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Cisjordanie occupée - 5 octobre 2015
Par Ali Abunimah
Jeudi, deux colons israéliens ont été tués en Cisjordanie occupée. Eitam et Naama Henkin ont été abattu-e-s dans leur voiture lors de leur trajet entre Itamar et Elon Moreh, deux colonies juives construites sur des terres palestiniennes dont Israël s'est emparé dans la violence, en violation du droit international. Les agresseurs, qui se seraient enfuis dans leur propre véhicule, ont laissé sains et saufs les quatre jeunes enfants.
Les tueurs restent inconnus, néanmoins les forces d'occupation israéliennes effectuent de vastes raids dans la région de Naplouse.
Entretemps, les colons ont eu toute latitude pour semer la terreur et attaquer les Palestinien-ne-s et leurs biens, ce que même le quotidien israélien Ynet appelle « une nuit d'attaques 'coup pour coup' »
Les Palestinien-ne-s ont défendu leurs communautés contre les attaques continues des colons.
Les attaques de l'armée israélienne et des colons contre les Palestinien-ne-s faisant suite aux meurtres d'hier montrent un contraste net, désespérément prévisible, avec la situation d'août, lorsque des colons israéliens ont brûlé vive la famille Dawabsha dans le village de Dura.
Le ministre de la défense israélien Moshe Yaalon a récemment admis que les autorités d'occupation savent qui sont les meurtriers du bébé Ali Dawabsha, de sa mère Riham et de son père Saad, mais qu'elles ont décidé de ne pas les arrêter.
Il est très plausible que le meurtre des Henkin ait été commis à titre de représailles. Leurs enfants sont maintenant orphelins, tout comme Ahmed, ans, le frère grièvement blessé d'Ali.
Israël reste responsable pour toutes ces morts horribles et évitables ; l'occupation constitue une violence continue brutale et systématique contre tous les hommes, femmes et enfants palestiniens.
Quant aux Henkin, eux et d'autres familles de colons, ils sont, pour des officiels israéliens comme le député et vice-premier ministre Silvan Shalom, « les gilets pare-balles de l'Etat d'Israël » – des graines dans les terres saisies.
L'impunité systématique et la protection qu'Israël apporte aux colons qui détruisent et volent la terre des Palestinien-e-s et leurs propriétés et qui les brûlent vifs, envoient l'effrayant message que les Palestinien-ne-s n'ont aucune protection de la part d'un régime d'occupation dont les ministres et religieux incitent à leur génocide.
Les attaques meurtrières contre les colons sont relativement rares en comparaison des meurtres routiniers de Palestinien-ne-s par Israël. Mais dans la réalité brutale de non-droit du colonialisme et de l'occupation, ce genre de violence prend place dans sa propre logique sinistre, tout comme le long et sanglant conflit d'Irlande du Nord l'a aussi montré. Là, seul un règlement politique qui jouit d'une large légitimité peut faire cesser la violence.
Nombreux-ses sont ceux-elles qui ont prévenu de l'escalade graduelle de la violence – spécialement à Jérusalem – provoquée par la colonisation agressive d'Israël et ses tentatives pour prendre le contrôle de la mosquée al-Aqsa, risquant d'exploser en quelque chose d'encore pire que ce que nous avons déjà vu.
Pourtant, au fur et à mesure que le comportement d'Israël devient de plus en plus insolent et déchaîné, le désintérêt international semble seulement s'accroître.
Délirant
Un bon exemple est la déclaration émise par ce que l'on appelle le Quartet, le groupe ad-hoc des représentant des Nations Unies, de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie qui prétend gérer le « processus de paix ».
Ses plus hauts dirigeants se sont rencontrés à New York cette semaine, en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies.
La déclaration issue de cette réunion est tellement pleine de clichés vides de sens qu'elle pourrait avoir été automatiquement générée par une machine.
« Le Quartet réaffirme son engagement ferme à réaliser une solution à deux Etats qui permet la réunion des besoins de sécurité israéliens et les aspirations à un Etat et à la souveraineté des Palestinien-ne-s, la fin de l'occupation qui a commencé en 1967 et la résolution de toutes les problématiques liées au statu-quo dans le but de mettre fin au conflit », affirme la déclaration.
C'est un engagement constant et délirant qui ignore la réalité selon laquelle si une « solution à deux Etats » eut été un jour possible, Israël a tout fait pour que ce soit impossible avec sa colonisation incessante.
De plus, le diplomate israélien, député et ministre des affaires étrangères Tzipi Hotovely, a récemment admis ouvertement ce que tout le monde sait : Israël n'a jamais eu l'intention de se retirer d'un pouce de la Cisjordanie , qu'Israël appelle « la Judée et la Samarie ».
« [La cession] de la Judée et de la Samarie n'est même pas dans la liste des possibilités que nous proposons aux Palestiniens », a dit Hotovely.
Le Quartet a exprimé ses « sérieuses préoccupations à propos des tendances actuelles sur le terrain – incluant les actes de violence continus à l'encontre des Palestinien-ne-s et des Israélien-ne-s, l'activité croissante des colonies, et le taux élevé de démolition des constructions palestiniennes – qui mettent dangereusement en péril la viabilité de la solution à deux Etats ».
Pourtant, rien n'est dit sur le suivi de l'enquête indépendante des Nations Unies qui a appelé à traduire en justice les auteurs de crime de guerre à Gaza.
Mais qu'en est-il d'autres actions ? La déclaration indique clairement dans un langage diplomatique remarquable qu'il n'y en aura absolument aucune :
« Les diplomates du Quartet vont directement se mettre en contact avec les parties afin d'étudier les actions concrètes que chacun des deux camps peut prendre pour démontrer leur véritable engagement à poursuivre une solution à deux-Etats, y compris encourager les efforts pour se mettre en accord sur les étapes importantes en cohérence avec les engagements précédents, qui bénéficient aux israéliens et aux palestiniens »
L’expression « chacun des deux camps » apparaît partout dans la déclaration, perpétuant la fiction selon laquelle Palestinien-ne-s et Israélien-ne-s sont égaux-ales en terme de pouvoir et par conséquent en terme de responsabilité et de capacité d'agir.
Le résultat est d'absoudre Israël, la puissance occupante, et violateur de dizaines de résolutions de l'ONU, de toute responsabilité.
Une fois l'absurdité découverte, la déclaration du Quartet révèle une volonté ferme de regarder depuis la ligne de touche, la Palestine brûler.
C'est remarquablement imprudent car comme l'a fait observé le ministre des Affaires étrangères russe dans une conférence de presse aux Nations Unies, la situation en Palestine reste un des facteurs clé alimentant la violence et l'extrémisme partout dans la région.
Mais, pendant que l'attention est focalisée ailleurs, Israël va continuer à occuper, coloniser et terroriser les Palestiniens, avec le résultat tragiquement certain qu'encore plus de familles – palestiniennes et israéliennes – vont pleurer leurs êtres chers.
Photo : Palestiniens assis devant leur maison après que des colons juifs l'ait recouverte d'un graffiti en hébreu signifiant « vengeance, Henkin » et ait laissé leur voiture en feu dans le village de Beit Ilu, près de Ramallah
Source : Electronic Intifada
Traduction : FS
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