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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Prochainement: une Intifada Al-Qaida

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Le chef du Fatah, Hussam Khader, faisait partie des prisonniers libérés par Israël la semaine dernière dans le cadre d'un geste de bonne volonté envers l'Autorité Palestinienne. Il ne cache pas son aversion pour l'occupation israélienne, et le fait que les Forces d’Occupation Israélienne et le Shin Bet, les services de sécurité, soient venus la nuit précédant notre entretien photographier sa maison n’aide pas.

Prochainement: une Intifada Al-Qaida


Photo : Hussam Khader à sa sortie de prison avec les enfants du camp de réfugiés de Balata à Naplouse

Khader, 47 ans, est généralement considéré comme "le Marwan Barghouti (le chef et militant du Fatah emprisonné) du nord de la Cisjordanie ."

L’ancien membre du parlement palestinien, Khader est devenu un dirigeant politique de premier plan aux yeux de nombreux membres de la branche armée du Fatah, les Brigades des Martyrs Al-Aqsa. Une affiche des chefs de l'Intifada orne le mur de sa maison : A gauche, Barghouti, à droite, Khader, et, entre eux se trouvent trois dirigeants des Brigades. L'un d'entre eux, Nasser Awis, un parent de Khader, est considéré comme le fondateur de l'organisation.

Après six ans de prison, Khader a conservé la forme. «Je faisais un peu d’exercices presque tous les jours", dit-il. "Ce n'est pas comme Marwan [Barghouti], qui a beaucoup couru et est devenu mince. Mais je faisais beaucoup de pompes."

La semaine dernière, il a assisté à une réception en son honneur à Naplouse. «Des milliers de personnes étaient venues, et j’ai serré tellement de mains qu’à la fin, j’avais vraiment mal à la main. Après le rassemblement, j’ai dit que je voulais manger un knafeh [un dessert traditionnel]. En prison, il y avait du knafeh mais il était exclusivement fait de restes de pain et de fromage. Alors que nous nous dirigions vers la boutique, les jeeps de l’armée sont arrivées et la fête a été gâchée. Vous devez comprendre que l'occupation va exagérer et que l'Autorité Palestinienne est en danger à cause de cela.

Selon Khader, «la situation est pire que jamais. Il est vrai qu’Abu Mazen [le président palestinien Mahmoud Abbas] contrôle la situation en matière de sécurité à Ramallah, Naplouse et Jénine, mais en quelques minutes une nouvelle révolution pourrait éclater ici contre l'Autorité Palestinienne. Abu Mazen mène des négociations depuis maintenant deux ans, sans obtenir quoi que ce soit. Les appareils de sécurité travaillent à fond pour rétablir l'ordre dans les rues palestiniennes, mais aussi pour préserver la sécurité des citoyens israéliens – pourtant, Israël n’a rien donné en retour.

«Quand Abu Mazen partira, il n'y aura pas d’autres hommes politiques comme lui. Il croit dans le processus de paix et les négociations plus que n’importe qui dans l'Autorité Palestinienne. N’importe quel président qui lui succèdera n’aura que deux options : démissionner ou se lancer dans une Intifada militaire. Mais la prochaine Intifada ne sera pas une Intifada de pierres, ou même de kamikazes, ce sera une Intifada de missiles et peut-être même d’armes chimiques."


Lien avec l’Iran?

En décembre 2002, Haaretz avait parlé des relations de plus en plus étroites entre l'Iran et la branche armée du Fatah en Cisjordanie , et le nom de Khader avait été mentionné par des sources de la sécurité comme étant apparemment en cause. Il n'a pas oublié et dit que même l’homme du Shin Bet, "Abu Sharif", qui l’a interrogé lui a dit qu’il n'y avait aucune preuve contre lui sur ce sujet.

Néanmoins, Khader a été accusé d'entretenir des contacts avec des membres des Brigades des Martyrs Al-Aqsa et d’avoir verser de l'argent à Amir Sawalamah, un membre de l'organisation, pour acheter des armes et des munitions.

C'était sa 24e arrestation. Il a d'abord été incarcéré en 1975, alors qu'il n’avait que 14 ans parce qu’il avait jeté des pierres sur des Israéliens. "En prison, j'ai entendu parler pour la première fois du Fatah et de l'OLP [Organisation de Libération de la Palestine]. Nous cachions dans nos manches de chemises des petits bouts de papier où étaient écrits beaucoup d’idéologie et nous les sortions de prison lorsque nous étions remis en liberté».

Plus de 10 ans plus tard, Khader est devenu l’un des chefs de file de la première Intifada. "Yuval Diskin, le chef du Shin Bet, était venu ici dans ma maison alors qu’il était un jeune homme Shin Bet. Je me souviens qu’il m’a dit à l’époque qu’à chaque fois que je réussirais à recruter un nouveau combattant, il mettrait un autre espion. Mais en fin de compte, j’ai gagné. A ce jour, il y a des jeunes dans chaque foyer qui sont prêts à prendre les armes."

Khader a été expulsé des territoires en 1988, et à son retour, en 1994 - après la signature des Accords d'Oslo -, il est devenu un haut dirigeant des camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie .

En 1995, il a été élu au Conseil Législatif Palestinien (le Parlement). Au fil des ans, il a adopté une approche critique agressive envers les hauts dirigeants de l’Autorité Palestinienne, y compris Yasser Arafat, ce que personne au Fatah n’avait osé faire. La situation de la base n'a fait qu'empirer depuis son arrestation, dit-il.

"Les checkpoints transforment Naplouse en enfer", dit Khader. "J'ai été libéré de la prison de Hadarim, et je vous dis qu'il n'y a pas de différence aujourd'hui entre la prison et Naplouse, qui est entourée de checkpoints. L'expropriation des terres se poursuit, de même que la construction dans les colonies. La situation économique est mauvaise : la pauvreté, le chômage, la peur frappent la population.
La semaine dernière, vous avez libéré deux anciens prisonniers et toute la Palestine est devenue folle. Imaginez ce qui se passera si vous démanteler les colonies - comment cela aidera-t’il le statut d’Abu Mazen. Et, d'autre part, imaginez ce que les gens penseront si vous construisez plus de 1000 maisons dans les colonies."

Khader dirigeait la commission de l'OLP qui est chargée de protéger les droits des réfugiés palestiniens, mais il dit que maintenant il ne veut plus Jaffa dans le cadre d'un futur pays. "Je dis aux Israéliens: Je ne veux que la sécurité et la stabilité. Mais ils doivent comprendre que les "révolutionnaires" palestiniens qui ont renoncé à la guerre contre Israël sont susceptibles de revenir en tant que terroristes du type Al-Qaida. Parce que nous ne pourrons jamais renoncer à nos droits."

Les trois enfants de Khader - Amana, 17 ans, Amira, 14 ans, et Ahmed, 11 ans - s'accrochent à lui. "J'ai promis que je compenserais chaque minute où j’ai été éloigné d'eux», dit-il.

En prison, il a suivi de près les médias israéliens et a pris des notes presque chaque jour qu’il a passé en prison en les inscrivant sur 125 cahiers.
Malgré son amertume au sujet d'Israël, il n'hésite pas à critiquer la seconde Intifada, dont il était un dirigeant: «L'Intifada était une expression populaire de la volonté d'éradiquer l'occupation. C’était une expression de ne pas transiger sur nos exigences. Nous pensions que cela conduirait à la démocratie en Palestine et mettrait fin à l'occupation et à la corruption. En réalité, c’est devenu le cimetière du rêve national palestinien. L'Intifada a expulsé l'occupation de Gaza, mais elle a également provoqué une scission dans le camp palestinien.

"La scission et les meurtres réciproques ont mené à une rupture dans la famille palestinienne. Même la plus petite unité de notre culture - la famille – risque de s’effondrer. Un frère affronte son frère. La situation sociale est terrible. Les vols augmentent de plus en plus, les enfants fument et boivent. Mais ni le Hamas ni le Fatah ne sont problème. C’est seulement l'occupation. Comment cela? Parce qu'elle crée une pression psychologique, économique et sécuritaire."

Est-ce que la longue période en prison de Khader, dans la même aile que de nombreux hauts responsables du Hamas, ont influencé son point de vue sur les actions de cette organisation contre le Fatah depuis la prise de pouvoir à Gaza?

"Depuis 10 ans, le Hamas était directement attaqué par l'Autorité Palestinienne et le Fatah. Leurs journaux ont été fermés, leurs membres ont été agressés physiquement. Je sais qu'il existe un courant radical dans le Hamas, mais il y a aussi un courant entier à l’intérieur du Fatah qui ne s’intéresse qu’à ses propres intérêts économiques. Beaucoup de gens se trouvent au milieu. Lorsque le Hamas est entré au Parlement, des gens ont pensé que c'était une menace pour leurs revenus et donc ils ont placé des obstacles sur la route du Hamas ". En fait, le problème a été leur façon de réagir et en effet, ils ont créé une peur de l'organisation.

"Le Hamas a fait la même chose que l'Autorité Palestinienne leur avait fait, mais d’une façon beaucoup plus extrême et cruelle. Sa légitimité en a souffert, et toutes ses tentatives d'explications n’ont pas réussi à convaincre même un enfant palestinien. Moi, à titre personnel, qui ai soutenu la participation du Hamas à la vie politique, j’ai eu peur. J'ai développé une phobie à l’égard de l'Islam politique. "

Dans les circonstances actuelles, Khader dit : "Le peuple palestinien ne peut pas choisir entre le Fatah et le Hamas. Mais un jour, un Al-Qaida palestinien pourrait voir le jour. C'est pourquoi les Israéliens ont besoin de faire pression sur leur gouvernement pour qu’il agisse vers la paix.
Je dis que si Israël s'engage sur la voie de la paix, nous irons aussi. Mais s’il nous ferme la route, alors nous prendrons des routes de contournement, et là, nous pouvons nous attendre à bien des surprises."

Source : http://www.haaretz.com/

Traduction : MG pour ISM

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