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ISM France - Archives 2001-2021

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Iran -

La surprise de Septembre (il faut s’y préparer)

Par

Tandis que la bande des journaleux se perdent en conjectures quant à la signification et aux conséquences de l’ascension de Sarah Palin, de mairesse d’un trou perdu à future éventuelle vice-présidente des Etats-Unis – et quand à la question de savoir si la vie privée de sa fifille est un gibier autorisé pour tous les médias à l’exception du National Enquirer – ceux parmi nous dont le boulot est de monter la garde sur les remparts et de donner les véritables infos se demandent quand – et non pas : si – le Parti de la Guerre va sortir un lapin de son proverbial chapeau.

Depuis des mois, je lance des avertissements, sur ce site, sur une attaque américaine imminente contre l’Iran, et voici qu’aujourd’hui, je pense que les Hollandais ont raison de confirmer mon diagnostic.

Leur service de renseignement, a indiqué la presse, se serait retiré d’une opération clandestine à l’intérieur du territoire iranien au motif qu’une frappe américaine est juste au coin de la rue – c’est une «question de semaines», a écrit De Telegraaf, un quotidien batave.

Selon cet article, les Hollandais avaient infiltré le projet d’armement allégué des Iraniens, et ils étaient fermement installés dans la place lorsqu’ils ont eu vent que les Américains s’apprêtaient à lancer une attaque par missiles contre des installations nucléaires iraniennes. Prudemment, ils ont alors décidé de renoncer à leur opération, et ils se sont retirés.

Vous vous en souvenez sans doute : cela fait des mois que les Israéliens menacent de frapper l’Iran de leur propre chef : ce qui a changé, c’est le fait que maintenant, apparemment, les Etats-Unis ont cédé devant ce qui n’est qu’un cas de chantage éhonté, et qu’ils ont accepter de faire le boulot à leur place.

Nous n’avons pas beaucoup entendu parler de l’Iran, ces jours derniers, tout du moins, en comparaison des titres menaçants d’il y a quelques mois, où les rumeurs de guerre tournoyaient, rapides et véhémentes. La « menace » russe semble avoir supplanté la « menace » iranienne, dans la parodie de choix opéré par le Parti de la Guerre. Ce que nous ignorons encore, toutefois, c’est si ces deux points focaux de tension sont intimement reliés entre eux.

D’après un article du vétéran correspondant du Washington Times Arnaud de Borchgrave, l’intime coopération des Israéliens avec l’armée géorgienne dans la mise au point du blitz contre l’Ossétie du Sud déclenché par le président Saakashvili avait eu pour origine une promesse des Géorgiens de permettre aux Israéliens d’utiliser les terrains d’aviation de la Géorgie afin de concocter leur frappe contre l’Iran.

Le principal problème auquel Tel Aviv était confronté, pour rendre ses menaces contre l’Iran ne serait-ce que crédibles, était la distance à couvrir pour les avions de combat israéliens, qui auraient eu une grande difficulté à parvenir sur leurs cibles et à en revenir sans se réapprovisionner en carburant. Grâce à l’accès aux aéroports de l’ « Israël du Caucase », comme Borchgrave appelle la Géorgie – en citant Saakashvili – la probabilité d’une attaque israélienne entra dans le monde des possibilités réalistes. De Borchgrave affirme :

« Aux termes d’un accord secret conclu entre Israël et la Géorgie, deux aérodromes du Sud de la Géorgie ont été désignés pour le décollage de bombardiers israéliens, dans l’éventualité d’attaques préemptives (israéliennes) contre des installations nucléaires iraniennes. Cela aurait la vertu de réduire considérablement la distance que les bombardiers israéliens auraient eu à couvrir avant de pouvoir frapper leur cible en Iran. Ajoutons que, pour atteindre l’espace aérien géorgien, l’armée de l’air israélienne survolerait la Turquie.

« L’attaque contre l’Ossétie du Sud ordonnée par Saakashvili dans la nuit du 7 août a donné aux Russes un prétexte qui leur a permis d’ordonner aux Forces Spéciales (russes) d’investir ces installations israéliennes, dans lesquelles un certain nombre de drones israéliennes auraient été saisis. »

Des rapports faisant état d’un nombre indéterminé de « conseillers » israéliens en Géorgie (allant de cent à mille) ne dit rien de bon, en ce qui concerne la situation sur le terrain. Les Israéliens étant d’ores et déjà installés dans ce pays, c’est toute la logistique d’une telle attaque par le revers qui serait grandement simplifiée. Les pilotes israéliens n’auraient plus qu’à survoler l’Azerbaïdjan, et ils se retrouveraient dans l’espace aérien iranien – avec Téhéran sous leur feu.

Confrontés à ce fait accompli – si l’on doit en croire les Hollandais – les Américains semblent avoir capitulé. Si tel est effectivement le cas, il ne nous reste plus beaucoup de temps. Bien que de Borchgrave écrive que « le fait que l’aviation israélienne puisse toujours compter sur ces bases aériennes [en Géorgie, ndt] pour lancer des raids de bombardement contre les installations nucléaires iraniennes est désormais [après l’intervention défensive russe, ndt] remis en doute », je ne vois pas, personnellement, pour quelle raison la défaite des Géorgiens dans la guerre de Saakashivili contre les Ossètes devrait nécessairement signifier que le projet [israélien, ndt] de frapper l’Iran via la Géorgie aurait été ajourné.

De fait, à la lecture du compte-rendu sidérant que fait de Borchgrave de l’ampleur de la collaboration Tel Aviv-Tbilissi, on ne peut trouver des raisons supplémentaires, pour tous ceux que cette question préoccupent, de continuer à se faire des cheveux blancs :

« Saakashvili était convaincu qu’en envoyant 2 000 de ses soldats en Irak (lesquels soldats furent immédiatement rapatriés par la voie des airs par les Etats-Unis après que la Russie ait lancé une contre-attaque massive contre la Géorgie), il serait récompensé de sa loyauté. Il ne pouvait imaginer que le président Bush, un ami personnel, l’aurait laissé dans la merde. La Géorgie, selon la vision que Saakashvili avait de son pays, était l’ « Israël du Caucase ».

Saakashvili, un homme brouillon et imbu de lui-même, a désormais encore plus de raisons de passer derrière le dos de Tonton Sam et de donner aux Israéliens une position de tir imprenable sur Téhéran. Avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des Américains, les arguments en faveur d’une frappe des Etats-Unis bien plus limitée n’en deviennent que par trop évidents.

En définitive, si les Israéliens passaient à l’attaque, c’est la totalité du monde musulman qui se rangerait, uni, derrière les Iraniens. Si, d’un autre côté, les Etats-Unis faisaient le sale boulot d’Israël, Tel Aviv s’agitant dans l’ombre, cela serait vraisemblablement bien moins provocateur, et cela pourrait même générer un soutien implicite chez les dirigeants sunnites des alliés arabes de l’Amérique. C’est ce qui va se passer, quoi qu’il en soit, selon ce raisonnement, aussi, nous pourrions tout aussi bien faire le boulot directement, plutôt que de le sous-traiter aux Israéliens, qui ont menacé – via des commentateurs « indépendants » comme l’historien et super-faucon israélien Benny Morris – d’utiliser des armes nucléaires contre des villes iraniennes.

En termes de politique intérieure américaine, la route de la guerre contre Téhéran avait été pavée depuis bien longtemps : les deux principaux partis et leurs candidats à la présidence ont donné au Parti de la Guerre le feu vert pour frapper Téhéran – explicitement pour McCain, tacitement, dans le cas d’Obama – mais non moins fermement l’un que l’autre.

Le décor est planté, les répétitions sont terminées, et les acteurs connaissent leur texte : tandis que le rideau se lève sur l’Acte I de la tragédie « La Troisième Guerre Mondiale », respirez un bon coup, et priez tous les dieux que vous voudrez que ce drame mortel sera avorté.

Source : Antiwar

Traduction : Marcel Charbonnier

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