Gaza - 15 janvier 2004

L’enfer pour entrer à Gaza

Par Laura

Laura Gordon est une jeune juive américaine de 20 ans qui est venue en Israel en décembre 2002 avec le programme de Birthright Israel et, trois mois plus tard, a poursuivi en commençant son travail avec l’ISM (Mouvement International de Solidarité) à Rafah.

La fermeture de Gaza s’est intensifiée avec des mesures encore plus importantes. Depuis le 4 janvier 2004, tous les internationaux souhaitant entrer dans Gaza doivent avoir une autorisation officielle israélienne.
L’autorisation israélienne exige un laisser-passer de presse israélien ou une invitation officielle d'une courte liste d'organisations Israéliennes admises, et un contrôle des antécédents est effectué par les autorités israéliennes qui dûre cinq jours

La totalité de la frontière de Gaza est entourée par des murs et des barrières fortement gardés par des patrouilles. Un réseau de checkpoints israéliens contrôle étroitement tout mouvement dans et à l’extérieur de la Bande de Gaza, et entre les secteurs de population à l’intérieur de la Bande de Gaza. (Jamal Wilson)

Suite à l’attaque suicide au passage d'Erez qui a tué quatre soldats israéliens et blessé plusieurs ouvriers palestiniens, Erez (au nord de la Bande de Gaza), et Maabar (l'autre moyen d’entrer et de sortir de la Bande de Gaza, sur la frontière avec l'Egypte), sont sous fermeture rigoureuse, avec des foules de personnes qui attendent pendant des jours de pouvoir passer.

Seule l’une des trois personnes de la délégation du Projet de jumelage entre les villes de Madison et de Rafah est parvenue à entrer dans Gaza

La fermeture de Gaza s’est intensifiée avec des mesures encore plus importantes. Depuis le 4 janvier 2004, tous les internationaux souhaitant entrer dans Gaza doivent avoir une permission officielle israélienne.


L’autorisation israélienne exige un laisser-passer de presse israélien ou une invitation officielle d'une courte liste d'organisations Israéliennes admises, et un contrôle des antécédents est effectué par les autorités israéliennes qui dûre cinq jours.

Voici des extraits d'une lettre envoyée par l’une des membres de la délégation alors qu’ils tentaient d'entrer.
C’est une excellente description.

Israël ne laissera pas entrer des yeux internationaux

Laura Gordon


Extraits d’une lettre envoyée lundi par Jennifer, l’une des membres de la délégation.

J’ai pensé que vous apprécieriez savoir ce qui se passe ici. La situation est bien pire que celle à laquelle nous nous attendions.. Le blocus de Gaza est énorme. Aucun d’entre nous ne peut entrer en ce moment.

J'étais à la Maison de la Presse à Jérusalem-Ouest aujourd'hui et j’ai appris qu'avant qu'ils ne valident ma carte de presse, j'ai besoin d'une lettre "d’affectation" (en plus de la carte de presse valide et complètement légale que je possède) de WORT -Radio et d'un message du Consulat Israélien à Chicago identifiant la WORT -Radio comme un média "autorisé"...
(George est dans une situation semblable avec le Madison Times.).
Cisco n'a pas obtenu de carte de presse aussi il est totalement exclu qu’il puisse entrer.

Notre prochaine étape, après notre visite à la Maison de la Presse ce matin, fut le Consulat américain -- exactement à une minute de notre hôtel ici à Jérusalem-Est.

Nous avons tous été soigneusement fouillés à notre entrée, mais on nous a laissé entrer relativement facilement comparé à la file de Palestiniens qui attendaient dehors sous la pluie (oui, il pleuvait aujourd'hui) pour essayer d'obtenir des visas de voyage.

Une fois à l’intérieur, nous avons rencontré un fonctionnaire américain qui nous a congédié rudement en moins de deux minutes après que nous ayons énoncé la raison de notre présence (obtenir la permission des USA d'entrer dans Gaza).

Nous lui avons présenté notre lettre du bureau de la membre du Congrès américain, Tammy Baldwin, mais cela n’a eu absolument aucun résultat : il ne l'a pas même regardé.

Il l'a repoussé vers moi et a dit, (je le cite textuellement) : "Nous n'avons rien à faire avec Rafah et rien à faire avec Gaza. C'est un endroit dangereux et vous n'avez rien à faire là-bas. Vous pouvez aller à l'Ambassade à Tel Aviv si vous voulez poursuivre mais vous perdez votre temps."

Nous avons chacun essayé de dire quelque chose mais avons été coupés et conduits hors du bâtiment. Nous pensons maintenant téléphoner au bureau de Baldwin et voir s'ils peuvent faire pression sur l'Ambassade à Tel Aviv. Je suis, cependant, convaincue que son approbation ne fera aucune différence.

Découragés, nous avons erré jusqu’à l'hôtel américain des Colonies pour obtenir des informations pour louer des téléphones portables et trouver un magasin d'appareil-photo (Cisco a voulu obtenir un appareil-photo).

Nous avons fini dans une librairie. Le vendeur du magasin (un Canadien) nous a parlé pendant un certain temps au sujet de ses expériences avec la bureaucratie israélienne et ses tentatives d’entrer dans Gaza. Un de ses associés était alors dans le magasin, un jeune homme qui venait juste d’obtenir un poste à Gaza.

Cet homme nous a dit qu'il avait tenté d'entrer dans Gaza par deux fois ces deux dernières semaines et avait toujours été refoulé bien qu'il soit de la Banque Mondiale et que ce soit son travail officiel.

Le vendeur du magasin nous a dit alors que depuis le 4 janvier de nouvelles restrictions ont été mises en place pour différentes catégories des personnes.
Il n'était pas sûr de quelles restrictions s’appliquaient à quelles personnes, mais il nous a dit qu'il y a maintenant en général une période de 5 jours d'attente même pour les personnes dont l'entrée dans Gaza a été approuvée par les autorités israéliennes.

Si cela est vrai, il est possible -- si tous les documents arrivent à temps -- que je puisse entrer dans Gaza samedi, c.-à-d. le jour d’avant notre retour pour les Etats-Unis.

Vous pouvez probablement comprendre combien nous sommes remontés et à quel point nous sommes frustrés. Il y a, cependant, quelques lueurs d'espoir. (il nous reste encore quelques options à explorer).

En attendant, j'ai parlé à plusieurs reprises à Ali Barhoum, Emad Sha'ath, et au maire, Said Zoroub. Tous ont été extrêmement aimables, positifs, et ont souligné à plusieurs reprises combien ils souhaitaient notre venue, à quel point ils considéraient l’importance de notre délégation et qu’ils continueraient à faire tout ce qu’ils pourraient pour nous aider.

La meilleure chose de la journée fut quand j'ai parlé au député-maire, Emad Sha'ath, qui était également très désolé pour les difficultés que nous devons affronter (les autorités israéliennes n'ont apparemment tenu personne de l’Autorité Palestinienne au courant de leurs dernières réglementations).

Emad possède un permis qui l’autorise à passer relativement facilement dans les deux sens de Gaza vers la Cisjordanie .
Il a dit qu’autrement, il pourrait nous rencontrer à Ramallah jeudi pour discuter d’un certain nombre de choses que Madison et Rafah pourrait envisager de faire ensemble.

Comme les autres, il a exprimé sa profonde consternation concernant le fait que nous ne puissions pas entrer et nous a dit qu’ils attendaient tous notre visite. Ils avaient prévu beaucoup de choses pour nous dont une conférence à laquelle nous devions assister demain et qui avait été ajoutée tardivement au programme


... Nous faisons maintenant des plans de secours -- dont une visite du mur avec PENGON et des visites à Naplouse, Jénine, Ramallah, Hébron et ailleurs.

Bien sûr, Naplouse (où est Kelly B. est maintenant – Barb) reste isolée et on nous a dit que nous ne pourrions pas y entrer. Nous essayerons néanmoins. Nos hôtes à l'hôtel sont heureux que nous restions des nuits supplémentaires puisque les affaires sont terribles.

Plus de la moitié des hôtels à Jérusalem Est sont tout simplement fermés – cela est vrai depuis longtemps maintenant -- et vous pouvez sentir le caractère accablant de l'économie mourante dans l’air.

Je projette de rendre visite à Amira Hass jeudi ou vendredi et George rencontrera Raja Shehadeh. Si vous avez d'autres demandes ou suggestions, faites-le moi savoir.

En attendant, le serveur du petit déjeuner à l’hotel a charmé Cisco et moi avec des histoires de sa période en prison (il vient juste d’être libéré), et comment maintenant son frère est lui aussi emprisonné.

On peut se demander combien de temps cela prendra au monde avant qu’il ne proteste contre de tels outrages.

Sincèrement,
Jennifer


Deuxième lettre de Jennifer, mardi

Ce sera un message plus court: Je suis allée au passage d'Erez aujourd'hui (3 heures de déplacement aller et retour) pour m’entendre dire que oui, en fait, la seule manière pour entrer, c’est d’avoir une carte de presse avec accréditation israélienne.

Tous nos autres efforts sont complètement vains.

Il y a un minimum de 5 jours d'attente (nouvelles règlementations en date du 4 janvier 2004) pour toute personne liée à une organisation internationale et aucune chance pour les autres)

J'ai téléphoné au bureau de Baldwin la nuit passée et j’ai parlé à Andrea Bagley qui a envoyé un fax à l'ambassade des USA à Tel Aviv pour se plaindre de notre traitement ici au Consulat américain et pour demander à ce que nous soyons autorisés d’aller à Gaza. Ils ont ignoré son message. Nous pouvons dire qu’apparemment, de toute façon, il ne nous aidera pas.

Le petit espoir cette fois est que j'ai finalement mis la main sur une personne incroyablement gentille dans la division Presse de l'ambassade des USA.
... Il a accepté d'envoyer une lettre par fax à la Maison de la Presse israélienne ici à Jérusalem disant que WORT est en fait un média "autorisé". (Dieu, c’est si bon de parler à quelqu'un d’humain.)

Il va, soi-disant, faire cela maintenant (cet après-midi) et cela signifie que, si un autre problème inattendu ne se produit pas, j'aurai en effet une carte de presse avec une accréditation israélienne demain matin. Les soldats d’Erez m'ont dit qu'aujourd'hui c'était la seule façon pour que je puisse entrer..


Ainsi, telles que les choses sont pour l’instant, je serai sans doute la seule à entrer dans Gaza. Je ne vois aucun espoir pour Cisco, par contre George continue toujours avec le Madison Times (Jonathan Grammling a été terrible) aussi, il y a une petite chance qu’il puisse entrer jeudi ou vendredi.
Honnêtement, je pense que même deux jours valent la peine.


Si aucun de nous n'entre, ce qui est naturellement toujours très possible, nous voulons (en commençant demain) passer le reste de notre voyage en Cisjordanie .

Il y a de très mauvaises nouvelles en provenance de Naplouse et de Qalqilya, où j'irai, et le mur est maintenant érigé autour d'Abu Dis, ici juste à l’extérieur de Jérusalem-Est extérieur.

Aussi beaucoup de choses à voir et à explorer. PENGON organise des visites du mur qui démarrent ici et nous tous sommes intéressés pour aller avec eux.

Jennifer

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG