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Palestine - 7 octobre 2007
Par Rami G. Khouri
Rami G. Khouri est publié deux fois par semaine dans le journal à grand tirage basé à Beyrouth, le Daily Star, diffusé dans l'ensemble du Moyen-Orient avec l'International Herald Tribune.
Un nouvel élan semble reprendre pour la réunion de novembre à Annapolis, Maryland, entre les Etats-Unis, Israel et les représentants d'à peine la moitié des Palestiniens, pour arriver à un accord-cadre dans des négociations de paix globales qui mèneront à une paix permanente.
Sur de nombreux points, nous sommes revenus à 2000, quand les Israéliens et les Palestiniens se précipitaient avec les Américains à Camp David pour tenter de résoudre le conflit Palestino-Israélien qui est au coeur des tensions Israelo-Arabes.
La tentative de Camp David n'a pas réussi, en raison des insuffisances de chacun des trois principales parties.
Nous devrions aujourd'hui éviter un travail de première urgence analogue - mené encore une fois par l'urgence légèrement hysterique d'une administration américaine en désordre qui s'approche de la fin de son mandat.
J'ai quelques commentaires pour les Palestiniens qui sont handicapés par trois principales contraintes avant de participer à la réunion :
• Le Président Mahmoud Abbas est dangereusement proche d'être considéré par de nombreuses personnes dans le monde arabe comme une infortunée marionnette Américano-Israélienne ;
• son parti politique, le Fatah, a été largement discrédité comme étant un fardeau corrompu, imbu de lui-même et inefficace pour la société, et il ne représente plus l'opinion de la majorité des Palestiniens ;
• et, l'absence du Hamas lors de la réunion d'Annapolis rendent plutôt minces les références de la délégation palestinienne.
Il n'y a qu'une façon pour Abbas de surmonter ces contraintes, ce qui rappelle la faiblesse majeure qui avait contribué à l'effondrement des discussions de Camp David en 2000 : Il devrait consulter largement, profondément et sincèrement les Palestiniens ordinaires et politiquement actifs du monde entier, afin de pouvoir assister aux discussions d'Annapolis en tant que représentant crédible des Palestiniens.
La question la plus difficile à résoudre, c'est le statut et les droits des réfugiés palestiniens, dont environ 4.5 millions vivent maintenant à l'extérieur de la Palestine (ils étaient 750.000 quand ils sont devenus pour la première fois des réfugiés en 1948).
Tous les autres sujets portant à controverse : la terre, la souveraineté, la reconnaissance, les colonies, l'eau, la sécurité, Jérusalem - semblent maintenant résolus, étant donné les années de négociations qui ont eu lieu entre les parties intéressées.
Cependant, la question des réfugiés demeure insurmontable et existentielle pour les deux camps.
Il n'y a aucune excuse pour qu'Abbas répète l'erreur du défunt Yasser Arafat.
Abbas serait infiniment renforcé, et annulerait son image d'Hamid Karzai palestinien, s'il devait se lancer dans une campagne d'intenses réunions ouvertes avec les communautés de réfugiés palestiniens du monde entier, pour identifier les principaux points qui définissent les positions de réfugiés concernant une paix globale avec Israël : ce que veulent les Palestiniens et ce sur quoi ils seraient disposés à accepter un compromis.
Abbas ne dupe personne en allant à une conférence de paix organisée par les Américains et les Israéliens sans une crédibilité essentielle pour parler au nom de la majorité prouvée des Palestiniens du monde entier.
Heureusement, il peut commencer ce processus en lisant un excellent livre qui est facilement disponible pour lui et tous les dirigeants palestiniens.
En 2005-2006, l'intellectuelle palestinienne de l'Université d'Oxford, Karma Nabulsi a dirigé un remarquable projet participatif qui consultait les Palestiniens du monde entier pour entendre leurs opinions sur les questions qui les concernaient.
Le rapport du projet Civitas, c'est son nom, a été publié l'année dernière par Nuffield College, Oxford.
Il offre un nouveau regard très puissant sur une communauté nationale de Palestiniens dispersés dans le monde entier, mais également unis par de nombreux sentiments et besoins partagés ; et, d'une manière encore plus importante, par des perceptions communes de leurs droits en tant qu'êtres humains.
Nabulsi elle-même précise qu'en dépit des situations très différentes des Palestiniens du monde entier, "on peut immédiatement noter certains des principaux points communs dans notre discours palestinien actuel : le désir d'élections directes au Conseil National de la Palestine, de la réactivation et d'une réforme démocratique des institutions de l'Organisation de Libération de la Palestine, [des établissements d'organisation palestinienne de libération], de l'application du droit au retour."
La façon dont ces désirs et d'autres peuvent être exaucés ne sera connue que si ces positions sont canalisées dans le processus de négociation en enrichissant et en définissant d'abord les négociateurs palestiniens.
Des questions difficiles comme le "droit au retour" et une démocratisation de l'OLP seront négociées et acceptées par un processus consensuel, et non par une équipe imposant les règles américano-israéliennes ou par une équipe qui ignore les sentiments de son propre peuple.
Répondre aux droits légitimes des Israéliens et des Palestiniens est la clef pour arriver à la paix. Les Israéliens et les Américains seront bien représentés et bien préparés à Annapolis ; les Palestiniens beaucoup moins.
Maintenant il est temps de redresser ce déséquilibre périlleux et d'éviter les erreurs qui ont été faites en 2000. La direction palestinienne doit générer la légitimité vitale, la crédibilité, et une position de négociation sensée requises pour réussir à un tel processus. Elle peut obtenir ces avantages essentiels d'une seule source : de son propre peuple.
Le Secrétaire d'Etat américain Condoleezza Rice peut vous inviter à passer de longs week-ends dans le Maryland, mais en représentant de façon crédible votre propre peuple en les consultant sur leur futur, cela vous permettra d'être pris au sérieux en faisant de telles sorties.
Source : http://www.dailystar.com.lb/
Traduction : MG pour ISM
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Rami G. Khouri
7 octobre 2007