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ISM France - Archives 2001-2021

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Europe -

Quand l’Europe a été occupée, elle a résisté

Par

Cherrie Heywood interviewe Chris Davies du Parlement Européen

L'agression contre Chris Davies, le porte-parole sur l’environnement du parti démocrate-libéral anglais et membre de la délégation parlementaire de l'Union Européenne (UE) au Conseil Législatif Palestinien (CLP), a envoyé un message politique très fort au Parlement Européen.
Davies a été agressé alors qu'il prenait part, avec plusieurs Israéliens, Palestiniens et étrangers à une manifestation de protestation contre le Mur de séparation qui sépare les agriculteurs palestiniens de leurs terres dans le village cisjordanien de Bi'ilin.

Quand l’Europe a été occupée, elle a résisté

Davies critique la partialité des États-Unis envers Israël et remet en question la politique de l'Union Européenne concernant le Hamas.


IPS: Pourquoi avez-vous assisté à la manifestation et qu’est-ce qui a provoqué l’agression ?

Chris Davies: C’était une initiative personnelle. J'avais lu que des Israéliens et des Palestiniens travaillaient ensemble pour contrecarrer la séparation en prenant part à ces manifestations hebdomadaires pour la suppression de la barrière et je voulais voir la situation par moi-même.

Notre groupe marchait pacifiquement en direction du mur, en levant les mains pour montrer que nous étions désarmés et non violents. Ils ont tout de suite tiré sur nous environ 30 grenades lacrymogènes. Vingt soldats israéliens nous ont alors repoussés vers l'arrière, ce qui a fait tomber certains d'entre nous. J'ai aussi été maltraité. Nous nous sommes ensuite retirés.


IPS: Comment avez-vous réagi face à la situation, et quelles ont été vos impressions?

Chris Davies: J'ai continué à répéter aux soldats qu'ils étaient là illégalement, que nous étions là à l'invitation des propriétaires palestiniens. La situation semble très claire. Israël se sert de ces terres palestiniennes au profit des colonies en violation des résolutions de l'ONU et du droit international.

C'est aussi en contradiction aux déclarations faites par les politiciens israéliens qui visitent régulièrement le siège de l'Union Européenne à Bruxelles. Le tracé actuel du mur viole également une décision de la Cour suprême israélienne.

En outre, d'après ce que j'ai entendu, nous avons été traités assez doucement parce que les soldats étaient au courant de la présence de parlementaires de l'Union Européenne puisque nous portions le drapeau de l'UE et que nous les avions informés verbalement.


IPS: Quel était l’objectif de votre visite sur place et qu’espériez vous accomplir ?

Chris Davies: La délégation parlementaire de l'UE au CLP (Conseil Législatif Palestinien), composée de huit membres effectuait sa visite semestrielle de quatre jours pour évaluer les événements sur le terrain et parler avec les partis politiques, les familles de jeunes Palestiniens emprisonnés par les Israéliens, et diverses organisations de la société civile et du monde des affaires. Nous nous efforcions également de faire progresser le processus de paix.

Ce voyage avait, en particulier, pour but de rencontrer les 38 députés du Hamas emprisonnés par Israël après que le Hamas ait remporté les élections législatives de 2006. Nous voulions également à nouveau rencontrer le Dr Aziz Dweik, le porte-parole du CLP.


IPS: Vous avez décidé de vous rendre dans la prison d’Hédarim, au nord d'Israël, où Dweik est détenu malgré le refus d’Israël de vous autoriser à le voir. Quel était votre objectif?

Chris Davies: Le bureau de la Ministre israélienne des Affaires Etrangères, Tzipi Livni, a rejeté notre demande écrite en nous mettant en garde au sujet du message que nous enverrions en rencontrant "des terroristes."

C’était un geste symbolique. Nous voulions faire remarquer que nous avions officiellement le droit, en tant que membres élus d’un Parlement, à rencontrer nos homologues palestiniens, également des membres officiellement élus d’un Parlement.

En outre, nous sommes extrêmement troublés par le fait que le Dr. Aziz Dweik soit qualifié de terroriste. Une résolution a été adoptée il y a 10 mois par l'Union Interparlementaire, l'institution qui représente les parlements du monde entier. Son estimation est que le Dweik n'a aucun lien avec le terrorisme et n’est seulement coupable que d’avoir été élu démocratiquement pour un parti avec qui Israël et l'Occident ne souhaitent pas traiter.


IPS: Pourquoi Israël devrait traiter avec une organisation qui dit se consacrer à la destruction de l’Etat Juif ?

Chris Davies: La position de l'Union Européenne est très simple. Comment pouvez-vous faire la paix si vous ne parlez pas à vos ennemis et à qui mieux pouvez-vous parler qu’aux députés élus démocratiquement de votre ennemi? Que vous soyez d'accord ou non avec leur point de vue, ils ont un mandat et doivent être libres de l'exercer. Isoler le Hamas ne fera que favoriser encore plus les éléments extrémistes.

L'UE a de sérieuses différences avec l'idéologie du Hamas et ses bombardements de villes israéliennes, et nous l’avons souligné continuellement à leurs dirigeants.

Mais nous devons aussi garder à l'esprit qu’il y a des factions plus pragmatiques au sein du Hamas qui seraient prêtes à parvenir à une sorte de compromis avec Israël. J'ai parlé moi-même au dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, et il a mentionné la possibilité d’une coexistence dans les frontières de 1967. Toutefois, nous ne sommes pas sûrs que les factions plus militantes soient d’accord là-dessus à l'heure actuelle.

Nous devons également garder à l'esprit que le Hamas réagit aussi au statu quo, ce qui comprend le contrôle illégal et continu par Israël des frontières terrestres, maritimes et aériennes du territoire, du registre de population, de l'eau et de l'électricité ainsi qu’à ses incursions militaires régulières dans la Bande de Gaza assiégée. Les actions du Hamas n’arrivent pas sans raisons.


IPS: Désapprouvez-vous le refus de l'UE à traiter avec le Hamas?

Chris Davies: Nous, l’Union Européenne, avons payé pour les élections palestiniennes il y a trois ans, qui étaient à la fois libres et équitables selon des observateurs internationaux de renom, dont l’ex-président américain, Jimmy Carter. Les États-Unis ont, aussi, poussé pour avoir des élections démocratiques tout en connaissant la plate-forme politique de l'organisation.

Nous pensons que cela crée un très mauvais précédent pour le monde arabe : en encourageant des élections libres et équitables et puis en refusant de reconnaître les résultats démocratiques.

En outre, de nombreux pays de l'Union Européenne ont eux-mêmes été occupés au cours de la Seconde Guerre Mondiale et ils ont soutenu les mouvements de résistance contre les occupants. Le Hamas lutte aussi contre une occupation. Il semble que l’on n’arrive pas à se rendre compte de la signification du terme.


IPS: Avez-vous essayé de trouver un équilibre dans votre visite en rencontrant des hommes politiques israéliens ou la famille du soldat israélien, Gilad Shalit, capturé par le Hamas il y a deux ans et emprisonné dans la bande de Gaza?

Chris Davies: Nous avons rencontré le père de Gilad Shalit samedi et nous avons promis de poser la question de sa libération avec le Hamas quand nous nous rendrons dans la bande de Gaza. L'UE a envoyé une délégation parlementaire complémentaire en Israël qui rencontre exclusivement des membres de la Knesset (Parlement israélien). Ce que nous devons faire, c’est échanger nos notes et trouver des moyens d'aller de l'avant ensemble.


IPS: Qu'avez-vous fait pour tenter de mettre fin aux luttes acharnées entre les factions palestiniennes rivales du Hamas et du Fatah?

Chris Davies: Nous avons informé les deux partis que celui qui était au pouvoir n’était pas important, mais qu'ils devaient travailler ensemble à la réalisation de l'objectif commun d'un État palestinien et de comprendre que l'ennemi commun, c'est l'occupation. Nous sommes ici pour soutenir les élections sans favoriser un côté ou l'autre. Il est grand temps que nous commencions à respecter les résultats des élections, quelle que soit notre opinion personnelle.

À cette fin, nous avons rencontré dimanche des membres du CPL et nous les avons exhortés à travailler en vue de surmonter leurs divergences avec le Hamas et nous ferons de même lorsque nous rencontrerons les représentants du Hamas dans la Bande de Gaza.



IPS: Israël a une forte relation avec l'UE et fait actuellement pression pour une réactualisation de son statut. Est-ce que cela va aller plus loin et soutenez-vous cela?

Chris Davies: Très franchement, je trouve qu'il est très difficile de justifier une amélioration du statut d'Israël avec l'UE alors que le pays ne tient pas compte régulièrement des initiatives de l'UE sur la mise en œuvre du droit international, continue son occupation, construit des colonies et porte des atteintes aux droits de l’homme. Mais de nombreux membres de l'UE soutiennent une réactualisation du statut.


IPS: Vous avez dit que un nouveau boycott contre Israël est la voie à suivre pour faire pression afin de mettre fin à l'occupation et respecter le droit international.

Chris Davies: Oui, un Boycott de l’Occupation (le nom de l'initiative) est quelque chose que je vais étudier à mon retour au Royaume-Uni. Cela doit ressembler au boycott de l'apartheid en Afrique du Sud. J'ai l'intention d’attirer le plus de publicité possible sur ce sujet.


IPS: Quelle est la voie à suivre vers une politique israélo-palestinienne plus équitable pour l'Occident?

Chris Davies: Beaucoup plus de gens doivent tenir tête à l'orthodoxie américaine de parti pris en faveur d'Israël. L'UE doit cesser de faire des courbettes devant la politique étrangère américaine et montrer une plus forte indépendance. Et les membres de l'UE doivent faire plus que faire semblant de s’intéresser à la souffrance des Palestiniens en respectant vraiment ses principes.

S’il n'y a pas de résolution du conflit par une solution à deux États, alors nous devons travailler à une solution d’un seul État où les Palestiniens auront une pleine égalité des droits.


IPS: Que voulez-vous dire aux Israéliens?

Chris Davies: Quel est votre objectif? Mettez toutes vos cartes sur la table et dites-nous vraiment ce que vous essayez de faite. Vos actions sur le terrain, qui semblent entraver tous les progrès, ne correspondent pas à vos paroles de paix et de progrès. Cela commence à ressembler à un complot délibéré.

Source : http://www.ipsnews.net/

Traduction : MG pour ISM

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