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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Rebondissements dans le procès AIPAC

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La décision prise par un procureur fédéral américain de porter l’enquête concernant l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) devant un grand jury constitue, à dire le moins, un contretemps importun pour le principal lobby israélien. D’aucuns redoutent que cette anicroche n’écorne quelque peu l’efficacité de l’Organisme.
Des agents du FBI ont perquisitionné le siège de l’AIPAC, ici à Washington, hier, et ont saisi des dossiers liés à deux des principaux responsables, qui avaient déjà été interrogés, en août dernier, dans un contexte d’allégations suivant lesquelles un document "secret défense" du Pentagone avait été exfiltré et transmis à Israël.

Ces agents ont aussi délivré quatre mise en examen concernant quatre autres hauts responsables, lesquels devront comparaître devant un grand jury, fin décembre : Howard Kohr (directeur exécutif) ; Richard Fishman (manager]); Renee Rothstein (communications) et Raphael Danziger (recherche).

Bien que l’AIPAC se soit efforcé, ces derniers mois, de présenter l’enquête comme "en train de se dégonfler", diverses sources ont indiqué à la Jewish Telegraphic Agency que des enquêteurs fédéraux avaient interrogé plusieurs employés de l’Aipac, au cours des semaines précédentes.

Les responsables de l’Aipac démentent que l’un quelconque de ses responsables ait commis une quelconque faute.

"Ni l’AIPAC , ni aucun membre de notre personnel n’a enfreint une quelconque loi", a déclaré l’AIPAC dans un communiqué.
"Nous coopérons totalement avec les autorités gouvernementales. Nous sommes convaincus que tout tribunal ou tout grand jury conclura que les employés de l’Aipac se sont toujours comportés d’une manière respectueuse des lois, de la déontologie et de la bienséance".

Mais les délibérations du grand jury ne manqueront pas de mettre sur le gril les principaux responsables de l’AIPAC , en des temps où le gouvernement israélien est à la recherche de soutiens au sein de l’administration américaine et du Congrès en vue de la reprise de négociations avec les Palestiniens et en préparation d’un retrait (déjà sur les rails, mais controversé) des forces israéliennes de la bande de Gaza.

"Bien évidemment, c’est un problème très sérieux" a estimé Laurie Levenson, professeur(e) de droit à la Loyola Law School de Los Angeles, et ancienne procureur(e).
"Cela ne veut pas dire nécessairement qu’il y aura des mises en examen, ou que nous sachions quelles sont les cibles visées par l’enquête… Mais un grand jury détient un pouvoir très étendu : il peut convoquer des témoins, il peut ordonner des enquêtes, faire venir des suspects qui ne peuvent être assistés d’un avocat – tout ceci est, généralement, éreintant."


Des responsables d’autres organisations juives américaines ont continué à se tenir aux côtés de l’AIPAC , et se sont déclarés outrés devant la tournure prise par l’enquête.

"Nous assistons à un comportement très étrange ; dix types font une descente dans une organisation qui a, depuis le début, manifesté sa coopération", a dit Malcolm Hoenlein, vice directeur de la Conférence des Présidents des Plus Grandes Associations Juives Américaines (Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations), dont l’AIPAC fait partie.
"Apparemment, les méthodes, dans le cas qui nous occupe, font problème – et ce genre de comportement dure depuis des mois, sinon des années."

Des partisans du lobby pro-israélien ont suggéré que l’enquête serait une sorte de chasse aux sorcières, menée par un ou deux mauvais garçons du FBI connus pour leur harcèlement des juifs et des associations juives.

Les personnes proches de l’Aipac ont protesté vigoureusement de son intégrité.

"Je n’ai pas souvenance d’un seul moment où les dirigeants, depuis Howard Kohr, et en descendant dans la hiérarchie des responsabilités, n’auraient pas su ce qu’il était approprié et digne de faire", a ainsi déclaré Steve Grossman, président de l’AIPAC entre 1992 et 1997.
"Je ne vois pas ; non – il n’y a pas eu un seul instant où j’aie eu le sentiment qu’une quelconque information, transmise, ou débattue, ait pu être en quoi que ce soit inappropriée. Ils ont toujours eu le plus grand sens de ce qui était convenable."


En raison de la nature confidentielle des enquêtes du FBI et des procédures du grand jury, rares sont ceux qui connaissent l’objet de l’enquête, voire qui savent, même, si l’Aipac ou les deux responsables interrogés en août – Steve Rosen (directeur des questions de politique étrangère) et Keith Weissman (adjoint au directeur de la politique étrangère) - sont bien les cibles qu’elle vise.

Des personnes introduites à l’AIPAC , depuis août dernier, disent que l’affaire semblerait en voie de faire « pshittt ! ». Les mises en examen et les perquisitions de mercredi dernier ont coupé court à cette interprétation, et la question est redevenue centrale, et obsédante, pour l’organisation.

Préoccupés par la tournure prise par les événements, la plupart des dirigeants de l’AIPAC ont laissé de côté leurs activités coutumières, mercredi et jeudi derniers.

D’autres ex-employés ont suggéré l’idée que le groupe pourrait être sous enquête parce qu’il aurait servi les intérêts israéliens illégalement, jouant le rôle d’agent israélien aux Etats-Unis.
Sous l’empire du Foreign Agent Registration Act, est considéré "agent de l’étranger" toute personne ou tout groupe travaillant sous la supervision d’un gouvernement étranger.

Toutefois, l’AIPAC a toujours affirmé qu’il représentait les Américains partisans de l’Etat d’Israël, et non Israël lui-même.

Dans le cas où l’interrogatoire devant le grand jury aboutirait à des mises en examen et à la culpabilité de membres du personnel de l’AIPAC , l’organisation pourrait en pâtir, a déclaré un observateur des lobbies de Washington.

"S’il s’avère que des personnels de l’Aipac ont été impliqués dans des activités illégales, cela portera atteinte à la réputation de l’Aipac sur la Colline (du Capitole, ndt)", a dit Larry Noble, directeur exécutif du Center for Responsive Politics [Centre pour des politiques responsables (devant les citoyens)].
"Cela posera problème, pour les gens qui auront à traiter avec eux."

La suite dépendra de la question de savoir si ceux qui sont au centre d’un scandale en train de faire surface, quelle qu’en soit la nature, sont des indélicats, ou bien s’ils appartiennent carrément à un réseau (d’espionnage), a-t-il poursuivi.

"L’AIPAC est une puissante organisation de lobbying, dont le crédit – indéniable – risque de s’effriter très rapidement, au cas où la situation serait réellement dommageable", a-t-il expliqué.

Un ancien responsable au ministère de la Justice a suggéré que le fait qu’on en soit arrivé au grand jury indiquait que l’enquête était passée à une phase contradictoire.

"On ne peut pas sonner l’alarme à chaque fois, mais le plus souvent, cela signifie qu’ils ne sont pas persuadés" que les personnes faisant l’objet de l’enquête "ont été totalement coopératives", a indiqué Bill Mateja, ex-avocat général fédéral au Texas, qui occupait jusqu’à il y a un mois la fonction de supervision des contraventions commises par les entreprises privées.

"Plus rarement, mais cela arrive parfois", a expliqué M. Mateja, "un avocat général fédéral peut transmettre une affaire à un grand jury, à seule fin de conclure, en mettant les barres sur les «t» et les points sur les «i»".

Il a indiqué qu’il jugeait significatif que ni Weissman ni Rosen ne figurent au nombre des personnes mises en examen.

Mme Levenson a dit, pour sa part, que les personnes visées par une enquête n’étaient jamais convoquées devant un grand jury avant les premières phases de l’enquête.

"Généralement, les gens qui sont amenés devant un jury, durant les premières phases d’une enquête, sont convoqués en qualité de témoins, plus que de personnes visées par l’enquête", a-t-elle expliqué, expliquant : "on travaille dans le sens : de l’extérieur, vers l’intérieur. Les cibles sont les gens qui se retrouvent cernés au milieu."


Après que les enquêteurs eurent perquisitionné les bureaux de l’Aipac pour la première fois, saisissant des fichiers informatiques et interrogeant Rosen et Weissman, beaucoup de commentateurs ont suggéré que l’AIPAC était concerné, marginalement, par une enquête centrée en réalité sur Larry Franklin, un employé du Pentagone suspecté d’avoir transmis des documents secrets défense à l’Iran.

Toutefois, des personnes bien informées disent que l’enquête semble s’éloigner, depuis quelque temps, de Franklin, et se focaliser désormais sur Rosen et l’AIPAC .

Mme Levenson a indiqué que le fait qu’un grand jury avait été réuni devrait servir de coup de semonce.

Des informations publiées par les médias ont indiqué que l’AIPAC fait l’objet d’une enquête gouvernementale depuis plus de deux ans, et que de hauts responsables de l’administration américaine étaient au courant, avant même que le président Bush demande à parler à l’Aipac, en mai dernier.

Des responsables de l’AIPAC confirment que les événements de mercredi dernier concernaient essentiellement Rosen et Weissman. Un porte-parole de l’avocat représentant Rosen et Weissman, qui restent des employés en service actif à l’AIPAC , n’avait aucun commentaire à faire sur l’enquête, et un avocat de l’AIPAC n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.

Un officiel du FBI a confirmé qu’une enquête est effectivement en cours, mais a décliné tout commentaire supplémentaire, et un porte-parole du cabinet du procureur général des Etats-Unis a observé la même attitude.

Plusieurs personnes se sont dites surprises de la mise en examen de Fishman et de Rothstein. Fishman s’occupe principalement de management et de collecte de fonds, et Rothstein est connu essentiellement pour organiser les conférences destinées à déterminer la politique de l’AIPAC .

Steve Pomerantz, un ancien inspecteur (enquêteur) du FBI, et qui est aujourd’hui consultant auprès de diverses associations juives, a dit quant à lui que la nature des mises en examen suggère que les enquêteurs du FBI savent pertinemment ce qu’ils sont en train de chercher.

"Ce n’est pas une partie de pêche", a-t-il dit, ajoutant : "Pour moi, c’est évident : ils ont des informations très précises, qui sont en train de les mettre sur une piste bien définie."

Une enquête devant un grand jury permettrait au cabinet du procureur général des Etats-Unis de contraindre certains témoins à répondre à ses questions, sans l’assistance d’un avocat et à huis clos. Les témoins pourraient se voir offrir une immunité les protégeant contre toute poursuite, au cas où ils penseraient que leurs réponses présenteraient le risque des les incriminer.

L’enquête sur l’AIPAC a semblé dormante, durant quelques mois, d’aucuns spéculant que cette enquête avait été placardisée, à cause des élections présidentielles. Pendant ce temps-là, l’AIPAC a pu acquérir le soutien très puissant de certains législateurs et de dirigeants d’associations juives américaines, et elle a même utilisé l’enquête pour encourager les donateurs à se montrer généreux.

Condoleezza Rice, conseillère ès sûreté nationale du président Bush, et nominée pour le poste de Secrétaire d’Etat, a pris la parole devant le sommet national de l’Aipac, tenu en Floride en octobre dernier.

Certains officiels d’associations juives ont fait état de leurs soupçons, par le passé, au sujet de David Szady, haut responsable du contre-espionnage au FBI, qui supervise le procès, allant jusqu’à faire mine de s’interroger : "S’en prend-il aussi aux juifs qui travaillent au FBI ?".

Pomerantz a dit qu’il n’avait jamais été le témoin de quoi que ce soit qui fût de nature à suggérer que Szady soit antisémite. Il a ajouté que l’idée qu’un simple quidam puisse prendre en otage la première agence exécutive de la nation (américaine) pour régler ses petits comptes personnels était « à tout le moins tirée par les cheveux ».

"Les types du FBI ne sont pas suicidaires", a-t-il ajouté. "Ils ne prennent pas l’Aipac à la légère, et ils ne sont pas sans savoir que c’est là une très puissante organisation, très bien vue par l’administration américaine actuelle."

Source : The Jewish Times

Traduction : Marcel Charbonnier

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