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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La négligence médicale est de plus en plus pratiquée, tout le monde doit assumer ses responsabilités

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Le captif Ali Ad-Dahbour vient de quitter les prisons de l’occupation israélienne. Il nous apporte son témoignage des conditions difficiles dans lesquelles vivent tous les captifs palestiniens dans les prisons israéliennes. La négligence médicale ronge les captifs, les malades en particulier. Tout le monde doit réagir face à cette politique de négligence médicale appliquée par l’administration pénitentiaire israélienne envers les captives et les captifs palestiniens.

La négligence médicale est de plus en plus pratiquée, tout le monde doit assumer ses responsabilités

Un autre problème préoccupe énormément les détenus palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne : c’est le phénomène des « pigeons ». Ce sont les collaborateurs avec l’occupant qui se montrent être des patriotes honnêtes pour tirer des aveux des prisonniers.

Ces propos, entre autres, ont été donnés par Ad-Dahbour, deux semaines après sa sortie de la prison dans laquelle il avait passé quinze longues années, à l’envoyé de notre Centre Palestinien d’Information (CPI).

Voici la traduction de certains extraits :

L’arrestation

CPI : Quand et pourquoi a eu lieu votre arrestation ?

Ali Ad-Dahbour: Les Israéliens m’avaient arrêté le 12 novembre 1993, six mois avant la mise en place de l’autorité palestinienne. On m’a accusé d’avoir poignardé un colon israélien sur le barrage militaire de Beit Hanoun…

CPI: Comment se sont passées les années d’enfermement ?

Ali Ad-Dahbour : Les plus difficiles étaient certainement les premières années. C’est un grand changement entre la vie de liberté et celle d’enfermement entre quatre murs. Tout captif ne doit que s’y adapter.

Le problème le plus dangereux pour les captifs reste ce phénomène des « pigeons ». [Ce sont des collaborateurs avec l’occupation israélienne. Ils sont appelés ainsi du fait qu’ils rentrent et sortent des prisons à leur guise.]

Les pigeons

CPI: Voulez-vous nous donner un peu plus de détails sur ces pigeons ?

Ali Ad-Dahbour : (…) Ces collaborateurs travaillent de façon bien élaborée. Ils pratiquent des pressions psychologiques, beaucoup plus dangereuses que la torture physique.
99% des aveux sont retirés par ces pigeons. Quasiment dans chaque prison, il y a une division comportant trente à cinquante collaborateurs. Ceux-là se cachent derrière un masque d’honnêteté, de nationalisme, de patriotisme. Ils deviennent des professionnels en la matière… Souvent, les captifs leur font confiance et leur avouent certains de leurs actes. Le lendemain, l’officier israélien de renseignements leur montre les feuilles. Ils ne peuvent alors que les confirmer…

D’ici, je m’adresse à toutes les factions palestiniennes pour qu’elles travaillent pour mettre le peuple en général et les cadres en particulier au courant de ce qui se passe dans les prisons, pour avertir tout le monde de ne rien écrire dans la prison, pour ne pas s’y vanter.

Quinze ans !

CPI: Vous avez passé quinze ans dans la captivité. C’est un temps perdu de votre vie ?

Ali Ad-Dahbour : Pas du tout. Dieu merci, la prison m’a beaucoup aguerri. C’était dans la prison que j’ai rejoint le Hamas, ce mouvement résistant et créatif dans tous les domaines. La prison est une expérience enrichissante. D’aucuns disent que la prison est une école. Moi, je dis qu’elle est plus grande que cela. C’est une usine d’hommes…

CPI: Qu’avez-vous fait dans la prison ?

Ali Ad-Dahbour : J’ai beaucoup travaillé ma culture générale. J’y ai appris plusieurs parties du saint Coran. J’y ai appris l’hébreu… Des relations fortes avec des hommes venant de plusieurs horizons sociales, de plusieurs villes, y ont été tissées.

CPI: Le moral dans la prison ?

Ali Ad-Dahbour : La prison reste en fin de compte une privation, une tristesse. Mais il faut tout supporter. Le conflit est un combat de volontés.

CPI : Avez-vous rencontré une scène drôle, ou exceptionnelle ?

Ali Ad-Dahbour : Une fois, des policiers sont entrés dans une cellule pour agresser les prisonniers. Mais ce sont eux qui ont été frappés par ces derniers, à un point qu’ils ont oublié leur chef dans la cellule avant de s’enfuir. L’officier a eu la part de punition qu’il méritait, avant qu’il ne puisse s’en tirer en rampant sur le sol.

Par contre, les moments les plus difficiles vécus dans les prisons israéliennes étaient l’époque de la grève de la faim générale pratiquée en 2004, 18 jours durant… Les autorités sionistes, dirigées à l’époque par Sharon, ont confisqué même le sel, l’unique nourriture des grévistes…

Les souffrances des captifs

CPI : Comment qualifiez-vous la situation dans les prisons ?

Ali Ad-Dahbour : Objectivement, la situation est pratiquement calme, même s’il y a toujours un état de conflit entre les captifs et l’administration pénitentiaire. La question la plus inquiétante reste cette négligence médicale. Elle prend de plus en plus d’ampleur. Un phénomène de plus en plus dangereux et explicite.

CPI : Que font alors les détenus malades ?

Ali Ad-Dahbour : Trop difficile est leur cas. Catastrophique est le cas de beaucoup de blessés. Je lance donc un appel aux brigades d’Al-Qassam pour se concerter sur le sujet et essayer de les libérer.

Les relations

CPI : Et pour ce qui est des relations entre les captifs eux-mêmes ?

Ali Ad-Dahbour : Formidables sont ces relations. Ces sont des combattants qui travaillent pour la même cause : l’honneur, le sacrifice, le nationalisme. Mais après les évènements de juin 2006, l’administration pénitentiaire a séparé les captifs selon leur appartenance, en vu de semer un esprit d’antagonisme entre eux…

De grands évènements

CPI : Comment décrivez-vous les sentiments des captifs pendant les évènements suivants :
- Le retrait israélien de Gaza ?


Ali Ad-Dahbour : C’était vraiment la grande joie. Nous n’y croyions pas. C’était une grande surprise, un échec retentissant du projet sioniste. Il nous a donné une force supplémentaire.

- La tombée en martyre du cheikh Yassine et du président Arafat ?

Ali Ad-Dahbour : La tombée en martyr a provoqué chez nous des sentiments mitigés. Les Israéliens nous ont surpris en tuant un vieillard handicapé. La tristesse nous a envahis. Toutefois et malgré le choc, un sentiment de soulagement nous a effleuré l’esprit : le cheikh a eu le martyr qu’il attendait à la fin de son parcours.

Quant à la tombée en martyre du président Yasser Arafat, je reconnais maintenant ses valeurs après ce qui s’est passé après lui. Il lui suffit le fait qu’il n’ait pas cédé à Camp David, en 2000. Je sens qu’il est parti sans être déshonoré.

- La signature de l’accord de la Mecque ?

Ali Ad-Dahbour : Là aussi, un sentiment agréable nous a envahi. Nous suivions l’évènement sur la chaîne satellitaire Al-Jazeera, minute par minute. Les scènes d’allégresse de la bande de Gaza est arrivée à nous. Mais ce n’était pas si long que cela. L’accord n’a pas été appliqué.

- L’évènement militaire de juin 2006 ?

Ali Ad-Dahbour : De ma cellule, j’ai remercié Allah pour avoir libéré Gaza à deux reprises. Une fois des Israéliens. Une autre de leurs collaborateurs, les corrompus.

- Le blocus de Gaza ?

Ali Ad-Dahbour : Franchement, les captifs m’avaient chargé d’un message adressé au président égyptien Hosni Mobarak et à la république d’Egypte : C’est le moment pour que vous brisiez le blocus. Nous savons que beaucoup de pressions sont exercées sur vous, et que les situations sont complexes. Toutefois, il ne faut pas oublier les souffrances d’un million et demi d’âmes.

Messages

CPI : Portez-vous d’autres messages ?

Ali Ad-Dahbour : Je porte un message au président Abbas, à Ramallah, et au premier ministre Ismaël Haniyeh, à Gaza. Les captifs leur disent que le passé est le passé, prenez le Liban comme exemple. Malgré toutes les différences ethniques et religieuses, les Libanais se sont réunis…

Et moi-même, je demande au président Abou Mazen d’accepter la main tendue par le mouvement du Hamas ; si tu comptes sur Olmert, sache qu’il est fini, corrompu.

Mon dernier appel, je l’adresse à toutes les factions de la résistance pour enlever plus de soldats israéliens ; c’est le seul moyen pour libérer nos captifs.

Source : Palestine Info

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