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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Après le Liban : Israel cherche d'autres guerres

Par

Jonathan Cook, qui habite à Nazareth, est l’auteur de l’ouvrage "Sang et Religion : Il faut démasquer l’Etat "juif et démocratique"" (Blood and Religion : The Unmasking of the Jewish and Democratic State), publié par les éditions Pluto Press et disponible aux Etats-Unis auprès des University of Michigan Press

A la fin du mois dernier, une quinzaine de jours après le début de guerre d'Israel contre le Liban, les médias hébreus ont publié une histoire que les observateurs ont raté. Des scientifiques d'Haïfa, selon le rapport, ont développé un filet en acier "bloqueur de missiles" qui peut protéger les bâtiments des attaques de roquettes.

Le gouvernement israélien, est-il noté, pourrait utiliser le filet pour protéger les infrastructures vitales -- raffineries de pétrole, hôpitaux, installations militaires, et bureaux publics -- tandis que les citoyens privés pourraient acheter un filet pour protéger leurs propres maisons.


Le fait que le gouvernement et les scientifiques investissent sérieusement leurs espoirs dans de tels programmes nous en dit plus sur la vision d'Israël du "nouveau Moyen-Orient" que des tonnes d'analyse.

Israël considère "le premier front" -- sa population civile – comme son talon d'Achille dans l'oppression par l'armée des Palestiniens dans les Territoires Occupés, ses invasions intermittentes du Sud Liban et ses futures attaques plus loin.

Les militaires ont besoin de l'appui inconditionnel de l'ensemble de ses habitants et des médias du pays pour approuver son agression ininterrompue contre les "ennemis" d'Israël, mais craignent que le front avant soit vulnérable à la menace constituée par les roquettes atterrissant en Israël, que ce soit les Qassams artisanales tirées par les Palestiniens par-dessus les murs de leur prison à Gaza ou les Katyushas lancées par le Hizbullah du Liban.

Certainement que les responsables israéliens ne sont pas prêts à examiner les raisons de la menace des roquettes -- ou de rechercher d'autres solutions que les attrape-missiles.

Le coup de poing dans le nez qu'Israël a reçu au Sud Liban n'a pas ébranlé la confiance de ses responsables dans leur militarisme turbulent.

Au pire, leur humiliation leur a donné une raison de poursuivre leurs aventures plus violemment afin d'essayer de réaffirmer le mythe de l'invincibilité d'Israël, de distraire l'attention dans le pays de la défaite infligée par le Hizbullah, et de prouver l'utilité permanente de l'armée israélienne à son généreux bienfaiteur américain.

Si les soldats israéliens quittent un jour le Sud Liban, attendons-nous à un retour rapide à la situation d'avant la guerre de violations presque quotidiennes de l'espace aérien libanais par ses avions de guerre et ses drones espions, et d'autres attaques aériennes pour "ramener au pas" le Hizbullah et des tentatives régulières d'assassinat de son chef, Hassan Nasrallah.

Attendons-nous à plus de survols par les mêmes avions de guerre du palais du Président Bashar Al-Assad à Damas, des tentatives d'assassinat contre le chef-en exil du Hamas, Khaled Meshal, et à des attaques contre les "canaux d'approvisionnement" du Hizbullah en Syrie.

Attendons-nous à des avertissements plus apocalyptiques, et pire, contre la tentative présumée de l'Iran à rejoindre Israël dans le club fermé des Etats possédant l'arme nucléaire.

Et, naturellement, attendons-nous à beaucoup plus d'attaques terrestres et aériennes contre Gaza et la Cisjordanie , avec inévitablement un nombre dévastateur de victimes palestiniennes.


Bien qu'il ait reçu ce qu'il méritait au Liban, Israël n'a pas l'intention de modifier ses relations avec ses voisins. Il ne recherche pas un nouveau Moyen-Orient dans lequel il devra supporter les mêmes douleurs de l'accouchement que les "Arabes".

Il ne veut pas s'engager dans un processus de paix qui pourrait le forcer à restituer, plus que dans l'apparence, les territoires occupés aux Palestiniens.
Au lieu de cela, il se prépare à une guerre plus asymétrique -- les bombardements aériens que les fabricants d'armes américains aiment tant.


Les événements évoluant rapidement du week-end devraient être interprétés sous ce jour. Israël, comme on aurait pu s'y attendre, fût le premier samedi à briser le cessez-le-feu des Nations Unies quand ses commandos ont attaqué des positions du Hizbullah près de Baalbek au nord-est du Liban, y compris des attaques aériennes contre des routes et des ponts.

Cela n'étonne personne que cette violation du cessez-le-feu n'ait eu qu'un murmure de condamnation. Terje Roed-Larsen, des Nations-Unies, y a fait référence comme étant "un développement fâcheu" et "inutile".

La force de maintien de la paix des Nations-Unies au Liban, l'UNIFIL, dont le travail actuel est de surveiller le cessez-le-feu, a refusé de commenter, en disant que l'attaque s'est produite en dehors du secteur tombant sous sa juridiction -- une reconnaissance implicite d'à quel point la violation était grave.

Et dans les médias, Associated Press a appelé l'offensive militaire "une opération audacieuse", et BBC World l'a décrite comme "un raid" et l'échange de tirs consécutif entre les troupes israéliennes et le Hizbullah comme des "confrontations". Beaucoup plus tard dans ses reportages, la BBC a noté que c'était également "une infraction sérieuse" au cessez-le-feu, négligeant de mentionner qui était responsable de la violation.

C'est peut-être parce que le reportage de la BBC était immédiatement suivi d'une intervention du porte-parole israélien, Mark Regev, accusant le Hizbullah, et non Israël, de violation du cessez-le-feu.

Comme c'était prévisible, il a accusé le Hizbullah de recevoir des transferts d'armes que l'opération de l'armée israélienne avait pour but de contrer.


En fait, ce n'était pas une simple "confrontation" pendant une mission des renseignements, comme l'ont indiqué clairement les premiers repotages des médias israéliens avant que l'histoire officielle ait été établie.

Les forces spéciales israéliennes ont lancé un opération secrète pour capturer un chef du Hizbullah, le cheik Mohamed Yazbak, bien au delà du fleuve Litani, l'extension Nord de la "zone-tampon" supposée d'Israël.

Le peloton était non seulement déguisé en Arabes -- un stratagème habituel des pelotons appelés "mistarvim" -- mais en soldats libanais conduisant des véhicules de l'armée libanaise. Quand leur couverture a été découverte, le Hizbullah a ouvert le feu, tuant un Israélien et blessant deux autres dans un échange de tirs féroce.

(On se doit de mentionner que, selon la version officielle ultérieure, les forces d’élite israéliennes n’ont été exposées que lorsqu'elles avaient terminé leur travail de renseignements et qu’elles rentraient. Pourquoi Israël utiliserait-il des forces spéciales - apparemment de façon non belligérante - dans une opération de terrain dangereuse, quand des cargaisons d’armes venant de Syrie peuvent être facilement repérées par les drones espion et les avions de combat israéliens?)

Il est difficile de voir comment cette opération pourrait être qualifiée de "défensive" sauf dans le langage Orwellien utilisé par l’armée israélienne - qui, après tout, est connue sous le nom trompeur des Forces de défense israéliennes. La résolution 1701 des Nations unies, la base légale du cessez-le-feu, exige d’Israël de cesser "toutes les opérations militaires offensives". Comment une opération pourrait-elle être plus offensive ?

Mais, de façon plus significative, quelle est l'intention d'Israël envers le cessez-le-feu des Nations Unies quand il choisit de le violer non seulement en attaquant des positions du Hezbollah en dehors de la "zone tampon" qu’il a envahie, mais également quend il implique l’armée libanaise dans l'attaque ?

N’y a-t-il pas un danger que les combattants du Hezbollah puissent maintenant tirer sur les troupes libanaises en craignant que ce soit des soldats israéliens déguisés ?

La duperie d’Israël ne va-t-elle pas affaiblir la position de l’armée libanaise qui, selon la résolution 1701, est supposée maintenir l’ordre dans le Sud Liban pour le compte d’Israël ?

Est-ce que l'hésitation de l’armée libanaise à engager le Hezbollah comme conséquence possible ne founit-elle pas une excuse à Israël pour reprendre les hostilités ?

Et qu’aurait-il été dit si les Israéliens avait lancé la même opération, déguisés en soldats de la paix des Nations Unies, la force internationale venant s’ajouter aux soldats libanais déjà dans le secteur ?

Ces questions nécessitent des réponses d’urgence mais, comme d’habitude, elles n’ont pas été soulevées par les diplomates ou les médias.


Le même jour, l’armée israélienne avait également lancé un autre "raid", cette fois à Ramallah, en Cisjordanie .

Là-bas, ils ont "arrêté" – selon la complicité permanente des médias avec le langage de l’occupation - le vice Premier Ministre palestinien.

Son "délit" c'est d'appartenir à la branche politique du Hamas, le parti démocratiquement élu par les Palestiniens au début de cette année pour diriger leur gouvernement en opposition aux désirs des Israéliens.

Même le quotidien israélien "Ha’aretz" qualifiait Nasser Shaer de "relativement modéré" – "relativement" est vraisemblablement une référence, aux yeux des Israéliens, au fait qu'il appartenait au Hamas.

Shaer avait échappé au sort des autres ministres du gouvernement du Hamas et des parlementaires du Hamas capturés, en se cachant de l’armée pendant les six dernières semaines - une métaphore appropriée pour le destin d'une jeune démocratie palestinienne sous la botte de l’oppression israélienne.


Un important parlementaire du parti rival, le Fatah, , Saeb Erekat, a souligné l’évidence : la capture de la moitié du gouvernement rend impossible au Fatah dirigé par le Président Mahmoud Abbas, de négocier avec le Hamas pour établir un gouvernement d’unité nationale.

Une telle coalition pourrait offrir aux Palestiniens une voie désespérément nécessaire à leur isolement international et leur permettrait de préparer le terrain pour des négociations avec Israël sur des futurs retraits du Territoire Palestinien Occupé.

L’intérêt d’Israël en étouffant un tel gouvernement parle de lui-même. Et les Israéliens ordinaires se demandent toujours pourquoi les Palestiniens tirent leurs roquettes artisanales sur Israël !

Sur le front diplomatique, l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Dan Gillerman, a rejeté une initiative de paix que la Ligue Arabe espère présenter devant le Conseil de Sécurité le mois prochain.

La proposition de la Ligue Arabe découle d'une tentative similaire pour un plan de paix global des Etats arabes, présenté par l'Arabie Saoudite en 2002, qui avait été immédiatement repoussé par Israël.

A cette occasion, Gillerman a prétendu qu'il n'était pas question d'un nouveau processus de paix ; Israël, a-t-il dit, veut se concentrer sur le désarmement du Hezbollah dans le cadre de la résolution 1701 des Nations Unies.

Vraisemblablement, cela signifie plus de "raids" provocateurs, comme celui de samedi, en violation du cessez-le-feu.

Où nous mènera toute cette activité "défensive" d’Israël ? Réponse : vers plus de guerres et de carnage, qu’ils soient infligés aux Palestiniens, aux Libanais, à la Syrie, à l’Iran, ou à tous. La direction de l’armée iranienne a averti samedi qu’elle se préparait à une attaque d’Israël.

Probablement une hypothèse prudente de sa part, surtout que les officiels étasuniens suggéraient ce week-end que le Conseil de sécurité des Nations Unies allait adopter des sanctions qui inclueraient une force militaire pour stopper les soi-disant ambitions nucléaires de l’Iran.

En fait, Israël semble prêt à choisir le combat avec n'importe lequel de ses voisins dont la complicité avec le Nouveau Moyen-Orient de la Maison Blanche n'a pas été déjà garantie, que ce soit la Jordanie et l'Egypte par le paiement des chèques mensuels directement de Washington, ou l'Arabie Saoudite et les Etat du Golfe avec les pipelines gloutons en argent cash qui apportent le pétrole à l'Occident.

Les ennemis officiels -- ceux qui refusent de se prosterner devant les intérêts pétroliers occidentaux et l'hégémonie régionale d' Israël -- doivent être mis à genoux tout comme l'Irak.

Qu’apporteront ces guerres ?

c’est la question la plus difficile à répondre, parce tout résultat possible signifie une catastrophe pour la région, y compris pour Israël, et en définitive pour l’Occident.

Si Israël a reçu un coup de poing dans le nez en se battant pendant un mois contre quelques milliers de combattants du Hezbollah sur leur propre terrain, que peuvent espérer accomplir les forces conjointes d’Israël et des Etats-Unis sur un champ de bataille qui entrainera l’ensemble du Moyen-Orient ?

Comment Israël survivra-t-il dans une région déchirée par la guerre, par un nouvel ascendant Shiite qui rend redondante la vieille mosaïque coloniale des Etats Arabes et par des modifications tectoniques des identités et des frontières que cela entraînerait ?

Le Président Bush a observé en fin de semaine que, bien qu'il puisse sembler que le Hizbullah ait gagné la guerre contre Israël, cela prendra du temps pour voir qui est le véritable vainqueur.

Il a peut-être raison, mais il est difficile de croire qu'Israël ou les Etats-Unis peuvent construire un filet anti-missiles assez grand pour résister aux retombées radioactives de la guerre qui apparait vaguement.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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