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Palestine - 19 décembre 2006
Par Karma Nabulsi
Les Palestiniens ne veulent pas de nouvelles élections dans les Territoires Occupés, mais une liberté de vote pour une véritable institution nationale au pouvoir.
"Laissons les gens décider eux-mêmes ce qu'ils veulent." a avoué hier le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas.
Mais il y a déjà un consensus national, une unité fondamentale à l'intérieure d'une plateforme commune.
Le Secrétaire d'Etat américain, Condoleeza Rice, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, se serrent la main après une conference de presse à Ramallah, en Cisjordanie Occupée, le 14 novembre 2006. (MAANnews/Charlotte de Bellabre)
Les Palestiniens sont d'accord : en effet, il doit y avoir des élections palestiniennes, mais pas pour de nouvelles élections dans les Territoires Palestiniens Occupés, ni pour un président de l'Autorité Palestinienne ni pour son Conseil Législatif.
Les élections que tous les Palestiniens exigent aujourd'hui (les millions des Palestiniens qui vivent sous occupation et les millions d'autres qui vivent à l'extérieur dans les camps de réfugiés) sont celles du Conseil National de la Palestine, le parlement en exil, qui est l'organisation nationale qui représente tous les Palestiniens.
Le CNP est le corps institutionnel qui forme la base souveraine de l'Organisation de Libération de la Palestine, qui est l'unique représentant légitime des Palestiniens, reconnu en tant que tel par les Nations Unies, la Ligue Arabe, les Etats-Unis, l'Union Européenne et les Palestiniens eux-mêmes.
Les Palestiniens sous occupation ont déjà élu un Conseil Législatif sous occupation qui représente une partie de l'insitution politique. Aujourd'hui, les Palestiniens exigent des élections pour l'ensemble de la population palestinienne.
Le "document d'unité nationale" des prisonniers, accepté cet été, reflète ce que la population demande et fait de lui le principal document de consensus et d'accord entre les parties.
Dès janvier, quand le Fatah a perdu face au Hamas les élections législatives, il aurait du prendre une mesure qui l'aurait rapproché du peuple qu'il cherchait à représenter. Il aurait du s'écarter, accepter les résultats de cette élection, et le fait brutal que son parti avait été battu.
De cette façon, il aurait du se servir des nombreux avantages démocratiques qui grandissent ceux qui perdent le pouvoir lors d'une élection : l'occasion de communiquer vec les électeurs, de comprendre pourquoi ils avaient perdu, de découvrir ce qu'ils devraient faire pour regagner la confiance de la population, de les encourager à cesser d'être des dirigeants qui travaillent pour d'autres, et commencer le processus difficile mais enrichissant de devenir à nouveau des représentants.
Au lieu de cela, "la communauté internationale" leur a dit qu'ils étaient toujours au pouvoir, et qu'ils devaient jouer ce rêle ou prendre la responsabilité d'abandonner leur peuple face à un destin bien plus cruel que ce qu'ils supportaient dans Gaza et en Cisjordanie et à Jérusalem-Occupé.
Et donc, ce dont nous sommes témoins aujourd'hui, c'est le résultat terrifiant et inévitable d'un processus de coercition délibérée, conçue pour forcer un peuple occupé Ã abandonner leurs représentants élus. Cette pression que est effectuée par la poigne de fer de Israël, l'occupant militaire, qui retient les taxes vitales aux Palestiniens, et ses commanditaires neocons, l'administration américaine, était attendue et nous devons y résister.
Ce qui est plus difficile à comprendre c'est seulement comment cette pression peut être de façon aussi scandaleuse soutenue par les Anglais, l'Union Européenne, les acteurs mêmes qui devraient se tenir aux cêtés des Palestiniens – si ce n'est pas pour les valeurs communes de la décence et de la moralité, alors c'est en tant qu'élément de leurs responsabilités contractuelles comme co-signataires de la Quatrième Convention de Genève, qui les obligent à respecter et garantir le respect du traité qui protège une population civile sous occupation militaire.
Les Palestiniens se sont en effet déjà exprimé : pour des élections au Conseil National de la Palestine, pour la levée du boycott économique d'une autorité démocratiquement élue ; pour la liberté et l'indépendance.
Karma Nabulsi enseigne la politique et les relations internationales à l'université d'Oxford. Elle est l'auteur de "Traditions of War: Occupation, Resistance and the Law" (Traditions de la guerre : Occupation, Résistance et la Loi.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MG pour ISM
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