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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

La tactique d'Hébron

Par

Article paru dans Haaretz.

Pendant environ 25 minutes, ils se sont comportés comme les seigneurs de la terre : un homme, suivi ensuite par un gars plus jeune, est descendu de Mitzpeh Yair, un des avant-postes illégaux dans le secteur sud de Mont Hébron, et a empêché une jeep des Nations Unies de passer.

Les directives des Nations Unies interdisent de quitter le véhicule dans de pareilles circonstances, pour éviter l'escalade des frictions. Et c'est ainsi que nous, trois membres du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs - OCHA) et trois journalistes d'Haaretz, avons été contraints de les voir manifester leur "seigneurité" depuis l'intérieur du véhicule :

le plus âgé a bloqué la voiture, au milieu de la piste, avec son corps. Par gestes, il a ordonné d'éteindre le moteur.

Comme nous n'avons pas obtempéré, il a sauté sur le capot de la jeep, puis sur le toit, puis à nouveau sur le capot, pour finalement s'adosser au pare-brise, jouer avec les essuie-glaces et les démonter.

Le conducteur a continué sur la piste à petite vitesse et l'homme s'est penché en arrière sur le pare-brise avec force, jusqu'à le briser et le chauffeur a pris des éclats dans les yeux.

Entre temps, le gars plus jeune est apparu. Il a essayé d'ouvrir les portes de la jeep, criant "Montrez-moi vos cartes d'identité", et plaçant de grosses pierres devant les roues.

Alors que l'armée et la police arrivaient, l'homme plus âgé a hurlé au photographe de Haaretz, Alex Levac : "Repars d'où tu viens". Lorsqu'il a réalisé que Levac était Juif et né dans le pays, il a crié : "Traître, complice des Nations Unies".

Les deux hommes qui vivent dans un avant-poste sont nés à l'étranger. Le plus jeune, citoyen britannique, n'est pas encore titulaire du statut de nouvel immigrant.

Mais cela n'a aucune importance. Comme cela n'a pas non plus d'importance que le soldat les ait décrits comme "problématiques" et que la police ait l'habitude des actes de harcèlement dont le plus âgé est coutumier. Ni n'a d'importance le fait que les officiers de police ne croient pas son histoire absurde que nous avions été dans son oliveraie et que nous avions tenté de l'écraser.

Sa tactique, elle est bien connue à Hébron, la même qui permet de nettoyer la Vieille Ville de la plupart de ses habitants palestiniens : les Juifs harcèlent et brutalisent et puis menacent de porter plainte contre leurs victimes auprès de la police israélienne.

Du harcèlement et du sabotage de nature bien plus sérieuse que ceux auxquels nous avons été soumis sont devenus la routine pour les bergers et les fermiers palestiniens du secteur.

En conséquence, environ 850 des quelques 3.500 habitants de cette zone appelée Masafer Yatta (la périphérie de Yatta) ont quitté leurs maisons et leurs campements de tentes.

Quelquefois, ce sont leurs accès aux sources qui sont saccagés, quelquefois leurs troupeaux, d'autres fois eux-mêmes. Ils ont des piles de dossiers attestant des plaintes qu'ils ont portées. Jusqu'à ce qu'ils arrêtent de remplir des dossiers.

C'est facile de blâmer ces deux hommes, ou leurs semblables. Ils terrorisent les Palestiniens parce que les autorités israéliennes les laissent faire.

A leur manière, ils font la même chose que les autorités d'occupation "légitimes" : ils poussent les Palestiniens à quitter leurs terres pour faire de la place aux Juifs. En d'autres termes, ils obéissent aux ordres.

Il y a environ 10 jours, un inspecteur de l'Administration Civile a saisi un tracteur et une citerne à eau appartenant à la Hadidyah, une communauté de fermiers et de bergers du nord de la Vallée du Jourdain, comme tactique de pression visant à les faire partir de leur campement de tentes, sous prétexte qu'il est situé dans une zone militaire fermée.

C'est une parmi les douzaines de communautés qui vivent dans la vallée depuis des décennies.

Depuis 1967, la communauté Hadidyah a été déplacée quatre fois. Utilisant toutes sortes de tactiques inventives, les autorités d'occupation ont transformé ces communautés en habitants illégaux sur leur propre terre.

Les sources et les puits dont ils se servent ont été données à la Compagnie Mekorot : l'eau des forages de la compagnie nationale est utilisée par les colons "légitimes" et Hadidyah a l'interdiction de s'en servir.

En conséquence, ils doivent aller chercher l'eau par camion depuis une source éloignée. L'armée a déclaré "zone de tirs" de grands pans de la vallée. La zone se termine aux limites de la colonie.

Les autorités israéliennes ont refusé de diviser la terre en zone pour permettre à la communauté de vivre à l'endroit que les anciens se souviennent comme étant le lieu de leur enfance. Mais la terre adjacente a été découpée en zones pour les résidences des Juifs, citoyens israéliens.

Maintenant, l'Administration Civile espère que la soif les chassera du morceau de terre qui leur est alloué, qui n'est plus suffisant pour l'agriculture ou le pacage.

C'est un condensé de la politique israélienne envers les Palestiniens, et les pourparlers de paix n'ont pas encore cessé.

Les habitants des avant-postes illégaux sont simplement en train de l'imiter, et d'en recevoir inspiration et protection.

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM

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