Palestine - 1 avril 2006

Une Paix Juste ou Pas de Paix

Par Ismail Haniyeh

Ismail Haniyeh est le nouveau Premier Ministre palestinien et un responsible du Hamas. Cette déclaration est parue pour la première fois dans le Guardian le 31 mars 2006.

Les politiciens à Washington et en Europe n'ont-ils jamais honte de leurs doubles standards scandaleux?
Avant et depuis les élections palestiniennes en janvier, ils ont continuellement insisté pour que le Hamas se conforme à certaines demandes.
Ils veulent que nous reconnaissions Israel, que nous abandonnions notre résistance, et que nous nous engagions envers les accords signés par le passé entre les directions israéliennes et palestiniennes.

Mais nous n'avons entendu pas une seule demande aux partis israéliens qui ont participé aux élections de cette semaine, bien que certains préconisent le déplacement total des Palestiniens de leurs terres.

Même le parti Kadima d'Ehud Olmert, issu du Likud, a frustré tout effort de négociation d'accord de paix de l'OLP, a fait campagne sur un programme qui défie les résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Son unilatéralisme est une violation du droit international.
Néanmoins personne, pas même le Quartet - dont il continue à mépriser leurs propositions d'accord tout comme le faisait son prédécesseur Ariel Sharon - a osé lui demander quoi que ce soit.


L'unilatéralisme d'Olmert est une recette pour le conflit.

C'est un plan destiné à imposer une situation permanente dans laquelle les Palestiniens finiront avec une patrie découpée en morceaux inaccessibles en raison des massives colonies juives établies en violation du droit international sur la terre saisie illégalement aux Palestiniens.

Aucun plan ne fonctionnera sans garantie d'un retrait israélien total de toutes les terres occupées en 1967 y compris Jérusalem-Est; la libération de tous nos prisonniers; le retrait de tous les colons de toutes les colonies; et la reconnaissance du droit au retour de tous les réfugiés en échange d'une fin des hostilités par les deux parties,.

Sur ces points, toutes les factions et le peuple palestiniens sont d'accord, y compris l'OLP dont la renaissance est essentielle afin qu'elle puisse reprendre son rôle en parlant au nom des Palestiniens et en présentant leur problème au monde.

Le problème n'est pas avec un groupe palestinien particulier mais avec le refus de nos droits fondamentaux par Israël.

Nous, au Hamas, sommes pour la paix et voulons mettre un terme au carnage. Nous avions observé une trêve unilatérale depuis plus d'un an sans réciprocité du côté israélien.

Le message du Hamas et de l'Autorité Palestinienne aux puissances mondiales est celui-ci : Ne nous parlez plus de reconnaissance du "droit à exister" d'Israël ou de mettre fin à la résistance jusqu'à ce que vous obteniez un engagement de la part des Israéliens qu'ils se retirent de notre terre et qu'ils reconnaissent nos droits.

Peu changera pour les Palestiniens dans le cadre du plan d'Olmert. Notre terre sera toujours occupée et notre peuple sera toujours asservi et opprimé par la puissance d'occupation. Donc, nous resterons engagés dans notre lutte pour récupérer nos terres et notre liberté.

Des moyens pacifiques suffiront si le monde est disposé à s'engager dans un processus constructif et juste dans lequel nous et les Israéliens seront traités en tant qu'égaux. Nous sommes malades et fatigués de l'approche raciste occidentale sur le conflit, dans lequel les Palestiniens sont considérés comme inférieurs.

Bien que nous soyons les victimes, nous tendons la main à la paix, mais seulement une paix qui soit basée sur la justice.

Cependant, si les Israéliens continuent à attaquer et tuer notre peuple et à détruire leurs maisons, à appliquer des sanctions, nous punir collectivement, et à emprisonner les hommes et les femmes qui exercent leur droit à la légitime défense, nous avons le droit de répondre par tous les moyens disponibles.

Le Hamas a été librement élu. Notre peuple nous a donné sa confiance et nous promettons de défendre leurs droits et de faire de notre mieux pour diriger leurs affaires par une bonne gouvernance.

Si nous sommes boycottés malgré ce choix démocratique - comme nous l'avons été par les Etats-Unis et certains de leurs alliés - nous persisterons, et nos amis ont promis de combler cette lacune.

Nous avons confiance dans les peuples du monde, nous constatons que nombre d'entre eux se reconnaissent dans notre lutte.

C'est un bon moment pour faire la paix- - si le monde veut la paix.

Source : The Electronic Intifada

Traduction : MG pour ISM