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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Merci, Président Jimmy Carter !

Par

L’ancien président américain Jimmy Carter est pris pour cible par une impitoyable cabale israélienne aux Etats-Unis et dans les autres pays occidentaux, tout simplement parce qu’il a "osé parler", brisant le mur du silence, parce qu’il a comparé l’Etat hébreu au régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud, et parce qu’il a dénoncé les violations des droits de l’homme par ses gouvernements successifs.

Merci, Président Jimmy Carter !

Le Président Carter s’est vu accuser de tous les maux, à commencer par l’antisémitisme, pour finir par la diffusion de mensonges, alors que l’accusé est titulaire du Prix Nobel de la Paix et qu’il a permis à Israël de réaliser le plus important succès stratégique de sa courte histoire : la signature des accords de Camp David, qui divisèrent le camp arabe et firent sortir l’Egypte des pays de la confrontation, instaurant les premières relations diplomatiques entre Israël et le plus important des pays arabes…

L’ouvrage récemment écrit et publié par le président Carter, et qui occupe actuellement les toutes premières places sur la liste des best-sellers, a représenté un grand choc pour le lobby sioniste, et un passage outre l’hégémonie qu’il exerce sur les institutions politiques et informationnelles américaines et, ce, précisément en un temps où le monde entier commence à payer le prix exorbitant des guerres préconisées par les néocons, alliés d’Israël, en Irak et en Afghanistan et, sans doute aussi, prochainement, en Iran.

D’aucuns objecteront que Carter ne s’est exprimé avec une telle force, et qu’il n’a osé affronter le lobby sioniste, qu’après avoir quitté le pouvoir et avoir entamé les ultimes étapes de sa vieillesse.

C’est exact. Mais il faut dire, à la décharge de cet homme, qu’il n’est resté au pouvoir que ce que dure une mandature – soit quatre ans – et que c’est précisément au moment où il commençait à comprendre les tenants et les aboutissants du conflit moyen-oriental qu’il perdit les élections présidentielles américaines…


Le Président Carter a pris le parti de sa conscience, en tant qu’être [véritablement] humain ; il a décidé de dire ce qu’il avait à dire, avec force et de manière tranchée, à l’encontre d’un Etat raciste qui s’est emparé des manettes de la Maison Blanche et du processus de prise de décision politique américain, pour les mettre au service de ses intérêts propres et de ses guerres, afin de dissimuler ses crimes envers le peuple palestinien et envers la Nation arabe toute entière.

Dit autrement, et aussi plus clairement : le Président Carter a prouvé qu’il était plus courageux et téméraire que l’écrasante majorité des dirigeants arabes actuellement vissés sur leurs fauteuils présidentiels et sur leurs trônes royaux, sous leurs lambris dorés. Que l’on me nomme un seul dirigeant arabe qui oserait comparer Israël au régime raciste sud-africain ! ? !

Je mets au défi le président palestinien Mahmoud Abbas et sa camarilla de « modérés » de répéter ce qu’a dit le Président Carter, de surcroît au cours d’une conférence de presse diffusée dans le monde entier par les plus grandes chaînes télévisées mondiales !

Si le Président Carter a dit ce qu’il a dit parce qu’il n’est plus au pouvoir, alors les dirigeants arabes n’ont pas ce loisir, puisqu’il n’y en a pas un seul qui ait quitté le pouvoir et qui soit encore en vie !

En effet, ils ont – tous ! – modifié la constitution de leurs pays respectifs afin d’étendre – à vie – la durée de leur mandat à la tête du pouvoir. Par le passé, ils étaient généralement réélus, au cours d’élections au de référendums bidons, à 99,99% des suffrages.

De nos jours, ils remportent des élections ripolinées en teinte démocratique pour la galerie, mais avec un rabais, qui ne descend toutefois jamais, notez bien, au-dessous des 79 ou 69 %, histoire d’ajouter une touche de réalisme…

Les dirigeants arabes – corrigeons : la plupart des dirigeants arabes – n’osent plus, désormais, critiquer le lobby israélien aux manettes à Washington, fût-ce superficiellement, car ils ont désormais le plus grand besoin de ses services pour être admis à la Maison Blanche afin d’y recevoir les prodigalités et les bénédictions, sous la forme d’une assistance financière extérieure, sous la forme d’un parapluie militaire, ou encore sous celle de la falsification du processus normal de dévolution du pouvoir anormalement absolu qu’ils exercent sur leur pays… à leurs propres descendants.

Ainsi, le siège du lobby sioniste, ses institutions et ses centres de recherche, à Washington, sont devenus la Pierre Noire pour ceux des dirigeants arabes qui effectuent leur pèlerinage à la Maison Blanche.

Pire, encore : les dirigeants de ce lobby ne cessent de se rendre en visite dans les capitales arabes, où on leur déroule le tapis rouge, où ils sont reçus dans les plus hautes sphères du pouvoir et où on les gratifie des plus grands honneurs et de la plus extrême des déférences, conformément aux règles de la légendaire hospitalité arabe… Combien il est regrettable que cette « modération » n’ait abouti qu’à toujours plus de colonies, de massacres et de jusqu’auboutisme israéliens ! !

Le Président Carter est venu nous rappeler les constantes que nous avions oubliées – ou que nous avions fait semblant d’oublier – sous l’effet du terrorisme intellectuel et politique pratiqué à notre endroit par les régimes [arabes] et le lobby sioniste, ainsi que par des organisations arabes qui se cachent derrière le rideau du libéralisme, du réalisme et de la modération.

Tout Arabe qui douterait du « droit d’Israël à l’existence » serait considéré extrémiste, ou « populiste », ou « démagogue ».

Tout intellectuel affirmant que la Palestine est une terre arabe, usurpée depuis pas plus de soixante ans et dont la population a été dispersée et dépossédée de tout, et tout Palestinien continuant à revendiquer le droit de retourner chez lui à l’instar des juifs russes ou éthiopiens, se voient accusés d’être des « irréalistes » désireux de détruire le sacro-saint Etat d’Israël !…

Il n’est pas jusqu’aux chaînes télévisées satellitaires arabes qui ne se soient mises à ne recevoir qu’exclusivement ces fameux réalistes, tout en insistant, dans le même souffle, sur l’existence d’une opinion d’opposition en Israël, au motif de l’"équilibre" et de l’objectivité professionnelle.

Alors que nous ne voyons jamais aucune chaîne télévisée israélienne accueillir le moindre citoyen arabe de l’Etat hébreu – et pour cause – qui réclamerait son droit au retour et qui ne cèderait ce droit pour rien au monde, qui soutiendrait la Résistance et qui appellerait un Etat raciste : "Etat raciste", à propos d’Israël, qui EST un Etat raciste…

Les porte-parole israéliens tiennent les écrans de nos téléviseurs à longueur d’antenne ; ils nous accusent d’être des terroristes, ils prennent la défense des massacres perpétrés parleur gouvernement, à Beit Hanoun, à Djénine et sur la plage de Gaza, et ils les justifient.

En revanche, quand on exige d’un intellectuel arabe qu’il libère la Palestine là, comme ça, sur un claquement de doigts, et que celui-ci évoque les massacres israéliens avec une émotion non feinte mais par trop visible, en prenant parti pour les vaincus affamés, il se voit immédiatement couché sur les listes noires de la plupart de ces télévisions satellitaires et il se voit taxé d’extrémisme, voire de folie, à l’instar du Jordanien Ahmad Ad-Daqâmiséh, ou de l’Egyptien Muhammad Khâtir..

Le Président Carter mérite tout notre respect et toute notre estime, car il nous a remis en mémoire nos principes, nos constantes, et il a opposé un « NON » retentissant au terrorisme intellectuel et médiatique israélien tant aux Etats-Unis que partout ailleurs dans le monde.

Le fait que les Américains s’arrachent son livre n’est qu’un indice supplémentaire de l’existence d’un « réveil » qui doit nous donner l’énergie nécessaire pour nous libérer du complexe de peur que ce lobby nous inspire, à nous, les écrivains, nous, les dirigeants et nous, les simples citoyens.


Le dirigeant sud-africain Mgr Desmond Tutu a fait une halte à Washington, durant la deuxième guerre contre l’Irak, ce pays frère, afin d’annoncer que le lobby juif s’était emparé des manettes à la Maison Blanche et qu’il avait réussi à mettre l’unique super-puissance mondiale au service des intérêts d’Israël. Il avait alors exhorté le monde à contrer ce lobby afin de protéger l’humanité contre les dangers qu’il représente.

De son côté, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, n’a jamais hésité un seul instant à faire porter à l’Occident la responsabilité de l’ « holocauste » des juifs dans les fours à gaz [sic ; en réalité, il se serait agi de chambres à gaz étanches où les victimes – juives et non-juives, d’ailleurs – auraient été asphyxiées par inhalation d’anhydride cyanhydrique, après quoi, leurs cadavres auraient été incinérés dans des fours crématoires. NdT] et d’avoir solutionné la "question juive" sur le dos des Arabes de Palestine.

Et voici que le Président Carter prend le taureau par les cornes [et attache la clochette au cou de Glos Minet], comparant Israël au pire régime raciste de toute l’histoire de l’humanité.


Parmi ces héros, vous aurez constaté comme moi qu’il n’y a pas un seul dirigeant arabe, ni un seul penseur arabe, ni un seul homme de religion arabe, et ce paradoxe révèle la principale cause de la décadence arabe actuelle.

Oui ; Israël est un Etat raciste – plus raciste, encore, que le régime de l’apartheid sud-africain lui-même :
Israël crée des bantoustans en Cisjordanie ;
Israël étouffe littéralement quatre millions de Palestiniens ;
Israël transforme la bande de Gaza en une immense prison peuplée de Palestiniens affamés et souvent en mauvaise santé ;
Israël érige sa muraille qui transforme en enfer l’existence d’un quart de million de Palestiniens ;
Israël confisque des terres palestiniennes ;
Israël passe sa rage sur ces oliviers, qui sont les symboles mêmes de l’arabité de la terre de Palestine, en les arrachant.

On ne trouve, dans cet Israël dont l’Occident chante les laudes de sa civilité et de sa démocratie, aucun ministre arabe ni aucun ambassadeur d’origine arabe qui soit en poste dans l’une quelconque des capitales mondiales importantes, ni non plus, d’ailleurs, dans une quelconque capitale de troisième ordre, bien que les Arabes constituent plus du quart des habitants de ce pays, dont le gouvernement compte dans ses rangs un Avigdor Lieberman, ce raciste haineux qui dame le pion aux nazis par son racisme et ses prurits d’épuration ethnique, de « transfert » et d’extermination de masse.




Source : Al-Quds al-Arabiyy

Traduction : Marcel Charbonnier

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