Jérusalem - 28 janvier 2005

Mon arrestation par Patrick O'Connor

Par Patrick O Connor

Le lundi 24 janvier, des agents israéliens en civil ont installé à un checkpoint provisoire et rangé des véhicules sur une portion de route vide près du village de Cisjordanie de Biddu afin de m'arrêter et de m’expulser. Les efforts et les ressources qu'ils ont déployés pour attraper un travilleur humanitaire de 41 ans engagé dans la nonviolence démontre les priorités tordues et la fixation du gouvernement israélien pour écraser l'opposition légitime.

Le prélude à mon arrestation était une manifestation pacifique. Des Israéliens, des Palestiniens, et des internationaux s’étaient rejoints pour planter des semis d’oliviers pour remplacer les oliviers déracinés par les bulldozers en vue de la construction du Mur de la Ségrégation d'Israël.

Il y a presque un an, le village de Biddu s’était mobilisé pour protester pacifiquement contre la construction du mur sur leur terre. Cinq personnes de Biddu ont été tuées par les militaires israéliens pendant les protestations.

Avant l'événement de lundi, nous avons appris qu'en dépit d'une décision israélienne de la Cour Suprême exigeant une modification de la route du mur afin de saisir moins de terres palestiniennes, la nouvelle route du mur annoncée prendra plus de terres agricoles appartenant au village de Biddu.

Parmi les personnes présentes lundi à Biddu, on trouvait des groupes pacifiques israéliens et internationaux tels que ; Les Rabbins pour les Droits de l’Homme, les Anarchistes Contre le Mur, me Louvement de Solidarité Internationale (ISM), et International Women's Peace Service (IWPS). Ils ont tous manifesté leurs liens solides avec la Campagne non-violente du village contre le Mur.

Alors que nous plantions, que nous discutions, nous avons renoué de vieilles amitiés et avons lié des nouvelles.
Parmi ceux qui participaient pour la première fois, il y avait un groupe d'étudiants américains juifs qui étaient venus en Israël dans le cadre d’un programme d’études à l’étranger et qui venaient pour la première fois en Cisjordanie . Nous n’avons vu nulle par les militaires israéliens.

Après le déjeuner à Biddu, treize d’entre nous sommes montés dans un fourgon pour retourner à Jérusalem. A la sortie du village, nous sommes passés par dessus un barrage routier fait d’ordures et nous sommes montés dans un deuxième fourgon. Quelques cent mètres plus loin, deux hommes en civil positionnés de chaque côté de la route nous ont fait signe de nous arrêter. A notre approche, l’un des hommes a mis sa casquette bleue de policier israélien. Deux autres hommes en civil et armés les ont rejoints.

Ils ont pris nos passeports. Une jeep blanche est alors arrivée et deux agents israéliens en civil sont sortis armés de leurs M16. Ils ont passé un bon moment à examiner les passeports. Ils sont alors revenus au fourgon et m’ont demandé de sortir.
Ils ont commencé à m'éloigner du fourgon tandis qu'un des hommes avec un M16 agitait mon passeport irlandais et hurlait : "Votre passeport est faux, je le vois d’après l’encre qu’il est faux. Il est faux."
J'ai assuré qu’il était vrai, mais il a dit qu'ils voulaient m’emmener avec eux juste pour éclaircir cela. Il a dit que je n'étais pas arrêté. Cependant, trois hommes ont commencé à me pousser dans la voiture, dont l’un me criait dessus.


Ils m'ont installé sur le siège arrière d'une petite voiture blanche non identifiée avec un agent assis à côté de moi. Nous avons roulé et deux minutes plus tard, l'agent m'a indiqué que j'étais en état d'arrestation et il m’a menotté. Il m'a dit que j'étais entré dans le pays en utilisant un faux passeport.

Pendant qu'ils continuaient à m'interroger de façon agressive, j'ai réalisé qu'ils m’emmenaient à l'aéroport Ben Gurion.

Il était clair qu’ils étaient perdus et qu’ils ne trouvaient pas le centre de détention et leur bravade et leur certitude se sont graduellement dissipées.

Nous avons tourné en rond pendant vingt minutes, en s'arrêtant, en repartant, en traversant des ruelles, avec des conducteurs qui nous klaxonnaient et des agents qui parlaient au téléphone jusqu'à ce qu'ils trouvent finalement le centre de détention de Ben Gurion. Je leur ai alors demandé s'ils étaient toujours aussi certains de ne pas se tromper au sujet de mon passeport.

Au lieu de leurs réponses hostiles précédentes, ils sont restés silencieux.


Le gouvernement israélien continue sa campagne de harcèlement et d’arrestation envers les Palestiniens, les internationaux et les Israéliens qui protestent pacifiquement contre la politique israélienne.
En dépit de la décision de l’organisme juridique le plus important au monde, la Cour Internationale de Justice, que la construction du mur sur la terre palestinienne par Israël est illégale, le gouvernement israélien traite les défenseurs de la décision de la CIJ comme des adversaires à écraser.


Il y a près de deux ans que le gouvernement israélien m'a déclaré "menace à la sécurité" pour ma participation dans des actions pacifiques contre le mur et l’occupation, et qu’il a essayé de m'empêcher de revenir dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Comme des milliers de Palestiniens, ils ont basé leurs accusations contre moi sur "une preuve secrète" que mon avocat et moi-même n’ont jamais pu voir ou contester.

Je défie les autorités israéliennes de présenter leur preuve secrète contre moi parce qu'elle ne tiendra pas lors d’un examen minutieux.


En dépit des efforts du gouvernement israélien pour écraser l'opposition légitime et d'empêcher les avocats des Droits de l'Homme d’entrer dans les Territoires Palestiniens Occupés, les Palestiniens, les Israéliens et les internationaux continueront de s'opposer à cette politique injuste.

Finalement, le dédain d'Israël envers le Droit International échouera.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM-France