Hébron - 20 mars 2008

L'armée israélienne perpètre un nettoyage ethnique près d'Hébron pour l'expansion de la colonisation

Par Khaled Amayreh

L'armée israélienne, accompagnée de bulldozers, s'est abattue sur quatre hameaux palestiniens, dans les collines du sud d'Hébron, et a démoli 11 maisons et bâtiments, faisant de douzaines d'hommes, de femmes et d'enfants, des sans-abri.

Hier, dans les collines d'Hébron...

Ces démolitions gratuites sont ostensiblement motivées par l'expansion des colonies juives adjacentes, habitées par des colons fondamentalistes qui prônent le nettoyage ethnique de tous les non juifs de Palestine.

Les démolitions ont eu lieu dans les villages agricoles de Qwawis, Emnezil, Al-Dirat et Umm Lasafa. Neuf des bâtiments démolies étaient des maisons d'habitation et deux des granges pour le bétail.

Selon le cartographe et spécialiste en colonisation Abdul Hadi Hantash, le but des démolitions est "le nettoyage ethnique des zones arabes", de manière à ce que les immigrants juifs récents, arrivant de France et de Russie, puissent s'installer sur la terre arabe volée.

Plusieurs colonies juives ont été installées dans le secteur au cours des quelques dernières années et les colons n'ont pas cessé de terroriser et de harceler les Palestiniens locaux et de vandaliser leurs biens.

Selon les habitants, les colons terrorisent et vandalisent en toute connaissance de l'armée.

"Ils [les colons] arrivent dans nos communautés, armés de fusils automatiques. Ils saccagent nos biens, empoisonnent l'eau de nos sources, même les citernes, souvent ils volent nos moutons et empoisonnent nos pâturages. Récemment, ils ont volé notre tracteur en pleine journée", dit Yasser al-A'dra, dont la maison a été démolie hier.

"Et si nous essayons de résister ou de protéger nos biens, ils braquent leurs fusils sur nous."

Demandant pourquoi les victimes ne font pas appel aux tribunaux israéliens pour arrêter l'agression des colons, al-A'dra dit : "Il est impossible, pour des non juifs, d'obtenir justice des tribunaux juifs."

"Lorsque nous allons voir la police, ils nous demandent des informations précises sur les noms des agresseurs et leurs numéros de carte d'identité. Et comme évidemment nous ne pouvons pas fournir ces données, alors ils nous disent de rentrer chez nous."

Dans le village de Emnezil, un énorme bulldozer de l'armée a détruit la maison de Muhammed Khalil Abu Qbeita, laissant les 10 membres de sa famille sans abri.

Abu Qbeita a dit que l'armée l'avait empêché de planter une tente pour abriter sa famille.

"Ils nous traitent comme des non humains. Si nous étions des animaux, ils nous traiteraient probablement autrement", dit-il, avec une grande amertume dans la voix.

"Dites aux peuples du monde comment nous traitent ces criminels, ces bêtes. Et ils se plaignent de ce qu'Hitler leur a fait !"

A Qwawis, village de près de 300 habitants, le même bulldozer a démoli 3 maisons appartenant à la famille Abu Aram.

Selon Ismael Abu Aram, dont la maison à deux étages a aussi été détruite, il y a une totale coordination entre l'armée israélienne et les colons juifs du secteur pour leur "rendre la vie insupportable".

"Ils ont empoisonné nos pâturages et nous empêchent d'aller sur nos propres terres. Mon Dieu, où ailleurs se produit une telle criminalité, une telle oppression. Ils veulent nous chasser pour s'emparer de notre terre."

Dans le village voisin d'al-Dirat, l'armée israélienne interdit à la population, d'environ 350 personnes, de bâtir des maisons pour les jeunes couples.

Les villageois vivent là depuis l'ère ottomane, il y a presque un siècle.

"Et maintenant, ces immigrants d'Europe et d'Australie et d'Amérique nous disent que nous n'appartenons pas à ce pays", dit Muhammed al-Adra, le chef du conseil local d'Al-Dirat, montrant du doigt la colonie juive voisine de Mitsadot Yehuda.

Il souligne qu'au cours des dernières années, l'armée israélienne a détruit jusqu'à 45 maisons dans et autour du village.

Un porte-parole de l'armée israélienne a déclaré que les bâtiments avaient été démolis parce qu'ils avaient bâtis sans permis de construire.

Israël a détruit des milliers de maisons arabes en Cisjordanie sous ce prétexte.

Cependant, les organismes palestiniens pour les droits de l'homme travaillant en Palestine occupée rejettent cette "histoire de permis", qui n'est qu'une excuse.

"Le but est le nettoyage ethnique, c'est-à-dire dépeupler autant que possible la Cisjordanie pour construire des colonies pour les Juifs.

La fable du permis n'est qu'un prétexte, une sorte d'excuse pour donner une façade légale à l'affreuse politique de nettoyage ethnique", dit Mahmoud Nammoura, un militant des droits de l'homme et spécialiste des lois humanitaires internationales.

"Israël et légalité sont un oxymore", dit Nammoura, dont la maison a été détruite par l'armée israélienne il y a quelques années.

"Il est inutile et absurde d'espérer même un semblant de justice sous occupation militaire étrangère."