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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Une offre généreuse pour les réfugiés palestiniens ?

Par

Neta Golan est une militante israélienne de la paix et de la justice vivant à Ramallah et cofondatrice du Mouvement de Solidarité Internationale (ISM).

Dans la "solution" d'Israël et de Bush, les familles de réfugiés palestiniens qui ont été expulsées de ce qui est maintenant Israël auront le droit de rentrer, non pas dans leurs maisons, mais dans des petites parties non-contigues sur moins de 22% de leur patrie d'origine.
Pour leur part, les Juifs du monde entier sont libres de "rentrer" dans plus de 78% de la Palestine Historique, en vivant souvent sur des terres saisies à ces mêmes réfugiés palestiniens.

Une offre généreuse pour les réfugiés palestiniens ?


Photo Aix Group : Fadela Amara, ex-présidente de "Ni putes, Ni soumises" et désormais secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, avec le groupe d'Aix lors de leur conférence à Paris les 7 & 8 septembre dernier

Quiconque est familier de la politique israélienne n'a pas été surpris lors de son discours à Annapolis que le Premier Ministre israélien Ehud Olmert n'ait pas reconnu l'occupation d'Israël.
La surprise fut que, sans mentionner le mot "interdit" : réfugiés, Olmert ait reconnu le problème des réfugiés palestiniens.

Faisant référence aux Palestiniens, le Premier Ministre a déclaré dans son discours d'Annapolis : "Votre peuple aussi souffre depuis de nombreuses années, et certains souffrent encore. Beaucoup de Palestiniens vivent depuis des décennies dans des camps, déconnectés de l'environnement dans lequel ils ont grandi, plongés dans la misère, l'abandon, l'exclusion, l'amertume, et avec un sentiment profond et implacable d'humiliation."

La description des réfugiés que fait Olmert n'est qu'en partie correcte. La pauvreté, l'abandon, l'exclusion, l'amertume et les sentiments d'humiliation ne sont qu'une composante de l'expérience des réfugiés. Il y en a d'autres, tels que le sentiment communautaire, la fierté, la générosité et la persévérance.

Il est évident que cette caractérisation unidimensionnelle convient évidemment au concept de la solution d'Olmert, cela attribue également aux réfugiés un rôle d'objets sur lesquels il faut agir (une fois de plus), plus qu'un rôle de sujets qui peuvent réellement participer à la recherche d'une solution.

Un article récent dans le quotidien israélien Haaretz, intitulé "Les réfugiés et Jérusalem : une question d'argent" fait la lumière sur les déclarations d'Olmert.

L'article révèle les grandes lignes d'un accord mijoté pour vendre les droits des réfugiés palestiniens.

En plus des témoignages oraux des réfugiés palestiniens et des combattants juifs, de nombreux documents officiels décrivent la politique et les actions menées par les milices juives, visant à expulser les Palestiniens de ce qui est devenu l'Etat d'Israël.

Selon l'historien israélien Benny Morris : "Au cours des mois d'avril-mai 1948, les unités de la Haganah (la force de défense pré-étatique qui allait devenir les Forces de Défense Israéliennes) ont reçu des ordres opérationnels qui déclaraient explicitement qu'ils devaient déraciner les villageois, les expulser et détruire les villages eux-mêmes."

Pourtant Olmert a présenté la question des réfugiés comme un problème humanitaire, semblable à ceux qui découlent d'un désastre naturel, en disant que "Israël fera partie d'un mécanisme international qui aidera à trouver une solution à ce problème."

Olmert a montré clairement qu'il ne reconnaissait pas la responsabilité d'Israël dans la création de ce problème lorsqu'il a dit : "Je suis ici aujourd'hui, non pas pour régler des comptes historiques entre nous…" et en assimilant le problème des réfugiés palestiniens avec "la souffrance constante de nombreux israéliens".

La solution qu'Olmert suggère est la suivante : "Un effort international auquel nous (Israël) participerons pour aider ces Palestiniens à trouver un cadre convenable pour leur futur, dans l'Etat palestinien qui sera établi dans les territoires convenus entre nous."
La suggestion que les réfugiés n'aient pas le choix de revenir sur les terres d'où ils ont été expulsés mais, au lieu de cela, "reviendront" dans un futur Etat palestinien, est contraire à la législation internationale et à la résolution 194 des Nations Unies qui :
"(…) Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables".


En dépit de ceci, le Président américain George Bush a promis à Ariel Sharon, dans une lettre de 14 avril 2004 : "(…) Il est évident qu’un cadre juste, honnête et réaliste du règlement du problème des réfugiés palestiniens, dans le cadre d’une solution permanente devra inclure la création d’un État palestinien dans lequel ces réfugiés pourront s’intégrer, mais pas dans l’État d’Israël."

En dépit de l'illégalité de ces promesses, elles ont été ratifiées le 23 juin 2004 à la fois par le Congrès et le Sénat. Dans sa déclaration, Olmert se réfère à cette lettre comme point de départ des négociations.

Selon Haaretz, les institutions israéliennes dont les représentants ont participé aux discussions qui ont précédé la préparation du document sont les ministères des Affaires Etrangères, des Finances, du Commerce et de l'Industrie, l'Institut National d'Assurance et la Banque d'Israël.

Les Palestiniens ont envoyé des représentants de leurs ministères des Finances, des Affaires Economiques et de la Planification, et le groupe de soutien de l'équipe de négociations.

Le groupe comprenait également des observateurs de l'Union Européenne et des représentants de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International dans les territoires.

Le document commence par une déclaration de principes qui déclare qu'une solution convenue, juste et durable au problème des réfugiés de 1948 doit être basée sur les résolutions appropriées des Nations Unies, dont la résolution 194 de l'Assemblée Générale, mais qui annule ensuite cette déclaration en disant "tout en reconnaissant que l'application à la lettre de cette Résolution n'est plus possible étant donné les changements substantiels sur le terrain".

Le document décrit ensuite un arrangement qui se substituerait à la résolution des Nations Unies jugée maintenant inapplicable. Comme il est écrit : "Les parties conviendraient que les mesures recommandées dans le document mettent en application la Résolution 194."

La référence aux "changements substantiels sur le terrain" comme obstacle qui rendent inapplicable la résolution des Nations Unies, perpétue le mythe que des obstacles physiques ou matériels rendent le retour impossible.

Selon Salman Abu Sitta, expert sur la question des réfugiés, "90% des sites des villages sont toujours vacants, 7% sont partiellement construits et seuls 3% sont totalement construits à Tel Aviv et Jérusalem Est."

Il y a bien sûr des problèmes évidents qui devront être abordés. Mais ces problèmes ont été traités dans de nombreux endroits, que ce soit en Bosnie, au Kosovo et au Tajikistan, pour ne citer qu'eux et n'ont pas posé de problèmes en soi pour le retour.

Un indice sur le véritable obstacle se trouve peut-être dans la déclaration du correspondant de Haaretz, Akiva Eldar : "Le Groupe d’Aix est convaincu que, si des mesures audacieuses et allant dans la bonne direction ne sont pas prises, la vision d’un Etat pour deux peuples, fondé sur une citoyenneté commune et une égalité devant la loi, sera mise à l’ordre du jour."

Le groupe suggère qu’un comité international d’experts calculerait ce qui constitue une indemnisation "exhaustive et équitable" pour les réclamations sur les propriétés. Ils estiment que le coût total de ces réclamations varierait de 15 à 30 milliards de dollars."

Le groupe dit clairement que dans les cas où "une indemnisation exhaustive et équitable" sera offerte, "la restitution" (le droit au retour) ne sera pas envisagée". Cette formulation est totalement contraire au principe de base des Principes relatifs la Restitution des logements et des biens des réfugiés et personnes déplacées des Nations Unies.

Les principes notent clairement que la restitution est le premier recours et que l'indemnisation ne survient que si les réfugiés choisissent eux-mêmes une indemnisation ou si la restitution est factuellement impossible comme déterminé par un tribunal indépendant.

"Il sera demandé aux réfugiés palestiniens de choisir un lieu de résidence permanent, le groupe propose que les individus choisissent plus d'une alternative et donnent un ordre de préférence à leurs choix."

Mais l'application de ce choix dépendra des "Etats concernés", y compris d'Israël.
AIX propose de créer une agence internationale qui sera chargée "de veiller à ce que les décisions finales satisfassent autant que possible les souhaits des réfugiés, et soient conformes à l'ensemble des accords signés entre les représentants des deux parties, et peut-être aussi avec les pays hôtes et d'autres pays."

Le groupe d'Aix espére qu'un grand nombre de réfugiés choisiront de s'installer dans d'autres pays pour un coût allant de 8 à 19 milliards de dollar, en fonction du nombre des réfugiés optant pour le départ de leur actuel pays de résidence). D’autres bénéficieraient d’une réhabilitation dans leurs lieux de (sur)vie actuels, et recevraient une compensation "en nature ou en espèces" (pour un coût allant de 10 à 14 milliards de dollars).

Le plan suggère que certains des réfugiés palestiniens seront réhabilités dans leur emplacement actuel et recevront une indemnité "en nature ou en argent", pour un coût de 10 à 14 milliards de dollars.

En outre, le groupe recommande la création d'un quatrième fonds, qui nécessitera environ 22 milliards de dollars, pour les indemnisations relatives à la "réfugitude" non liées à des revendications de propriété ou à d'autres programmes.

Tous les réfugiés enregistrés recevront un montant uniforme d'environ 5.000 dollars chacun. Selon Haaretz, l'argent pourrait être obtenu dans un délai de 10 ans et avec une aide internationale large et généreuse.

En vertu du droit international humanitaire, le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers est un droit inaliénable pour chaque être humain.
Comme tous les droits de l'homme, le droit au retour est d'une valeur inestimable et ne peut pas être acheté. Dans la "solution" d'Israël et de Bush, les familles de réfugiés palestiniens qui ont été expulsées de ce qui est maintenant Israël auront droit à rentrer, non pas dans leurs maisons, mais dans des petites parties non-contigues sur moins de 22% de leur patrie d'origine.

Pour leur part, les Juifs du monde entier sont libres de "rentrer" dans plus de 78% de la Palestine Historique, en vivant souvent sur des terres saisies à ces mêmes réfugiés palestiniens.

Cette discrimination manifeste à l'égard des réfugiés palestiniens et le privilège accordé aux Juifs du monde entier montrent clairement que ces propositions permettraient de favoriser une solution de séparation et d'inégalité qui ne peut pas aboutir à la paix.



A lire et à télécharger, le document de 253 pages élaboré par le groupe d'Aix proposant une approche économique à la "solution de deux Etats :Israël/Palestine"
"Economic Dimensions of a Two-State Agreement Between Israël and Palestine" - Novembre 2007 (253p.) - en anglais, format PDF.

Source : http://www.apartheidmasked.org/

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