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Palestine - 15 mars 2010
Par Iyad Burnat
Beit Ommar, samedi 13 mars 2010
Trois manifestants et un journaliste arrêtés pendant la manifestation
Au matin du 13 mars, des dizaines de résidents de Beit Ommar, accompagnés par des supporters internationaux et israéliens, sont partis à pied du centre du village en direction de la Route 60 qui relie Jérusalem à Hébron. La procession a été attaquée dès que le large contingent de soldats positionnés à l’entrée du village pour bloquer les manifestations, l'a vue arriver.
Sheikh Jarrah, 12 mars. Une Palestinienne fait signe à la troupe sioniste de reculer.
Les manifestants ont continué d’avancer en dépit de l’attaque et ont réussi à bloquer la route pendant près d’une heure, malgré l’agressivité de l’armée, pour la deuxième fois en deux semaines. Deux activistes israéliens ont été arrêtés peu de temps après que les manifestants aient bloqué la route et ont été emmenés au poste de police de Kyriat Arba. Voyant que cette première violence ne dissuadait pas les manifestants, les soldats se sont mis à cibler les gens tenant des caméras, arrêtant le cameraman de l’AP, Nasser Shyouhi, et brisant de nombreux appareils. Youssef Abu Marya, coordinateur du comité national de Beit Ummar, le groupe qui a organisé la manifestation aujourd’hui, a lui aussi été arrêté.
Après avoir finalement dispersé les manifestants, qui sont restés pacifiques en dépit des attaques dont ils étaient l’objet, les soldats en nombre ont envahi le village. Ils ont occupé au moins une maison du village. A la suite de cette invasion agressive, des affrontements ont éclaté entre les jeunes qui essayaient de contenir l’invasion en jetant des pierres sur les jeeps blindés, et les soldats, qui faisaient eux usage de grenades lacrymogènes, grenades incapacitantes et balles caoutchouc-acier.
Beit Ommar, petite ville de 14.500 habitants, est située à 11 km au nord-ouest d’Hébron.
Jeb Altheeb, samedi 13 mars 2010
Une vingtaine de personnes ont rejoint le Comité populaire de Bethléem contre le mur et les colonies pour ce qui est devenu une journée hebdomadaire de travail dans le village. La semaine dernière, un groupe de Palestiniens, de militants internationaux et israéliens, ont construit un mur de pierre qui marque la limite des terres des fermiers près de la route. Des colons l’ont détruit pendant la semaine suivante mais il a été reconstruit aujourd’hui. Ni l’armée ni les colons ne se sont montrés.
Jeb Altheeb est un petit village au sud-est de Bethléem (près d’Herodion), qui est flanqué de la colonie illégale Nokdim (où vit Avigdor Liberman). Depuis environ 5 ans, un avant-poste illégal s’est installé contre le village, avec 7 colons qui ne cessent de voler les terres du village. Ces dernières semaines, les colons ont empêché les fermiers et les bergers de travailler sur les terres du village qui leur restent et de faire paître leurs moutons.
Nil’in, vendredi 12 mars 2010
Deux arrestations pendant la manifestation
The Palestine Monitor
Des centaines de personnes de Nil’in et des villages voisins se sont rassemblées sur la terre menacée, où elles ont affirmé la nécessité de résister à la politique agressive de l’occupation. Les villageois étaient accompagnés de leurs animaux, symbôle de leur très ancien lien avec la terre sur laquelle ils travaillent depuis des générations. Les manifestants ont brandi des photos et des posters de Tristan Anderson, l’activiste américain d’ISM, dans le coma depuis un an après avoir été frappé par une grenade lacrymogène pendant une manifestation.
Salah Amira, résident de Nil’in, et un activiste israélien ont été arrêtés pendant les affrontements qui ont duré jusqu’à tard dans l’après-midi. Les soldats israéliens ont tiré des balles caoutchouc-acier et des grenades lacrymogènes pour disperser la foule, sans faire de blessures graves.
Communiqué de presse en anglais) du Popular Struggle Coordination Committee (Comité coordination de la lutte populaire) : « La famille du citoyen US Tristan Anderson fait appel de la décision de clore l’enquête sur les tirs qui l’ont blessé. »
Bil’in, vendredi 12 mars 2010
Manifestation hebdomadaire
Friends of Freedom and Justice
Voir la vidéo.
Les manifestants, marchant et entonnant des slogans contre l’occupation, ont reçu la réponse traditionnelle de l’armée israélienne, avec usage de balles caoutchouc-acier. Deux enfants ont été légèrement blessés. Les forces de l’occupation ont fait des efforts actifs pour arrêter un des leaders des groupes pour empêcher la couverture médiatique de l’événement. Les tentatives de faire taire les cris pour les droits de l’homme fondamentaux et le respect du droit international ont été, et continueront d’être un exercice vain.
Après la prière du vendredi à Bi’lin, une groupe important de visiteurs internationaux a rejoint la communauté palestinienne locale pour la protestation hebdomadaire contre le mur construit par les forces israéliennes d’occupation. Vers 12h30, la foule s’est mise en marche vers le mur en chantant. On a rapidement découvert que plusieurs soldats s’étaient cachés derrière une petite structure en pierre du côté palestinien de la grille, pour essayer d’arrêter quelques-uns des dissidents qui ont le culot de refuser le vol de leurs terres. Les soldats, découverts par un groupe d’adolescents, ont été rapidement chassés derrière la grille.
En dépit de la diffusion presque immédiate de gaz lacrymogènes et les tirs de grenades incapacitantes et de balles caoutchouc-acier, la marche a continué jusqu’au mur où les protestataires se sont maintenus fermement en dépit des gaz qui envahissaient rapidement toute la zone. Tout au long de la manifestation, des chants pour la liberté palestinienne et la fin de l’apartheid ont retenti tandis que la foule, constituée de Palestiniens, d’internationaux et d’Israéliens, avait une bonne vision des relations agressives actuelles. Une vieille affaire qui continuera de voir la communauté locale et ses supporters internationaux côte à côte pour la liberté et l’égalité.
Nabi Saleh, vendredi 12 mars 2010
Plus de 25 blessés pendant la manifestation
Ce vendredi, les soldats sont arrivés tôt à Nabi Saleh. Ils sont arrivés tôt et décidés à en découdre – comme si tirer sur Ehab Barghouthi, 14 ans, la semaine dernière ne les avait encouragés qu’à être encore plus agressifs cette fois. Un peu avant midi, ils sont arrivés, sans qu’il y ait eu la moindre provocation, et ont pris position dans les rues du village comme si c’était le leur. Lorsque les villageois de la petite communauté qui vit en haut de la colline a marché dans la rue depuis la mosquée, accompagnés par leurs supporters internationaux et israéliens, le croisement des deux routes principales de Nabi Saleh était déjà occupé par des dizaines de soldats.
Une tempête de gaz lacrymogènes et de balles caoutchouc-acier est tombée sur le village tandis que les soldats tiraient 60 grenades lacrymogènes à la fois sur les manifestants dès le début de la marche. Et cela a recommencé lorsque les manifestants se sont regroupés, toujours à l’intérieur du village.
Les protestations dans le village ont commencé il y a environ trois mois après que des colons de la colonie exclusivement juive voisine d’Halamish, soutenus par l’armée, se sont emparés d’une source naturelle appartenant aux habitants de Nabi Saleh.
Les manifestants ont finalement réussi à quitter le centre du village en deux groupes – un se dirigeant vers la source depuis la colline à l’ouest, et l’autre à travers la vallée au sud. Les deux groupes ont été contrés par les officiers de la Police des Frontières qui leur ont fait un barrage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchouc-acier.
Les épais nuages de gaz qui ont empli la vallée ont de fait empêché le groupe qui s’efforçait d’aller à la source de réussir. Cependant, les échauffourées qui ont éclatées près de la vallée entre la jeunesse locale et l’armée ont fait diversion et ont permis au groupe qui passait par les collines d’atteindre une autre source du village, pour découvrir que des colons y étaient en train de se baigner. Les soldats qui ont finalement rejoint ce groupe ont poliment demandé aux colons de partir pendant qu’ils attaquaient les manifestants à coups de grenades lacrymogènes pour les repousser vers le village.
Quelques heures après le début de la manifestation, les deux groupes se sont retrouvés dans le village où les policiers des frontières leur ont tiré dessus depuis les terrasses de pierre qui hachurent les champs entre le village et la colonie. L’armée a ensuite lentement fait retraite vers le poste militaire permanent, à l’entrée du village, où les affrontements ont continué jusqu’à la nuit. On a compté plus de 25 blessés, tous par balles caoutchouc-acier.
Al Ma’asara, vendredi 12 mars 2010
Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées dans le village puis en face d’un contingent plus important que d’habitude de forces militaires et de la police des frontières. Les soldats se sont postés à l’entrée du village, où ils ont pénétré plus profondément que d’habitude, et ont empêché la manifestation d’aller vers les terres du village.
Après les discours en arabe, en anglais et en hébreu, un petit groupe de manifestants a traversé les fils de fer barbelés installés en travers de la route et a été repoussé par les soldats qui les ont menacés de les arrêter car le secteur est, ont-ils déclaré, une zone militaire fermée. Les manifestants se sont assis par terre, battant du tambour, chantant et appelant les soldats à cesser l’oppression de la lutte populaire et à les rejoindre. Les soldats, grenades incapacitantes et lacrymogènes déjà en main, ont semblé quelque peu surpris de cette action de résistance non violente et des nombreuses caméras qui filmaient la scène. Personne n’a été arrêté ni attaqué. A la fin de la manifestation, les activistes se sont donné rendez-vous la semaine prochaine.
Sheik Jarrah, vendredi 12 mars 2010
10 arrestations pendant la marche
Sheik Jarrah, jeudi 11 mars 2010
Palestiniens, internationaux et israéliens protestent contre l’épuration ethnique de Jérusalem Est lors de la manifestation hebdomadaire
Palsolidarity.org
Aujourd’hui, des activistes du monde entier se sont rassemblés devant le tribunal de Jérusalem Ouest pour soutenir deux familles de Sheikh Jarrah lors de leur procès contre l’expulsion pour apprendre que le procès était reporté. Depuis le 1er décembre, des colons juifs occupent la partie en façade de la maison de la famille et le procès d’aujourd’hui devait statuer sur la partie restant de la maison. Aucune date n’a été communiquée pour la prochaine audience.
L’avocat en charge du dossier demandant l’expulsion des familles palestiniennes a demandé que les affaires juridiques de toutes les maisons du voisinage soient traitées par le même juge. Selon les Palestiniens, l’avocat des colons espère trouver un juge plus sensible à leur cause.
Selon la municipalité, la famille a été expulsée de la partie en façade de la maison parce qu’elle avait été rajoutée sans permis. Au lieu de démolir la partie construite sans permis ou de faire une demande de permis (qui aurait été de toutes façons refusée), la famille a été obligée de payer une amende de 70.000 shekels. Fin 2009, quand l’amende a été réglée dans sa totalité, la famille a été expulsée de force et les pièces occupées par des colons.
Beit Jalla, jeudi 11 mars
Une journée de travail pour reconstruire le terrain de jeux détruit au bulldozer à Beit Jalla, Bethléem
IMEMC.org
Des Palestiniens, des internationaux et des Israéliens se sont retrouvés à Beit Jalla aujourd’hui pour reconstruire un terrain de jeux que les bulldozers israéliens ont détruit la semaine dernière pour faire de la place pour finir le mur près de Bethléem. 12 personnes, seulement armées de pelles et de pioches, ont comblé les crevasses faites par le bulldozer ainsi que les trous profonds laissés par l’arrachage des arbres, ont réparé deux balançoires et amené des seaux de sable pour le nouveau terrain de jeux. De jeunes oliviers ont été replantés à la place des arbres détruits la semaine dernière. Le terrain de jeux est fréquenté par de nombreux enfants du voisinage et la famille propriétaire de la terre accueille les gens chez elle pour profiter de l’ombre près de sa maison quand il fait très chaud l’été. Aujourd’hui, alors que les activistes travaillaient, les jeeps de l’armée sont passées et repassées sur la route qui surplombe la maison, observant depuis la route, de l’autre côté de l’autoroute. Une jeep est descendue au terrain de jeux, mais tout le monde a continué son travail pendant que les soldats prenaient des photos et demandaient à voir les papiers d’identité des participants palestiniens.
La semaine dernière à Beit Jalla, les résidents et les activistes ont organisé des manifestations, un barrage routier, trois plantations d’arbres et des rencontres avec des officiels palestiniens. Cette semaine, la communauté attend une décision de cour qui dira si la construction du mur continue. Le 4 mars, la municipalité de Beit Jalla a obtenu un ordre d’arrêt du travail sur le mur. Près de 70 oliviers ont déjà été déracinés à ce jour, le tout-à-l’égout d’une maison a été cassé et les eaux usées se sont répandues sous la maison, et le terrain de jeux a été passé au bulldozer. Si le mur est terminé, il sera à quelques mètres de certaines maisons. Pendant que la municipalité étaye son dossier en justice, les activistes préparent des interventions futures dans le cas où Israël continuerait le vol des terres.
Haïfa, mercredi 10 mars 2010
Rassemblement de soutien à la famille Corrie devant le tribunal, le premier jour du procès.
Vidéos sur :
- Rachel Corrie Foundation
- Democracy Now.
Le tribunal de district d’Haifa a commencé à auditionner les témoins, aujourd’hui 10 mars 2010, dans le procès intenté par la famille de Rachel Corrie contre l’Etat d’Israël pour le meurtre de Rachel à Rafah, Gaza. Rachel Corrie, défenseur américaine des droits de l’homme, originaire d’Olympia, Washington, est morte écrasée par un bulldozer Caterpillar D9R le 16 mars 2003. Elle manifestait de façon non violente contre les démolitions de maisons palestiniennes avec ses camarades de l’International Solidarity Movement (ISM), mouvement palestinien qui se consacre à la résistance à l’occupation israélienne des terres palestiniens par des méthodes et des principes non violents d’actions directes.
La cour a entendu les témoignages de deux témoins d’ISM, les citoyens britanniques Richard Purssel et Tom Dale. Leurs témoignages ont été fréquemment interrompus à cause de la traduction de pauvre qualité fournie par le tribunal, que le juge qui le préside, Oded Gershon, a reconnu être défectueuse. Le juge a demandé un nouveau traducteur pour les prochaines audiences.
Les procureurs de l’Etat ont passé le plus clair de leur temps à soumettre à un interrogatoire serré les témoins oculaires sur l’ISM et l’objet de leur présence à Rafah. Purssel a affirmé à maintes reprises qu’il était à Gaza pour offrir une protection non violente aux civils palestiniens dont les maisons étaient menacées de démolition par l’armée israélienne. Peu de temps a été consacré à l’examen de ce qui est arrivé à Rachel Corrie.
« Sept ans après que ma fille Rachel ait été tuée, j’ai enfin pu entendre les amis de Rachel, ceux qui étaient avec elle, témoigner devant un tribunal. En dépit de quelques contestations de procédure décourageantes, nous gardons espoir que la vérité sur ce qui est arrivé à Rachel soit révélé, et que les gens responsable de son meurtre rendent des comptes, » a dit Cindy Corrie, la mère de Rachel.
La salle du tribunal était pleine de journalistes locaux et internationaux, d’observateurs des droits de l’homme et de trois représentants de l’ambassade des Etats-Unis, dont le Consul général Andrew Parker. La nuit dernière, la famille Corrie a rencontré Parker et des membres de l’équipe du Vice-président Joseph Biden à Jérusalem. Antony Blinken, conseiller du vice-président pour les Affaires de sécurité nationale, a reconfirmé la position de longue date du gouvernement US que le cas de Rachel n’avait pas fait l’objet d’une enquête minutieuse, crédible et transparente. Il a réitéré l’engagement du gouvernement US que justice soit rendue à Rachel par le système juridique israélien. Le personnel de l’Ambassade continuera à suivre le procès.
« Je continue d’éprouver de l’humilité devant la détermination à soutenir tous nos droits humains montrée par les amis de Rachel, pas seulement à Rafah il y a sept ans, mais encore aujourd’hui à Rafah, » a dit Craig Corrie, le père de Rachel.
ICI les photos des différentes manifestations de la semaine.
Merci pour votre indéfectible soutien,
Iyad Burnat, chef du Comité populaire de Bilin
Co-fondateur de Friends of Freedom and Justice - Bilin
Email : bel3in@yahoo.com
Mobile : (00972) (0) 547847942
Office : (00972) (2) 2489129
Mobile : (00972) (0) 598403676
www.bilin-ffj.org
Source : Friends of Freedom and Justice
Traduction : MR pour ISM
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Résistances
Iyad Burnat
15 mars 2010