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Gaza -

Des hôpitaux en manque de soins

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Dans l'unité de soins intensifs toute neuve, aux peintures brillantes, d'Al-Awda, la seule structure d'urgence du nord de Gaza, dans l'immense camp de Jabalia, les médecins, les infirmiers, les aides-soignants et les administrateurs sont prêts à fournir des services de chirurgie d'urgence aux 300.000 personnes du secteur.

Des hôpitaux en manque de soins

Mais les lits aux cadres de métal restent vides de malades – et de matelas, et de poches pour les perfusions, et de moniteurs cardiaques, et autres fournitures de base nécessaires à une structure médicale. L'équipement a été acheté, mais il reste à Ramallah, en Cisjordanie occupée, interdit d'entrée dans Gaza par Israël.

"L'année dernière, la charge de travail à Al-Awda a triplé. Nous avons été en difficulté en particulier après les affrontements Fatah-Hamas, et à cause des bouclages qui ont commencé l'an dernier", dit à IPS Nehal Mehanna, chef de service à Al-Awda, au fur et à mesure qu'elle visite les salles vides.

"Israël ne laisse pas entrer à Gaza certains médicaments et fournitures, par aucun checkpoint. Par exemple, nous avons attendu 7 mois pour recevoir les tables d'opération par le checkpoint d'Erez – nous ne sommes qu'à une heure en voiture, mais nous avons attendu 7 mois. Quelquefois, nous obtenons des fournitures par la Croix Rouge, mais ils aident beaucoup d'organisations en même temps. Leurs provisions sont limitées. C'est une procédure longue et compliquée, et tout doit être approuvé par les autorités israéliennes."

Selon les médecins de Gaza, plus de 180 patients sont morts à cause du manque de fournitures essentielles depuis le début du blocus en juin 2007. Les Palestiniens nécessitant un traitement pour le cancer, les maladies cardiaques et les insuffisances rénales parmi d'autres maladies, n'ont pas accès aux services dont ils ont besoin – puisqu'Israël empêche les médicaments chimiothérapiques, cardiaques et de dialyse d'entrer à Gaza. Ils doivent se faire soigner à l'étranger, soit en Egypte, soit en Israël. Mais depuis le blocus, même avec une autorisation écrite et une coordination internationale, Israël a bouclé les frontières aux malades palestiniens venant de Gaza, provoquant beaucoup de morts évitables.

"Nous essayons de fournir les meilleurs services possibles", dit Mehanna à IPS. "Une de nos collègues, une infirmière de l'hôpital, à une insuffisance rénale. Elle a reçu quatre fois une permission écrite de sortie pour un traitement en Egypte, mais les Israéliens l'en ont empêchée. Nous espérons qu'elle puisse sortir et se faire soigner. C'est notre amie. C'est une situation difficile."

Le personnel de l'hôpital Al-Awda dit qu'ils n'ont bientôt plus de produits anesthésiques. Le pharmacien de l'hôpital, le Docteur Akram Naffar, montre à IPS sa petite armoire d'anesthésiants, des petites boites rangées sur une étagère blanche, derrière l'entrepôt. "Il ne nous en reste que deux, peut-être pour trois semaines", dit Naffar. "Je ne sais pas ce qui va se passer à la fin du mois. Nous vivons au jour le jour."

Naffar dit à IPS que si une nouvelle attaque israélienne massive se produit, les gens ne pourront même pas bénéficier du niveau actuel de traitement.

"Lorsque les autres hôpitaux autour de Gaza ont les médicaments dont nous avons besoin pour une opération, ou pour une urgence, nous négocions avec eux", dit Naffar. Il dit que c'est un système à la fois dangereux et démoralisant, mais qu'il n'y a pas d'autre alternative tant que le blocus israélien n'est pas levé.

Mehanna explique à IPS que le personnel médical à Al-Awda vit sous un stress extrême. "Nous essayons de fournir le plus de soins possibles", dit-elle. "Nous avons une procédure de réception de médicaments et de fournitures. Nous établissons une liste, tous les six mois, et nous la mettons à jour, mais dernièrement, nous avons eu besoin de plus en plus de médicaments d'urgence. Nous avons un service d'obstétrique, et nous avons besoin de médicaments pour le travail et l'accouchement. Egalement pour les soins d'urgence – nous prévoyons davantage d'incursions et d'attaques israéliennes, aussi nous devons être prêts."

Riyad al-Adassi, du Syndicat des Comités des Personnels de Santé à Gaza ville, pense que la situation va empirer. "180 malades sont morts en 12 mois, et ce chiffre va augmenter de jour en jour. Par le passé, 300 à 400 patients par jour aller se faire soigner à l'étranger. Aujourd'hui, il y en à peine 30. Ils sont interdits de sortie. Il y a de nombreuses listes d'attente pour obtenir une autorisation spéciale d'Israël."

IPS a demandé à al-Adassi de définir les effets des politiques d'Israël envers Gaza d'un point de vue des personnels de santé. "Les Palestiniens sont déshumanisés. Par le passé, nous avions une conception de la liberté, d'avoir un Etat, de lutter pour nos droits. Aujourd'hui, ça s'est transformé en subvenir aux besoins de nos familles et survivre. Nous vivons dans une jungle – et le concept de la vie dans une jungle est d'essayer de s'adapter pour survivre. Nous sommes tous frustrés et étouffés. Ce n'est pas sain du tout, même pour Israël. A un certain point, ça va exploser. Et qui en aura la responsabilité ? Ceux qui tiennent les clés de l'occupation."

Source : IPS

Traduction : MR pour ISM

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