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Palestine - 12 mars 2006
Par Rami G. Khouri
Rami G. Khouri écrit régulièrement des articles dans le DAILY STAR.
L'"Atlas de la Palestine 1948" est un document remarquable qui utilise des cartes détaillées et des tableaux et des graphiques pour fournir l'interprétation la plus précise du récit palestinien de dépossession et de l'exil par les Forces Sionistes en 1947-48. Les Israéliens et quelques autres contestent ce récit.
Les faits montrent, cependant, que la Palestine, pendant les 30 années du Mandant Britannique entre 1918 et 1948, a été transformée d'une société principalement Arabe en un pays à majorité Juive-Sioniste-Israélienne.
Ceux en Israël, aux Etats-Unis et ailleurs qui sont embarassés sur la façon de répondre à la victoire du Hamas aux élections palestiniennes ne devraient s'enliser désespérément dans les tensions et meurtres mutuels de ces dernières années.
Au lieu de cela, ils devraient garder à l'esprit une image plus large de l'identité palestinienne et de leur lutte depuis des décennies pour leurs droits nationaux.
Il y a un excellent nouveau livre qui aide les gens à passer à travers ces dilemmes.
Le livre est le monumental "Atlas de la Palestine de 1948" de Salman H. Abu-Sitta récemment publié par la Palestine Land Society basée à Londres (www.plands.org) et est disponible dans le monde entier dans les bureaux de Saqi Books ou à l'Institut des Etudes de Palestine.
La victoire du Hamas et l'Atlas, bien que ce soient des événements très différents, sont des exemples d'un phénomène bien plus large: Les Palestiniens s'agitent pour leurs droits nationaux selon les standards reconnus de loi internationale et la décence humaine commune.
D'autres dimensions incluent les deux Intifadas palestiniens, les élections démocratiques répétées tenues dans des conditions graves d'occupation, et des nombreuses tentatives de groupes de la société civile afin d'accepter des termes raisonnables pour un accord de paix négocié avec Israël.
L'"Atlas de la Palestine 1948" est un document remarquable qui utilise des cartes détaillées et des tableaux et des graphiques pour fournir l'interprétation la plus précise du récit palestinien de dépossession et de l'exil par les Forces Sionistes en 1947-48.
Les Israéliens et quelques autres contestent ce récit. Les faits montrent, cependant, que la Palestine, pendant les 30 années du Mandant Britannique entre 1918 et 1948, a été transformée d'une société principalement Arabe en un pays à majorité Juive-Sioniste-Israélienne.
Les Palestiniens voient cela comme le résultat d'une stratégie Sioniste délibérée, souvent aidée par la Grande-Bretagne.
Abu-Sitta avait documenté l'histoire moderne palestinienne depuis des décennies, recueillant diligemment chaque source de preuve crédible disponible afin de fournir des réponses à la question simple : Comment la moitié de la population palestinienne en 1947-48, soit plus de 900.000 personnes selon son travail, s'est retrouvé des réfugiés en exil ?
Il montre également avec beaucoup de détails comment et pourquoi 675 centres de population et villages Arabes ont été dépeuplés.
La force de ce riche volume vient de sa globalité et du détail, émanant des sources historiques disponibles Ottomanes, Anglaises, Israéliennes, Arabes et autres.
Documentés en cartes, en photographies aériennes et en d'abondants graphiques, on trouve chaque centre dépeuplé, chaque massacre ou nettoyage ethnique perpétré par les Forces Sionistes, des enregistrements de propriété terrienne, des exemples d'utilisation de la terre, des plans de partition et l'évolution de la guerre et des conditions d'armistice.
Donc, voilà ce à quoi les Israéliens devraient réfléchir : Quand les Palestiniens regardent le livre, ils recherchent instinctivement leur village ou leur ville ancestral, ils vont à la page avec la carte correspondante ou la photographie aérienne, et localisent leur quartier, même leur maison ou leur ferme.
Ce n'est pas un registre de ce que les Palestiniens ont perdu; c'est une affirmation de ce qui les définit toujours et les futures générations.
Le lien collectif à la terre est la source de leur légitimité nationale.
Il est documenté ici avec une force saisissante, et - comme les Juifs revendiquent Eretz Yisrael - il ne pourra jamais leur être pris, en dépit de la mort, du démenti, de la dispersion et de l'occupation.
Quand j'ai suivi Abu-Sitta au Kowéit et que je lui ai demandé ce qu'il avait cherché à réaliser en produisant le travail, il a répondu :
"Mon but est de regarder en arrière et vers l'avant.
Je veux documenter ce qui s'est produit pendant ces 18 mois fatidiques autour de 1948, mais également montrer des faits sur le terrain qui pourraient fournir la base pour de futurs scénarios sur la façon dont les Israéliens et les Palestiniens pourraient vivre ensemble, que ce soit dans un seul Etat, deux Etats ou tout autre arrangement.
Si les Israéliens ou d'autres sont intéressés de savoir pourquoi le conflit persiste aujourd'hui, ils peuvent passer en revue l'information ici, et se réveiller de leur amnésie collective sur ce qui s'est vraiment passé en 1948."
La force motrice commune et incessante des Palestiniens dans le monde entier depuis 1948 demeure la détermination du redresseur des torts de cette période, la revendication de notre droit à une vie normale sur notre propre terre.
Les Palestiniens et tous les autres Arabes ont maintenant accepté qu'un Etat palestinien peut seulement survenir à côté de l'Etat israélien existant dans ses frontières de 1967.
Une paix négociée semble possible, en théorie.
Mais la paix pour les Israéliens et les Palestiniens ne surviendra pas si le point de départ est que les 7 millions de Palestiniens obtiedront une validité seulement s'ils reconnaissent d'abord le droit à Israël d'exister.
L'élément manquant dans le processus a toujours été la capacité de traiter les deux peuples comme ayant les mêmes droits nationaux - une légitimité, un foyer, la sécurité - et d'exercer ces droits simultanément, et non alternativement.
La victoire du Hamas est seulement une autre façon pour les Palestiniens ordinaires d'affirmer leur détermination dans la lutte pour leurs droits, et pour regagner la dignité et l'intégrité de leur communauté nationale, de préférence par une diplomatie pacifique. Cela exigera qu'Israël fasse la même chose en retour et qu'il reconnaisse la revendication des Palestiniens d'une souveraineté nationale.
La validité d'une telle revendication n'est pas ancrée principalement dans la Loi ou dans les finesses diplomatiques. Elle est ancrée dans le coeur humain.
Ce processus tragique et héroïque donne une expression vivante qui définit aussi bien les Israéliens que les Palestiniens : les enfants en bas âge et les grandparents en exil qui feuilletent un livre, ouvrent une carte, pointent leur doigt sur un endroit en disant, "C'est mon village, c'est là d'où je viens, c'est la terre de mes ancêtres."
Les gens qui pensent de cette façon - comme les Sionistes juifs l'ont fait en Europe et Russie il y a un siècle, comme le font aujourd'hui les Palestiniens - ne cesseront pas de lutter jusqu'à ce qu'ils regagnent leur sens de l'humanité, de l'intégrité de leur communauté nationale, et une vie normale pour leurs enfants.
Jusqu'ici, après environ 10.000 années d'histoire de l'humanité, on n'a jamais conçu aucune force qui puisse arrêter une telle détermination humaine de succès.
Pourquoi est-ce si difficile à saisir?
Source : http://www.dailystar.com.lb/
Traduction : MG pour ISM
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