Hébron - 14 novembre 2004

Détenu en solidarité

Par Joe Carr

Certains Palestiniens qui vivent dans le secteur ont également ce privilège une fois que les soldats les reconnaissent, toutefois ils sont sujets parfois à la détention et au harcèlement.
Quand le soldat a pris mon passeport et m'a donné l’ordre de m'asseoir sur le bord, j'ai pensé aux dizaines de Palestiniens que je vois détenus ici quotidiennement, et je me suis assis sans protester.

Ce matin, je sortais de la vieille ville d'Al Khalil (Hebron) pour aller à Al Quds (Jérusalem) quand j'ai été arrêté par un soldat.

C'était la même femme russe qui avait été impliquée dans mon arrestation antérieure; elle m’a souri, m’a demandé si je me souvenais d’elle et puis elle a demandé mon passeport.

Apparemment la rumeur circulait que j'avais été expulsé pour terrorisme après mon arrestation, aussi elle était probablement étonnée de me voir.

Les CPTers sont habitués à passer rapidement le ckeckpoint de Beit Romano dans la vieille ville où nous vivons. Nous le traversons régulièrement et habituellement sans aucun problème.

Certains Palestiniens qui vivent dans le secteur ont également ce privilège une fois que les soldats les reconnaissent, toutefois ils sont sujets parfois à la détention et au harcèlement.

Quand le soldat a pris mon passeport et m'a donné l’ordre de m'asseoir sur le bord, j'ai pensé aux dizaines de Palestiniens que je vois détenus ici quotidiennement, et je me suis assis sans protester.


C’était ennuyeux de retarder mon voyage, mais j'étais heureux d'avoir une meilleure compréhension de ce que les Palestiniens vivent chaque jour, et je me suis rappelé à quel point mon pire scénario – une détention qui se finirait en arrestation – était bien meilleur dans mon cas que pour un Palestinien.
Les deux CPTers, avec qui j'étais, observaient la situation et je me sentais encore plus en sécurité. J'ai regardé autour de moi pour voir s’il y avait un chat avec qui j’aurais pu jouer, mais il n’y en avait aucun à proximité. J'étais isolé, assis sur un bord dur, à la merci de soldats plus jeunes que moi. C'est la solidarité.
La police israélienne est arrivée cinq minutes après l'appel du soldat.
Quand est-ce que la dernière fois que vous avez appelé la police et est-elle arrivée dans les cinq minutes?
J'étais heureux de voir que beaucoup de Palestiniens passaient librement tandis que les soldats et la police tergiversaient à mon sujet.

J’imagine que la police a nié la rumeur que j’étais expulsé, et qu’elle a refusé de m'arrêter puisqu'elle n’avait aucune raison, pas même la plus douteuse .

Mon passeport m’a été rendu et j'ai été libéré, cela a pris une petite demi-heure.

Dans les dernières minutes de ma détention, j'ai noté que deux petits garçons palestiniens étaient à deux doigts de se battre. L’un frappait l'autre avec un bâton, et un garçon plus âgé est venu les séparer, a pris le bâton et l'a cassé, grondant les garçons pour leur comportement.

Désescalade de la violence ai-je pensé. J’ai vraiment beaucoup à apprendre des Palestiniens.

Je peux bien être traité comme l’un d’entre eux.

Joe "Yousef" Carr

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France