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USA - 9 juin 2008
Par Justin Raimondo
La visite du Premier ministre israélien Ehud Olmert aux Etats-Unis s’inscrit dans un effort concerté du gouvernement israélien et de ses lobbyistes américains, visant à convaincre le législateur américain – et, avant tout, le président George Deubeuliou Bush – que le temps d’attaquer l’Iran est venu.
Le quotidien israélien Yediot Ahronot écrit qu’Olmert dira à Bush que «le temps (de la diplomatie) est en train de s’épuiser» et qu’il devrait déclencher une attaque, maintenant.
Dans son adresse au congrès de l’Aipac, le message d’Olmert était dur et implacable : l’Iran, disait-il, « doit être empêché, par tous les moyens possibles », d’acquérir une capacité nucléaire militaire. Certes, les sanctions doivent être renforcées, mais elles ne représentent que de «premières initiatives» : ce qui est requis, a-t-il déclaré, ce sont «des mesures plus drastiques et plus énergiques» - et cela ne peut avoir qu’une seule signification : la guerre.
Israël préfèrerait ne pas agir seul, mais Olmert a signalé qu’il avait l’intention de le faire, s’il y était poussé : «Israël ne tolèrera pas la possibilité d’un Iran nucléarisé, ni aucun autre pays ne devrait le faire, où que ce soit dans le monde libre», a-t-il déclaré, dans ce qui était manifestement une menace de passer unilatéralement à l’action.
Citant les états de service d’Israël en ce qui concerne l’Irak, dans les années quatre-vingt, et la Syrie, l’année dernière, Tim Butchers a averti, dans The Telegraph : «Ce discours met quasiment fin aux tergiversations au sujet d’une intervention militaire contre le programme nucléaire iranien»
Si Israël mettait sa menace en exécution, les Etats-Unis seraient de manière quasi certaine entraînés dans le conflit, et Olmert le sait parfaitement. Il en va de même pour Bush, qui, quoi qu’il en soit, n’a sans doute pas besoin d’être longuement persuadé. Après tout, dans son discours devant la Knesset, au mois de mai, le président américain n’a-t-il pas déclaré :
«Permettre au sponsor en chef du terrorisme mondial de posséder les armes les plus meurtrières du monde, cela serait une trahison impardonnable pour les générations à venir. Pour la sauvegarde de la paix, le monde ne doit pas permettre à l’Iran de détenir une arme atomique» ?
Dans l’intérêt de la paix, nous devons faire la guerre : refrain familier, qui produit son écho à travers les années, se moquant à la fois des vivants et des morts…
Pour le parti de la guerre, l’horloge cliquette, et le temps s’épuise : ils doivent endosser leur uniforme avant que le président le plus pro-israélien jamais encore connu quitte ses fonctions. Comme l’écrit Butcher : «Chez les partisans israéliens d’une action armée contre l’Iran, on est préoccupé par le fait que quelque chose doit être fait avant la fin du mandat de M. Bush, en janvier 2009, M. Bush étant perçu comme plus proche d’Israël qu’aucun de ses successeurs potentiels.»
Ne comptez pas sur Barack Obama pour nous délivrer de ce conflit menaçant. Dans son discours à l’Aipac, il a clairement avalisé le dernier projet du Lobby, abandonnant momentanément ses notes, pour déclarer :
"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire. Tout ce qui est en mon pouvoir. Tout !"
Et ce «tout » inclut l’assassinat de dizaines de milliers d’Iraniens, pour la plupart des civils – portant le prix du baril de pétrole au-dessus des 300 dollars et détruisant l’économie américaine – et nous impliquant dans une guerre qui fera du conflit actuel en Irak quelque chose comme un pique-nique scolaire du dimanche. Et tout ça, pour quoi ?
L’ironie, bien entendu, c’est que l’Iran n’est absolument pas en passe d’obtenir l’arme nucléaire, comme les agences de renseignement du président américain lui-même l’en ont récemment informé : mais peu importe. C’est là un petit obstacle, pour ceux qui méprisent la «communauté fondée sur la réalité» et qui se voient en train de Faire l’Histoire, tandis que le reste d’entre nous, nous observons, interdits et stupéfaits. Comme l’a écrit récemment Ha’aretz :
"Olmert va tenter de convaincre Bush de mettre de côté l’Evaluation des Renseignements Nationaux sur le programme nucléaire iranien, pour adopter des données présentées par Israël, et déterminer en conséquence la politique de l’administration américaine envers l’Iran."
La guerre annoncée contre l’Iran n’a rien à voir avec les «armes de destruction massive» - pas plus que l’invasion de l’Irak n’avait le moindre rapport, non plus, avec ces armes (inexistantes).
Tout tourne autour de la préservation de l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient, en effaçant de la carte chacun et la totalité des pays arabo-musulmans récalcitrants. Ce fut d’abord l’Irak, puis ce sera le tour de l’Iran, et enfin celui de la Syrie, sans tarder, et sans oublier le pauvre Liban prostré, naguère joyau de la Méditerranée orientale, et désormais panier de basket économique et politique.
Il est quasi certain que nous serons en guerre avec l’Iran avant même l’intronisation d’un nouveau président : maintenant qu’Obama a capitulé devant le Lobby, rien, mis à part la Providence divine, ne pourra l’empêcher. (voir la carte des bases américaines en Irak)
Que Dieu nous vienne en aide, à nous tous, autant que nous sommes !…
Force m’est bien de reconnaître que j’avais tort – terriblement tort – sur le compte d’Obama. Dans mon désir de trouver un point de lumière dans un monde en cours d’assombrissement accéléré, je m’étais raccroché à sa rhétorique prenante et à sa critique par moment tranchante de la politique étrangère de Bush, comme un marin en train de couler s’accroche à son gilet de survie. Mais le fait de rechercher de l’espoir dans les mauvais endroits ne créent pas d’opportunités pour la paix – cela ne fait que prolonger nos illusions.
Nous devons faire face à la perspective d’un conflit bien plus terrible encore que ceux que nous avons connus, et regarder cette perspective bien en face, sans flancher, ni sans rechercher de faux prophètes.
Je sais que vous êtes nombreux à être désappointés, et que certains parmi vous êtes en train de vous exclamer : «Je vous l’avais bien dit !». Tout ce que nous pouvons faire, maintenant, c’est espérer et prier, que notre pays, et le peuple iranien, survivront, d’une manière ou d’une autre, à la catastrophe qui s’annonce à notre porte.
Source : Antiwar
Traduction : Marcel Charbonnier
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