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Palestine -

Prêts pour l'expansion : les Sionistes en 1948

Par

> alqalam02760@yahoo.com

M. Shahid Alam est professeur d'économie à l'université Northeastern. Ce texte est extrait de son prochain livre, Israeli Exceptionalism: The Destabilizing Logic of Zionism (Palgrave Macmillan: December 2009). Il est l'auteur de Challenging the New Orientalism (IPI: 2007). Il a contribué cet article à PalestineChronicle.com. Vous pouvez le contacter à l'adresse suivante: alqalam02760@yahoo.com, et visiter son site Web à: http://aslama.org.

Encore une fois, en Octobre 1956, lors d’une réunion secrète à Sèvres (France), à laquelle assistaient Israël, la France et la Grande-Bretagne, Ben Gourion a proposé un plan 'fantastique' – ce sont ses propres mots - pour changer une fois de plus la carte du Moyen-Orient. Dans le cadre de ce plan, Israël occuperait la bande de Gaza et le Sinaï, la Cisjordanie (alors que l'Irak annexerait la rive orientale du Jourdain), et le sud du Liban jusqu'au fleuve Litani (afin que le Liban puisse devenir un Etat chrétien plus compact). Les ambitions d'Israël ne connaissent pas de limites.

Prêts pour l'expansion : les Sionistes en 1948


Le conflit d’Israël avec les Arabes n'est pas une dispute au sujet des frontières

"Le talon d'Achille de la coalition arabe est le Liban. Le suprématie musulmane dans ce pays est artificielle et peut facilement être renversée. Un Etat chrétien doit y être instauré avec, comme frontière sud, le fleuve Litani. Nous devrons signer un traité d’alliance avec cet État.
Ainsi, lorsque nous aurons brisé la force de la Légion Arabe et bombardé Amman, nous pourrons anéantir la Transjordanie, et après la Syrie tombera.
Et si l'Égypte osait nous faire la guerre, nous bombarderons Port Said, Alexandrie et Le Caire. Nous mettrons ainsi fin à la guerre, et nous aurons réglé le compte de l'Égypte, de l'Assyrie et de la Chaldée, au nom de nos ancêtres
."
Ben-Gurion, 1948 (cité par Michael Bar-Zohar, Ben-Gourion, le prophète armé, p. 130).

Dans leur première épreuve de force avec les « autochtones » en 1948, les Sionistes ont pris le contrôle de près de quatre cinquièmes de la Palestine, expulsé la plupart des Palestiniens de ces territoires, et repoussé les forces combinées de cinq pays arabes.

Pourtant, les sionistes n’allaient pas se reposer sur leurs lauriers : leur intérêt n’était pas de faire la paix avec les Arabes. Les événements de 1948 ont démontré ce qu'ils étaient capables de faire, avec des pertes mineures dans leur camp, ils ont effacé la société palestinienne et facilement repoussé les Arabes.

Ce fut un moment historique, un moment messianique, qui serait considéré par beaucoup comme l'accomplissement des anciennes prophéties. Ce n'était pas le moment de tenter de faire la paix en accordant des compensations à un ennemi faible et vaincu.

Leur superbe victoire militaire ne faisait que les encourager les sionistes à poursuivre leurs objectifs maximalistes, qui semblent maintenant réalisables. Les sionistes devraient augmenter leurs nombres, étendre leur territoire, et s'efforcer de devenir la puissance dominante au Moyen-Orient.

En 1948, la colonisation juive de la Palestine avait à peine commencé. À ce moment-là, Israël comptait environ 650.000 juifs, ce qui ne représentait que quatre pour cent de la population juive au monde.

Si Israël avait l’intention d’accueillir la moitié des Juifs du monde, sa population devrait augmenter plus de dix fois. Le nombre de juifs en Israël devait s'accroître de manière spectaculaire, car il s'agissait d'un impératif de l'idéologie sioniste, qui a promis qu'Israël serait un refuge pour les Juifs du monde entier. Ce serait gênant pour les sionistes juifs, si ce « refuge » n’accueillait qu’une petite partie des juifs du monde entier.

En outre, Israël serait poussé vers l'expansion démographique par deux autres objectifs : l'objectif sioniste de l'expansionnisme territorial et le besoin de maintenir un avantage militaire écrasant sur ses voisins.


Avec seulement 700.000 Juifs, insistait Ben-Gourion, Israël "ne peut pas être le point culminant d'une veille maintenue intacte à travers les générations et les siècles." Même si Israël n’avait pas fait face à de menaces extérieures pour sa sécurité, un Etat aussi vide pourrait être un peu justifié, mais cela ne changerait pas le destin des Juifs, ou l’accomplissement de notre engagement historique".

En conséquence, peu après 1948 - en fait, même avant 1948 - les sionistes ont travaillé pour faire venir des millions de Juifs en Israël. Dans le calcul des sionistes, une expansion démographique de cette ampleur n'est pas seulement souhaitable: elle est aussi nécessaire et réalisable.

Les ambitions sionistes allaient bien au-delà des territoires qu'Israël avait conquis en 1948. "Le principal courant de pensée sioniste", écrit Benny Morris, "a toujours considéré un Etat juif allant de la Méditerranée au Jourdain, comme son objectif ultime."

À divers moments, les sionistes ont fait des revendications territoriales plus larges parmi lesquelles - outre la Palestine - la Jordanie, la Syrie, le Liban et le Sinaï.

En Octobre 1936, tout en acceptant les recommandations de partage de la Palestine de la Commission Peel, Ben Gurion a expliqué : "Nous ne suggérons pas que nous annonçons maintenant notre objectif final qui est loin d'être atteint - et est même bien plus important que celui des révisionnistes qui s'opposent au Plan de Partage."

Dans un autre discours en 1938, Ben Gourion, a révélé que sa vision d'un État juif incluait la Cisjordanie [la terre entre le Jourdain et la Méditerranée], le sud du Liban, le sud de la Syrie, la Jordanie d'aujourd'hui, et le Sinaï. Dix ans plus tard, il parlait, pompeusement, de régler "le compte de l'Égypte, de l'Assyrie et de la Chaldée, au nom de nos ancêtres."

Encore une fois, en Octobre 1956, lors d’une réunion secrète à Sèvres (France), à laquelle assistaient Israël, la France et la Grande-Bretagne, Ben Gourion a proposé un plan 'fantastique' – ce sont ses propres mots - pour changer une fois de plus la carte du Moyen-Orient. Dans le cadre de ce plan, Israël occuperait la bande de Gaza et le Sinaï, la Cisjordanie (alors que l'Irak annexerait la rive orientale du Jourdain), et le sud du Liban jusqu'au fleuve Litani (afin que le Liban puisse devenir un Etat chrétien plus compact). Les ambitions d'Israël ne connaissent pas de limites.

Les Israéliens ne pouvaient pas être généreux – même s’ils l’auraient voulu - car ils savaient que les Palestiniens et les voisins arabes chercheraient à inverser leurs gains.

En 1948, d'un seul coup, les sionistes semblaient avoir effacé la société palestinienne, mais cela n’était qu’en partie illusoire. À la différence des colons blancs aux Etats-Unis, les Israéliens ont déplacé la population autochtone, et ne l’ont pas exterminée.

Concentrés dans les territoires ayant des frontières avec Israël - en Égypte, en Jordanie et au Liban - les Palestiniens qui vivaient dans des camps de réfugiés n’étaient pas prêts à oublier leur dépossession.

Au fil du temps, alors qu’ils souffraient au plus profond d’eux-mêmes de leurs pertes, qu’ils obtenaient le soutien de leurs frères Arabes et Musulmans, qu’ils s’organisaient et que leur nombre augmentait, ils ont repris leur lutte contre les colons juifs.

En effet, Israël allait faire ressurgir leur résistance en Juin 1967, par la conquête du reste des territoires palestiniens.

En outre, sur le long terme, même avec un regain d'immigration juive en Israël, les Palestiniens qui étaient encore à l'intérieur d'Israël poseraient un défi démographique au caractère exclusivement juif de l'État israélien.

Israël aurait aussi à faire face à la résistance des États arabes voisins.

Les Arabes ne pourraient pas reconnaître l'existence d'un état colonial en Palestine, non pas parce que les colons étaient juifs, mais parce qu'ils étaient des envahisseurs venus avec le soutien des puissances impérialistes et qu’ils leur avaient pris leur pays.

Si les proto-Etats arabes capitulaient - comme ils l'ont fait trop rapidement après la défaite de Juin 1967 - les peuples de la région continueraient de s'opposer à Israël. Les sionistes l’avaient bien compris, ils étaient très bien conscients des blessures traumatiques qu'ils ont infligées au psychisme arabe et islamique.

Si Israël devait survivre, les sionistes ne pourraient pas permettre à ce traumatisme collectif de trouver une expression politique. Les Israéliens ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour détruire le mouvement nationaliste arabe avant qu’il prenne de la force et ils n’avaient pas de temps à perdre.

Rapidement, ils devront acquérir une supériorité militaire massive sur les Etats arabes, et le démontrer de façon décisive - comme ils l'ont fait, en 1956 et en 1967 – pour forcer les classes politiques dominantes dans le monde arabe à accepter Israël, selon les conditions israéliennes.

Afin d'acquérir cette puissance militaire, et aussi la capacité de le démontrer à maintes reprises - en violation des lois internationales - Israël aurait à établir une « relation spéciale » avec les États-Unis.

Le conflit d’Israël avec les Arabes n'est pas une dispute au sujet des frontières

En dehors de la dispute juridique soutenant sa création, le projet sioniste est une déclaration de guerre d’un groupe puissant de Juifs occidentaux, avec le soutien des puissances occidentales, contre les Arabes. Ce n'est pas une guerre ordinaire non plus. En tant que purs colonialistes, les sionistes ont brisé la société palestinienne et considérablement modifié le caractère démographique d'une partie importante des fiefs islamiques.

L'impact d'Israël ne serait pas local parce qu'il est un affront et un défi au monde Islamique plus large.

En conséquence, alors que les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans - dans des cercles qui se développaient – se mobiliseraient lentement pour résister à cette insertion coloniale, les sionistes galvaniseraient aussi les juifs et les chrétiens sionistes dans le monde occidental, mais surtout aux États-Unis.

Les sionistes allaient travailler sans relâche pour convertir un projet colonial en un conflit de civilisation entre les États-Unis – en tant que chef de file de l’Occident judéo-chrétien - et le monde islamique. En effet, c’était leur stratégie pour maintenir leur hégémonie sur le Moyen-Orient.

Source : http://www.palestinechronicle.com/

Traduction : MG pour ISM

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