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Palestine - 17 septembre 2006
Par Rami G. Khouri
Rami G. Khouri est un commentateur régulier du Daily Star
Parfois le rêve domine le difficile travail rationnel. C'est probablement ce qui se passe avec l'espérance maintenant qu'un gouvernement palestinien d'unité nationale sera formé un jour, incluant le Hamas, le Fatah et quelques technocrates et indépendants respectés.
Cela a déjà généré une spéculation sur la possibilité de briser l'impasse diplomatique avec Israel, et de mettre fin au boycott Américano-Israélo-Européen et aux sanctions économiques contre l'actuel gouvernement dirigé par le Hamas.
Nous devrions être clairs sur l'ensemble de ce processus. Ce n'est pas officiellement une avancée nationale palestinienne vers une politique cohérente et consensuelle de la gouvernance interne ou des relations avec Israël.
C'est malheureux, parce que les Palestiniens ont besoin et sont capables, en définissant leurs priorités nationales, d'accepter une politique afin d'atteindre leurs objectifs et de mobiliser l'opinion publique pour soit négocier avec Israël soit vraiment lui résister. Ce n'est pas ce qui se passe.
Au lieu de cela, le gouvernement d'unité nationale est vu comme un étalage de faiblesse, de vulnérabilité et du flottement des Palestiniens. C'est en grande partie une réponse désespérée à l'embargo financier Israélo-Américano-Européen qui affame lentement les Palestiniens.
Pour éviter la mort par l'étranglement et la malnutrition, les Palestiniens doivent pratiquer une soumission et un asservissement diplomatiques aux positions Israélo-Américaines.
En échange d'une reprise des aides et des contacts diplomatiques normaux, les Palestiniens doivent répondre favorablement aux trois conditions qui ont été fixées après la victoire électorale du Hamas en janvier.
Le "Quartet" pour le Moyen-Orient a établi ces conditions : le reconnaissance du droit à exister d''Israël, le renoncement à la violence, et la reconnaissance des précédents accords de paix avec les Israéliens.
Ce sont des demandes raisonnables et logiques ; mais elles sont rendues déraisonnables et illogiques en étant imposées unilatéralement aux Palestiniens dans un contexte de guerre par le siège et la famine.
Les Palestiniens répondent d'une façon qui ne fonctionnera pas. Ils essayent de répondre aux trois demandes de façon indirecte, implicite et par l'insinuation, tout en n'y répondant pas de façon explicite.
La plateforme politique nationale convenue du gouvernement palestinien affirme le plan de paix du sommet Arabe de 2002. Ce plan offre une reconnaissance et une coexistence avec Israël, si celui-ci rend toutes les terres occupées en 1967 et résout la question des réfugiés palestiniens sur la base des résolutions de l'ONU.
Israël a toujours ignoré et dédaigné l'offre Arabe de 2002, et les Etats-Unis n'ont jamais pris de mesure sérieuse pour la promouvoir, pourtant les Palestiniens s'attendent à ce que soudainement cela ouvre des portes. Le désespoir induit par la famine est une moche vision.
Cette perte de temps et cette déception massive ne trompent personne. Cela ne répond ni aux demandes du Quartet et n'offre aucun espoir de percée diplomatique à une paix négociée. Il n'est pas même certain d'une reprise de l'aide financière aux Palestiniens, comme le révèle le débat constant entre les Etats-Unis, Israël et l'Europe.
En tant que réponse forcée à l'étranglement inhumain des Etats-Unis et d'Israël, le gouvernement palestinien d'unité nationale perpétue seulement une tradition Américano-Israélo-Palestinienne de mauvaise qualité de danser autour des difficiles décisions à prendre, sans les saisir. Cela se transforme toujours en danse de la mort des deux côtés, comme nous le voyons aujourd'hui.
Le problème principal avec ce processus, c'est qu'il reste unilatéral : avec Israël qui impose sa position aux Palestiniens par la force, et les Etats-Unis et l'Europe qui se tiennent derrière Israël. Les trois demandes raisonnables faites aux Palestiniens sont des préceptes à sens unique, qui deviennent séparatistes plutôt que constructifs.
Les Palestiniens ont le droit de savoir ce qu'ils obtiendront en échange d'une réponse satisfaisante à ces trois demandes, telles que, en parallèle, une conformité des Israéliens aux normes internationales de conduite raisonnable.
Cela inclut le déracinement des colonies crapuleuses d'Israël, la fin de l'expansion des communautés coloniales officielles, l'arrêt des expropriations de terre, la libération des responsables emprisonnés et la fin des assassinats de militants et des civils palestiniens.
Maintenant ce serait une affaire intéressante à étudier, si cela était offert un jour.
Au lieu de cela, il est offert aux Palestiniens seulement une reprise possible de l'aide financière, et une réunion entre le Président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Ehud Olmert.
Il est difficile de penser à un processus diplomatique plus dysfonctionnel et aussi peu prometteur que cela. Olmert et Abbas sont parmi les responsables politiques les moins crédibles au monde.
S'il y avait un prix Nobel pour les occasions politiques historiques manquées, ils le partageraient. Eux et tout ce qu'ils représentent ont eu d'innombrables occasions au cours de la dernière décennie pour accomplir des progrès, et ils ont uniformément et spectaculairement échoué à le faire.
En ajoutant la capitulation forcée et des nouveaux niveaux d'ambiguïté au legs déjà faible du comportement de la direction nationale palestinienne, cela ne produira que de nouvelles formes de frustration et de tension politiques ; celles-ci s'exprimeront finalement par des manifestations imprévisibles de contestation, de résistance et peut-être de violence.
Les tentatives Israélo-Américaines pour punir, étrangler, affamer, boycotter, emprisonner, tuer, ruiner et humilier en général les Palestiniens par la soumission et la reddition échoueront, aussi sûrement que le soleil se lèvera à l'est demain.
Amener les représentants élus du Hamas dans ce cycle de faux espoirs et d'espérances légèrement illusoires ne fera qu'ajouter le Hamas à la liste des amateurs en politique discrédités.
Le seul processus diplomatique qui pourrait un jour réussir n'a été sérieusement tenté : exiger des concessions égales et simultanées des Israéliens et des Palestiniens, sur les questions-clés de l'Etat, de la reconnaissance, de la coexistence et de la renonciation de la violence.
Tenter d'éviter cet impératif moral, historique et politique qui est d'aborder de façon égale et simultanée les droits nationaux des Palestiniens et des Israéliens est une perte de temps colossale et pénible à regarder - encore une fois.
Source : http://www.dailystar.com.lb/
Traduction : MG pour ISM
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