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Moyen Orient - 14 juin 2008
Par Alessandro Lattanzio
Le dirigeant libyen Muammar Qaddhafi s’est prononcé contre le projet d’Union Méditerranéenne, avertissant qu’il veillera à l’union arabe et à l’union africaine. Cela, au cours du discours d’ouverture du mini-sommet arabe, aujourd’hui, à Tripoli (11 juin).
A cette rencontre – selon ce qu’une source diplomatique libyenne a fait savoir hier – participent : le président tunisien Zine El-Abidîne Ben Ali, ses collègues algérien Abdelaziz Bouteflika et mauritanien Sidi Ould Sheikh Abdallahi, ainsi que le Premier ministre marocain Abbas El-Fassi et que les présidents de la Syrie, Bashar al-Assad, et de l’Egypte, Hosni Moubarak.
Le sommet a pour finalité l’adoption d’une position commune sur l’adhésion des pays arabes riverains de la Méditerranée au projet lancé par le président français Nicolas Sarkozy – un projet qui verra officiellement le jour le 13 juillet, à Paris.
Commentaire
Finie, la « lune de miel » entre Sarkozy et Qaddhafi… Apparemment, elle a été rompue par la question d’ « Israël ». Sarkozy prévoit l’intégration d’Israël au sein du système politico-institutionnel de l’Europe occidentale, en y faisant entrer, également, la côte nord-africaine de la Méditerranée (Maroc, Algérie et Tunisie), une zone où se projettent encore aujourd’hui, directement les intérêts de Paris. Sommes toutes, le programme de Sarkozy a pour objectif de légitimer l’adhésion d’Israël à l’Union Européenne et, en même temps, de se concilier les cercles « franco-français » en en y faisant entrer aussi les ex-colonies françaises les plus proches de la métrôpole.
Il semble que Qaddhafi s’oppose, d’une part, à la reconnaissance institutionnelle d’Israël, en tant que pays « méditerranéen », voire même « européen », avec toutes les conséquences sur les plans diplomatique, juridique, institutionnel, économique, etc.
D’autre part, il cherche à faire contrepoids au retour de la France en Afrique du Nord.
C’est à cette fin que Tripoli organise une réunion entre les pays arabes concernés par le projet de Sarkozy, afin d’avoir une position commune, d’opposition, voire le rejet pur et simple du programme proposé par la présidence Sarkozy.
Mais le véritable noyau du contentieux est, sans aucun doute possible, la confrontation franco-libyenne en Afrique subsaharienne (Tchad, Centrafrique et, surtout, Soudan). Au Soudan, Tripoli a mené, en s’y engageant beaucoup, une œuvre de médiation entre les parties, réussissant, en fin de compte à obtenir l’envoi d’un corps de maintien de la paix de l’Onu et de l’Organisation de l’Unité Africaine.
Mais, dans cette même région, interviennent, soit directement, soit indirectement, les intérêts français. Les légionnaires, les Mirages et les ONG (du type Arche de Zoé) sont non seulement présents, mais ils interviennent directement afin de soutenir les régimes corrompus de Ndjamena et Bangui. Sans oublier le cas du Soudan, où les forces occidentales (Etats-Unis, Israël, Royaume-Uni et France) alimentent les organisations séparatistes du Sud et de l’Ouest de ce pays.
Le dernier exemple en date de cette confrontation fut l’assaut du Gem contre la capitale soudanaise, Khartoum, qui s’est terminé par le fiasco total des forces rebelles. Probablement, le but était de contraindre Khartoum à accepter la présence de « troupes de maintien de la paix » occidentales, qui n’étaient pas prévues par les accords rendus possibles par Tripoli, et de prouver au reste de la communauté internationale la faiblesse du gouvernement central soudanais.
L’initiative de Tripoli, consistant à s’opposer au programme euro-méditerranéen de Sarkozy, est la réponse à la politique « néo-foccartienne » mise en avant par les néocons de Paris en terre africaine.
Source : Eurasia-Rivista
Traduction : de l'italien par Marcel Charbonnier
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