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Palestine - 18 novembre 2007
Par Khaled Amayreh
Cherchant à perpétuer le racisme institutionnalisé et la discrimination systématique contre ses citoyens non juifs, l'Etat israélien d'apartheid n'a cessé d'essayer de soumettre l'Autorité Palestinienne faible et vulnérable au chantage pour lui faire reconnaître l'Etat sioniste comme "Etat exclusivement juif".
Certains responsables israéliens ont utilisé des expressions comme "un Etat des Juifs, pour les Juifs et par les Juifs". On a cité le Premier Ministre israélien Ehud Olmert disant qu'Israël ne reconnaîtrait pas un futur Etat palestinien en Cisjordanie tant que l'Autorité Palestinienne reconnaîtrait pas Israël comme "un Etat des Juifs".
Les dirigeants israéliens rechignent à expliquer au monde ce qu'ils veulent dire exactement par "un Etat des Juifs", visiblement pour s'éviter l'embarras du racisme implicite inhérent au concept.
Cependant, les implications d'une telle reconnaissance sont extrêmement claires pour ceux qui connaissent, même de façon rudimentaire, la mentalité israélienne.
Pour le dire en quelques mots, "Etat juif" veut dire qu'Israël a un droit inhérent de discriminer ses citoyens non juifs, en particulier la minorité palestinienne assez importante et, si besoin, de les expulser du pays pour préserver le caractère juif d'Israël.
En d'autres termes, Israël veut simplement obtenir de la direction palestinienne une reconnaissance qu'il a le droit légal et moral de procéder au nettoyage ethnique de ses citoyens chrétiens et musulmans sur la base qu'Israël est et doit toujours rester un Etat juif.
Israël reste bien sûr délibérément évasif et vague sur ces desseins manifestement fascistes concernant ses citoyens non juifs. Les dirigeants israéliens et les apologues clament jusqu'à l'écoeurement qu'Israël est un Etat juif et démocratique. Mais c'est au mieux un réflexe de défense et c'est aussi mensonger que de dire que l'apartheid est compatible avec la démocratie.
La vérité, c'est qu'Israël ne peut pas être talmudique et démocratique en même temps. C'est pourquoi "juif" et "démocratique" sont un oxymore éternel qui ne devrait jamais être employé devant un auditoire honnête.
La raison de ceci est limpide. Demandez à n'importe quel Juif en Israël ou à l'étranger lequel vient en premier, de "juif" ou de "démocratique", et il ou elle vous répondra que "juif" prévaut toujours sur "démocratique".
Ce qui montre que "démocratique" n'est rien de plus qu'un maquillage destiné à brouiller ou à cacher la laideur brutale de la nature fasciste de "l'Etat juif".
Un autre aspect important, et même primordial, de cette question est l'insistance israélienne à obtenir sa reconnaissance comme Etat juif de manière à empêcher de façon permanente le rapatriement des millions de réfugiés palestiniens déportés de leur patrie depuis des temps immémoriaux.
En d'autres termes, Israël veut légaliser et légitimer un nettoyage ethnique en obtenant de ses victimes, ou au moins de leurs représentants supposés, qu'elles bénissent le plus grand de vol de l'histoire de l'humanité.
Ainsi, la reconnaissance d'Israël comme Etat juif serait l'équivalent d'un double suicide national de proportions catastrophiques et immenses pour le peuple palestinien.
D'abord, cela implique qu'Israël a le droit d'expulser tous ou la plupart de ses citoyens arabes, ou au moins de contrôler leur croissance démographique par tous les moyens nécessaires au maintien d'Israël comme Etat juif.
Et ensuite, cela implique qu'Israël a le droit d'empêcher les réfugiés palestiniens déracinés de leur patrie ancestrale de revenir dans leurs maisons et villages dans ce qui est maintenant Israël. En d'autres termes, Israël veut s'assurer que le nettoyage ethnique finira par gagner.
On est poussé à demander : "Peut-il y avoir un suicide national plus grand pour le peuple palestinien ?"
De plus, il y a de nombreuses autres implications pratiques qu'une reconnaissance d'Israël comme Etat juif entraîneraient.
Cela inclut :
1. que seuls les "Juifs" peuvent être considérés comme pleins citoyens d'Israël, et que si un citoyen "partiel", par exemple un non Juif, voulait avoir la "pleine" citoyenneté, il ou elle devrait se convertir au judaïsme. C'est très similaire à la situation rencontrée par de nombreux Juifs dans l'Europe médiévale, quand ils étaient forcés de se convertir au christianisme pour jouir de l'égalité et être acceptés dans leurs sociétés contemporaines.
2. que la citoyenneté israélienne en soi est finalement sans importance et ne garantit pas à ses détenteurs tous les droits et privilèges, puisque Israël est défini comme "Etat des Juifs". En conséquence, pour jouir d'une citoyenneté pleine, entière et permanente, on doit être juif.
3. que si jamais il y a le plus léger désaccord entre les aspects juifs et démocratiques d'Israël, l'aspect juif prévaudra et prendra la priorité sur l'aspect démocratique.
4. que les Juifs du monde entier, y compris les éventuels convertis au judaïsme, sont citoyens d'Israël et peuvent bien obtenir le droit de vote dans des élections nationales, en particulier si les citoyens non juifs gagnaient de l'influence politique dans les politiques israéliennes.
Encore plus, reconnaître Israël comme Etat juif implique également une reconnaissance de la légitimité morale de l'histoire criminelle d'Israël, en particulier le nettoyage ethnique génocidaire d'une grande partie de la population palestinienne indigène de sa patrie ancestrale.
En d'autres termes, une reconnaissance pareille par l'Autorité Palestinienne impliquerait aussi que les Palestiniens devraient, de fait, embrasser et accepter de force le récit sioniste dans sa totalité.
Ceci signifierait que les victimes de la suprématie et du racisme sionistes devraient se transformer en une sorte de sionistes arabes, comme les sionistes chrétiens.
Ce sont les raisons pour lesquelles aucun Palestinien digne de ce nom sous le soleil ne peut reconnaître Israël comme Etat juif, puisqu'une telle reconnaissance est incompatible avec la morale la plus basique et la décence humaine fondamentale.
Bien sûr, même si une telle reconnaissance devait être obtenue par chantage et coercition, elle serait absolument rejetée par la grande masse des Palestiniens, et traitée comme un mariage sous la contrainte, qui n'est rien moins qu'un viol.
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