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Gaza - 17 janvier 2008
Par Rami Almeghari
Il est presque minuit. Je me précipite sur mon ordinateur portable lorsque je vois la lueur de la lampe après presque 12 heures d'obscurité qui ont suivi les coupures d'électricité que des centaines de milliers de Gazans comme moi ont subi ces dernières semaines.
En tant que journaliste à Gaza, je tenais à faire passer à mes rédacteurs un article sur les coupures d'électricité. J'ai fait le boulot, j'ai discuté avec des gens, j'ai rassemblé le matériel mais lorsque je suis arrivé à mon bureau et que je me suis assis devant mon PC, il n'y avait pas d'électricité.
J'ai fait de mon mieux, ces trois derniers jours, pour faire mes rapports en temps voulu. J'ai loué un générateur à benzène mais dès que j'ai branché mon PC, l'écran a noirci.
Je suis rentré chez moi, j'ai allumé le générateur une fois encore et mes enfants, tout heureux, ont insisté pour voir leur émission favorite à la télé. Cependant, une nouvelle panne est survenue, cette fois avec le récepteur satellite.
J'ai essayé d'avoir l'air joyeux devant mes enfants, la pièce illuminée par une lampe à kérosène. J'ai rassemblé mes enfants, mes neveux et nièces, qui vivent dans le même immeuble, et au lieu des dessins animés, je leur ai chanté quelques chansons palestiniennes traditionnelles et autres.
Les enfants étaient heureux, Dieu merci, simplement parce que je sais chanter. Mais il y a tant d'autres situations à Gaza où la solution n'est pas aussi simple.
Dans le plus grand hôpital de Gaza ville, al-Shifa, il y a le service de soins aux nouveaux-nés. Ils ont tout l'équipement d'incubation mais les soins d'urgence sont paralysés lors des coupures d'électricité sévères.
Bien sûr l'hôpital possède deux générateurs, mais ils sont utilisés dans les situations d'urgence et inadéquats pour le travail quotidien, dit Naser al-Sa'di, directeur du service de soins aux nouveaux-nés.
Sabrin Doush, bébé de trois semaines, est en couveuse, à l'Hôpital al-Shifa (photo ci-dessus). Le Dr. Al-Sa'adi nous fait visiter son service, expliquant combien la situation est grave pour les bébés qu'il reçoit.
"La vie de ce bébé de trois semaines, Sabrin Doush, est menacée. Si l'électricité s'arrête complètement, ce bébé va certainement mourir. Nous ne pouvons pas nous occuper manuellement tous les bébés. C'est pourquoi il va vraisemblablement y avoir d'autres morts, à moins que nous ayons le courant en continu."
Dans une autre partie d'al-Shifa, se trouvent les 200 malades rénaux, dont les vies sont également menacées par les coupures d'électricité.
Le service a des machines à dialyse mais elles ne peuvent pas fonctionner correctement dans ces conditions.
Le Dr. Mohammad Shabat, chef du service, est inquiet pour la vie de ses patients. "Ils ont besoin de passer à la dialyse trois ou quatre fois par semaine ; l'électricité est capitale ici. Les machines à dialyse font des erreurs pendant les coupures de courant. Un patient qui ne reçoit pas sa dialyse dans les 24 à 48 heures meurt."
Et pourquoi l'électricité est-elle coupée ? Avant, Gaza était à l'ère technique. Mais en octobre, une décision de la cour israélienne a décidé de confirmer la décision du gouvernement d'éteindre les lumières à Gaza, comme partie du siège de punition collective de l'Etat contre la Bande assiégée.
La centrale électrique de Gaza recevait d'Israël du fuel financé par l'Union Européenne. Elle produisait 45% des besoins quotidiens en électricité de Gaza, et Israël fournissait le reste. Cette centrale est la seule à Gaza et ses six transformateurs ont été détruits par les bombardements israéliens de 2006. En septembre dernier, pour tenter semble-t-il de dissuader les tirs de roquettes artisanales depuis Gaza sur Israël, l'Etat a déclaré que la Bande de Gaza était "une entité ennemie" et le mois suivant, a imposé des coupures sévères de fourniture de fuel à la Bande, ajoutant encore davantage aux conditions de vie très dures d'une population déjà en lutte.
"Il faut, pour la centrale électrique, 450.000 m² de fuel pour produire 80 mégawatts par jour. Cette quantité est tombée à 250.000. Seul le gouvernement israélien peut résoudre ce problème", dit Derar al-Sisi, directeur adjoint de la centrale.
Il ajoute : "Nous avons fait appel à tous les corps concernés, y compris à l'Union Européenne, l'Autorité Palestinienne et même aux Israéliens, par l'intermédiaire des Européens. Aucune réponse."
Pendant ce temps, les Gazans font de leur mieux pour vivre normalement, pendant qu'un tribunal, à Jérusalem, joue avec notre sort.
Source : IMEMC
Traduction : MR pour ISM
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Rami Almeghari
17 janvier 2008