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ISM France - Archives 2001-2021

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Liban -

Washington enquête sur l’éventuel usage par l’État hébreu de bombes à fragmentation

Par

Les États-Unis ont annoncé hier avoir ouvert une enquête pour déterminer si Israël a rompu des accords secrets en utilisant des bombes à fragmentation de fabrication américaine dans sa guerre au Liban.
Le département d’État a confirmé l’ouverture de cette enquête qui avait été révélée jeudi sur le site Internet du quotidien New York Times et alors que les Nations unies font état de nombreuses personnes victimes de ce type de bombes à leur retour au Liban-Sud.

Washington enquête sur l’éventuel usage par l’État hébreu de bombes à fragmentation


Photo : Human Rights Watch - Bombes à fragmentation M41 et M46 trouvées le 15 août 2006 dans les villages libanais de Kfar Roummane et Tabnine. Ces bombes sont très dangereuses et peuvent exploser si vous les touchez. La présence de l'une d'elles est la confirmation absolue de la présence de nombreuses autres à proximité
Voir les autres bombes trouvées par Human Rights Watch

'Nous avons eu connaissance de ces allégations et nous les examinons"», a indiqué Gonzo Gallegos, un porte-parole au département d’État.
"Nous examinons si elles ont été utilisées, s’il y a des preuves » de leur usage, a-t-il ajouté. « Une fois que cela aura été déterminé, nous examinerons la manière dont ces bombes ont été utilisées, quelles étaient les cibles", a-t-il dit.

Le Centre de coordination de l’action antimines des Nations unies (MACC) à Tyr a dit que ces bombes, deux semaines après la fin des combats entre le Hezbollah et Israël, continuent à faire des victimes parmi la population civile. « Chaque jour il y a de nouvelles victimes », a dit Dalya Farran, chargée de la communication pour ce centre.

Le NYT avait indiqué que l’usage de ces bombes par Israël violerait éventuellement des accords avec les États-Unis qui précisaient les conditions dans lesquelles de telles armes peuvent être utilisées. Ces accords datent des années 1970.

L’armée israélienne a affirmé hier dans un communiqué que ses armes et munitions répondent aux critères de la législation internationale et qu’elle en fait usage « conformément aux normes internationales ».

Les bombes à fragmentation larguent elles-mêmes de multiples petites bombes sur une zone étendue. Une partie de ces bombes n’explosent pas tout de suite et ont des conséquences dramatiques pendant et après le conflit sur les populations civiles.

La MACC avait rapporté jeudi avoir eu la confirmation de 267 sites touchés par des bombes à fragmentation au Liban-Sud. Selon Todd Hart, un ancien soldat néo-zélandais et conseiller à l’ONU, le personnel sur place a déjà déminé 1 800 petites bombes. Mais selon l’ONU, un nombre important de bombes restent enfouies et les risques sont très élevés qu’elles explosent et créent d’importants dommages.



Un autre désastre provoqué par les obus israéliens sur le Liban : les agents toxiques libérés dans l’air
Suzanne BAAKLINI


Des milliers d’obus sont tombés des avions et ont été lancés par des bateaux israéliens sur les différentes régions libanaises, notamment au Liban-Sud et dans la banlieue sud de Beyrouth, durant un peu plus d’un mois.

Le bruit des explosions était terrible, et la destruction encore davantage, sans compter le nombre impressionnant de morts à chaque raid. Si bien qu’un épais nuage recouvrait la capitale et les villages bombardés.

L’intensité des combats ne pouvait que laisser des traces au niveau de la pollution de l’air et toutes les conséquences sanitaires qui s’ensuivent.

Pierre Malychef, pharmacien d’État, docteur en phytothérapie et en écotoxicologie (poisons de l’environnement), explique, en se basant sur sa longue expérience et sur une étude qu’il a lui-même effectuée après des visites sur le terrain, que les bombes tombées ont libéré un grand nombre d’agents toxiques dans l’air.

M. Malychef constate que les centaines de tonnes d’obus de moyen et fort calibre du type « obus brûlants » ou « à fragmentation » ont produit des incendies dans la plupart des cas. Ces feux ont été causés, poursuit-il, par des agents incendiaires de type nitrate, surtout dans le cas d’obus contenant des éléments phosphorés.

"Ces obus répandent des matières toxiques comme certains types de charbon, dit-il. Le phosphore est en lui-même un poison puisque la dose létale varie entre 0,15 g et 0,3 g. De plus, il se transforme en organophosphorés qui sont toxiques et se répandent davantage que le phosphore lui-même ne le fait au moment de l’explosion."

M. Malychef ajoute que certains obus contiennent des éléments redoutables ayant dans leur composition de grandes quantités d’oxygène et de chlore, les chlorates.

"Le chlore libéré agit sur les poumons et cause des brûlures de peau", précise-t-il. Il confie notamment sa conviction que l’uranium appauvri, en particulier, n’a pas été utilisé durant cette guerre.

Les problèmes proviennent non seulement des obus, notamment incendiaires, mais des bâtiments (immeubles, usines...) qu’ils détruisent. Les usines en feu dégagent souvent des éléments toxiques par la combustion de produits comme le plastique, l’asphalte...

Les incendies dans les dépôts de carburants, d’essence, de fuel, de dépôts de munitions, également, s’avèrent particulièrement nocifs. Des centaines de kilos de poussière, formée d’éléments organophosphorés et de métaux lourds comme le mercure, le plomb, le cuivre... se retrouvent ainsi dans la nature.

Les nuages formés au-dessus des régions bombardées (et qui la couvrent toujours en certains endroits) sont formés, selon le toxicologue, de quantités énormes de matières en suspension (charbon, soufre, phosphore) qui forment une épaisse poussière noire. Ces nuages noirs provoquent souvent une odeur irritante, asphyxiante, gênante, et la poussière finit par s’accumuler dans la nature et recouvrir plantes et animaux.

M. Malychef note que cette poussière s’est fait ressentir même loin des régions intensément bombardées. Elle contiendrait également des éléments gazeux asphyxiants comme les oxydes de carbure, des gaz épais de goudron, de pétrole, de mazout... Les matières plastiques dégagent elles aussi des substances irritantes.

Pire encore, les explosions ont libéré une grande quantité d’amiante dans l’air. Rappelons que cette matière est utilisée comme isolant thermique dans les frigidaires, les chambres...

"Les explosions et les incendies ont provoqué une dispersion de grandes quantités de cet amiante sous forme de petites particules dans l’air, qui se sont regroupées dans ce qu’on appelle des balles", explique-t-il.

Ces quantités se sont mélangées aux autres poussières qui se sont déposées sur le sol. M. Malychef a ramassé lui-même de fins cristaux de silicate de sodium sur le sol. Selon lui, ces quantités vont disparaître avec le temps, mais en attendant, l’air en est fortement pollué.



Masques et lotions apaisantes

Toutes ces matières libérées dans l’air ne peuvent qu’avoir un effet sur la santé humaine. M. Malychef explique que, en premier lieu, ces gaz et ces poussières se déposent sur le corps, les cheveux, le visage, les mains... avant d’être absorbés par inspiration.

"Ces agents provoquent non seulement des intoxications dangereuses, mais, dans certains cas, des infections par irritation en présence de gênes pathogènes, et, à plus long terme, ils peuvent contribuer au développement de cancers", souligne-t-il.

Que faire donc, surtout pour les personnes ayant dû réintégrer leurs quartiers qui avaient été bombardés, ou même au-delà ? M. Malychef conseille l’utilisation de filtres en papier ou en coton dès qu’on est gêné par les odeurs.
"Il faut protéger les yeux des allergies en portant des lunettes, mais aussi en les lavant régulièrement avec une solution appropriée parce que la poussière entre sous les paupières, poursuit-il. Je conseille également, outre les masques, d’utiliser une mixture par inhalation à base d’éléments aromatiques comme le menthol, pour les poumons. »

Les éléments toxiques dans l’air attaquent aussi la peau qui peut perdre ses défenses immunologiques, ajoute M. Malychef.

Il cite des cas de psoriasis (plaques rouges sur la peau sèche), d’acné virale suscitée par des agents irritants et de mycose (champignons de la peau et des ongles), qui peuvent être observés en pareils cas.

Sans oublier les allergies, dit-il, pour lesquelles il faut utiliser des lotions antigrattage afin d’empêcher que les cas ne dégénèrent. Enfin, il rappelle que les peaux irritées par la pollution sont beaucoup plus sensibles à l’action du soleil, d’où le fait qu’il faut employer des crèmes hydratantes solaires avec une protection de 60 UV.

En ce qui concerne l’amiante, les conséquences néfastes de l’inhalation de ces particules sont nombreuses. Inspirées, elles peuvent provoquer des sensations d’asphyxie, des problèmes respiratoires, une toux...

M. Malychef encourage les personnes qui ressentent de tels symptômes, notamment celles qui vivent dans des régions qui ont été bombardées, de ne pas les prendre à la légère et de consulter un médecin sans plus tarder.

Le plus grave c’est que, à la longue, une accumulation de cette matière dans le corps peut provoquer des lésions cancéreuses, d’où l’intérêt d’un traitement précoce. Outre ces problèmes sanitaires, M. Malychef évoque les irritations de la gorge et les chutes abondantes de cheveux.

Il aborde également une autre conséquence dramatique de la pollution accrue : la poussière qui se dépose sur les champs agricoles et les recouvre de substances dangereuses, ou alors qui parviennent aux produits agricoles par la rosée. « Voilà pourquoi je recommande de ne jamais consommer les fruits et légumes sans les avoir bien lavés, dit-il. Il faut également éviter de manger les viandes des animaux élevés en liberté tant que la situation reste inchangée, parce qu’ils auraient pu avoir eux-mêmes ingurgité de la nourriture affectée par des éléments toxiques, ce qui se serait accumulé dans leur organisme. »

Enfin, cet écotoxicologue, qui avait, il y a des années de cela, fait éclater le scandale des déchets toxiques acheminés par des gens peu consciencieux au Liban, confie sa propre réflexion concernant l’aggravation de la pollution. « Le Liban est un petit pays avec une densité démographique importante, dit-il.

Il est indispensable qu’il soit sans arrêt protégé, notamment dans les circonstances exceptionnelles, et que toute pollution de l’air, de l’eau et du sol y soit constamment traitée, afin de préserver la population des maladies qui résultent d’une prédominance de polluants. »

Source : http://www.lorientlejour.com/=320608

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