Naplouse - 27 décembre 2003

Joie de Noël

Par Mika

Chaque chemin reliant l’Est à l’Ouest était contrôlé par des soldats empêchant presque tout mouvement.
Personne ne pouvait passer : des mères qui étaient parties en ville pour faire des courses, des hommes revenant du travail, des étudiants désirant aller ou revenir de l’école ou de l’université, des volontaires médicaux essayant d’atteindre des situations urgentes ; Tout était bouleversé.

(Désolé, ce texte a été écrit hier et l’envoi aurait du être effectué hier matin)

Mardi, au huitième jour d’invasion du camp de Balata et des environs, l’armée a élargi ses interruptions de ce qui est déjà une vie quotidienne très dure à Naplouse. La ville de 200 ,000 habitants a été divisée en deux à l’aide de barrages de routes faits de terre de 4 mètres de haut, de tanks et de balles

Chaque chemin reliant l’Est à l’Ouest était contrôlé par des soldats empêchant presque tout mouvement.
Personne ne pouvait passer : des mères qui étaient parties en ville pour faire des courses, des hommes revenant du travail, des étudiants désirant aller ou revenir de l’école ou de l’université, des volontaires médicaux essayant d’atteindre des situations urgentes ;
tout était bouleversé.
Seuls certains cas médicaux en ambulance pouvaient passer, après de longues attentes.

Debout près d’une route barrée, je pouvais voir des hommes et des femmes désespérés, essayant d’éviter les soldats en longeant le côté de la montagne, à mi-chemin de la base militaire.
Malheureusement, repérés par un soldat ambulant dans la ville, ils ont été reconduits par une salve de tirs. Des groupes de piétons insistants, se tenant trop près des soldats, étaient repoussés: J’ai regardé des soldats ennuyés qui tiraient des grenades de gaz lacrymogène (qui ont tué deux personnes à Balata cette semaine) en direction de 10 femmes se tenant à plus de 100 mètres.

Plusieurs de mes amis sont en dernière année scolaire, ils passent leur examen final ('tawjiah'). Les vacances commencent dans une semaine et les premières séries d’examens ont eu lieu cette semaine et celle d’avant. Pourtant, le couvre feu dans le camp de Balata et la ségrégation renforcée de la ville, en a empêché plusieurs de passer leurs examens.

J’ai déjà mentionné la famille Awaes du Camp de Balata plusieurs fois ces derniers temps, car ils ont été soumis à de sérieuses difficultés. Deux hommes ont été tués ces deux dernières semaines, tandis que 10 autres ont été arrêtés, dont un garçon de 12 ans.
Nasser Awaes, un chef Al-Aqsa respecté, est condamné à 14 anss de prison en Israël.

Gideon Levy, un journaliste d’investigation écrivant pour Ha'aretz et un des quelques Israéliens s’aventurant dans les Territoires Occupés et n’avale pas seulement la version des Forces d’occupation, a écrit un article sur cette famille.
Bien que cet article soit focalisé sur la mort de Bashir en prison, il y figure également une partie significative sur l’ensemble de la famille.

Les soldats ont pris une pause après leur invasion le jour de Noël, ce qui a coïncidé avec notre visite à Bethlehem.

C’était mon deuxième Noël en trois ans dans l’Eglise de la Nativité. j'y ai réalisé que je ne me rappellais plus grand chose en latin.
J’ai profité de quelques avantages que Bethlehem possède par rapport à Naplouse.

Nous avons passé une nuit à Jérusalem pour voir la dernière partie du Seigneur des Anneaux, avant de se rendre au village de Mas'ha dans la région de Salfit, où une manifestation d’Israéliens, Palestiniens et internationaux a ouvert une porte dans la barrière de l’Apartheid.

Pendant l’action, les soldats ont ouvert le feu à balles réelles, à très peu de distance, sur les manifestants qui secouaient la porte.
Un anarchiste israélien a reçu une balle dans la jambe (dans la rotule), tandis qu’un Juif Américain a été blessé par des éclats de balles.

Après les attaques presque simultanées dans la ville de Gaza et à Tel Aviv, qui ont tuées 9 personnes (trois soldats israéliens, trois membres du Jihad islamique, un civil israélien, deux civils palestiniens), l’armée a renforcé et resserré le bouclage déjà économiquement dévastateur autour des villes palestiniennes.
Nous avons du mentir et user de notre charme lors du passage de trois checkpoints avant d’entrer dans les environs de Naplouse.

Les tanks ont imposé une couvre feu sur le centre de Naplouse ce matin, tandis que la Police des Frontières et les jeeps patrouillaient toujours lorsque nous sommes arrivés. Tôt ce matin aussi, la maison de Said Hanani, le jeune de 18 ans qui s’est fait explosé hier, a été détruite dans le village de Beit Furik à l’est de Naplouse.

Je viens juste de lire qu’une jeune femme du Camp de Balata appelée Haniye a reçu une balle dans la tête alors qu’elle rentrait de l’école. J’ai une amie de 16 ans qui porte le même nom et qui devait rentrer à la maison à la même heure après avoir passé son examen. J’espère que ce n’est pas elle. Nous venons aussi d’entendre que 40 tanks sont en train de rentrer dans Naplouse depuis Huwara, alors il est probablement temps d’y aller.

Source : ISM

Traduction : BM