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Palestine - 6 avril 2009
Par José Luis Moraguès
Les « Accords d’Oslo » ont initié en 1993 « La procession des processus de paix ». Ainsi on a vu défiler sous la houlette des USA le processus de paix des « Accords d’Oslo » ; en 2003 le processus de paix de la « Feuille de route » pilotée par « le Quartet » (USA, Russie, ONU et UE) et en 2007 à nouveau sous la houlette des USA, le processus de paix de la « Conférence d’Annapolis ».
Chaque « processus de paix » rassemble israéliens, palestiniens et des Etats de la communauté internationale. Il instaure un mode de négociation avec des objectifs à atteindre, un calendrier et des contraintes à respecter.
Bien sûr chacun de ces processus fixait une date de création de l’Etat palestinien, fixait des contraintes de gel des colonies israéliennes etc. Le constat est facile : Israël n’a respecté aucun des engagements, n’a tenu aucune de ses promesses.
Avec le recul, la procession des « processus de paix » révèle aujourd’hui au grand jour sa nature mystificatrice et sa véritable fonction : anesthésier l’opinion internationale grâce à quoi, avec le soutien de ses alliés, Israël poursuit en toute impunité le nettoyage ethnique de la Palestine ainsi que l’apartheid en Palestine et en Israël. C’est pendant les processus de paix qu’Israël a mené depuis 2002 les 5 « opérations spéciales d’envergure » (Rempart, Arc en ciel, Pluies d’été, etc.) dont, rappelons le, 4 sur 5 ( !) ont été perpétrées contre la bande de Gaza. Autant de crimes de guerre, qui ont causé la mort de milliers de femmes, enfants et hommes palestiniens
Aujourd’hui après l’opération « Plomb durci » qui a causé à Gaza la mort de 1315 personnes dont 413 enfants, comme par enchantement Israël et ses amis (USA, UE) ressortent les costumes de la procession pour une nouvelle parade du « processus de paix » : une nouvelle anesthésie générale qui fera oublier les crimes commis et la nécessité de leur châtiment.
Mais l’arrivée de l’extrême droite et de la droite extrême au pouvoir en Israël complique le bon déroulement de la routine. En effet, bien que Netanyahu ait déclaré vouloir « arriver à la paix économique, sécuritaire et politique », il refuse, conformément à la charte du Likoud, l’existence d’un Etat palestinien.
Lieberman, son ministre des affaires étrangères et chef du parti d’extrême droite, a déjà annoncé « qu'accepter des concessions dans le cadre du processus de paix avec les Palestiniens mènerait l'Etat hébreu à la guerre. » Lieberman va jusqu’à nier « toute légitimité au sommet d'Annapolis ». C’est dire que le nouveau gouvernement israélien affiche ouvertement sa volonté de ne pas s’embarrasser des faux semblants des « processus de paix ». N’oublions pas que ce gouvernement, élu après la guerre contre Gaza, est fort du soutien à cette guerre de l’immense majorité de la société israélienne dont les positions anti-arabes (arabes israéliens) et anti-palestiniennes sont sorties renforcées.
Mais la politique affichée par Netanyahu pose problème aux alliés d’Israël : aux USA en premier lieu, mais tout autant à l’Europe, pour la bonne raison qu’elle révèle sans masque ni fard la vraie nature du projet politique israélien et par la même occasion, la nature criminelle du soutien de ses alliés !
Netanyahu ne fait que dire tout haut ce que les précédents gouvernements faisaient « tout bas » sous le couvert des « processus de paix » successifs. Dans la suite de Sharon, Netanyahu crie haut et fort qu’il faut continuer « 48 » et construire Eretz Israël, ce qui implique le nettoyage ethnique dans les territoires occupés et le transfert des palestiniens d’Israël.
On comprendra que soutenir de telles positions est chose délicate pour Obama et les dirigeants européens au regard de l’opinion publique, d’où leur embarras.
L’autre motif d’embarras tient au refus du gouvernement israélien de soutenir la thèse des « deux Etats ».
Or les USA et l’UE, pas plus que la (nouvelle) droite israélienne que sont les travaillistes, ne peuvent renoncer à la solution des « deux Etats ». Bien loin de ce qu’était la revendication initiale et compte tenu de la progression de la colonisation, la thèse des « deux Etats » est depuis des années instrumentalisée à d’autres fins. Elle est devenue le corollaire indispensable des « processus de paix ». Le processus de paix est la tenue de camouflage des plans de guerre, la thèse des « deux Etats » en est le gaz anesthésiant :
- qui avant tout confirme la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif et qui valide donc sa politique sioniste,
- Qui garantit le maintien d’une Autorité Palestinienne sans Etat mais sous tutelle économique, financière et politique,
- Et enfin qui génère les illusions et les mystifications nécessaires pour endormir l’opinion publique internationale sur un Etat palestinien qui, sur le terrain, n’a plus d’existence viable.
Le précédent gouvernement parlait de paix et faisait la guerre, le nouveau ne s’embarrasse pas des travestissements et déclare ouvertement préparer la guerre.
Ses alliés, Obama en tête, l'obligeront-ils à se parer des habits de la "paix" et à rentrer dans les rangs de la procession, pour finalement faire comme les précédents ?
C’est dire combien, pour le peuple palestinien, cet « alignement » serait une bien maigre consolation, superficielle, trompeuse, sans perspective et de toute façon mystificatrice.
Pour autant les contradictions qui ne manqueront pas de surgir entre le gouvernement Netanyahu et ses alliés devraient fournir des failles et des points d’appui dont le mouvement de solidarité devra se saisir.
José Luis MORAGUES
Université Paul Valéry Montpellier III
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