissant de plaintes de travailleurs palestiniens employés dans les colonies de Cisjordanie suite à une décision de la Haute Cour israélienne d'octobre 2007 stipulant que le code du travail du pays [i.e. Israël, NDT] s'applique dans les colonies.
Parmi les entreprises dont les pratiques de travail ont été critiquées dans le rapport de Kav LaOved se trouve la Royalnight, une manufacture de textile appartenant à Royalife.
En 2003, Royalife a installé une usine dans la zone industrielle de Barkan située près de la colonie d'Ariel au nord de la Cisjordanie . Les parures de draps, dessus de lit, couvertures matelassées et les oreillers décoratifs de Royalnight sont exportés et commercialisés aux Etats-Unis et en Europe.
Selon le rapport de Kav LaOved, les travailleurs palestiniens qui viennent de toute la Cisjordanie doivent travailler dans des conditions sanitaires et de sécurité misérables dans l'usine textile de Royalnight. Pour contourner la responsabilité, des permis de travail sont émis au nom d'un autre employeur et les travailleurs employés par un entrepreneur palestinien sont moins payés.
En 1999, le Conseil Economique et Social de l'ONU a critiqué la pratique des compagnies israéliennes, dont la plupart de celles opérant dans la zone de Barkan, déplaçant leurs usines en Cisjordanie pour échapper aux normes sanitaires et environnementales élevées applicables en Israël. Kav LaOved déclare dans son rapport que l'usine textile de la Royalnight n'est pas différente : «Les normes de santé et de sécurité sont médiocres, l'environnement de travail est bruyant et l'air est plein de la poussière de l'usine. La plupart du travail se fait debout, et les travailleurs prennent cinq minutes de pause à leurs propres frais.»
Le rapport ajoute : «[Les travailleurs] se plaignent d'être exposés à de dangereuses substances de nettoyage et de travailler près des machines coupantes en manquant de consignes de sécurité. L’entreprise n'emploie pas de responsable de la santé et de la sécurité et les travailleurs n'ont reçu aucune instruction ou mise en garde concernant les dangers potentiels des machines sur lesquelles ils travaillent.»
Dans une lettre non signée, Royalnight a répondu à la question posée par le Centre du Travail et des Droits de l'Homme et aux allégations soulevées par Kav LaOved : «Toutes ces plaintes ne sont pas correctes. Pendant que l'Europe de l'Ouest et les Etats Unis délocalisent l'industrie dans des pays comme le Pakistan, l'Inde, la Chine, avec des coûts du travail beaucoup plus bas, nous essayons de garder l'industrie textile dans notre région, en donnant des revenus aux gens qui vivent dans la zone».
Cependant, Kav LaOved écrit que la zone industrielle de Barkan est «hors de portée de la loi. Les employeurs israéliens ont trouvé le moyen d'échapper à la décision de la haute Cour par exemple en faisant les bulletins de paye avec de faux rapports de présence. La pratique normale est d'enregistrer moins de jours travaillés que ceux réellement travaillés, aussi il apparaît que le salaire minimum est payé.»
Selon le rapport, les travailleurs employés par l'intermédiaire d'un entrepreneur palestinien sont payés entre six et huit shekels de l'heure, alors que les travailleurs employés directement par l'usine sont payés entre neuf et onze shekels de l'heure. » A l'heure où nous écrivons, 3,5 shekels valent approximativement un dollar US.
Les travailleurs palestiniens venus des territoires occupés étaient autrefois largement employés en Israël. Mais depuis les Accords d'Oslo, Israël a dramatiquement réduit le nombre de permis de travail octroyés aux palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Depuis avril 2006, les gazaouis ne peuvent plus du tout recevoir de permis de travail pour un emploi en Israël ou dans les colonies de Cisjordanie . Ceux de Cisjordanie ne reçoivent que des permis valides pour trois mois à la fois et les restrictions de mouvements strictes d'Israël rendent difficile même pour les détenteurs d'un permis de se rendre sur leur lieu de travail.
Les fermetures israéliennes ont significativement contribué au chômage endémique et au sous-emploi dans la Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza, où 33% et 80% de la population, respectivement, est dépendante de l'assistance alimentaire internationale, selon le rapport d'avril 2008 de l'Organisation Internationale du Travail. La Banque Mondiale a identifié le régime israélien de fermeture et de restriction comme une cause majeure de la rapide détérioration de l'économie palestinienne.
La très mauvaise situation économique fait que beaucoup de Palestiniens soient forcés de chercher du travail dans les colonies illégales israéliennes, où ils sont vulnérables à l'exploitation. Les organisations des droits de l'Homme palestiniennes ont rapporté que les travailleurs palestiniens sont contraints à la collaboration avec les services de sécurité israéliens pour obtenir les permis nécessaires afin de travailler dans les colonies et en Israël.
Jusqu'ici, Royalnight est resté impunie pour son exploitation lucrative des travailleurs palestiniens. Les produits qu'elle exporte sont vraisemblablement marqués comme « made in Israël » même si le parc industriel de Barkan où son usine de couture est située est construit en violation des lois internationales sur la terre palestinienne volée. Cependant, il y a un mouvement grandissant pour rendre responsables les compagnies telles que Royalnight.
Plus tôt cette année Barkan Wineries a terminé son bail dans la zone industrielle de Barkan et a déménagé ses activités à l'intérieur des limites reconnues internationalement entre la Cisjordanie et Israël, à la suite d'une campagne contre les activités coloniales de la compagnie qui ont terni son image (la compagnie, toutefois, possède toujours un vignoble sur le plateau du Golan en Syrie occupée).
Comme la campagne internationale de Boyvott, de retrait d'investissements et de sanctions contre les violations des droits d'Israël prend de plus en plus d'ampleur, l'exploitation du travail palestinien par les compagnies israéliennes opérant sur la terre occupée fera sûrement davantage l'objet d'un examen.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MM pour ISM
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