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ISM France - Archives 2001-2021

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Monde Arabe -

Nos révolutions arabes

Par

Le monde anglo-saxon dispose de plus de 3000 "think tanks" dont 1777 centres de recherche localisés aux USA. Chacun d’entre eux fonctionne avec un budget, pour le moins doté d’entre eux, de 20 millions de dollars annuels. Plus de 15.000 rapports de toutes origines provenant du Maghreb et du Moyen-Orient sont venus alimenter leur réflexion depuis quelques semaines sur la situation dans ces pays. Pas moins de 450 analyses de fond de la CIA sur les “régions à risque” dans le monde en 2010 ont été produits par la CIA. En vain.

Nos révolutions arabes

Manifestation en Libye, 19 février 2011 (photo EPA)
De même, les économistes n’ont ni prévu ni compris la crise financière planétarisée mise au jour en 2007 dont ils sont pourtant les auteurs.

Tous ces groupes qui représentent le meilleur du cerveau du système US savent qu’ils ne peuvent prévoir désormais, que la direction des affaires leur échappe.

Les Usa sont restés sidérés devant ce qu’ils n’ont pas comploté, la manifestation de l’existence de peuples qui entendent écrire leur histoire eux-mêmes et en fonction de leurs intérêts propres.

Le monde globalisé par les œuvres de l’impérialisme est enfermé depuis des décennies dans un autisme qui le condamne à une disparition certaine selon une échéance difficile à prédire.

Loin de la confection d’un nouveau Proche et Moyen-Orient selon les vœux néo-conservateurs et sionistes, se dessine une nouvelle configuration inattendue pour les gouvernements occidentaux restés sans réaction ‘efficace’ ces dernières semaines.

Une Palestine qui résiste encore et toujours à l’occupant et à ses collaborateurs corrompus groupés au sein de l’Autorité qui ne retrouvera sa légitimité qu’en proclamant sa dissolution.

Une Palestine qui nous a appris dès 1987 au travers de ses enfants qui luttent avec des pierres contre des colons armés de la pire des façons sophistiquées le nouveau lexique de la barrière brisée de la peur.

Un Liban qui se défend des ingérences étrangères grâce au génie politique et militaire du Hezbollah.

Après la Tunisie et l’Égypte, ce sont les Libyens, les Bahranis, les Yéménites et les Irakiens qui se soulèvent contre leurs dictateurs respectifs. Bientôt les Algériens et les Marocains.

Il ne saurait y avoir une révolution authentique sans poser les éléments de base de la transformation sociale nécessaire qui l’assoira dans une réalité irréversible.

D’abord idéologique et nous ne manquons pas de ressources identitaires pour rejeter l’aberration d’une société entièrement tournée vers la consommation de masse, la prédation continue des ressources naturelles limitées avec la dégradation irréversible de l’environnement et les menaces sur la survie de l’espèce. La culture politique islamique a enseigné depuis son origine l’obligation de la Shura, la consultation en matière de décisions concernant la communauté politique. Consultation et concertation avec les plus avisés et les plus savants sont une prescription qui s’impose à l’autorité centrale. Au début du 20ème siècle, les Marocains ont destitué deux sultans pour incompétence et mode de gouvernement autoritaire sans autre référence que leur culture. Le mouvement nationaliste a reconduit le système du sultanat pour faire cesser l’occupation du Maroc parce qu’il avait établi un contrat explicite avec Mohamed V, celui de bouter dehors le colon et de se consacrer à faire aboutir les réformes de modernisation que n’ont pas accomplies les forces françaises ‘protectrices’. Le fonctionnement des Jamaas avec le système de représentation pour l’administration au niveau local et régional n’a pas attendu l’éclairage des Lumières du 18ème européen pour leur caractère fondamentalement démocratique. Certes, ne pouvaient être y figurer que les chefs de famille propriétaires, excluant donc les enfants adultes et les non possédants et il ne s’agit donc pas d’une démocratie absolue. La convergence des intérêts familiaux était  réelle et prégnante et le principe d’obtention du consensus était privilégié par rapport à celui d’un homme, une voix. Par ailleurs, les travailleurs agricoles étaient des associés-métayers qui se payaient au 1/5 de la production et non des esclaves comme dans la trop vantée démocratie athénienne.  Comment lier logiquement la notion de démocratie et des Droits de l’Homme de la révolution de 1789 en France quand dès son lendemain quasiment Bonaparte a mené sa campagne de colonisation d’Égypte.
 
Puis politique et économique.
 
Les libérations de nos peuples ne seront réalisées que lorsqu’ils échapperont à la mise sous tutelle de leurs institutions politiques et économiques à la prétendue mondialisation.

Le libéralisme dérégulé qui a connu le point culminant de son essor sous la férule du Secrétaire au Trésor de Clinton, Robert Rubin, ancien haut responsable de Goldman-Sachs, pour effet la suppression des protections des économies de nos régions non structurées pour parer à l’action prédatrice des groupes transnationaux.

Les activités bancaires, les télécommunications, la pénétration commerciale de l’agro-alimentaire ont détruit l’amorce d’une économie nationale et dilacéré le tissu social encore vivace ayant survécu au colonialisme et néo-colonialisme.

Sous la pression du FMI, levier du pouvoir étasunien, les dettes nationales imposées puis et leurs restructurations, les États ont renoncé à leurs fonctions régaliennes de l’éducation, de la santé publique et du transport, toutes activités livrées au privé qui rend un service de plus en plus médiocre et de plus en plus cher.
 
La crise économique fragilise tous les pays, pas seulement les plus précaires car bientôt 50 millions d’individus se nourriront aux USA grâce aux tickets d’alimentation hebdomadaires. Il n’y a aucun signe sérieux de reprise depuis 2008, et l’illusion d’une croissance sans emploi est en train de s’effondrer. Dans le budget prévisionnel annoncé pour la prochaine année fiscale, la dette représentera plus de 100% du PIB, situation bien semblable à celle d’un pays du tiers-monde et le déficit annuel sera de 1650 milliards soit plus de 10% du PIB. Pour chaque dollar encaissé, le gouvernement fédéral en dépense 1,5 et toujours un taux de chômage réel supérieur à 10% tandis que le prix de l’immobilier chute toujours. Le directeur financier du FMI envisage pour bientôt l’abandon du dollar comme monnaie à la fois de réserve et d’&échange international, 2000 milliards de DTS sont prévus.  L’hégémonie du dollar telle que pratiquée jusques-là est rognée de toutes part, contestée par les émergents.
 
Pour rendre pérenne notre future indépendance car c’est de cela qu’il s’agit, il nous faut imposer une déconnexion volontariste de l’économie mondiale qui nous domine. Il nous faut inventer une relocalisation de notre production, une coopération régionale authentique au travers d’une union du Maghreb élargie où nos compétences et nos ressources mises en commun produiront une synergie qui consolidera notre indépendance.

Pourquoi une Union européenne aurait toutes les vertus de la modernité et du progrès et des États arabes unis serait l’expression d’une idée réactionnaire khalifale ?

Il n’y a pas de fatalité pour les peuples arabes de susciter des dictatures. Ou alors, si mais elle réside dans  l’installation d’un État greffon colonial occidental en son sein et qui survit parce qu’il dispose d’une manne financière et militaire européenne et étasunienne avec toutes les manœuvres de déstabilisation et d’ingérences permanentes que cela implique. L’occupation de l’Irak en est la preuve récente la plus tangible : il ne s’agissait pas d’une affaire de pétrole mais plutôt de la nécessité vitale pour Israël de détruire l’émergence d’une quelconque entité organisée dans son entourage qu’elle vit comme une menace imminente pour son existence.
 
Dans chaque pays, le peuple uni vaincra.
Chaque peuple se confortera de la victoire de son voisin.
Tous ensemble, ils rejetteront la vieille domination occidentale qui ne gagnait que parce qu’elle mettait tout son savoir dans l’art de les diviser
.
 
 
Badia Benjelloun
Le 19 février 2010

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